Mercredi 15 mai 2013, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a répondu à une question du député Pierre Lellouche, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.
Pierre Lellouche, député UMP de Paris
Merci Monsieur le président. Ma question s'adressait au Premier ministre avant son départ un peu précipité mais enfin il nous reste Monsieur Cazeneuve, ses œufs et ses volailles. Depuis l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union européenne en 2007, la France connaît une immigration de population rom qui prend des proportions proprement intolérables d'abord pour ces personnes elles-mêmes. Des familles entières, des villages entiers fuient leur pays d'origine où ils sont traités dans des conditions indignes pour s'installer dans des conditions très difficiles sur notre sol sans travail, sans logement. Ils sont aujourd'hui pas moins de trente mille personnes à être ballotées d'un camp à l'autre et, parfois, dans des conditions tragiques comme on l'a vu cette semaine avec la mort de deux femmes et d'un enfant. Intolérables aussi parce que ces familles et, souvent, les enfants sont pris en main par des groupes mafieux qui gagnent des centaines de millions d'euros en exploitant ces enfants qui sont prostitués dans les gares parisiennes, qui volent devant les distributeurs de billets et qui détroussent les Français qui n'en peuvent plus et, bien sûr, nos touristes. Face à tout cela, notre droit est apparemment impuissant puisqu'il s'agit de citoyens européens. Donc liberté de circulation. Le droit de séjour de trois mois n'est pas contrôlé et, bien sûr, les jeunes, les mineurs ne sont pas sanctionnés. Bref, la République est désarmée. Mais je veux dire ici que la cause principale, Monsieur le ministre de l'Intérieur, de tout cela tient aux pays qui exportent ces malheureux, c'est-à-dire à la Roumanie et la Bulgarie qui touchent, tenez-vous bien, vingt milliards d'euros de nos contribuables pour gérer l'intégration de ces populations. Alors ma question est simple, Monsieur le Premier ministre : que comptez-vous faire pour mettre fin à l'incurie de la Commission ? Madame Reding donne des leçons de morale. Que comptez-vous faire pour mettre fin à des comportements d'un État voyou qui prend l'argent du contribuable européen et nous exporte ses miséreux ?
Manuel Valls, ministre de l'Intérieur
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le député. Avant de vous répondre, même si nous avons peu de temps, laissez-moi marquer mon étonnement de la part d'un parlementaire de la République qui, à la fois dans la question qu'il vient de poser, s'en prend à la Commission et traite d'État voyou un État membre de l'Union européenne. Je trouve ça sidérant pour un ancien secrétaire d'État aux Affaires européennes. Et vous venez nous donner ici des leçons concernant l'Europe. C'est tout de même assez étonnant. Le dossier rom, comme bien d'autres dossiers, nous l'avons trouvé parce que vous n'avez pas réussi à le résoudre malgré des discours stigmatisants à l'égard de cette population. Ce dossier, il faut le traiter avec beaucoup de pragmatisme, de réalisme, en conjuguant à la fois le respect des personnes et, en même temps, la fermeté : évacuation de campements parce qu'il y a des conditions sanitaires ou de sécurité – vous l'avez rappelé – qui sont intolérables, reconduite à la frontière, lutte contre le crime organisé – là, vous avez raison, il y a une exploitation des êtres humains qui est tout à fait insupportable et, de ce point de vue-là, la coopération avec la police roumaine sur Paris a été renforcée, elle produit des effets, il faut aller dans ce sens. Nous avons supprimé – parce que c'était tout à fait pervers pour faire venir malheureusement ces populations dans des conditions très difficiles – l'aide au retour parce que, malheureusement, elle créait ces conditions-là. Et puis nous avons un dialogue et avec les autorités roumaines et avec la Commission parce que, oui, c'est à ce niveau-là qu'il faut trouver des solutions. Ce dossier prendra du temps. Il nécessite l'implication de tous (des collectivités territoriales aussi), beaucoup de fermeté. Et croyez-moi, vous vous en tenez au discours. Vous avez un bilan calamiteux sur ce sujet-là. Vous n'êtes pas crédibles au niveau européen et nous, nous agissons.