Allocution de Manuel Valls, jeudi 20 février 2014.
Seul le prononcé fait foi
Mesdames et messieurs,
Nous venons de tenir, avec mes homologues du Maroc, Mohamed Hassad, d’Espagne, Jorge Fernandez Diaz, et du Portugal, Miguel Macedo, la première réunion de suivi de la déclaration de Rabat, adoptée en janvier 2013. Je les remercie d’avoir répondu à mon invitation.
D’abord, pourquoi réunir ce groupe de pays ?
Parce que, de part et d’autre de la Méditerranée, nous partageons, en plus d’une longue histoire commune, des préoccupations communes : elles sont reprises dans les quatre chapitres de la déclaration de Rabat (vous la trouverez dans le dossier de presse qui vous a été remis) : les questions de gestion de flux migratoires, de lutte contre le trafic de stupéfiants, de lutte contre le terrorisme et plus largement du bon fonctionnement de la coopération policière.
Depuis l’an dernier, nos directeurs généraux ont mené un certain nombre de travaux. Nous en avons dressé le bilan et sommes accordés sur les actions à entreprendre. C’est l’objet des conclusions que nous venons d’adopter en réunion plénière.
Permettez-moi de revenir brièvement sur chacun de ces thèmes.
Nos discussions ont porté sur le renforcement de la coopération en matière de gestion et de contrôle des frontières. Nous avons défini deux types de réponses. D’une part, l’amélioration des actions de formation des personnels et d’autre part l’intensification des échanges d’informations sur les documents de voyage.
Nous avons rappelé la nécessité de poursuivre les échanges sur la fraude documentaire constatée et d’organiser, en 2014, des visites d’installations aéroportuaires ou portuaires dédiées au contrôle transfrontière (aéroport d’Orly essentiellement, et port de Sète).
Nous avons également décidé la mise en place d’un réseau d’équipes conjointes d’analyse et de coopération policière aux points névralgiques des principales routes migratoires.
Sans politique de retour efficace, la gestion de nos frontières et des flux migratoires serait vaine. Le renforcement de la coopération dans le domaine de la réadmission constitue un autre aspect de l’efficacité de cette politique de retour. Nous avons décidé de mesures permettant d’améliorer les choses.
Un partenariat pour la mobilité est en train de se mettre en place avec le Maroc, il s’agit là bien évidemment d’un outil de l’Union européenne. Nous souhaitons renforcer la concertation pour la mise en œuvre de ce partenariat pour la mobilité dans lequel les trois Etats membres de l’Union européenne présents ici sont particulièrement engagés.
La lutte contre les stupéfiants doit tenir compte de deux phénomènes : l’évolution des routes de la cocaïne qui passe aujourd’hui par l’Afrique de l’Ouest avant de gagner nos pays et l’impact direct, et dramatique, du trafic de cannabis sur notre société, sa jeunesse en particulier.
Ce sont donc nos stratégies répressives qu’il nous faut périodiquement évaluer pour s’assurer de leur efficacité.
Grâce à notre travail commun, nous avons pu nous féliciter de l’intensification des échanges opérationnels entre notre services, par exemple afin d’assurer un meilleur ciblage des conteneurs ou d’accroître les interceptions maritimes ainsi que les actions de surveillance.
Enfin, il nous faudra encore accentuer la lutte contre le blanchiment, en facilitant l’identification des opérations financières réalisées par les trafiquants de drogue. C’est en visant le patrimoine de ces criminels que nous pourrons les affaiblir.
A cet égard, notre groupe de pays s’est fortement investi pour un soutien à la mise en place d’une plateforme d’identification et de saisie des avoirs criminels au Maroc.
Il s’agira d’une avancée significative dans la lutte contre le blanchiment du trafic de stupéfiants et du crime organisé, car elle pourra communiquer avec celles déjà existantes au Portugal, en Espagne et en France, et s’intégrer au réseau mondial de ces plate-forme, appelé CARIN.
La discussion a essentiellement porté sur la question des combattants étrangers en Syrie. Je relève d'ailleurs à quel point ce phénomène s’est accéléré en moins de 12 mois.
Naturellement, si nous sommes convenus d’intensifier notre collaboration pour cette question spécifique, nous nous sommes également engagés à ne pas baisser la garde pour les autres foyers.
Nos services de renseignement vont amplifier leur collaboration afin de détecter et prévenir les départs et suivre les déplacements, aussi bien à l’aller qu’au retour. Il s’agit de protéger ces personnes, notamment les mineurs, mais surtout de prévenir les risques pour la sécurité dans nos pays respectifs. A cet égard, cette réunion permettra de donner dès à présent la dimension internationale indispensable au plan d’action que nous sommes en train d’élaborer à la demande du Président de la République.
Nous sommes convenus de renforcer la coordination de nos réseaux policiers à l’étranger notamment au Sahel.
La planification des actions fera l’objet d’un travail concerté. Il sera ainsi procédé à un inventaire de la coopération technique par pays de la zone sahélienne et à une évaluation conjointe des besoins pour la définition d’un plan d’action commun.
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Nous nous réunirons au niveau ministériel dans un an, en Espagne. Dans l’intervalle, nos experts renforceront leur collaboration par des rencontres périodiques sous l’impulsion des directeurs généraux de la police, de la gendarmerie, et de l’immigration.
Je vous remercie.