Séance de questions d'actualité au Gouvernement du 7 janvier 2014

Séance de questions d'actualité au Gouvernement du 7 janvier 2014
Mardi 07 janvier 2014, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a répondu au député Alain Tourret, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.

Mardi 07 janvier 2014, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a répondu au député Alain Tourret, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.


Alain Tourret, député Calvados

En ce début d’année que je souhaite annonciatrice d’une fraternité renouvelée, il me faut vous poser une question, Monsieur le Premier Ministre, sur un humoriste dévoyé, qui, par son message où l’odieux le dispute à l’insupportable, menace les fondements de la République. Je veux bien sûr parler de Dieudonné. Au pays de Beaumarchais, où l’insolence est une vertu, au pays de Coluche et de Bedos où l’ironie reste un art, nous savons faire la différence entre la critique, même la plus féroce, et l’agression à l’évidence d’inspiration néo-nazie. Avant-hier, c’était Drumont, Maurras, Drieu et Céline, ces semeurs de haine ! Hier, c’était celui dont nous avons tous le nom en tête, qui parlait de « la Shoah comme d’un détail de l’Histoire », qui s’attaquait à l’un des nôtres, Michel Durafour, dans la plus parfaite tradition de Goebbels là-bas et d’Henriot ici. Monsieur le Premier Ministre, cet éructeur haineux est dangereux pour la République ; ne rien faire, au nom du principe absolu de la liberté d’expression, c’est renoncer, c’est accepter. Il n’est pas question de changer notre législation, ce serait trop faire d’honneur à cet individu. Il faut appliquer les lois de la République avec rigueur, comme le rappelle la circulaire remarquée du 6 janvier dernier de Monsieur le Ministre de l’Intérieur. L’apologie des crimes contre l’Humanité est intrinsèquement une atteinte à l’ordre public et doit permettre l’interdiction de ces rassemblements de haine. Mais il faut aller plus loin, Monsieur le Premier Ministre, et faire partout œuvre de pédagogie, notamment à l’école, dans les lieux de culture, dans les milieux associatifs, pour renforcer la laïcité et surtout la fraternité. Le gouvernement, Monsieur le Premier Ministre, est-il prêt à s’engager dans cette voie ?

Manuel Valls, ministre de l’Intérieur

Monsieur le Président. Mesdames et Messieurs les Députés. Monsieur le Député. La parole antisémite, l’appel à la violence, à la haine de l’autre, la négation de l’Histoire n’ont pas leur place dans notre République et vous avez raison, l’indifférence serait la pire des réponses ; au nom du fait qu’il ne faut pas participer à une manœuvre du gouvernement, au nom du fait qu’il faut respecter la liberté d’expression, qu’on lui donnerait, à ce sinistre personnage, une certaine publicité ; alors – c’est bien là le problème – qu’il rencontre incontestablement une audience sur Internet et à travers les réservations prévues pour les différentes salles où il va, dans les jours qui viennent, se produire. Les spectacles de ce personnage n’appartiennent plus à la dimension artistique et créative. C’est une évidence et la ministre de la Culture l’a dit avec force encore ce matin. Malgré de nombreuses condamnations pénales, il réitère à chaque spectacle des propos insupportables, dont il mesure pleinement la portée et ceux qui assistent à ces spectacles le savent aujourd’hui parfaitement, ce sont des meetings politiques qui véhiculent une parole de haine, la haine de l’autre, l’antisémitisme, la haine du juif, c’est inacceptable, nous ne pouvons pas l’accepter et c’est pour cela qu’il fallait agir. La circulaire, souhaitée par le président de la République et par le Premier ministre, rappelle le motif d’ordre public qui peut être invoqué, justifiant l’interdiction de tels spectacles. La circulaire souligne également que ce type de spectacle constitue lui-même un trouble à l’ordre public. Alors, oui, nous agirons, avec la garde des Sceaux, sur tous les terrains, sur le terrain judiciaire, sur le terrain juridique, sur le terrain administratif et sur le terrain politique. C’est là où nous rassemblons et je veux saluer l’engagement de tous les maires, quelle que soit leur couleur politique, à commencer par monsieur Alain Juppé, qui a donné le la ! C’est là où la République est forte, quand elle se rassemble autour de nos valeurs et de la fraternité !


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