Depuis 2015, la France fait face à un afflux migratoire important. Le conflit syrien, les instabilités au Sahel, les persécutions dont sont victimes plusieurs populations de par le monde, poussent un nombre croissant de personnes à quitter leur pays. Ces flux sont par ailleurs amplifiés par des migrations économiques de plus en plus fortes.
Et si, dans les autres pays européens, le nombre de demandes d’asile reflue ces derniers mois, elles restent, en France, orientées à la hausse.
En 2017, ce sont ainsi plus de 100 000 personnes qui ont déposé une demande de protection dans notre pays, soit +17% par rapport à 2016. Et il faudrait ajouter à cette donnée le chiffre des non-admissions aux frontières (85 000 en 2017), ainsi que celui, difficile à évaluer, des personnes entrées illégalement dans notre pays sans faire l’objet d’un examen administratif.
C’est pour faire face à cette situation qui menace l’équilibre-même de notre système d’asile que le Gouvernement a, conformément aux engagements pris par le Président de la République, posé les bases d’une refonte de sa politique migratoire.
Selon un principe simple : tout mettre en œuvre pour mieux accueillir toutes celles et ceux qui fuient la guerre et les persécutions. Mais aussi, pour atteindre cet objectif, se donner les moyens d’éloigner celles et ceux qui n’ont pas vocation à rester durablement sur notre territoire.
De premiers résultats ont été obtenus depuis 9 mois : réduction significative du délai de traitement des demandes d’asile, augmentation de 14% des éloignements, adoption, dans le projet de loi de finances, du principe de construction de 7500 places d’hébergement en 2018 et 2019.
Pour relever ce qui est un des grands défis du siècle, il nous faut aujourd’hui passer à la vitesse supérieure et c’est l’objet du projet de loi présenté en Conseil des Ministres mercredi 21 février.
3 axes structurent le texte, marqué par un juste équilibre entre humanité et efficacité :
Comme l’a souligné Emmanuel MACRON dès le 18 octobre 2016 à Montpellier : « Nous devons nous organiser pour réformer les conditions d’examen des très nombreuses demandes d’asile. Les délais d’examen des demandes doivent être considérablement abrégés. Mais, en même temps, toutes les personnes qui n’ont pas vocation à rester en France, parce qu’elles n’ont pas le droit d’asile, doivent être reconduites à la frontière. »
C’est aujourd’hui ce but, qu’avec ce projet de loi, le Gouvernement poursuit.
L’asile est, et doit demeurer, un droit imprescriptible. Pour assurer la justice et l’efficacité de notre système d’asile, et ainsi garantir le respect des valeurs de la République, le Gouvernement engage une refondation en profondeur de la politique migratoire -et en particulier du droit d’asile- portée par deux objectifs majeurs : l’accélération de l’instruction des dossiers et la possibilité de sécuriser davantage le droit au séjour des personnes en besoin de protection.
Le Gouvernement a pour objectif de ramener à une durée moyenne de six mois l’examen des demandes d'asile qui s’étend aujourd’hui sur une moyenne de 14 mois en cas de recours.
Le projet de loi s’articule autour de deux grands axes :
1. L’accélération de l’examen de la demande d’asile :
2. L’accélération de la phase contentieuse :
Le Gouvernement souhaite, à travers ce projet de loi, sécuriser le droit au séjour des bénéficiaires d’une protection au titre de l’asile.
1. La question des protégés subsidiaires et apatrides :
Avec les membres de leur famille, ils obtiendront désormais d’emblée une carte de séjour pluriannuelle d’une durée de 4 ans. À l’expiration de cette carte, ils pourront accéder de plein droit à une carte de résident de 10 ans.
2. Une attention particulière est portée aux mineurs reconnus réfugiés :
3. Assurer une prise en charge adaptée de l’hébergement des demandeurs d’asile
Le projet de loi a pour objectif de renforcer l’efficacité et la crédibilité de la politique d’éloignement des étrangers en situation irrégulière.
La lutte contre l’immigration irrégulière est indissociable d’une politique d’accueil généreuse des réfugiés et des étrangers autorisés au séjour.
Les mesures proposées couvrent les trois dimensions essentielles de la lutte contre l’immigration irrégulière : les capacités de vérification des forces de l’ordre, le régime juridique de la retenue, de la rétention et de l’éloignement, la répression des fraudes documentaires.
1. Renforcer le régime de la retenue pour vérification du droit au séjour
2. Une rétention plus efficace
2. Renforcer l’efficacité de la lutte contre les fraudes
Pour prévenir les reconnaissances frauduleuses de paternité, la carte de séjour en qualité de parent d’enfant français sera délivrée sous réserve de la participation effective des deux parents à l’entretien et à l’éducation de l’enfant – et non plus du seul demandeur de titre de séjour. L’enregistrement des actes de reconnaissance de paternité par les officiers d’état-civil sera sécurisé pour mieux lutter contre les reconnaissances frauduleuses.
Parce la France est un pays de talents et le Gouvernement est déterminé à faciliter et accueillir sur son sol davantage de compétences en lien avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
À cette fin, le projet de loi assouplit les démarches existantes et soutient la politique d’attractivité de notre pays.
Le projet de loi a pour objectif d’accroître la capacité de notre pays à attirer les profils qui participeront à son dynamisme économique et à son rayonnement culturel. Dans ce but, il simplifie l’accueil des « talents » étrangers : entrepreneurs, étudiants, chercheurs... :
Dans le même souci d’attractivité, le projet de loi facilite la mobilité au sein de l’Union européenne des étudiants et des chercheurs. Le texte transpose en droit français la directive européenne du 11 mai 2016 relative aux conditions d’entrée et de séjour des ressortissants de pays tiers à des fins de recherche, d’études, de formation, de volontariat et de programmes d’échange d’élèves. Cette dernière assouplit et sécurise les conditions d’accès au marché du travail pour les chercheurs et étudiants étrangers.
Enfin, afin de promouvoir la migration circulaire, les étudiants diplômés en France de l’enseignement supérieur qui sont retournés dans leur pays d’origine ou dans un autre pays pourront bénéficier pendant une durée de quatre années de la carte de séjour temporaire « étudiant recherche d’emploi ou création d’entreprise ».
Cette mesure répond à l’objectif du président de la République de valoriser la mobilité circulaire tel qu’il l’a précisé lors de son discours de Ouagadougou du 29 novembre 2017.
Le projet de loi propose la création d’un « statut du jeune au pair », accompagné d’un titre de séjour spécifique. Cette mesure doit sécuriser la situation des étrangers concernés.
Les victimes de mariage forcé, lorsqu’elles font l’objet d’une ordonnance de protection judiciaire, pourront demander un titre de séjour sans obligation de présenter un visa de long séjour et pourront bénéficier d’une carte de séjour temporaire les autorisant à travailler.
Les victimes de mariage forcé ou les victimes de violences familiales pourront accéder de plein droit à une carte de résident, en cas de condamnation définitive de la personne auteur des violences.
Pour simplifier le droit au séjour, le projet de loi propose de fusionner ou simplifier certains titres de séjour et documents de circulation :
Enfin, le projet de loi prévoit une habilitation à simplifier le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile dans son ensemble.
L'OFPRA est un établissement public doté de l'autonomie administrative et financière et d'une indépendance fonctionnelle, chargé de l'application des textes français et européens ainsi que des conventions internationales relatifs à la reconnaissance de la qualité de réfugié, d'apatride et à l'admission à la protection subsidiaire.
La Cour nationale du droit d’asile, compétente pour connaître des décisions relatives aux demandes d’asile, est une juridiction administrative spécialisée statuant en premier et dernier ressort sur les recours formés contre les décisions de l’OFPRA.
Cette juridiction, placée sous le contrôle de cassation du Conseil d’Etat, a une compétence nationale.
Placé sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur, l’OFII remplit 4 principales missions que l’Etat lui a déléguées :