Séance de questions d'actualité au Gouvernement du 26 novembre 2013

Séance de questions d'actualité au Gouvernement du 26 novembre 2013
Mardi 26 novembre 2013, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a répondu à une question du député Jacques Bompard, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.

Mardi 26 novembre 2013, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a répondu à une question du député Jacques Bompard, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.


Jacques Bompard, député-maire LS (Ligue du Sud) d'Orange (Vaucluse)

Monsieur le ministre de l'Intérieur, voici quelques jours, la classe politique et médiatique s'enfiévrait parce qu'un individu tirait sur un photographe de « Libération ». Blesser un boulanger pour cent euros, tuer une vieille dame pour un bijou, poignarder un adolescent pour un simple regard, cela n'émeut guère le pouvoir. Il est vrai que vos services devraient se fendre de mille communiqués par jour. Mais, qu'un individu s'en prenne à un journal de la gauche radicale et voilà la liberté en danger. La République outragée est qu'on ne parle plus des vrais problèmes du pays. Avant son arrestation, le tireur était présenté comme un homme de type européen comme Mohamed Merah fut décrit comme un homme blanc aux yeux bleus. (...)

Tout le système médiatico-politique de gauche battait impatiemment des mains à la perspective du cadeau de Noël d'un tireur d'extrême droite dont le père serait un élu UMP, la mère une militante du Front national et dont le frère aurait fait partie du service d'ordre de la Manif Pour Tous. Hélas pour la gauche, le tireur se prénomme Abdelkrim (sic) et ses références idéologiques comme son passé militant le placent à l'extrême gauche. Une extrême gauche dont la violence passée sous silence et permanente est d'autant plus diverse dans son expression qu'elle jouit d'une impunité quasi totale. Agression de la Manif Pour Tous, fichage de militants de droite, dénonciation auprès de leur employeur, appels au meurtre. Il y aurait un véritable livre noir de la haine d'extrêmement gauche à écrire. Un livre dans lequel vous trouveriez votre nom, Monsieur le Ministre, car pour ces militants d'extrême gauche, vous êtes un fasciste et un raciste. Ces mouvances anarchistes représentent un danger pour la sécurité publique et pour la République. Monsieur le Ministre, quelles mesures allez-vous prendre pour évaluer (coupure de micro) ?

Manuel Valls, ministre de l'Intérieur

Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le député, il n'y a rien de pire que l'amalgame, que les mélanges face à des situations qui sont difficiles pour notre pays et qui consistent, comme vous l'avez fait dans votre question, à jeter une nouvelle fois les Français les uns contre les autres. La République, elle est là pour rassembler et pour apaiser et l'État, à travers les forces de police et la justice, pour poursuivre, interpeller et condamner ceux qui s'en prennent à la République. La semaine dernière, un homme s'en est pris à la presse en tirant sur un jeune assistant photographe, à la Société Générale. Quelques jours avant, il avait failli commettre l'irréparable dans les locaux de BFM. Et peu importe de savoir quelles sont ses origines. La République, elle est là pour condamner ceux qui s'en prennent d'une manière ou d'une autre à nos institutions, aux lieux de culte et à des personnes. Et la République, Monsieur le député Bompard, elle doit être forte, bien sûr, pour se mobiliser contre ceux qui, comme vous, tiennent un discours de division, de haine et d'attaque contre les institutions mêmes de la République. Et en permanence, vous trouverez ce gouvernement et, bien sûr, le ministre de l'Intérieur, mais – j'en suis convaincu – tous les républicains sur ces bancs pour dire que votre discours, votre attitude, vos amalgames, vos insinuations n'ont pas lieu d'être dans une démocratie et dans un grand pays qui est celui de la France. Et j'aurais aimé d'ailleurs vous entendre à chaque fois, notamment quand il s'agit de condamner l'antisémitisme, les actes antimusulmans, l'antihomophobie ou quand on attaque une ministre de la République. Là, vous auriez été crédible mais, malheureusement, vous ne l'êtes pas et depuis très longtemps.


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