03.12.2009 - Conférence de presse Grippe A

3 décembre 2009

Intervention de M. Brice HORTEFEUX, Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales - Hôtel Beauvau.


Mesdames et Messieurs,
Si nous avons souhaité vous rencontrer, aujourd’hui, avec Roselyne BACHELOT, c’est pour vous présenter un point de situation de la lutte contre la pandémie de grippe A et évoquer avec vous, notamment, les questions concernant la campagne de vaccination.

En premier lieu, je rappellerai que, dès les premiers jours du mois de juillet, le Président de la République m’a chargé, sous l’autorité du Premier ministre, en liaison avec la ministre de la santé et des sports, d’assurer la coordination interministérielle de la gestion de la crise de la Grippe A. Il m’appartient depuis lors, en tant que président de la cellule interministérielle, de préparer les décisions et d’assurer la coordination de la mise en œuvre opérationnelle des mesures prises à cet effet.
Dans le cadre de cette organisation, nos ministères ont travaillé sans relâche pendant tout l’été pour que nous soyons en mesure, dès la réception des premiers vaccins, de mettre en place un système de vaccination générale.

I.    Avec résolution et rigueur, nous avons mis en place une organisation visant à protéger de l’ensemble de la population

-> Concrètement, qu’avons-nous fait ?

Tout d’abord, 1 080 centres de vaccination ont été créés sur le territoire métropolitain pour répondre au besoin exprimé d’une vaccination générale. Ce nombre n’est pas le fruit d’une approximation mais résulte de la répartition démographique de nos concitoyens sur le territoire. On trouve, par exemple, plus de 50 centres dans le département du Nord et 4 dans les départements les plus ruraux. L’objectif fixé consiste à être en mesure de protéger tous les Français candidats à la vaccination dans un délai de 4 mois.

L’organisation matérielle de la vaccination a été confiée aux préfets, parce qu’il appartient à l’Etat de gérer une crise sanitaire nationale.
Pour répondre aux besoins sanitaires exprimés, le choix a été fait de créer des centres dédiés, en lien avec les collectivités territoriales. Qui dit crise dit organisation de crise, qui dit organisation de crise implique la gestion de larges segments de la population et de flux quotidiens importants. A cet effet, des salles municipales et des gymnases ont été ouverts. A ce jour, près d’un million et demi de personnes ont été vaccinées dans les centres en 18 jours de fonctionnement effectif.

->Qu’avons-nous observé ?

Tout d’abord, si une très faible affluence a été constatée à l’ouverture des centres le 12 novembre, c’est à partir du mercredi 18 novembre et surtout du samedi 21 novembre, que l’on a assisté à une augmentation très rapide de la fréquentation. Nous l’avons observé essentiellement en zones urbaines, et notamment à Paris, avec l’apparition de phénomènes de file d’attente, notamment en raison de la venue dans les centres de personnes non prioritaires sans bons de vaccination.

Depuis le début de la semaine dernière, le nombre de personnes vaccinées a cru de manière importante. Il a été multiplié par 14 entre le 12 novembre et ce 3 décembre. Pour la journée du mercredi 2 décembre, près de 190 000 personnes ont été vaccinées. Depuis le début de la semaine, les chiffres sont les suivants : lundi : 109 370, mardi : 131 147, mercredi : 187 346. Au rythme actuel, le nombre de personnes vaccinées par jour aura doublé entre lundi et samedi. La même progression s’observe pour le nombre de centres ouverts. Le 12 novembre, date du début de la campagne, 600 centres étaient ouverts. Hier, mercredi 2 décembre, 872 centres étaient prêts à accueillir du public et cette progression va se poursuivre pour que samedi prochain, tous les espaces de vaccination soient ouverts, conformément aux instructions du chef de l’Etat et aux besoins du public.
Pour gérer au mieux cette affluence, l’Etat s’est totalement mobilisé.

Les personnels médicaux et administratifs mobilisés dans les centres de vaccination et les équipes mobiles qui vaccinent, sont, dans leur grande majorité, des personnes relevant de la fonction publique. Je tiens à leur rendre ici hommage pour leur remarquable travail, dans des conditions qui ne sont pas faciles eu égard à la charge et à la tension qui a régné dans certains centres de vaccination pendant plusieurs jours. Ils acceptent de se mettre au service du plus grand nombre et d’être, sous la responsabilité des préfets, en première ligne dans l’accueil du public.

->Quel est à ce jour le bilan qualitatif de la campagne de vaccination ?

Ce qui doit être déjà considéré comme un succès, c’est que toutes les personnes vaccinées ne seront plus des vecteurs de la maladie au cours de l’hiver.
Il a été cependant constaté des files d’attente dans certains départements. Je le dis clairement : cette situation n’est pas normale et j’ai demandé, dès le 27 novembre, de remédier à cet état de fait. En outre, les heures d’ouverture des centres n’ont pas été pas été parfois suffisantes.

II.    Face à l’affluence et à la volonté des Français de se faire vacciner, le Président de la République a demandé une mobilisation nationale et le renforcement du dispositif, qui doit être à la hauteur des demandes de nos concitoyens.

->Les instructions du Président de la République sont claires :

Le chef de l’Etat a demandé, lundi 30 novembre, au Gouvernement, la mise en œuvre d’actions immédiates visant à la mobilisation nationale dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Il a demandé que les centres soient ouverts tous les jours et le dimanche dans les centres urbains. De même, les plages d’ouverture des centres sont élargies, dès cette semaine, en particulier le mercredi, le samedi et en début de soirée. Le Premier Ministre a pris, mardi [1er décembre], une série de mesures que j’ai immédiatement mises en oeuvre avec ma collègue Roselyne BACHELOT :
 
Désormais, tous les centres de vaccination doivent être ouverts du lundi au samedi inclus. Dans les grandes zones urbaines [Ile de France, Marseille, Lyon, Toulouse, Nice, Nantes, Strasbourg, Montpellier, Bordeaux, Lille et Rennes notamment] et, sur décision préfectorale, là où cela s’avère nécessaire, les centres sont également ouverts dès ce dimanche. Je précise, enfin, qu’ils le resteront pendant la période des fêtes de fin d’année, à l’exception du 25 décembre et du 1er janvier.

-> De même, les ressources humaines ont été augmentées :

Sont désormais réquisitionnés :

  •     les étudiants en médecine ayant validé la 2ème année du 2ème cycle des études médicales de médecine ;
  •     les médecins du travail ;
  •     les médecins militaires ;
  •     et les élèves infirmiers.

Des internes et des élèves infirmiers sont également mis à disposition par les directeurs de CHU et de centres hospitaliers. Ensuite, des fonctionnaires de l’Etat de toutes les administrations de l’Etat au niveau départemental vont être réquisitionnés au prorata de leurs effectifs. Nous allons aussi avoir recours aux vacataires par le moyen des contrats aidés, notamment pour l’accueil, l’accompagnement et la logistique.
Au total, nous pouvons mobiliser, lorsque le maximum de centres sera ouvert jusqu’à :

  •     8 000 médecins ou internes ;
  •     30 000 personnels paramédicaux ;
  •     30 000 personnels administratifs.

Enfin, j’ai demandé aux préfets de nommer, sans délai, un membre du corps préfectoral en tant que référent départemental pour la campagne de vaccination. Il s’agit d’un sous-préfet « grippe ». Il coordonnera, sous l’autorité du préfet, l’ensemble du dispositif et veillera au bon fonctionnement des centres. Il veillera donc à ce que chaque administration de l’Etat et des collectivités locales fournisse aux centres, les effectifs nécessaires. Il lui appartiendra aussi de réaliser des visites dans les centres, pour veiller à la qualité de l’accueil, à la fluidité des opérations et aussi pour identifier les bonnes pratiques et assurer leur application uniforme dans tous les centres du département.

-> Pour améliorer le fonctionnement des centres, des mesures ont été prises hier.

Je tiens absolument à ce que la dimension humaine soit prise en compte. Il n’est pas acceptable qu’une femme enceinte ou une personne âgée attendent plusieurs heures. Ainsi, là où il n’avait pas été mis en place, le pré-accueil est désormais systématisé afin d’éviter les phénomènes de files d’attente de personnes ne disposant pas de bons de vaccination. Un accès prioritaire pour les personnes fragiles (femmes enceintes, très jeunes enfants, personnes handicapées) a également été mis en place.

Par ailleurs, nous avons réitéré aux préfets les instructions relatives à la communication des jours et plages horaires d’ouverture des centres.
Enfin, je tiens à saluer l’engagement des sapeurs-pompiers de la Croix Rouge et des Fédérations de protection civile. J’ai saisi les présidents des associations considérées qui ont répondu favorablement immédiatement. Ces associations vont intervenir de manière très significative dans les centres, notamment en ce qui concerne l’accueil, l’accompagnement des populations et la gestion des files d’attente. J’ajoute qu’une mobilisation toute particulière interviendra dans les départements connaissant une affluence sensible ou ayant concentré des problèmes particuliers [essentiellement Ile de France – Paris, Hauts de Seine].

   En même temps, je veux rappeler qu’il s’agit là d’une opération de très très grande envergure et que tout le monde ne peut pas être vacciné en même temps. Comme l’a souligné le Premier ministre, il faut redire à chacun qu’il y a des ordres de priorité que l’on ne doit aller se faire vacciner que lorsqu’on a reçu le bon de vaccination. J’en appelle donc au civisme de chacun. La campagne va durer jusqu’au printemps. Soyez assurés que tout sera mis en œuvre pour que l’offre de vaccination corresponde aux besoins exprimés par la population. Cette opération, la première de notre histoire sanitaire, nécessite un engagement et une mobilisation totale des services de l’Etat, des collectivités locales et des acteurs associatifs. Sachez-le, nous nous y impliquons à 200 %.
Nous avons conscience, avec Roselyne BACHELOT, que les jours qui viennent sont décisifs pour nous conduire à gagner cette bataille contre la grippe A et pour le bon déroulement de cette campagne de vaccination. Nous nous y employons avec force, méthode et détermination. Nous y parviendrons.