Vœux de la gendarmerie nationale au ministre de l'Intérieur

9 janvier 2013

Allocution de Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, le 8 janvier 2013 - Paris - Célestins.


Seul le prononcé fait foi.

Mon général,
Messieurs les officiers généraux,

Mesdames et messieurs les officiers, sous-officiers, gendarmes adjoints volontaires, personnels civils et réservistes de la gendarmerie,

Je tiens, tout d'abord, à vous remercier, mon général, pour ces vœux que m'adresse, par votre voix, l'ensemble du personnel de la gendarmerie. J'y suis particulièrement sensible. Et ce d'autant plus que cette « cérémonie » des vœux - comme vous l'avez rappelé - est une première.

Etre au seuil d'une nouvelle année est un moment propice pour regarder vers l'avenir et se fixer des objectifs. C'est l'occasion, également, de se tourner vers les mois écoulés et de prendre la juste mesure de tout ce qui a été accompli.

Au cours de l'année passée, chaque jour, chaque nuit, les gendarmes, aux côtés de leurs collègues policiers, ont assuré des missions essentielles au service de la sécurité des Français. Sur l'ensemble du territoire, en métropole comme Outre-mer, mais aussi à l'étranger, les gendarmes ont agi. Dans les zones péri-urbaines, dans les campagnes, toujours au contact des populations qu'ils protègent, ils ont été des garants assidus de l'ordre républicain. Ce qui a été accompli, quotidiennement, mérite la considération de tous les Français et, en tant que ministre de l'Intérieur, je veux vous faire part de ma profonde gratitude.

J'ai pris mes fonctions, il y a bientôt huit mois. Au cours de cette période, j'ai pu, à de nombreuses reprises, me rendre compte, mieux encore, de ce qui fait la force et l'unité de la gendarmerie. La force et l'unité de cette grande famille que vous constituez.

Je connais votre courage. Je connais la part de risque inhérente à vos missions. Je sais, également, les sacrifices consentis. J'ai une pensée pour les gendarmes tués ou blessés en service, au cours de cette année. Je veux, notamment, rappeler, ici, les noms de l'Adjudante Alicia CHAMPLON, de la Maréchale des logis chef Audrey BERTAUT et du Major Daniel BRIERE, assassinés dans l'exercice de leurs fonctions, dans le Var et les Alpes-Maritimes. Ces noms, comme tous ceux des gendarmes tombés avant eux, sont la fierté de votre arme.
La gendarmerie nationale est forte de ses traditions qui remontent à l'origine même de notre République.

Institution au cœur de nos institutions, la gendarmerie nationale a toujours su évoluer et s'adapter aux exigences de son temps. Elle est ainsi à la pointe de la modernité, à l'image de la caserne de Sathonay-Camp que j'ai inaugurée en septembre dernier. Elle maîtrise les techniques les plus pointues lui permettant de lutter efficacement, à armes égales, contre toutes les formes de délinquance.

Vous tous gendarmes êtes des militaires. Vous avez toutes les qualités qui les caractérisent. Je pense à la loyauté et à la discipline. Je pense, également, à l'importance de la hiérarchie et de l'autorité qui se traduit par un sens du commandement et de l'encadrement sur lequel je veux, plus encore, m'appuyer.

Vos qualités sont aussi celles spécifiques aux gendarmes : le sens du contact, de la proximité et du respect d'autrui. L'estime que vous porte la population en est la meilleure des reconnaissances. Comme vous le savez, j'ai souhaité qu'un code de déontologie commun à la gendarmerie et à la police soit instauré. Un travail de consultation est en cours et devrait aboutir pour le mois d'avril. Toutefois, au regard des règles de comportement des gendarmes, je dirais que ce code servira surtout - et c'est utile - à formaliser et à conforter ce que vous faites déjà dans la pratique.

Je le disais à l'instant, la gendarmerie nationale est une institution moderne qui comprend bien les impératifs de son époque. A ce titre, elle est une force de propositions. Je suis régulièrement alimenté en idées ou en pistes de travail qui sont autant d'axes de progrès. Il peut s'agir de questions opérationnelles ou budgétaires, ou bien de législation et de réglementation, de ressources humaines ou encore d'immobilier. Je ne peux qu'encourager de telles initiatives qui sont utiles à la réflexion et aux avancées concrètes.

Force de proposition, la gendarmerie nationale sait également interroger ses modes de fonctionnement dans un souci permanent d'efficacité. Votre institution a ainsi beaucoup évolué au cours des dernières années. Je n'ignore pas que vous avez, collectivement, consenti beaucoup d'efforts. Le contexte budgétaire actuel nous incite à poursuivre sur la voie des réformes et je sais que vous saurez y prendre une part active.
Cette volonté d'inventer et cette capacité à se réformer qui caractérisent la gendarmerie nationale seront, plus que jamais, nécessaires au cours de l'année à venir.

*

Comme l'a rappelé le président de la République, lors de son allocution du 31 décembre, notre pays doit faire face à des difficultés majeures. Une crise économique et sociale sans précédent met l'ensemble de notre société à dure épreuve. D'autre part, la situation de nos comptes publics demande des efforts accrus afin de réduire nos déficits, notre endettement et restaurer les marges d'action de l'Etat.
En tant qu'acteurs de la sécurité intérieure, il nous faut donc résoudre une équation complexe : répondre à la demande forte - et légitime - de sécurité qu'expriment les Français tout en ayant parfaitement conscience du cadre contraint dans lequel nous devons agir. La tâche - je ne vous le cache pas - est de taille. Elle nous impose, dans tous les domaines, de refuser l'immobilisme et de faire preuve de la plus grande des déterminations.

Les efforts en matière de lutte contre toutes les insécurités doivent être intensifiés. La mise en place des zones de sécurité prioritaires doit notamment permettre d'apporter des réponses adaptées à des phénomènes délinquants enracinés et faire que la vie des habitants change durablement.

Les efforts accomplis devront s'accompagner d'une refonte de nos outils statistiques et d'une transparence totale. Nos concitoyens doivent connaître la réalité des chiffres de la délinquance ; c'est une exigence démocratique.

La réalité c'est notamment la hausse, en 2012, en zone gendarmerie, des faits enregistrés, notamment des cambriolages et des atteintes aux personnes. Cette hausse de la délinquance, j'entends la regarder en face, sans céder aux polémiques inutiles. Je veux également en cerner les causes : elle s'explique, pour beaucoup, par les effets combinés de la crise et d'une forte pression démographique liée notamment aux transferts de populations venant des zones urbaines.

Vous en faites l'expérience quotidienne : la délinquance augmente et évolue. Elle se fait plus radicale, plus violente. Elle cherche à agir davantage dans les zones moins exposées de notre territoire pensant ainsi déjouer la vigilance des populations.

Il nous faut donc adapter notre réponse en fonction des bassins de vie et d'une analyse fine des phénomènes délinquants constatés. Prochainement, votre directeur général, le directeur général de la police nationale et les préfets déclineront, dans chacun des départements, les directives annuelles que je vais leur adresser. D'ores et déjà, je veux en souligner devant vous deux axes essentiels.

Il s'agit, tout d'abord, du renforcement de la présence sur le terrain. C'est la vocation des forces de l'ordre.
J'y insiste car, sans cet infléchissement, nous ne parviendrons pas à combattre les phénomènes délinquants dans la durée. Le deuxième axe consiste à définir - en s'inspirant des grandes lignes arrêtées au niveau national - des réponses locales aux causes locales de l'insécurité. Tout ne peut pas se décider d'en haut, depuis les états-majors. C'est à chacun d'entre vous, à votre niveau, d'agir au plus près des réalités du terrain afin de mettre en œuvre les réponses adaptées.

Au cours de l'année à venir, il nous faudra également poursuivre la réflexion engagée concernant les évolutions et les adaptations de structures. Les contraintes budgétaires nous obligent à gagner davantage encore en efficacité.

Que les choses soient claires : il ne sera pas demandé à la gendarmerie nationale de faire plus d'efforts que les autres administrations. Pour autant, elle devra assumer pleinement sa part. Je sais les manques auxquels vous faites face, notamment en matière d'immobilier, mais l'effort d'économie doit être réparti sur l'ensemble des ministères. Il doit être réparti de manière cohérente, conformément aux priorités définies par le président de la République.

A ce titre, je tiens à souligner que si notre ministère participe à l'effort commun, il dispose, cependant, des moyens de son action grâce, notamment, à des effectifs renforcés. En 2013, contrairement à ce qui était prévu, non seulement aucun poste ne sera supprimé, mais 192 gendarmes supplémentaires seront recrutés. Ce mouvement se poursuivra, au même rythme, au cours des prochaines années.

Pour ce qui est des réformes de structures, il m'apparaît nécessaire d'avancer, dans les prochains mois, sur trois chantiers complémentaires.

Tout d'abord, les redéploiements de zone de compétence avec la police nationale. J'ai conscience des difficultés liées à une telle réforme qui implique nécessairement, dans un premier temps, des investissements et reporte les gains sur les moyen et long termes. C'est cependant un gage d'efficacité opérationnelle immédiate. Il nous faut donc avancer dans la concertation, en suivant un principe simple : à la gendarmerie la charge de protéger les territoires et les communes et agglomérations qui les structurent ; à la police celle de veiller sur les principaux centres urbains.

Il convient, également, de faire évoluer la carte des implantations territoriales de la gendarmerie. Toutefois, rien ne doit remettre en cause le principe d'un égal accès à la sécurité pour tous, partout sur le territoire. Je sais que des adaptations sont possibles ;
elles ne pourront se faire qu'en prenant en compte les spécificités locales. Je serai particulièrement vigilant sur ce point.

Enfin, une réflexion doit être menée concernant les structures de commandement et de soutien. Il s'agit de donner plus de lisibilité aux différents échelons, de simplifier les organisations et d'étudier toutes les synergies possibles.

Toutes ces réformes doivent se faire dans un souci permanent de dialogue interne. J'entends ainsi être à votre écoute et continuer de vous rencontrer sur le terrain pour comprendre au mieux vos attentes et vos préoccupations. Les échanges que j'ai pu avoir dans le cadre des 47e et 48e sessions du CFMG ont été très enrichissants. Je crois d'ailleurs nécessaire de renforcer cette instance, en faisant notamment évoluer le mode de désignation de ses membres.

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Mesdames et messieurs,

L'année qui s'ouvre devant nous aura, sans nul doute, sa part d'exigence. Elle nous mettra à l'épreuve. Mais je sais combien la gendarmerie nationale a les ressources nécessaires pour y faire face. Nous avons une ambition à mettre en œuvre, celle d'une gendarmerie qui, fidèle à son histoire, à ses valeurs, agit efficacement au service des Français.

Je tiens à vous renouveler, mon général, mes remerciements pour les vœux que vous m'avez adressés au nom de l'ensemble du personnel de la gendarmerie.

En retour, je souhaite adresser à toutes celles et tous ceux qui servent au sein de votre institution mes vœux les plus chaleureux. J'ai une pensée particulière pour les gendarmes en OPEX, notamment en Afghanistan, et ceux mobilisés à l'étranger dans des pays en crise.

Que 2013 soit une année marquée par les réussites, la confiance et l'esprit de cohésion. Qu'elle soit pour tous les gendarmes et leurs proches - je sais combien la vie des familles est liée à la vie de l'institution - faite de joies et d'accomplissements nombreux.

Bonne année 2013 à vous toutes et vous tous !

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