Mercredi 20 novembre 2013, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a répondu à une question du député Yannick Favennec, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.
Yannick Favennec, député UDI Mayenne
Monsieur le Président. Mes chers collègues. Ma question s'adresse à Monsieur le ministre de l'Intérieur. Monsieur le Ministre, savez-vous que près de 8 000 vols de bétail, culture et matériel ont été recensés dans les exploitations agricoles depuis le début de cette année, soit une augmentation de 7,5 % ? Savez-vous que ces vols et dégradations représentent des années de travail et un préjudice financier sans précédent pour nos agriculteurs, qui ont déjà beaucoup de mal à faire face à une situation économique catastrophique ? Savez-vous que ces exactions ne touchent pas seulement le monde agricole, mais aussi l'ensemble des habitants des territoires ruraux ? Dans mon seul département de la Mayenne, par exemple, le nombre de cambriolages a pratiquement doublé ces trois dernières années, malgré le remarquable travail de nos gendarmes. Monsieur le Ministre, entre votre réforme des élections départementales qui va éloigner, voire exclure les territoires ruraux des centres de décision, la suppression annoncée de nos sous-préfectures, qui va transformer la ruralité en désert républicain, la réforme des rythmes scolaires aux conséquences financières lourdes pour nos petites communes, la fracture numérique qui s'accroit entre urbains et ruraux, les menaces contre les zones de revitalisation rurale qui vont peser sur nos entreprises et l'emploi et maintenant les actes de délinquance qui se propagent dans nos territoires, entendez-vous dans nos campagnes mugir l'exaspération et la colère ? Ne soyez pas seulement le ministre de l'Intérieur de Paris, Nice ou Marseille. Intéressez-vous aussi aux 11 millions de Français qui occupent 80 % du territoire national et qui aspirent au même droit à la sécurité que ceux qui vivent dans les grandes villes, les banlieues ou les agglomérations, Monsieur le Ministre.
Manuel Valls, ministre de l'Intérieur
Monsieur le Président. Mesdames et Messieurs les Députés. Monsieur le Député. C'est dommage parce que la première partie de votre question appelait, je crois, à la responsabilité, à partir d'un constat lucide que vous avez fait. Oui, les cambriolages sont un fléau qui touche tous les territoires de notre pays et tous nos concitoyens. Ils ont été en augmentation au cours de ces dernières années, toute une série de phénomènes. Donc, le problème n'est pas de polémiquer, c'est de s'attaquer à ce phénomène. Je pourrais vous donner la liste des départements que j'ai visités, le Cantal, l'Aveyron, la Meuse ! L'intérêt manifesté par le gouvernement sur les questions rurales ! Je serai encore, Monsieur le Député, en Vendée, dimanche soir et lundi. Parce qu'il n'y a pas un seul territoire, il n'y a pas un seul département de notre pays qui ne peut pas voir le ministre de l'Intérieur et d'ailleurs l'ensemble de l'action du gouvernement s'y intéresser. Je rappelle – puisque vous voulez les chiffres – que les cambriolages ont augmenté entre 2007 et 2012 de 18 %, dont 44 % pour les résidences principales. Si vous voulez polémiquer, je vous dirais voilà les résultats ! Je vous rappelle, enfin, que vous avez supprimé des milliers de postes de gendarmes, des milliers de postes de gendarmes précisément dans les terrains ruraux ! Alors, avec le ministre de l'Agriculture, avec Stéphane Le Foll, nous voulons agir dans les territoires ruraux, notamment pour protéger l'outil du travail agricole. Parce que ça, ça doit être une priorité. Alors, Mesdames et Messieurs les Députés, plutôt que de polémiquer, comme nous le faisons, quand nous nous rencontrons sur le terrain, en mettant en place le plan de lutte contre la délinquance, travaillons ensemble pour obtenir des résultats, plutôt que de polémiquer. Parce que quand on regarde votre bilan, vous n'avez pas de quoi être fiers !