Dossier de presse de la campagne 2018 de lutte contre les feux de forêt de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises
Avec une surface couvrant un quart du territoire national soit quinze millions d’hectares de forêts, la France occupe la troisième place des pays les plus boisés de l’Union européenne. Mais cette richesse, à laquelle s’ajoute la nombreuse diversité des zones forestières françaises constituées de plus de 130 espèces d’arbres différentes, rend le territoire plus vulnérable aux incendies.
2017 a de nouveau été marquée par un nombre important d’incendies, notamment dans le sud-est de la France et la Corse. Selon les conditions climatiques et météorologiques, et selon les régions, ces feux endommagent chaque année de nombreux biens, mettent en jeu des vies humaines et nécessitent l’intervention de moyens terrestres et aériens importants, appuyés par divers services publics.
C’est grâce à une politique globale et une véritable stratégie pérenne que la lutte contre le feu s’organise dans notre pays, depuis la prévention au quotidien, la surveillance des massifs, l’anticipation des risques jusqu’à une lutte efficiente et multivectorielle contre les sinistres.
Dès le début de la saison estivale, tous les services de l’État mais aussi les services départementaux d’incendie, les collectivités locales, les conseils départementaux, les intercommunalités, les associations et les comités feux de forêts sont mobilisés pour lutter contre ce type de feu, la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises du ministère de l’Intérieur étant en charge du dispositif national.
En 2017, la DGSCGC a déployé d’importants moyens pour protéger les populations et les massifs forestiers. Elle mène une politique de prévention active, dont la priorité est d’informer le grand public et les usagers de la forêt et également d’action, avec une veille permanente via le COGIC et les ÉMIZ en mobilisant ses moyens nationaux, aériens et terrestres lors d’interventions.
24 500 ha c’est le bilan définitif et officiel de la végétation parcourue par les feux de forêt en France en 2017. Un chiffre en hausse par rapport à 2016 mais très loin des 73 000 ha parcourus en 2003 sur notre territoire ou des surfaces détruites au niveau européen.
Ce chiffre brut s’explique par plusieurs facteurs :
Surfaces brûlées en France (en hectares) sur la période 1990-2017
« Après quelques années calmes où les feux n’étaient plus significatifs, la France a assisté en 2017 à une année conséquente où l’on a retrouvé la problématique de gros feux, déjà présente dans les années 90 » nous confie Roger Gennaï adjoint au chef du bureau des moyens aériens et chef du groupement avions.
La zone méditerranéenne est restée en 2017 la plus impactée avec plus de 85 % des surfaces détruites. Ce constat s’explique par le nombre important de feux mais aussi par les surfaces touchées sur certains d’entre eux (Olmeta di Tuda 2 200 ha, La Londe-les-Maures 1 400 ha, Artigues 1 700 ha...) qui ont eu lieu dans les départements du sud-est et de la Corse ainsi que par l’apparition de feux précoces dès le printemps.
La période d’activité la plus intense aura été celle de la dernière semaine de juillet avec une surface brûlée cumulée de 8 000 ha. Les départements du Var, de Haute-Corse, de Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes devaient donc faire face simultanément à des incendies à forts enjeux.
L’activité opérationnelle est ainsi restée très soutenue durant l’été, et le dispositif de lutte a été prolongé suite au développement d’importants incendies jusqu’en octobre, notamment en Haute-Corse et dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Au total, six incendies ont parcouru plus de 1 000 ha :
En Haute-Corse :
Dans le Var :
Dans le Vaucluse :
Vingt-deux autres incendies ont parcouru plus de 100 ha dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence (2), des Alpes-Maritimes (1), de l’Aude (1), des Bouches-du-Rhône (4), de la Corse-du-Sud (5), de la Haute-Corse (3), de l’Hérault (3), des Pyrénées-Orientales (1), et du Var.(2).
Sur le reste du territoire, l’activité feux de forêt a été beaucoup moins soutenue puisque la sécheresse n’était pas durablement installée. Ainsi, dans le quart sud-ouest, si en début d’année 3 400 ha ont été touchés, la naissance de feu de forêts a été quasi inexistante au vu d’une pluviométrie inhabituelle tout au long des mois de juillet et août.
Participation du Dash au dispositif feux de forêts à La Réunion
Un Dash est désormais envoyé depuis 2010 sur la période des risques, entre la fin septembre et la mi- décembre.
Les feux de l’espace naturel ont été très limités en 2017. Au total, 80 ha ont été parcourus par le feu, contre 580 ha en moyenne sur la période 2007-2016. Le détachement à La Réunion représente un coût compris entre 0,5 et 0,7M € en moyenne par an, assumé intégralement par le budget de la Sécurité civile.
Envoi d’un détachement ForMiSC en Nouvelle Calédonie
La Nouvelle-Calédonie est confrontée régulièrement à des feux de végétation parcourant des surfaces importantes pouvant menacer des zones sensibles. Lors des 20 dernières années, des dizaines de milliers d’hectares ont ainsi été touchés de novembre à janvier (48 000 ha en 2002, 20 000 ha en 2004, 17 000 ha en 2005).
Le renforcement des moyens locaux par l’envoi de missions d’appui de la Sécurité civile (MASC) et de détachements des ForMiSC ont permis d’atténuer l’importance des surfaces touchées mais qui demeurent importantes (11 000 ha en 2009, 10 000 ha entre 2015 et 2016).
Suite au transfert de compétences intervenu en matière de sécurité civile en 2014, la DGSCGC engage des renforts nationaux en cas de crise dépassant les capacités du gouvernement (l’UISC 988) par des moyens des ForMiSC, de manière programmée ou à titre curatif, permettant d’intervenir plus efficacement sur les feux.
Cette solution a été mise en œuvre fin 2017 : un détachement d’une trentaine de sapeurs sauveteurs des ForMiSC y a été engagé compte tenu de la forte activité opérationnelle dans ce territoire. Il est intervenu sur une douzaine d’incendies qui ont parcouru 1 500 ha.
La France dans la lutte contre les feux de forêts à mis en place une stratégie originale et d’une efficacité prouvée. Cette dernière porte ses fruits si l’on compare les surfaces détruites chez nos voisins européens durant l’année 2017 avec par exemple plus de 350 000 ha au Portugal contre moins de 20 000 dans notre pays.
La stratégie nationale mise en place par l’État impose des travaux de prévention. Le plan départemental de protection de la forêt contre l’incendie (PDPFCI) définit les grandes orientations en matière de prévention et de lutte contre les incendies, les actions à mener et les objectifs à atteindre en prenant en compte les feux et les aménagements ainsi que leur planification. Les travaux ainsi effectués visent à éviter la propagation des feux sur les zones forestières et faciliter l’intervention des services de secours. En parallèle, chaque mise en œuvre de mesures réglementaires, est en France une aide importante, ainsi l’obligation de débroussaillement s’applique dans les départements exposés aux risques d’incendie de forêt.
L’article L.134-6 du Code forestier prévoit une obligation de débroussaillement :
L’attaque rapide des feux naissants constitue un pilier de la stratégie mise en place. Pour être traité efficacement, un feu doit avoir parcouru moins de 1 ha lorsque les premiers intervenants commencent à le combattre.
L’application de ce principe doit permettre d’attaquer en période de risque élevé tout feu dans les 10 minutes suivant sa détection. Elle repose sur la mobilisation prévisionnelle des moyens de lutte, qu’il s’agisse des sapeurs-pompiers des SDIS (déployés alors dans les massifs sensibles aux côtés des forestiers, des comités communaux feux de forêts...) ou des moyens nationaux qui y prennent toute leur part (détachements des UIISC mis en place également sur le terrain, principalement en Corse, colonnes prévisionnelles de renfort feux de forêts formées de sapeurs-pompiers qualifiés venant de toute la France, patrouilles militaires mises à disposition en application d’un protocole conclu avec le ministère des Armées). De plus, les avions prennent un rôle prépondérant dans la stratégie d’attaque des feux naissants. En effet, ils sont fréquemment les premiers sur les lieux de l’incendie, grâce au dispositif de surveillance appelé guet aérien armé (GAAR). Il appartient alors aux moyens terrestres d’exploiter leurs largages et d’achever l’extinction. Dans les autres cas, les moyens aériens appuient l’action des équipes au sol. Sans leur concours, l’objectif d’intervenir en période de risques sur les départs de feux avec un délai inférieur à dix minutes ne pourrait pas être atteint dans les secteurs difficiles d’accès.
Pour être efficace, cette démarche suppose de disposer d’éléments précis d’évaluation du risque d’incendies de forêts obtenus grâce à une collaboration avec Météo France et avec l’Office national des forêts. La coopération continue avec ces services permet de perfectionner les analyses conduites et d’affiner l’appréciation du danger d’incendie. Cette approche est particulièrement poussée dans les départements méditerranéens : une cellule de prévisionnistes de Météo-France spécialisés dans l’analyse du danger feux de forêts est ainsi mise en place au sein de l’ÉMIZ Sud en été. Ses analyses sont consolidées par des analyses de la sensibilité des végétaux au feu conduites par l’ONF. Mais, elle s’applique également à l’ensemble du territoire. Enfin ce sont les colonnes de renforts nationales constituées de sapeurs-pompiers provenant de tous les départements de France, les sapeurs-sauveteurs des formations militaires de la sécurité civile avec leur différents groupes spécialisés et les moyens aériens de la Sécurité civile qui viennent appuyer les services départementaux d’incendie et de secours locaux. Ce dispositif « hors-norme » permet de réduire la majorité des feux à leur plus simple expression et constitue une force d’intervention sur les feux de forêts unique en Europe qui démontre annuellement toute sa force et toute sa pertinence.
Le COGIC (dans le cas d’arbitrage entre des demandes concurrentes de préfets de zone) ou les ÉMIZ sont ainsi en mesure d’anticiper et d’apporter la meilleure réponse aux situations de danger.
Des moyens dimensionnés pour des évènements majeurs
Enfin ce sont les colonnes de renforts nationales constituées de sapeurs-pompiers provenant de tous les départements de France, les sapeurs-sauveteurs des formations militaires de la sécurité civile avec leur différents groupes spécialisés et les moyens aériens de la Sécurité civile qui viennent appuyer les services départementaux d’incendie et de secours locaux. Ce dispositif « hors-norme » permet de réduire la majorité des feux à leur plus simple expression et constitue une force d’intervention sur les feux de forêts unique en Europe qui démontre annuellement toute sa force et toute sa pertinence.
À ce titre la Sécurité civile est capable de mobiliser quotidiennement plus de 20 avions et 35 000 sapeurs-pompiers et sapeurs-sauveteurs sans compter les hélicoptères utilisés en reconnaissance et de les répartir selon l’importance des sinistres et des besoins d’extinction.
L'analyse permanente du risque incendie en région méditerranéenne
Au premier niveau d’intervention, la lutte incombe aux sapeurs-pompiers locaux. Leur action est renforcée par des moyens mis en œuvre par le ministère de l’Intérieur et coordonnée par le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (COGIC) de la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises et par les préfets de zone de Défense (via les ÉMIZ).
Ces moyens peuvent être complétés en fonction du contexte opérationnel.
Le détachement d’intervention héliporté des formations militaires de la Sécurité civile peut, grâce aux hélicoptères être engagé sur des sites inaccessibles par voie terrestre pour assurer le traitement de lisières actives, voire contribuer à l’évacuation de personnels.
Le matériel aérotransportable permet à la trentaine d’hommes constituant le DIH de préparer les zones d’intervention et de déployer des tuyaux sur plus de 2 km. La permanence de l’alimentation en eau de ces établissements est assurée par les norias effectuées par les hélicoptères de manœuvre.
Appliqué principalement par largage aérien, le retardant peut également être projeté à partir du sol par les sapeurs-sauveteurs de la Sécurité civile.
2 détachements d’intervention retardant (DIR) seront positionnés à Lézignan dans l’Aude et à Brignoles dans le Var, puis à Nîmes (Gard).
Ces unités interviennent au sol pour la défense de points sensibles. Dans un certain nombre de cas, l’utilisation par voie aérienne de produit retardant, pour diminuer l’intensité et la vitesse de propagation du feu, ne peut s’effectuer : feu de nuit, feu à proximité de bâtiments... Elles constituent alors une alternative pour une meilleure protection de la population et des intervenants. Ce détachement peut assurer la pose d’une ligne de retardant de 2 000 m de longueur sur une largeur de 12 m en 1 h 30.
Composition d’un détachement :
Depuis 1963, la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises dispose d’une flotte d’avions bombardiers d’eau pour renforcer l’action des troupes au sol.
En 2016, elle aligne 23 aéronefs bombardiers d’eau représentant une capacité totale de 121 700 litres. 3 avions de reconnaissance ont également vocation à intervenir sur l’ensemble du territoire sur décision du centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (COGIC) de la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC).
Avions amphibies, leur capacité d’emport est en moyenne de 6 000 litres. Ils sont utilisés en priorité pour l’attaque directe des incendies, mais peuvent intervenir aussi dans le cadre du guet aérien. La rapidité de leurs rotations après écopage sur le plan d’eau le plus proche du lieu du sinistre reste un atout incontestable. Dix appareils interviennent à partir de la base de la Sécurité civile de Nîmes, deux en Corse, à partir d’Ajaccio. Cette distribution peut être modifiée par le COGIC en fonction du contexte opérationnel.
Des appareils peuvent alors être prépositionnés à proximité des massifs forestiers les plus sensibles.
À l’inverse des Canadair, les Tracker sont armés en eau au sol. Ils disposent d’une capacité d’emport moyenne de 3 300 litres et sont utilisés en priorité pour effectuer des missions de surveillance et de première intervention dites missions de guet aérien armé (GAAR).
Pendant l’été, deux appareils sont prépositionnés sur chacune des bases de Cannes et Solenzara (en complément de Nîmes) pour faciliter la mise en œuvre de la stratégie d’attaque rapide des feux naissants. Ces anciens avions de lutte anti sous-marine de l’US Navy, ont été transformés en bombardiers d’eau et acquis par la Sécurité civile il y a plus de 30 ans. Idéalement conçue pour le guet aérien et l’attaque des feux naissants, la flotte de Tracker a été régulièrement remotorisée.
Avion de ligne à l’origine, ce biturbo-propulseur canadien a été transformé en bombardier d’eau. Le réservoir contenant l’eau ou le retardant (10 T.) étant amovible, hors période “ feux de forêts “, ces deux aéronefs assurent des missions de projection de détachements pour conduire des missions de sécurité civile (64 hommes ou 9 tonnes de matériels).
Depuis 2010, ils interviennent en configuration bombardier d’eau à la Réunion. Au début de janvier 2018, le Ministre d’État, ministre de l’Intérieur a annoncé la commande de 6 avions polyvalents multirôles DASH Q 400 gros porteurs dont les livraisons s’échelonneront jusqu’en 2022. L’objectif est de progressivement remplacer les tracker S2F de la Sécurité civile. Le premier de la série sera opérationnel pour l’été 2019.
Les trois avions BEECHCRAFT B200 assurent une double mission de liaison et de reconnaissance, à travers la coordination en vol des opérations aériennes et les missions d’investigation et de surveillance des zones à risques élevés. Ils permettent également le transport de personnels en zone difficile d’accès le cas échéant.
Moyens terrestres
Moyens aériens
Noria de Canadair, troupes au sol, colonnes de renfort... Lorsqu’un feu de forêt n’est pas maîtrisé dans sa phase initiale et qu’il prend de l’ampleur, d’importants moyens aériens et terrestres, nationaux et départementaux sont engagés. Sur le terrain, pour que la lutte soit efficace, l’ensemble de ces moyens doit être coordonné sous l’autorité d’un commandement unique.
Officier de sapeurs-pompiers placé sous l’autorité du directeur des opérations de secours (DOS), autorité de police (maire ou préfet), il commande l’ensemble du dispositif. Pour chaque secteur du feu (pointe, flancs gauche et droit), il fixe les objectifs prioritaires et décide de la tactique de lutte à adopter. Pour améliorer l’emploi des moyens aériens, il est assisté d’un «officier aéro». Le COS se déplace régulièrement sur le terrain et adapte éventuellement la disposition des moyens en fonction de l’évolution de la situation.
Installé à proximité du sinistre, il est le centre nerveux du dispositif. Relié par radio au centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (CODIS) et à l’ensemble des groupes d’attaque présents sur le terrain, il centralise toutes les informations : disposition des moyens de lutte, position des foyers actifs et du front des flammes, localisation des points «sensibles» (habitations, camping...).
En vol stationnaire au-dessus du théâtre d’opérations, il permet au COS d’avoir une vision globale du sinistre. Il est également utilisé par l’officier aéro qui détermine et «marque» les objectifs que les avions bombardiers d’eau doivent atteindre.
En situation d’investigation, Il évalue les besoins, renseigne l’ÉMIZ de Marseille et permet ainsi les arbitrages entre les différents incendies. En mission de coordination, il tourne au dessus du feu à 500 mètres d’altitude. Véritable «tour de contrôle volante», il gère en temps réel le trafic aérien grâce à la présence d’un pilote coordonnateur. Son rôle : assurer la sécurité des différents avions présents sur les lieux. Il indique aux pilotes de bombardiers d’eau les obstacles, l’itinéraire et les manœuvres d’approche pour effectuer leurs largages...