Séance de questions d'actualité au Gouvernement du 16 octobre 2012

Séance de questions d'actualité au Gouvernement du 16 octobre 2012
Mardi 16 octobre 2012, Manuel Valls a répondu à une question de Gabriel Serville, députée de Guyane, sur le problème de l'orpaillage clandestin, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.

Mardi 16 octobre 2012, Manuel Valls a répondu à une question de Gabriel Serville, députée de Guyane, sur le problème de l'orpaillage clandestin, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.


Gabriel SERVILLE, députée Parti socialiste de Guyane (groupe GRD de Guyane) :

Monsieur le Président, Messieurs les Ministres, mes chers collègues, la question s’adresse à Monsieur le Ministre de l’Intérieur. Monsieur le Ministre, l’orpaillage clandestin est un grave problème qui ne concerne pas seulement la Guyane mais l’ensemble de la République et l’exploitation abominable de la misère humaine qui entoure cette activité n’est plus tolérable. Du travail forcé à la prostitution juvénile, en passant par une quasi-traite des migrants et la culture de l’ultra violence caractérisée par des centaines d’assassinats entre orpailleurs clandestins, cette activité illégale s’assimile parfois à un véritable esclavage moderne. Comment, au XXIème siècle, la France, pays des lumières, pays des droits de l’Homme, pays signataire de la Déclaration des Droits de l’enfant, pourrait-elle continuer à accepter un tel état de fait ? Comment la France pourrait-elle continuer de voir sa souveraineté nationale violée en ce point du territoire ? Si de tels événements se produisaient en France hexagonale, l’émotion suscitée entraînerait une réponse immédiate des pouvoirs publics pour y mettre un terme définitif. Pourtant, la Guyane fait partie intégrante de la République dont la Constitution elle-même nous rappelle qu’elle est divisible. Enfin, je rappelle que cet orpaillage clandestin entraîne la déperdition de centaines de millions d’euros chaque année, et que des centaines d’emplois légaux sont détruits, sans compter les graves atteintes portées à la biodiversité : déforestation massive, pollution terrestre, déversement dans nos eaux, de mercure et de cyanure qui tuent ou provoquent suicides et maladies neurodégénératives chez nos compatriotes amérindiens. Je demeure conscient de tous les efforts déjà réalisés. Cependant, ce sujet dépassant très largement le problème de l’insécurité en zone urbaine, permettez-moi donc d’appeler solennellement au renforcement des actions engagées afin de mettre un terme définitif à ces pratiques intolérables qui mettent à genou les valeurs de notre République. Pour cela, Monsieur le Ministre de l’Intérieur, vous pouvez compter sur mon soutien avec une profonde pensée pour Maître Antoine SOLLACARO. Merci.

Manuel VALLS, ministre  de l’Intérieur :

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés, Monsieur le Député, vous l’avez rappelé avec des mots forts, l’orpaillage illégal engendre une criminalité toute préoccupante, trafic de stupéfiants, prostitution, homicides ; et il instaure dans certaines zones de Guyane, une atmosphère de violence intolérable pour la République, et je salue ici, avec mon collègue Jean-Yves LE DRIAN, la mémoire des deux militaire tués à Dorlin le 27 juin dernier. Les conséquences de l’orpaillage sont également dramatiques pour la santé publique et pour l’environnement. Et donc la lutte contre l’orpaillage est une priorité, vous l’avez rappelé. Depuis 2008, l’opération «Harpie » engage sur le terrain les forces de gendarmerie et les renforts militaires conséquents. Cette lute, vous le savez aussi, vise à déstabiliser durablement cette économie et s’appuie sur la volonté d’assèchement des flux logistiques qui irriguent les chantiers clandestins, la destruction des chantiers illégaux et les moyens de production, et le démantèlement des filières. La situation reste cependant préoccupante et les efforts déployés depuis quatre ans par l’Etat, s’ils ont permis d’obtenir une décrue de l’activité illégale, continuent à poser évidemment un défi redoutable à l’Etat et à la République. Donc nous devons chercher à renforcer l’efficacité de l’opération « Harpie » par un travail en synergie avec les autres services de l’Etat. L’acquisition de renseignements opérationnels et la coordination internationale font partie de ces éléments, et c’est pour cela que, également, ils ont permis par exemple la mise hors d’état de nuire de 10 des responsables des meurtres de Dorlin. Mais vous avez raison, il faut continuer ce travail, c’est une priorité pour la sécurité des Guyanais, pour la santé, pour l’environnement…


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