Intervention de M. Claude Guéant, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration - Préfecture d'Ile-de-France, mercredi 30 novembre 2011.
- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs, mes chers amis,
Votre métier, je l'ai exercé avec passion. J'en connais les difficultés et les richesses, les défis et les satisfactions. Et je suis heureux de retrouver aujourd'hui, dans chacun de vos parcours, la détermination, le sens de l'Etat et du service public qui ont guidé mon propre engagement.
Ces valeurs nous unissent. Elles soudent le corps préfectoral. Il est essentiel que nous les fassions vivre par les échanges et les contacts que nous nouons à l'occasion d'événements comme l'assemblée générale du corps préfectoral et des hauts-fonctionnaires.
Ce métier qui nous rassemble, vous l'exercez aujourd'hui dans des conditions exigeantes autant que passionnantes : celles d'un monde ouvert et rapidement changeant, porteur de nouvelles opportunités autant que de nouvelles vulnérabilités, voire de nouvelles menaces.
Le corps préfectoral est en proue de l'administration, il est toujours devant.
Vous devez en effet être présents sur tous les fronts de la modernité, afin d'en relever les différents défis :
1 - Ces changements suscitent des attentes et des inquiétudes auxquelles nous nous devons de répondre.
C'est pourquoi nous avons, d'abord, modernisé notre organisation.
Indispensable, cette réforme de l'administration territoriale de l'État était avant tout porteuse d'un message de confiance : confiance dans votre expérience, confiance dans votre connaissance du terrain, confiance dans votre capacité à construire une vision stratégique à moyen terme pour le développement de vos territoires, confiance dans vos qualités de pilote et de moteur, nouant des relations étroites avec les différents acteurs locaux et mobilisant l'énergie de vos administrations au service de nos concitoyens.
Partant de ce message, la réforme de l'État territorial s'est appuyée sur les évolutions sociales et techniques survenues au cours des dernières années pour bâtir une administration plus simple, plus efficace, plus réactive et plus accessible.
Nous avons ainsi revu notre organisation afin de faire émerger un État territorial resserré, beaucoup plus interministériel. Cette réforme, vous la connaissez bien, elle est un gage d'efficacité pour notre administration. La RGPP prouve que l'Etat s'adapte, améliore son efficience et maîtrise ses moyens.
Pourtant, mal comprise ou trop peu expliquée, la RGPP est souvent critiquée. Vous devez donc la défendre sans relâche. Au sein même de l'administration comme vis-à-vis de nos partenaires, vous devez insuffler à chacun l'envie de se mobiliser autour de cette réforme afin que maîtrise des dépenses et amélioration du service public aillent bien de pair.
Je tiens moi-même à faire aujourd'hui, devant vous, ce travail de pédagogie.
Je sais en effet les interrogations que suscite cette réorganisation chez certains d'entre vous. Saisi par mes soins, le Premier ministre a récemment confirmé votre rôle comme responsables de l'exécution des politiques publiques de l'Etat. Il a en outre rappelé le nécessaire respect des équilibres entre missions et moyens des administrations déconcentrées, notamment départementales.
Concernant les sous-préfectures, il est logique de faire évoluer progressivement la carte des arrondissements chefs-lieux. En effet, le secrétaire général étant de plus en plus tourné vers l'administration générale et les problématiques de gestion des agglomérations, et le sous-préfet d'arrondissement de plus en plus concentré sur l'animation territoriale, il est normal que les arrondissements chefs-lieux puissent se concentrer sur les aires urbaines et diminuer, entraînant parallèlement l'agrandissement des arrondissements limitrophes à dominante rurale.
Indispensable, cette réorganisation de notre administration territoriale n'est cependant pas notre seule réponse aux évolutions de notre société.
Nos concitoyens, en effet, n'attendent pas seulement de nous que nous nous adaptions à la modernité. Ils attendent également que nous en anticipions les conséquences et que nous soyons en première ligne pour les protéger.
En première ligne, d'abord, pour préparer et gérer les crises intérieures. C'est précisément pour assurer le rôle prééminent que le Livre blanc sur la défense et la sécurité intérieure a souhaité confier à notre ministère en la matière que nous avons créé, le 7 septembre dernier, la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.
Mais en première ligne, aussi, pour assurer la sécurité publique. Elle nécessite de notre part un double effort :
2 - L'effort de modernisation et d'adaptation constant au changement que je viens de vous présenter ne serait pas possible sans vous.
Figure historique, incarnant depuis plus de deux siècles l'Etat dans les territoires, vous n'êtes pas seulement des exécutants. Vous disposez au contraire, dans l'exercice de vos missions, d'une grande autonomie.
Administrer, en effet, ne signifie pas simplement appliquer la ligne fixée par le Gouvernement.
Cela signifie, d'abord adapter les politiques publiques nationales afin qu'elles s'ajustent aux spécificités locales. Pour cela, vous devez faire preuve de réels talents d'analyse, d'une grande faculté d'adaptation et d'une vraie capacité à trancher.
Cela signifie, aussi, dialoguer afin de défendre et d'expliquer les actions entreprises. C'est, en effet, parce qu'une politique est comprise, parce qu'elle emporte l'adhésion qu'elle est plus efficace. Vous incarnez ainsi l'Etat sur le terrain au sens le plus propre du terme c'est-à-dire en allant au contact des élus, des acteurs de la vie publique, des associations et des citoyens et en entretenant avec eux des relations aussi fréquentes que confiantes.
Mais administrer, cela signifie, enfin, faire preuve d'initiatives pour bâtir de nouveaux partenariats au bénéfice des territoires et pour faire remonter au Gouvernement le pouls du terrain, les attentes des acteurs locaux et de nos concitoyens.
Par toutes ses qualités, vous êtes à la fois, les garants des valeurs de notre République et les artisans de son avenir, les promoteurs d'un Etat moderne et ambitieux.
Dans le changement, en effet, vous êtes pour nos concitoyens, des moteurs autant que des repères de stabilité. Votre force consiste à arriver à conjuguer au présent les valeurs multiséculaires qui fondent notre République. Si le cœur de vos métiers ne varie pas, la manière dont vous les exercez, en revanche, s'adapte sans cesse aux évolutions de notre société.
Aujourd'hui, déjà, et demain, certainement, celles et ceux qui sont, comme vous, les visages de l'Etat dans les territoires devront ainsi :
Vous devez, aux moments où souffle parfois le vent tiède du misérabilisme et du fatalisme, être des professeurs d'énergie et d'optimisme.
Ces nouveaux talents, nous devons être attentifs à les acquérir nous-mêmes et à les insuffler aux jeunes hauts fonctionnaires qui intègrent chaque année cette belle communauté que constitue le corps préfectoral.
3 - Face à votre engagement, à votre professionnalisme et à l'ampleur de vos missions, la France vous doit un soutien sans faille.
Cette année, plusieurs initiatives du Gouvernement sont venues souligner la vigueur de ce soutien.
Par le décret du 29 septembre dernier, nous avons tenu à réaffirmer la singularité et l'importance des missions des sous-préfets, points d'entrée privilégiés de l'administration pour nos concitoyens et artisans du développement local.
Cette année, encore, nous avons fait effort pour mieux reconnaître la qualité de votre engagement professionnel.
C'est pourquoi les postes de première catégorie de sous-préfets ont fait l'objet d'une revalorisation indiciaire qui place, en toute justice, les sous-préfets expérimentés en charge de lourdes responsabilités au même niveau que les directeurs d'administration territoriale de l'Etat.
Trois postes de préfets en mission de service public, réservés à des sous-préfets de métier, ont été créés, portant ainsi leur nombre de sept à dix.
Notre reconnaissance n'est pas seulement financière. Conscient de l'investissement personnel que nous vous demandons de jour comme de nuit, nous avons également pris cette année des mesures destinées à préserver et faciliter l'équilibre de votre vie personnelle :
En plus de ces mesures concrètes et matérielles, notre reconnaissance s'exprime aussi, de manière plus symbolique, par la mise en valeur du rôle joué par le corps préfectoral dans l'histoire de notre pays. C'est dans cette optique que j'ai donné mon accord à la mise en place d'un "comité pour l'histoire préfectorale" composé de 12 historiens, philosophes et sociologues éminents. Il donnera suite aux archives orales recueillis depuis 1997 auprès de préfets honoraires pour enrichir la connaissance de notre passé récent. Je l'installerai personnellement dans les prochaines semaines.
Au-delà de ces différentes mesures, je veille, comme ministre de l'intérieur, à vous offrir des conditions de travail à la fois simplifiées et optimales.
C'est la raison pour laquelle j'ai, d'abord, décidé la mise en œuvre des simplifications qui ont été identifiées. Il s'agit, là encore, d'être concret et pragmatique afin de vous épargner les lourdeurs administratives accumulées au cours des ans.
C'est pourquoi, j'ai obtenu aussi que la réduction des effectifs soit deux fois moins importante que prévu cette année pour les préfectures. Ces réductions d'emplois ne concerneront, en 2012, que 365 emplois, soit moitié moins que les 700 suppressions annuelles prévues lors de la négociation du premier budget triennal en 2008.
X
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux d'être ministre de l'intérieur parce que je suis heureux de travailler avec des femmes et des hommes de votre qualité, des femmes et des hommes qui, jour après jour, par l'action, le dialogue et la concorde font avancer la France sur le chemin de la modernité.
Nous connaissons votre action et votre investissement.
Merci de l'engagement quotidien dont vous faites preuve.