Intervention de M. Claude GUEANT, Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration - Nantes.
- seul le prononcé fait foi -
Mesdames et Messieurs,
Vous le savez, le président de la République a souhaité revenir demain à votre rencontre, six mois après son discours d’Aix-en-Provence, pour marquer l’avancement et l’achèvement des grands chantiers qu’il a voulu pour promouvoir et moderniser la sécurité civile.
Je tenais, moi aussi, à m’adresser personnellement à vous, et je tenais à le faire dans un cadre résolument placé sous le signe de la solidarité.
La solidarité, c’est, en effet, la valeur que je retiendrais si j’avais à définir en un mot le monde des sapeurs-pompiers.
Solidarité concrète, solidarité vécue, qui s’exprime au sein même de la grande famille des sapeurs-pompiers, mais aussi dans l’affection que vous portent les Français.
Comment pourrait-il en être autrement ?
Nos concitoyens vous connaissent : jeunes, actifs et vétérans confondus, il y a, dans notre pays, 320 000 familles de sapeurs-pompiers. Tous, nous avons un proche, un ami, un voisin dans le corps des sapeurs-pompiers.
Nos concitoyens vous respectent et vous aiment. Ils ont besoin de vous. Chaque année, près d’un Français sur trois compose le 18. Incendies, catastrophes naturelles, accidents, pour chacun d’entre eux, vous êtes le réconfort dans la détresse, l’appui dans l’adversité, l’espoir au milieu de l’inquiétude.
Nos concitoyens vous admirent. Ils savent l’importance de votre engagement, les vies que vous sauvez quotidiennement et les risques pris pour y parvenir. Avec moi aujourd’hui, c’est la Nation toute entière qui s’incline devant le souvenir de vos 14 camarades morts en mission depuis l’année dernière.
Ce lien qui vous relie à la société, il faut avoir vécu une cérémonie à vos côtés pour en comprendre toute la force et toute la portée.
Cette expérience, je l’ai déjà faite à plusieurs reprises depuis mon arrivée à la tête du ministère de l’intérieur et, chaque fois, c’est à un véritable moment de communion nationale qu’il m’a été donné d’assister.
Je pense, naturellement, au traditionnel rassemblement national des drapeaux des sapeurs-pompiers de France qui s’est déroulé, cette année encore, au printemps, sous l’Arc de triomphe.
Je pense, aussi, aux baptêmes des promotions de votre école nationale, moment à la fois solennel et festif, à la rencontre de la diversité de vos métiers.
Je pense, également, au défilé du 14 juillet et à la salve d’applaudissement nourri qui signale et accompagne votre passage.
Mais je pense, surtout, dans des conditions plus tragiques, aux obsèques du lieutenant Alain BRUN et du caporal Sébastien FEDOU, morts accidentellement l’été dernier au cours d’une intervention sur l’incendie d’une ferme isolée des Alpes de Haute-Provence.
C’était une expérience frappante et émouvante que de voir réuni, sous les platanes de ce petit village provençal, non seulement la famille, non seulement les camarades de ces deux pompiers volontaires mais aussi les représentants de l’Etat, les élus, et la foule des anonymes venus simplement témoigner de sa reconnaissance et de son soutien.
Cette solidarité avec vos pairs comme avec nos concitoyens fait votre force et je sais combien vous y êtes attaché. C’est pourquoi j’ai voulu saluer aujourd’hui, en venant clore l’assemblée générale de l’œuvre des pupilles, le dynamisme de votre réseau associatif.
Forts de 8 000 amicales, 98 unions départementales et 13 unions régionales, il manifeste votre investissement dans des secteurs aussi différents que l’action sociale, le suivi des jeunes sapeurs-pompiers ou l’initiation du grand public aux gestes de premiers secours.
Au niveau national, votre fédération et des associations comme l’œuvre des pupilles prennent le relais pour vous assurer, ainsi qu’à vos familles, un soutien à la hauteur de votre engagement. En effet, s’il vous faut beaucoup de courage pour vous porter à tout instant au devant du danger, il n’en faut pas moins à vos proches pour vous laisser partir dans des missions qu’ils savent périlleuses.
Lorsqu’un citoyen s’engage comme sapeur-pompier, c’est tous ses proches qui s’engagent avec lui.
Lorsqu’un drame survient, aucun d’eux ne doit être abandonné.
C’est précisément la raison d’être de l’œuvre des pupilles. Depuis sa création en 1926, elle apporte un soutien matériel et moral aux familles et aux enfants des sapeurs-pompiers tombés en service commandé. Depuis 1993, elle a étendu ce soutien aux décès survenus hors du service et, depuis l’an 2000, elle assiste via le dispositif SolEnFa [solidarité enfants familles] les familles de sapeurs-pompiers dans le besoin.
Je l’ai dit, l’engagement de sapeur-pompier n’est pas un engagement solitaire, il est engagement dans une institution au fort esprit de corps et il est normal que cette institution se mobilise pour soutenir ceux des siens qui se retrouvent dans la détresse.
Mais l’engagement des sapeurs-pompiers est aussi un engagement au service de la Nation. Il est un modèle que nous avons le devoir de défendre et de promouvoir. C’est pourquoi, dans tous les domaines qui sont les siens, l’Etat s’engage à vos côtés.
Vous avez raison, cher Richard VIGNON, de souligner l’intensité de l’action gouvernementale en faveur de la sécurité civile.
Ces derniers mois, nous nous sommes d’abord mobilisés pour promouvoir et illustrer notre système de sécurité civile et plus particulièrement ce qui en fait l’originalité et l’efficacité, à savoir le recours massif au volontariat.
Je dis originalité car, dans une société soi-disant tentée par le repli individualiste, l’engagement de 200 000 personnes au service de leurs concitoyens est un exemple admirable. Mais je dis aussi efficacité car, sans cet engagement, ce sont 70% des missions de sécurité civile qui ne seraient plus assurées et, surtout, des pans entiers de notre territoire qui se trouveraient délaissés.
Maillon essentiel de notre dispositif de sécurité civile, le volontaire devait être protégé par un cadre juridique adapté. C’est tout l’objet de la loi adoptée le 20 juillet dernier et sur laquelle le président de la République reviendra je le pense demain.
Cette loi, que j’ai personnellement soutenue au Parlement, comporte des avancées essentielles tant, d’ailleurs, pour la protection des sapeurs-pompiers volontaires et de leurs familles que pour la reconnaissance de leur action, à tous les stades de leur engagement. Mes services travaillent activement à la rédaction des différents décrets d’application afin que cette loi puisse commencer à s’appliquer dans les toutes prochaines semaines.
Dans la droite ligne des travaux de la Commission « ambition volontariat », cette loi vient compléter les outils dont nous disposons pour promouvoir le volontariat.
Depuis janvier dernier, des modules spécifiquement destinés à sensibiliser les jeunes Françaises et Français au volontariat sont diffusés par des personnels de la sécurité civile à l’occasion des journées défense et citoyenneté.
La loi du 20 juillet nous permettra en plus de ces actions de promotion du volontariat de reconnaître la valeur de l’engagement de nos jeunes concitoyens. Concrètement, en lien avec l’Education nationale, nous allons :
En plus de mon engagement en faveur du volontariat, je suis très attentif à la modernisation et à la valorisation des carrières. C’est tout l’objet de la refonte de la filière des sapeurs-pompiers professionnels qui vise à rendre chacun véritablement acteur de son déroulement de carrière.
Ce processus, nous l’avons conduit dans un esprit de concertation :
Concrètement, nous avons cherché à rendre la filière plus cohérente en appliquant deux principes simples :
Ces travaux ont porté leurs fruits puisqu’un projet de protocole d’accord, réaliste et raisonnable, est prêt.
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Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, ces derniers mois ont été particulièrement féconds en réalisations.
C’est une dynamique dont je me félicite car elle rend un juste hommage à la noblesse de votre engagement et donne véritablement sens à cette année 2011, année européenne du volontariat.