Séance de questions d'actualité au Gouvernement du 16 juillet 2013

Séance de questions d'actualité au Gouvernement du 16 juillet 2013
Mardi 16 juillet 2013, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a répondu aux questions des députés Julien Aubert et Guy Teissier, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.

Mardi 16 juillet 2013, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a répondu aux questions des députés Julien Aubert et Guy Teissier, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.


Question de Julien Aubert, député du Vaucluse

Julien Aubert, député UMP du Vaucluse

Merci Monsieur le Président, ma question s'adresse au Premier ministre. Votre majorité, Monsieur le Premier ministre, est beaucoup plus homogène qu'on ne le craignait : pendant qu'un vice-président de l'Assemblée nationale soutient ceux qui portent atteinte à la sûreté de l'Etat, le compagnon d'une ministre insulte l'armée française. En attendant, pour ce qui vous concerne, Monsieur le Premier ministre, vous avez déclaré à propos de l'adhésion de la Roumanie à l'espace Schengen : « la France a toujours été ouverte à cette question et a soutenu votre démarche, cette adhésion dans notre esprit devra se faire en deux étapes, d'abord l'ouverture des frontières aériennes, ensuite l'ouverture des frontières terrestres ». Monsieur le Premier ministre, pourquoi voulez-vous élargir un espace qui est malade ? Le chef de l'unité et d'analyse d'EUROPOL lors d'une conférence sur Schengen en juin 2011 avait déclaré que l'accession possible de la Roumanie à la zone Schengen risquait d'augmenter la pression sur la frontière gréco-turque qui est déjà responsable aux trois quarts de l'immigration illégale en Europe du fait de la perméabilité de cette frontière. Accessoirement, l'accession de la Roumanie va faciliter l'immigration des Roms en France. Alors je sais bien que votre seule réponse lorsqu'on prononce le mot « Rom » est de crier au racisme. Mais la question que je voudrais vous poser, c'est comment voulez-vous régler un problème si vous interdisez d'en formuler l'énoncé ? Est-ce que vous niez ce problème ? Est-ce que vous niez l'existence de bidonvilles qui n'ont rien à envier aux banlieues de Calcutta ou de Rio ? Est-ce que vous niez ces cabines téléphoniques qui sont transformées en maisons de fortune ? Est-ce que vous niez ces enfants déscolarisés et utilisés pour mendier ? Est-ce que vous niez la délinquance Rom qui s'appuie sur l'instrumentalisation de jeunes mineurs et qui a fini par provoquer la fermeture du Louvre en avril 2013 ? La population, Monsieur le Premier ministre, se révolte, je pourrais citer ce qui est arrivé en banlieue de Marseille avec l'incendie d'un camp de Rom installé illégalement avec l'appui, la compréhension de Samia Ghali. Ma question est simple, Monsieur le Premier ministre, expliquez-moi cette folie, pourquoi voulez-vous l'élargissement de Schengen alors que celle-ci est malade ?

Manuel Valls, ministre de l'Intérieur

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés, Monsieur le Député. Quel mélange des genres ! Quelle confusion ! Que d'amalgames à chaque fois ! Vous croyez un seul instant, Monsieur le Député de l'UMP, que vous allez continuer à surfer sur ces questions-là alors que votre majorité a gouverné pendant 10 ans, qu'elle a conduit forcément une politique au niveau européen, qu'elle a dû avoir des engagements concernant l'espace Schengen. A l'occasion de mon premier Conseil des ministres avec les ministres de l'Intérieur, j'ai dit que la France tiendrait et respecterait ses engagements et que nous ne ferions pas de Schengen un débat interne parce que nous pensons que la France a des responsabilités au niveau européen. Et j'y ai vu le soulagement parce que mon prédécesseur avait d'une certaine manière nié la parole de la France, n'avait pas fait en sorte que la France ait sa place sur ces questions essentielles qui méritent qu'on les traite avec discernement, avec des règles et avec des critères. Et ça sera le cas pour la Roumanie comme pour la Bulgarie, une négociation est ouverte, elle n'est pas terminée, elle devra aboutir mais sur des critères, et le Premier ministre l'a rappelé à Bucarest, qui fassent en sorte que chacun avance. N'utilisez pas ce sujet, n'utilisez pas des populations qui sont en grande détresse pour des raisons qui ne vous serviront à rien parce qu'en tenant ce type de langage vous ne faites que faciliter la montée de l'extrême-droite et des populismes ! Vous n'avez pas encore compris que c’est uniquement en s'attaquant au problème à la racine, en apportant des solutions, en faisant en sorte, Monsieur le Député, que la droite retrouve ses esprits et qu'elle soit enfin républicaine !

Question de Guy Teissier, député des Bouches-du-Rhône

Guy Teissier, député UMP Bouches-du-Rhône

Monsieur le Président. Je voudrais juste dire un mot au Premier ministre, qui donne des leçons de patriotisme, semble-t-il, à certains députés de l'opposition, qu'il ferait bien peut-être de donner des leçons à certains ministres de sa majorité. Ma question s'adresse au ministre de l'Intérieur. Monsieur le ministre de l'Intérieur, il me tient à cœur de vous faire savoir qu'il s'est passé des incidents très graves, il y a quelques jours à peine, lundi dernier, à Marseille, sur une plage qui s'appelle Les Catalans. En effet, suite à une altercation entre une famille et un groupe de jeunes, un petit bébé, un nourrisson, a reçu du sable dans les yeux. Donc, un policier national est venu s'interposer entre un groupe de jeunes sauvages et cette petite famille. Ceux-ci se sont retrouvés très rapidement entourés par une vingtaine de jeunes qui ont roué de coups ce policier, qui l'ont précipité dans l'eau et qui ont tenté de le noyer. Si le policier, sauvagement agressé, a quitté l'hôpital, il souffre aujourd'hui d'étourdissements et de paralysie faciale. Le dispositif Sécurité Plage, Monsieur le Ministre, est un dispositif unique, il fonctionne plutôt bien depuis dix ans. Toutefois, cette année, vous avez décidé, sous prétexte de réorienter les effectifs sur la ville, de moins mobiliser sur le littoral et sur les plages. Plus que deux policiers au lieu de quatre et plus de CRS l'après-midi, alors qu'il y avait un car tous les après-midis, qui, d'ailleurs, je crois, a été remis depuis mardi. Je comprends les difficultés budgétaires que vous connaissez, la mobilisation des CRS pour l'Euro Pride va coûter 500 000 euros pour la seule journée du 20 juillet. Monsieur le Ministre, j'avoue ma perplexité face à tant d'incohérences concernant la sécurité des Français. Merci de préciser à la représentation nationale les dispositions concrètes que vous comptez mettre en œuvre afin d'éviter que de tels incidents ne se reproduisent. Merci.

Manuel Valls, ministre de l'Intérieur

Monsieur le Président. Mesdames et Messieurs les Députés. Monsieur le Député Teissier. Les faits qui se sont déroulés sur la plage des Catalans à Marseille sont inadmissibles. Je les ai condamnés, nous les avons tous condamnés avec la plus grande fermeté. J'ai eu au téléphone, à deux reprises, ce policier courageux, dont l'état physique et psychologique est particulièrement inquiétant, vu les coups qu'il a reçus, il a vu la mort de très près. Nous lui devons soutien et solidarité et vous l'avez exprimé. Ces faits sont inadmissibles et ils sont d'autant plus inadmissibles qu'il s'agit de très jeunes et de mineurs. La justice, je n'en doute pas un seul instant, elle a déjà pris des dispositions les concernant, prendra ses responsabilités pour que la punition, pour que la sanction adaptée soit là. Parce que dans notre société, on ne peut pas avoir ce type de comportement. Vous l'avez dit, une convention existe entre la Police nationale et la ville, il y a eu un certain nombre d'évènements, nombreux et c'est tant mieux pour Marseille, au cours de ces dernières semaines, depuis déjà plusieurs mois, depuis un an, Marseille a des moyens supplémentaires en matière de police et en matière notamment de Compagnie républicaine de sécurité. Il y a un travail qui est fait, qui prendra du temps, mais qui est indispensable et la plage des Catalans a désormais de nouveau les Compagnies républicaines de sécurité qui doivent permettre à chacun de passer un moment et des vacances les plus paisibles possibles. Moi, je le répète, encore une fois, à l'élu marseillais que vous êtes, comme je le dis à l'ensemble des parlementaires et au maire de la ville, c'est ensemble, unis, Etat et villes, que nous ferons baisser l'insécurité et que nous allons convaincre les Marseillais qu'ils habitent une belle ville qui a un avenir et que notamment la sécurité, maintenant et désormais, est la priorité de l'Etat à Marseille comme partout.


Aucun objet associé.
Aucun objet associé.