Conférence de presse du jeudi 24 janvier 2013 - Ministère de l'Intérieur.
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le président du Conseil national de la sécurité routière,
Monsieur le délégué interministériel à la sécurité routière,
Mesdames et messieurs,
En matière de sécurité routière, il nous faut sans cesse poursuivre nos efforts. Jamais un chiffre de mortalité ne peut être satisfaisant. Il est toujours une invitation à se mobiliser pour sauver des vies.
Le 27 novembre dernier, alors que j'installais le Conseil national de la sécurité routière, j'ai annoncé un objectif ambitieux - nous devons l'être ! - : diviser par deux, d'ici à 2020, le nombre de morts sur nos routes.
Cet objectif, c'est celui fixé par l'Union européenne ; il consiste, pour la France, à être en dessous des 2 000 personnes tuées, à la fin de la décennie.
L'année 2012 - il faut s'en féliciter - s'inscrit dans cette tendance : le nombre de tués est en baisse de - 8%. Ce sont 318 vies qui ont été épargnées par rapport à l'année 2011. Une année marquée par une quasi-stagnation [-0,7%].
Sur les douze derniers mois, 3 645 personnes ont trouvé la mort sur nos routes. C'est la mortalité routière la plus basse enregistrée depuis les premières statistiques en 1948.
Le nombre de morts baisse. Celui des personnes blessées et hospitalisées également, respectivement de -6,9% et -7,9%.
Tous les chiffres que je viens d'énoncer traduisent, bien évidemment, une situation d'ensemble. Il faut la nuancer en fonction des catégories d'usagers, de leur âge et des réseaux routiers employés. C'est une source d'enseignements indispensable pour mettre en œuvre les dispositifs adaptés en matière de sécurité routière.
La baisse du nombre de tués est due, pour beaucoup, aux évolutions encourageantes concernant les deux catégories qui enregistrent, traditionnellement, le plus grand nombre de décès : les véhicules particuliers et les deux roues motorisés.
La mortalité pour les usagers de véhicules particuliers a baissé de -9%, c'est-à-dire 177 tués en moins. 110 vies ont été épargnées pour les motocyclistes. C'est une baisse importante de -14,5% ; il convient de le souligner.
Pour ce qui est des usagers vulnérables, les résultats sont contrastés. Alors que la mortalité chez les piétons baisse de -7,1%, celle des cyclistes augmente, quant à elle, de 9,9%. Si nous pouvons noter des évolutions favorables, une constante demeure : la sur représentation des deux roues motorisés dans la mortalité routière. 23% des personnes décédées sur les routes le sont en deux roues motorisés qui ne représentent pourtant que 3% du trafic.
Une deuxième sur représentation doit être notée en matière de mortalité sur les routes. Celle des « 18-24 ans ». Alors qu'ils représentent 9% de la population, 21% des morts sur la route appartiennent à cette classe d'âge.
La proportion hommes/femmes dans la mortalité routière est un grand invariant de ces dix dernières années : 3 fois plus d'hommes que de femmes décèdent sur les routes. Des routes qui sont de natures différentes.
Les autoroutes, qui avaient présenté une hausse de la mortalité de +15% l'an dernier, enregistrent, cette année, une baisse de -16 %.
Sur les routes nationales, la mortalité est en faible baisse après un recul plus important l'an dernier. Sur les routes départementales, enfin, après une faible diminution en 2011, le nombre de morts est en retrait de 8% en 2012.
La baisse de la mortalité routière s'explique par plusieurs raisons.
Au-delà de l'amélioration de la sécurité des véhicules et de l'aménagement de nos routes, je veux saluer, ici, les efforts accomplis, depuis plusieurs années, par les Français lorsqu'ils sont au volant. Rouler moins vite, rester attentif, être sobre et reposé, est essentiel pour assurer sa propre sécurité, celle de ses passagers, et celle des autres usagers de la route.
L'enjeu, ici, c'est de changer les mentalités et les comportements. Et cela prend du temps. En quarante ans de campagnes et de mesures de sécurité routière, le nombre de morts sur les routes est passé de 18 000 à moins de 3 700, alors même que le trafic routier était multiplié par trois !
C'est en soi un véritable changement de société, une révolution des mentalités ! Cela a été rendu possible par trois types d'action : l'éducation, la prévention, et le contrôle.
Au cours de l'année écoulée, les forces de l'ordre ont maintenu une activité opérationnelle soutenue en matière de lutte contre les infractions les plus graves :
conduite sous l'emprise de l'alcool, de stupéfiants ou bien encore excès de vitesse.
Chaque année, environ 10 millions de dépistages d'alcoolémie sont réalisés, pour environ 300 000 infractions relevées.
Le nombre de dépistages en matière de stupéfiants est en augmentation depuis 2008, année des premiers tests en bord de route. Cette hausse a été plus marquée encore en 2012. C'est la conséquence de l'obligation de procéder, depuis le 14 mars 2011, à un dépistage pour l'ensemble des conducteurs impliqués dans un accident corporel. Il y a eu plus de 110 000 dépistages au cours de l'année écoulée. Ils ont permis de révéler 32 000 infractions, soit une hausse de 14%.
La lutte contre la vitesse reste soutenue : en complément des radars automatisés, les forces de l'ordre ont assuré, sur le terrain, des contrôles avec interception, en ciblant plus particulièrement les grands excès de vitesse.
Si le contrôle et la sanction sont nécessaires, ils doivent s'accompagner d'efforts continus en matière d'éducation et de prévention.
La délégation à la sécurité et à la circulation routières et les préfectures ont organisé tout au long de l'année 2012, des campagnes de prévention, notamment en direction des jeunes.
Lors des grandes migrations, en partenariat avec les exploitants routiers, ou lors d'événements festifs, des actions adaptées ont permis de rappeler quels sont les bons comportements à adopter.
Les thèmes habituels de l'alcool, de la vigilance, de la préparation du voyage, ont côtoyé des initiatives innovantes comme la campagne "passe le volant" ou celle du "manifeste des femmes" qui visent à faire évoluer les habitudes culturelles des Français.
Je veux saluer ces démarches et je sais qu'il y a beaucoup d'autres expériences conduites au niveau national comme au plan local.
Progresser contre l'insécurité routière est l'affaire de tous.
Si les résultats de l'année 2012 sont encourageants, il convient de poursuivre les efforts pour atteindre les objectifs fixés. Poursuivre les efforts et multiplier les initiatives.
Ainsi, j'ai voulu renouer avec la concertation et j'ai demandé au Conseil national de la sécurité routière de proposer au gouvernement des actions concrètes, dès le printemps.
Ces propositions doivent s'organiser autour de différents axes.
Tout d'abord les jeunes, qui sont malheureusement - nous l'avons vu - sur représentés dans les accidents de la route. Nous ne pouvons nous résoudre à voir des familles ravagées par l'absurdité d'un accident qui surgit et brise des existences.
Il faut que cela change. Rien n'est inéluctable. Les chiffres d'aujourd'hui sont une source d'espoir et une motivation pour chacun d'entre nous, pour aller plus loin. J'ai donc demandé au Conseil national de la sécurité routière d'engager une réflexion sur la formation des usagers de la route. Il pourra s'agir notamment de mieux sensibiliser les adolescents et de continuer à former les jeunes titulaires du permis de conduire.
Le second point prioritaire concerne les usagers des deux roues motorisés. Nous devons trouver des moyens nouveaux afin de mieux les protéger. Les questions de visibilité doivent être abordées ainsi que celles de circulation. A ce titre, j'ai souhaité que les conclusions du rapport du préfet GUYOT, relatives à la circulation inter files, fassent l'objet d'une discussion approfondie au sein du CNSR.
Par ailleurs, je tiens à rappeler que, depuis le 19 janvier dernier, l'entrée en vigueur de la directive européenne sur le permis de conduire prévoit une plus grande progressivité dans l'accès à la motorisation des deux roues avec la création de nouvelles catégories (AM pour les cyclomoteurs et A2 pour les motocyclettes de moyennes cylindrées).
Il n'y a pas de scoop, nous le savons tous : l'alcool, les stupéfiants, la vitesse sont des facteurs déterminants, présents dans près des deux tiers des accidents mortels. C'est donc là au cœur des causes qu'il faut agir.
Et dans ce combat qui nous agite tous, toutes les pistes doivent être explorées, sans a priori. La baisse du taux légal d'alcool pour les jeunes conducteurs a été évoquée. Très bien ! Je reste à l'écoute de ce qui me sera proposé dans ce domaine. Et le gouvernement tranchera, le temps venu. Car le seul principe qui doit nous guider c'est l'efficacité pour atteindre un objectif : réduire le nombre de morts sur les routes.
Enfin, en matière de vitesse, j'ai, dès à présent, souhaité qu'une modernisation et une diversification des « instruments de contrôles automatisés » - en d'autres termes : les radars ! - soient engagées.
Les dispositifs de contrôle de la vitesse moyenne, les radars mobiles de nouvelle génération ou encore les radars déplaçables pour les zones de chantiers doivent permettre aux services de police et de gendarmerie d'avoir des outils plus performants. Avec là encore un seul objectif : sauver des vies.
La sécurité routière est une cause nationale. C'est donc une cause qui doit mobiliser l'ensemble de la société pour que notre rapport à la route change profondément, durablement.
La méthode du gouvernement, c'est la concertation. Je veux donc lui donner toute son importance. Mais la concertation doit aboutir sur des propositions concrètes. Je fais confiance au président JUNG et aux membres du CNSR pour apporter leur contribution en vue du prochain Comité interministériel de la Sécurité routière qui, sous l'autorité du Premier ministre, aura pour but la mise en œuvre de moyens concrets, à la hauteur de l'ambition que nous nous sommes fixée.
Je vous remercie.