Jacqueline Gourault : « Être pédagogue »

Jacqueline Gourault : « Être pédagogue »
6 septembre 2017

Interview accordée par Mme Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre d’État, ministre de l'Intérieur, au Journal Sud-Ouest, le 05 septembre 2017.


Ministre auprès du ministre de l'Intérieur, Jacqueline Gourault s'est rendue le 5 septembre 2017 en Gironde pour une rencontre avec les élus locaux.

« Sud Ouest » - Suppression partielle de la taxe d'habitation, diminution des emplois aidés, réduction des dotations aux collectivités locales, abolition de la réserve parlementaire : le gouvernement n'a-t-il pas un peu trop chargé la barque ?

Jacqueline Gourault - Conformément au cap fixé par le Président, le gouvernement a engagé de vastes chantiers de transformations, notamment sur le travail, la fiscalité, les dépenses publiques, la vie démocratique. Tout cela figurait dans le programme présidentiel d'Emmanuel Macron. Sur les emplois aidés, des annonces ont été faites et les priorités sont claires, il faut maintenant mettre en œuvre les choses avec discernement. Il n'est pas question de baisse unilatérale ou brutale des dotations : j'insiste sur ce point. Sans doute faites-vous allusion à ce report des crédits aux collectivités de 300 millions d'euros pour cette année. Il s'agissait de crédits gelés et le gouvernement a simplement récupéré des sommes qui n'avaient pas été engagées. Tous les ministères ont été mis à contribution pour financer le déficit laissé par nos prédécesseurs. Je dirai que nous avons fait les fonds de tiroir pour ne pas augmenter les impôts en cette période de fin d'exercice budgétaire pour l'année 2017.

Vous parliez de précisions à apporter sur les emplois aidés...

En réalité, dans le secteur non-marchand, 25 % des emplois aidés seulement débouchent sur une embauche définitive. Ces subventions aux collectivités locales ne constituent pas une véritable politique d'insertion. Tout cela n'est pas très sain. En outre, il y a eu des dérives; le summum a été atteint au début de cette année lorsque le gouvernement précédent les a utilisés pour faire baisser les chiffres du chômage avant les élections. L'idée est de conserver ces emplois-là où ils sont le plus nécessaires, notamment dans quatre secteurs prioritaires : l'Éducation, en particulier pour accompagner les enfants en situation de handicap, les communes rurales, l'Outre-mer et le secteur médico-social. Quand ces contrats se terminent, il faut que Pôle emploi oriente les bénéficiaires vers une formation. Nous voulons en tout cas éviter toute mesure brutale pour les collectivités locales : c'est pourquoi tous les emplois en cours seront maintenus jusqu'à échéance.

Comprenez-vous l'inquiétude des élus locaux, notamment celle des maires ?

Je rencontre beaucoup d'élus, qui me posent les mêmes questions que vous. Je leur explique le sens de ces réformes. Il faut faire de la pédagogie ! Quand on leur explique que la réforme de la taxe d'habitation se fera en trois ans et que les communes percevront la même somme de l'État qui paiera à la place des contribuables, les élus sont rassurés. Mais il faut prendre le temps de parler avec eux. Et ils savent bien qu'une réforme générale de la fiscalité locale sera nécessaire. Sur la réserve parlementaire, je leur rappelle que celle-ci portait sur des sommes marginales par rapport aux trois principales lignes de soutien à l'investissement (la dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR), la dotation de soutien à l'investissement local (DSIL) et la dotation politique de la ville (DPV) représentent 1,962 milliard d'euros en 2017) - en moyenne 150 000 € par député ou sénateur - et profitait surtout aux villes et assez peu aux communes rurales.

Propos recueillis par Bruno Dive