Intervention de M. Brice HORTEFEUX, Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales - Périgueux
- Seul le prononcé fait foi –
Madame,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis, ce matin, pour rendre un dernier et solennel hommage au gendarme Jacques MONTOUILLOUT, tragiquement décédé à la suite d'un accident, survenu dimanche dernier, à Saint-Julien-d'Eymet, alors qu'il procédait à un contrôle de vitesse.
Comme ministre de l’intérieur, je suis venu vous témoigner, au nom du Président de la République, du Gouvernement et en mon nom personnel, l’hommage officiel que la République doit à tous ceux qui sont tombés pour elle.
Mes premiers mots vont à la famille de Jacques MONTOUILLOUT : son épouse Odile, sa mère, sa sœur et son demi-frère mais aussi à son père qui n’a pu être présent aujourd’hui.
Si les mots sont, dans de tels moments, souvent faibles pour réconforter et impuissants pour atténuer le chagrin, je veux leur dire, ainsi qu’à ses proches, et à ses camarades, combien nous partageons leur peine immense.
A Emmanuel LEMAITRE, son collègue et ami, présent lors du drame, je ne peux qu’imaginer le traumatisme que vous venez de vivre et je tiens à vous assurer de toute ma compassion et de mon soutien.
Ce matin, les autorités administratives, judiciaires et militaires, les élus du département mais surtout toutes celles et ceux qui ont partagé sa vie professionnelle, familiale ou sociale sont ici présents, à ses côtés, pour honorer sa mémoire.
Car aujourd'hui, la Gendarmerie nationale est tout entière en deuil.
I. Nous ne le savons que trop bien : si le métier de gendarme est passionnant, il est aussi difficile et dangereux, tout particulièrement sur les routes.
Jacques MONTOUILLOUT est le quatrième militaire de la gendarmerie qui fait le sacrifice de sa vie en 2010 pour la sécurité de nos concitoyens. Il a perdu la vie en faisant son métier, en cherchant à préserver les usagers de la route des dangers que représentent les comportements irresponsables.
Ces routes, qui nous rapprochent, permettent nos déplacements et nous font voyager, mais qui comportent également tant de dangers, le gendarme MONTOUILLOUT les parcourait quotidiennement. Sa vie professionnelle était, depuis plus de vingt ans, tout entière dédiée à la sécurité de nos concitoyens. C'est sur l'une de ces routes, sur laquelle il œuvrait tous les jours pour sauver des vies, qu'il a perdu la sienne. Il l’a perdue pour éviter, qu'une fois encore, la conduite dangereuse et irresponsable d'un conducteur ne vienne meurtrir une famille.
Malheureusement, cette famille éplorée, aujourd'hui, c'est la vôtre, c’est la nôtre. Madame Odile MONTOUILLOUT, Madame MONTOUILLOUT, face à cette disparition soudaine et dramatique, je tiens, plus que jamais, à vous assurer de notre soutien inébranlable, de notre écoute indéfectible et de notre aide sans faille durant cette période terrible que vous traversez.
Je tiens, aussi, à exprimer, en ces moments difficiles, mes sincères remerciements aux militaires du groupement de gendarmerie de la Dordogne, ainsi qu’aux sapeurs-pompiers pour leur intervention immédiate, pendant et après le drame, témoignant toute leur fraternité avec la famille de Jacques MONTOUILLOUT.
Ce drame inacceptable doit encore renforcer notre volonté de poursuivre, sans relâche, le combat pour la sécurité sur les routes de France. Depuis maintenant près de 8 ans, il reste la priorité du Gouvernement. Je peux vous l’assurer : il ne connaitra aucun répit.
Parce que les comportements sur les routes doivent changer, parce que cet espace doit rester un lieu de vie et non un espace de menaces et de mort, tout doit être mis en œuvre pour réduire le nombre des blessés et de morts. Il n’y a pas de concession possible dans cette lutte de la part des pouvoirs publics.
La cause de la sécurité routière est noble, et les vies épargnées sur les routes exigent un engagement de chacun de nous, parfois au prix de risques consentis. Chaque vie qui s’éteint constitue une perte irremplaçable et chaque destin brisé ne peut rester sans réponse. Aussi, mes pensées, aujourd’hui, vont également à toutes les familles de la gendarmerie, meurtries dans leur cœur et dans leur chair par le décès d'un proche survenu au cours de l'exercice de ce métier exigeant.
II. Madame Odile MONTOUILLOUT, Madame MONTOUILLOUT, devant vous, devant les militaires de la brigade motorisée de Bergerac et de l’escadron départemental de sécurité routière de Périgueux, devant les militaires du groupement de gendarmerie départementale de la Dordogne, je veux rendre hommage à la carrière et à la personne de Jacques MONTOUILLOUT.
C’est très jeune, à 24 ans, que le gendarme MONTOUILLOUT a fait le choix d’orienter sa vie à protéger celle des autres, en intégrant l’école de gendarmerie. Élève assidu et appliqué, il sort parmi les premiers du classement, à l’issue de sa scolarité, et choisit d’intégrer, au début de l'année 1986, la brigade motorisée de Tours qu’il servira pendant près de six ans. Ce seront six années déterminantes. Devant le spectacle indicible des drames de la route, dans l’action quotidienne de prévention comme lors des sauvetages de miraculés, il gagnera en expérience et acquerra la volonté profonde de se vouer à la cause de la sécurité routière.
Affecté durant dix ans à la brigade motorisée de Blois, il sert également, à deux reprises, sur le théâtre d'opérations extérieures de l'ex-Yougoslavie, avant de rejoindre, pour un séjour de trois ans, l'ambassade de France en Côte d’ivoire. A son retour, en 2006, il est, à nouveau, affecté à une brigade motorisée, celle de Bergerac, au sein de laquelle il est vite reconnu, tant par sa hiérarchie que par ses collègues.
A ses chefs, il témoigne d’un sens inaltérable du service, ancré tout à la fois dans la discipline et la disponibilité.
A ses camarades, il sait transmettre sa sérénité. Certains m’ont dit combien ils appréciaient son assurance souriante sur la route comme dans les bureaux, d’autres m’ont évoqué sa bonne humeur en toutes circonstances, d’autres encore m’ont parlé de sa simplicité et de sa grande humilité. Tous se souviennent de son intégrité, de sa droiture et de sa joie de vivre. Tous sont, aujourd’hui, endeuillés par sa disparition injuste.
Plus qu'un camarade, Jacques MONTOUILLOUT était, pour beaucoup, devenu un ami.
Le drame de sa disparition nous rappelle douloureusement cette terrible vérité que vous n'ignoriez pas, puisqu'elle est au centre de la mission de sécurité routière : sur la route, c'est la blessure ou la mort qui se cache derrière chaque relâchement coupable, derrière chaque comportement irresponsable.
C'est en voulant sauver des vies que Jacques MONTOUILLOUT a héroïquement donné la sienne, au service des Français et au service de la Loi. Nous garderons toujours, gravé dans nos mémoires et dans nos cœurs, le souvenir de son courage et de son exemple.
Madame Odile MONTOUILLOUT,
Madame MONTOUILLOUT,
Je tiens à vous assurer de ma très vive sympathie, de mon profond soutien dans cette épreuve et de ma solidarité, comme celle de la Nation tout entière.
Gendarme Jacques MONTOUILLOUT,
Nous nous inclinons respectueusement devant vous, qui avez, par le sacrifice de votre vie, assumé jusqu'au bout votre vocation et démontré votre passion pour la France et le service des Français.
En reconnaissance de votre engagement admirable et de votre sens du devoir indéfectible malgré les dangers, je vous promeus au grade de maréchal des logis-chef.
Maréchal des logis-chef Jacques MONTOUILLOUT, les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur que je vais maintenant vous décerner, honore votre parcours, votre engagement, votre vie. La considération, l’estime et l'amitié de la gendarmerie nationale vous sont acquises pour toujours.
Maréchal des logis-chef, Jacques MONTOUILLOUT, reposez en paix.