Assemblée générale de l’association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur

Assemblée générale de l’association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur
4 décembre 2017

Allocution de M. Gérard Collomb, Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, prononcée lors de l'assemblée générale de l’association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur, le 4 décembre 2017.

- Seul le prononcé fait foi -

Monsieur le Président, M. le Préfet CADOT

Monsieur le Président, M. le Préfet CARENCO

Monsieur le Préfet de Police de Paris, M. Michel DELPUECH

Monsieur le Secrétaire général, M. Denis ROBIN

Mesdames et Messieurs les directeurs généraux,

Mesdames et Messieurs les préfets,

Mesdames et Messieurs les sous-préfets,

Mesdames et Messieurs,

C’est un grand plaisir de participer à l’Assemblée générale de l’Association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur.

En premier lieu, parce que c’est l’occasion pour moi de rendre hommage ce soir à deux grands préfets.

Je veux d’abord saluer votre ancien Président, le préfet Jean-François CARENCO, avec qui j’ai beaucoup travaillé lorsqu’il était préfet de la région Rhône-Alpes.

Jean-François CARENCO qui, lorsqu’il était directeur de cabinet du Ministre Jean-Louis BORLOO, a été un de ceux qui ont su renouveler en profondeur la politique de la ville, une politique à mes yeux essentielle car l’on ne saurait pouvoir prétendre relever le défi social dans notre pays, sans résorber d’abord les fractures spatiales qui marquent aujourd’hui tant de nos villes.

Je veux saluer aussi, bien sûr, votre nouveau Président, Michel CADOT, préfet de la région Ile de France, préfet de Paris, que je ne connaissais pas, mais avec qui je me suis découvert depuis six mois une vraie affinité de pensée.

Félicitations, Monsieur le préfet CADOT, pour votre élection à la tête de cette prestigieuse association.

***

Mesdames et Messieurs,

L’administration préfectorale, je l’ai d’abord connue, vous le savez, en tant qu’élu local et parlementaire.

Dans ces fonctions, j’ai pu mesurer ce que les préfets, les sous-préfets, avaient de compétence, combien était grand leur sens de l’intérêt général.

J’ai rencontré des femmes et des hommes très engagés, qui incarnaient l’Etat non dans cette froideur bureaucratique que parfois on lui reproche, mais au contraire avec une vraie empathie, une vraie proximité avec toutes celles et ceux qui agissent sur les territoires dont ils ont la charge - élus, acteurs  économiques, sociaux, monde associatif - et au final dans un vrai contact avec nos concitoyens.

Ce qui m’avait marqué, c’était la capacité de réaction de l’administration préfectorale et en particulier dans les périodes de crise.

Je me souviens par exemple d’un épisode particulièrement douloureux dans un des quartiers où je venais d’être élu : la Duchère, un de ces grands ensembles des années 1960 qui avait, comme beaucoup d’autres, particulièrement mal vieilli et connaissait des tensions sociales fortes. C’était en 1997. Des émeutes s’étaient déclenchées suite au décès d’un jeune du quartier dans le commissariat de l’arrondissement. Si je n’avais pas pu compter alors sur le sang-froid et le professionnalisme du préfet de région de l’époque, Michel BESSE, du préfet à la sécurité, Pierre PARAF, nous aurions eu beaucoup de difficultés à ramener le calme dans le quartier.

De la même façon, j’ai pu voir, après les attentats du 13 novembre 2015, avec quel discernement les préfets et les sous-préfets avaient su réunir immédiatement les élus, assurer très vite la sécurisation des manifestations culturelles et sportives, mettre en œuvre les dispositions permises par l’Etat d’urgence, et faire ainsi que notre société n’abdique pas face à l’horreur du terrorisme.

Au fond, quand tout peut vaciller, quand la division menace, les membres du corps préfectoral sont là au premier rang pour garder la société unie, pour la tenir debout.

Et c’est aussi cela, votre engagement au service de la République, être toujours là, même dans les moments les plus dramatiques.

Et puis il y a l’action au quotidien.

J’ai vu dans les années récentes, comment, face à la crise, les préfets et les sous-préfets étaient capables de se mobiliser pour sauver des emplois, impulser aussi un mouvement pour que nos entreprises sachent prendre le tournant de l’innovation.

En renforçant les liens entre nos universitaires, nos chercheurs et le monde économique, en faisant que nos PME intègrent toujours davantage les technologies numériques.

Vous avez été par exemple au premier plan pour faire émerger les pôles de compétitivité, dont nous pouvons constater combien ils sont porteurs d’un vrai renouveau économique.

Vous avez mis la même énergie pour faire prendre en compte la transition écologique, pour mettre en place la French Tech dans toutes les villes sélectionnées.

J’ai connu enfin, comme Maire, des préfets utilisant toute leur autorité pour lever tel ou tel blocage, utiliser toute la latitude d’action que permet leur fonction – vous l’évoquiez, cher Michel CADOT, pour mettre en œuvre des réformes auxquelles ils croient profondément.

Et c’est ce que Jean-François CARENCO a fait à Lyon. Je voudrais ici combien son rôle a été déterminant dans la création d’une Métropole de Lyon, qui, pour la première fois, a permis de supprimer une couche au fameux millefeuille institutionnel français.

Sans vous, cher Jean-François, cette Métropole qui inspire aujourd’hui quelques une des grandes agglomérations françaises n’aurait sans doute pas vu le jour.

Je tiens à vous en remercier chaleureusement.

Oui, élu local et parlementaire, je m’étais déjà fait une belle image du corps préfectoral, en rencontrant des femmes et des hommes engagés sur de nombreux fronts mais agissant toujours avec sang-froid et professionnalisme.

Des femmes et des hommes capables aussi de prendre des risques pour relever les défis qui sont ceux que doit affronter sans cesse notre société dans un monde où les changements s’accélèrent.

Je ne savais pas alors que je serai un jour à la tête de votre administration.

Mais quand le Président de la République m’a sollicité pour occuper les fonctions que j’exerce aujourd’hui, si j’ai accepté c’est aussi parce que j’étais sûr de pouvoir compter sur un corps préfectoral, sur un ensemble de hauts fonctionnaires, capables d’impulser le cours nouveau qu’à mes yeux notre pays devait suivre.

Et en six mois, je voudrais vous dire combien j’ai pu constater que les préfets, les sous-préfets, les hauts fonctionnaires du Ministère, étaient à la hauteur.

Mon arrivée Place Beauvau ne se fit pas sous les meilleurs auspices car je fus confronté immédiatement, avec nos équipes de direction, avec quelques-uns de ceux qui sont présents ici, à une série de moments difficiles.

Ce fut d’abord le long épisode de feux de forêts d’une intensité comme on n’en n’avait pas connue depuis 14 ans et qui touchait tout le sud du pays, la Corse. J’ai pu alors apprécier à sa juste mesure l’aptitude des préfets, des équipes de direction, à prendre les choses en main, à répondre au péril que ces incendies faisaient encourir aux les populations des territoires concernés.

Alors que nous n’avions pas encore fini avec eux, il y eut – comment ne pas y penser – la série de cyclones frappant les Antilles à la fin de l’été.

Je n’oublierai jamais les conférences audiovisuelles organisées par les équipes de la DGSCGC avec les préfets de ces îles, l’entretien téléphonique que j’étais en train d’avoir avec votre collègue préfète déléguée Anne LAUBIES quand tout à coup, tout s’est interrompu.

Nous allions attendre de longues heures pour avoir des nouvelles et apprendre qu’au moment même où nous communiquions, la préfecture s’était effondrée. Malgré cette situation extrême, Anne LAUBIES a démontré alors quelles étaient les vertus du corps préfectoral pour répondre situation, sur tous les fronts pour assurer le rétablissement des liaisons, coordonner les secours, sécuriser les îles et aujourd’hui superviser la reconstruction.

C’est cela, le corps préfectoral : un engagement à toute épreuve.

J’ai apprécié votre action dans des moments graves. Je l’apprécie au quotidien dans la mise en œuvre des actions que, comme ministre, je vous demande de mettre en œuvre.

Je pense par exemple à la célérité avec laquelle, après l’attentat raté des Champs Elysées le 19 juin, vous avez répondu à notre demande de croiser les fichiers de signalement de la radicalisation et ceux autorisant le port d’armes, à la façon dont vous vous engagés pour animer les groupes d’évaluation départementaux (GED), prévenant ainsi les risques de dérives d’un certain nombre d’individus.

Je pense bien sûr, en ce moment, à l’engagement qui est le vôtre pour organiser la concertation sur le sujet de la Police de Sécurité du Quotidien.

Aujourd’hui et grâce à vous, plusieurs dizaines de milliers de membres des forces de sécurité ont répondu au questionnaire que nous avons envoyé.

Préfets, sous-préfets, vous avez su mobiliser pleinement au-delà même des forces de sécurité nationales, tous les acteurs locaux, élus et à travers eux polices municipales, bailleurs, services sociaux, sociétés de sécurité privée, responsables associatifs.

Je pense enfin à la façon dont vous mettez en œuvre avec sérénité mais avec détermination les mesures qui peuvent nous permettre de répondre à un double défi, celui de garantir pleinement le droit d’asile dans notre pays, mais aussi de lutter contre une immigration irrégulière dont les seuls grands bénéficiaires sont au fond les réseaux de passeurs, ceux qui vivent du trafic d’êtres humains.

Mesdames et Messieurs les Préfets et sous-préfets, hauts fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur,

Au-delà de ces défis là qui marquent notre vie quotidienne, nous avons tous conscience que nous sommes dans un basculement historique.

Dans un livre qui avait marqué son époque, le grand économiste hongrois Karl POLANYI parlait « de la grande transformation du monde ».

Eh bien nous vivons une nouvelle grande transformation.

Avec une mondialisation économique où notre pays doit reprendre toute sa place, avec une accélération des mutations technologiques qui imposent d’innover sans cesse, avec ce qui constitue la nouvelle problématique de notre XXIè siècle : la lutte contre le réchauffement climatique, la lutte pour préserver une biodiversité indispensable à la survie de notre planète.

Le Président de la République vous en parlera tout à l’heure mieux que moi.

Mais laissez-moi vous dire qu’à la place où j’étais hier, où je suis aujourd’hui, j’ai une conscience très nette de la voie qu’il nous faut suivre si nous voulons que notre pays continue à compter, que nos concitoyens croient à nouveau en l’avenir.

C’est bien évidemment la compétitivité de notre économie que nous avons à rétablir.

Vous savez quels problèmes ont été les nôtres. Une dépense publique devenue trop élevée au cours de la dernière décennie (57% du PIB contre 45% en Allemagne) avait fini par obérer la compétitivité de nos entreprises avec comme résultat, une baisse continue de leurs marges jusqu’à un plus bas historique de 28% en 2013 quand les entreprises allemandes étaient à 40%, à la même époque et la moyenne européenne à 38%.

Les conséquences on les connaît : une baisse de l’investissement, une désindustrialisation grandissante, la montée d’un chômage de masse : 3,5 millions de personnes sans emplois aujourd’hui.

Le pacte de responsabilité et le CICE avaient marqué une première inflexion. Et ceux qui en critiquaient le principe peuvent en constater aujourd’hui les premiers résultats : pour la 1ere fois depuis 10 ans, 240 000 emplois ont été créés sur 12 mois. Mais il faut aller plus loin pour lever tous les freins à la croissance.

D’où les mesures prises aujourd’hui par le gouvernement :

  • fiscales, pour réduire la dépense publique,
  • de réforme de notre droit du travail pour donner plus de souplesse à nos entreprises
  • de changement profond de notre système éducatif pour pallier les déficiences qui sont les nôtres. On connaît notre place dans les différents classements, on en mesure les effets au travers du décrochage de nos élèves et de nos étudiants.

Au-delà c’est aussi un changement profond de paradigme auquel nous devons procéder avec la prise en compte d’une transition énergétique qui doit permettre d’allier économie et écologie.

Oui, dans tous les domaines, des révolutions sont en cours qu’il nous faut, par nos réformes, accompagner.

Elles bousculent bien sûr un certain nombre d’habitudes et peuvent se heurter aux conservatismes, aux corporatismes.

Mais elles sont totalement nécessaires et si, d’ailleurs, la rentrée n’a pas été l’apocalypse que l’on nous prédisait, c’est qu’au fond d’eux-mêmes, bien des Français les jugent indispensables.

Ces réformes, c’est à vous qu’il appartient de les faire vivre sur le terrain, et d’abord en en expliquant le sens.

Sur le plan économique, il faut plus que jamais que vous soyez entrepreneurs de développement, porteurs d’innovation. C’est là, la clé pour reconquérir notre marché national et pour aller toujours plus à l’export. Vous devez être les porteurs d’une nouvelle excellence française.

Sur le plan de l’aménagement du territoire, il nous faut parvenir à réconcilier les France entre elles, les Français entre eux.

La première fracture est, je l’ai dit, celle qui passe au sein de nos villes entre des communes et des quartiers dynamiques et d’autres qui se paupérisent, qui se ghettoïsent.

C’est là, une fracture dont nous pouvons mesurer chaque jour la gravité parce que nous le voyons, à force de vivre côte à côte, on pourrait se retrouver demain dans un face à face. « La Nation est un plébiscite de tous les jours » disait RENAN. A nous, par notre action de transformation de nos villes, de gagner ce plébiscite et de garantir l’unité de la communauté nationale.

La seconde fracture, souvent évoquée ces derniers temps, est celle de nos territoires. Aujourd’hui, l’opposition se fait de plus en plus vive, on l’a vu au congrès des Maires, entre territoires urbains, en dynamique, et territoires qui se vivent comme abandonnés, entre France urbaine et France rurale.

Nous ne pouvons pas laisser perdurer cette fracture là et il nous faut donc agir. Non en nous enfermant dans une opposition stérile mais en tirant les uns et les autres vers le haut.

Il nous faut une capitale qui soit capable de reprendre toute sa place parmi les grandes villes-monde mais qui soit en même temps à même de résorber les zones d’exclusion qui existent en son sein.

Il nous faut de grandes métropoles de niveau européen pouvant supporter la comparaison avec les autres grandes villes européennes, de rivaliser avec les Milan, Munich, Francfort ou Manchester.

Il nous faut aussi des métropoles de taille nationale qui, si elles n’ont pas vocation à rayonner internationalement, peuvent jouer pleinement leur rôle de capitale régionale, entraîner leur hinterland.

Mais les unes et les autres ont aussi le devoir de penser leurs relations avec les territoires qui les entourent, avec leur périphérie comme avec les zones rurales, doivent s’assurer d’être pour eux des moteurs de développement.

Elles le sont déjà, d’ailleurs sans que cela soit toujours perçu : parce qu’elles sont à l’origine d’une part importante de la création de richesse, elles sont au travers de nos systèmes sociaux des facteurs puissants de redistribution au reste du pays.

Ce sont elles aussi, qui Laurent DAVEZIES l’a amplement démontré, sont à l’origine d’une économie résidentielle de laquelle vivent beaucoup de nos territoires et en particulier les territoires ruraux.

Mais sans doute convient-il que cette complémentarité, cette solidarité, devienne plus visible, plus tangible.

Nous devons donc encourager des coopérations toujours plus actives entre les métropoles et leurs périphéries, entre les grandes aires urbaines et les territoires ruraux, dans un partenariat fort avec les grandes régions.

C’est à vous qu’il appartient de porter ce mouvement.

En impulsant le développement de filières agricoles qui puissent trouvent leurs débouchés dans les grands centres urbains.

En mettant en œuvre des plans qui permettent aux zones enclavées sur le plan routier, ferroviaire ou numérique, de retrouver une nouvelle dynamique.

C’est comme cela que l’on bâtira une France qui gagne. Ensemble et non les uns contre les autres.

Pour réaliser cela, nous avons, pour les territoires ruraux, maintenu la Dotation d’Equipement des Territoires Ruraux (DETR) à un niveau élevé. Nous avons aussi préservé la Dotation de Soutien à l’Investissement Local (DSIL) qui vous le savez, avait été conçue pour pallier la chute de l’investissement du bloc communal suite aux baisses de dotation, nous en avons même pérennisé le principe en l’inscrivant dans le code général des collectivités territoriales. Aujourd’hui, il n’y a plus de baisse unilatérale des dotations. Mais la DSIL a été maintenue.

Il vous appartiendra de l’utiliser pour soutenir des dynamiques d’innovation selon quatre priorités

  • transition numérique
  • mobilité durable
  • construction et logement
  • liens entre métropoles et territoires ruraux.

Il faut porter les unes à leur plus haut niveau, il faut redonner aux autres la possibilité de croire en leur avenir.

Mesdames et Messieurs, c’est souvent dans les crises que la société se transforme.

Et si nous avons vécu une conjonction de crises, il faut les concevoir non pas au sens de catastrophes insurmontables. Mais au sens grec de krisis, c’est-à-dire de mutations profondes, de basculements et de décisions.

A nous donc de savoir trancher, d’aller de l’avant.

Avec le Président de la République, vous le verrez tout à l’heure, le cap est fixé.

A nous, à vous donc de le traduire en action.

Et je sais que pour cela la France peut compter sur le corps préfectoral.

Votre corps a plus de 200 ans.

Toute notre histoire montre combien à chaque époque, il a contribué à façonner notre pays.

Portant une révolution industrielle, qui, au XIXe siècle, a changé la France.

Portant la réalisation des grands travaux d’infrastructures qui ont structuré le territoire national, comme le développement de nos villes.

Incarnant des valeurs républicaines qui, dans la loi de 1905 ont fondé, pour reprendre le terme employé par Aristide BRIAND dans son rapport à l’Assemblée nationale, « une laïcité de liberté »,

Diffusant partout l’école, le savoir.

Les préfets ont été bien sûr au rendez-vous de l’Histoire durant les deux guerres mondiales.

En allant, pour certains d’entre-eux au combat – et j’ai déposé ce matin une gerbe en hommage aux préfets morts pour la France.

En organisant la vie quotidienne en temps de guerre pour les civils.

En résistant aussi, comme Jean MOULIN, préfet d’Eure-et-Loir, qui, alla jusqu’au sacrifice suprême pour défendre l’idée qu’il se faisait de la France et des valeurs que devait porter la République.

Ce sont encore, Mesdames et Messieurs, les préfets qui, dans les Trente Glorieuses, ont d’abord relevé le pays, puis l’ont modernisé par le développement de grandes filières industrielles.

Et c’est parce qu’il avait conscience de l’importance de votre corps que le Général de Gaulle le fit inscrire dans la constitution de 1958.

Oui, le corps préfectoral a façonné notre pays.

Il l’a conduit à prendre les bons virages quand il se trouvait en proie à des difficultés.

En faisant preuve d’une loyauté et d’un sens de l’intérêt général à toute épreuve, il a permis à notre société de rester unie autour des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, mais aussi toujours de se réformer, de se moderniser, d’aller de l’avant.

Mesdames et Messieurs,

Cette grande histoire dont vous êtes les héritiers et l’engagement dont vous faites preuve, on nous l’envie souvent dans le monde.

Car il est peu de pays qui peuvent s’appuyer sur une administration de ce niveau, à la fois capable de la rigueur indispensable à l’exercice de l’Etat tout en ayant les qualités entrepreneuriales nécessaires pour que notre pays entre pleinement dans cette nouvelle économie qui marque le monde aujourd’hui.

C’est pourquoi je veux vous dire combien je suis très fier d’être aujourd’hui le chef de l’administration préfectorale.

Votre tâche est noble, exigeante, cruciale pour l’équilibre de notre société.

Elle peut être aussi ingrate.

Et je tiens à redire ici qu’après l’attentat de Marseille, les décisions furent pour moi difficiles à prendre. Mais ces décisions, je les devais aux familles, je les devais aux Français.

Mesdames et Messieurs,

Parce qu’élu local, j’ai vu quel pouvait être votre engagement, parce que Ministre de l’Intérieur je mesure chaque jour votre efficacité, parce que je suis convaincu que la transformation de la France passera par une totale mobilisation de l’Etat, je souhaite, pour l’avenir, conforter les préfets dans leurs missions.

Par une déconcentration plus forte des moyens financiers.

En vous donnant aussi des moyens réglementaires nouveaux.

Lors de ma première réunion avec les préfets, j’avais eu l’occasion d’évoquer, ma volonté de leur permettre de pouvoir déroger à certaines normes réglementaires afin de répondre à la diversité des réalités socio-économiques, qui sont celles des territoires où ils exercent.

Cette mesure est en train d’entrer en vigueur.

Il s’agit là, vous le mesurez, d’une vraie révolution.

Une révolution qui va vous permettre de vous faire, pour reprendre le terme de la table ronde qui m’a précédé, « entrepreneurs de l’Etat ».

Un décret a été transmis au Conseil d’Etat, qui permettra aux préfets de deux régions métropolitaines et d’une région ultra-marine, d’expérimenter ce dispositif de dérogation à la norme réglementaire.

Si celui-ci s’avère pertinent, nous le généraliserons.

Enfin, renforcer le corps préfectoral, c’est pour moi travailler dès maintenant à forger son avenir.

D’abord en assurant son renouvellement, en promouvant de jeunes générations.

Ensuite en garantissant sa diversité - car c’est là, sa grande force ! Vous pouvez donc compter sur moi pour continuer à intégrer à l’avenir des personnes issues du secteur privé, de carrières publiques autres que celles du Ministère de l’Intérieur, pour renforcer la place des femmes – qui, je le sais, augmente déjà.

Oui, je ferai tout pour que le corps préfectoral ressemble le plus possible au meilleur de la société française.

***

Mesdames et Messieurs,

Je veux pour conclure souligner, que l’engagement de l’ensemble du corps préfectoral nous oblige. Il oblige le gouvernement à reconnaître votre investissement, y compris sur le plan symbolique et financier.

Il est peu de métiers où on se trouve d’astreinte 24h/24 et 7 jours sur 7, où les week-ends sont quasiment impossibles à prévoir, les congés presque inexistants. Il est peu de métiers où l’on consent à ce point à des sacrifices sur le plan familial, où l’on consacre sa vie professionnelle à servir l’intérêt supérieur de la Nation.

Ces vérités simples doivent être dites, rappelées sans cesse.

J’ai aussi entendu, cher Michel CADOT, les quelques points que vous avez soulevés en matière indemnitaire.

Des avancées significatives ont déjà eu lieu. Ce fut même une des premières propositions que me fit, lors de ma prise de fonctions, mon Directeur de cabinet.

Je demanderai au Secrétaire général d’étudier avec attention les problèmes qui peuvent se poser.

Mesdames et Messieurs,

Une nouvelle fois, je veux vous remercier votre engagement passé, présent et à venir, au service de la République.

Si la France est ce qu’elle est : un grand pays qui a su à chaque période se transcender, oui, le corps préfectoral y est pour beaucoup.

Et je veux, une nouvelle fois, vous en remercier.