20.04.2011 - Cérémonie en l'honneur des méritants des services de la sécurité intérieure

5 mai 2011

Intervention de M. Claude Guéant, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration, mercredi 20 avril 2011.


- Seul le prononcé fait foi -

Monsieur le préfet de police, [Cher Michel Gaudin]
Monsieur le préfet, [Cher Christian Lambert]
Mesdames et Messieurs,

J'ai tenu à venir cet après-midi en Seine-Saint-Denis, à la préfecture de Bobigny, un an après l'installation officielle du préfet Christian Lambert par le président de la République.

Voici donc un an, qu'à force de méthode et de volonté, le préfet Christian Lambert réaffirme quotidiennement en Seine-Saint-Denis l'autorité de l'Etat, dans toutes ses dimensions, y compris et de façon prioritaire dans la protection de nos concitoyens. Cette mission est au cœur de notre pacte républicain et, je le sais, occupe sans relâche le préfet Christian Lambert.

Le président de la République souhaitait que  

"

grâce à l'action [du préfet Lambert], la sécurité, premier des droits républicains, soit partout garantie en Seine-Saint-Denis, de jour comme de nuit.

"

Cette exigence de résultats, nous la devons à ce département et à ses habitants qui désirent y vivre en sécurité, y travailler sereinement, et pouvoir y élever leurs enfants dignement.

Depuis la nomination du préfet Lambert il y a un an, les efforts redoublés de mobilisation des services portent leurs fruits.

En Seine-Saint-Denis, 39 518 personnes ont été interpellées dont 8 905 pour trafic de stupéfiants depuis le 20 avril dernier. La reconquête du terrain est en marche. 17 691 halls d'immeubles ont été contrôlés dans les quartiers sensibles du département en un an.
En matière de lutte contre les trafics de stupéfiants qui minent notre cohésion sociale, les résultats sont là :

  • Plus d'une tonne de résine de cannabis saisie [1 035 kgs]
  • 663 kgs de cocaïne saisis
  • Plus d'un million d'euros d'avoirs criminels saisis [1 048 355 €]
  • Près de 255 millions d'euros de marchandises saisis par les services douaniers [254 170 238 €]

Ce travail d'investigation s'illustre quotidiennement. Le 10 avril dernier, ce sont encore 2 kgs de cocaïne interceptés par les Douanes de ROISSY.

Depuis le 20 avril 2010, une nouvelle approche stratégique de lutte contre l'insécurité et la délinquance a été mise en place en Seine-Saint-Denis.

Cette approche a été rendue possible par la création de la police d'agglomération en 2009.

Ces succès collectifs sont ceux aussi de la police d'agglomération qu'a voulue le Gouvernement en septembre 2009 et que le Préfet de Police, présent à nos côtés aujourd'hui, dirige quotidiennement.

Depuis cette réforme, le département de la Seine-Saint-Denis bénéficie des renforts et de l'appui de l'ensemble des directions actives de la Préfecture de police, notamment dans la gestion des services d'ordre (à l'exemple de l'encadrement des matchs de football au Stade de France), dans la lutte contre les stupéfiants (dans le cadre du plan "stups" du préfet de police), dans la sécurisation des transports en commun (à l'instar de la gare de Saint-Denis)... et dans bien d'autres domaines.

Ces renforts de la police d'agglomération permettent aux fonctionnaires de police affectés spécifiquement en Seine-Saint-Denis de se consacrer exclusivement à la sécurité et à la protection des habitants de ce département.

Cette complémentarité et cette profondeur d'action participent largement de l'efficacité accrue des services de police en Seine-Saint-Denis.

Elle s'est fondée sur une certaine idée de l'Etat, solide, efficace et surtout proche du terrain.

Christian LAMBERT anime et pilote trois fois par semaine l'ensemble des services de l'Etat, y compris financiers, concourant à la sécurité intérieure. Il suit quotidiennement les évolutions de la délinquance et cible ainsi géographiquement les problèmes à résoudre.

Avec pragmatisme et détermination, c'est cette action quotidienne qui fait parfois la différence.

Cette nouvelle approche se fonde également sur une plus grande visibilité des forces de l'ordre et une plus grande proximité avec la population

Il y a les résultats, il y a le climat de sécurité. Nos concitoyens sont encore plus sensibles au climat, au sentiment de tranquillité qu'ils peuvent éprouver, qu'aux résultats chiffrés. Et les Français ont le droit à la tranquillité en Seine-Saint-Denis comme ailleurs, c'est-à-dire le droit de vivre sans avoir à redouter des violences, des actes ou des paroles déplacés, qui blessent ou humilient. Cela fait partie du respect de leur dignité d'hommes et de femmes.

L'accessibilité et la présence des forces de l'ordre, c'est l'effort de communication que Christian Lambert développe sur le terrain.

Participer, communiquer, échanger, c'est tenir compte des préoccupations des Français et des habitants de la Seine-Saint-Denis, et c'est déjà commencer à convaincre sur la réalité de nos actions sur le terrain et les résultats de l'activité de nos services et unités.

Cette présence policière renforcée s'accompagne d'une déontologie sans faille : elle démarre simplement, avec la courtoisie, avec le respect dans les différents contacts que les fonctionnaires de police sont amenés à prendre avec la population. Ce lien de confiance est essentiel pour lutter efficacement contre la délinquance.

Ces efforts conjugués ne seraient rien si le Gouvernement ne donnait pas dans le même temps les moyens aux services de police pour lutter efficacement contre la délinquance.

Le Gouvernement a entendu donner des moyens nouveaux grâce à la LOPPSI 2 aux forces de police et de gendarmerie.

La LOPPSI 2 poursuit plusieurs orientations majeures :

  • rendre la réponse pénale plus sévère et plus effective ;
  • mieux utiliser les nouvelles technologies pour la protection de nos concitoyens ;
  • mobiliser tous les acteurs de la sécurité ;
  • donner plus de moyens aux préfets notamment de police administrative pour prévenir les actes de délinquance.

Je vous donnerai deux exemples concrets des apports de ce texte majeur :

i) L'usage des bases de données, d'abord, est favorisé.

Vous le savez, nous avons besoin de fichiers d'antécédents, et de logiciels de rapprochement judiciaire et d'analyse sérielle, ces bases de données et ces logiciels sont indispensables aux forces de sécurité.

ii) Vos moyens d'action, qu'ils soient matériels ou juridiques sont renforcés :

par exemple, l'affectation aux services de police et de gendarmerie des voitures de grosses cylindrées saisies aux trafiquants se trouve facilitée. Ce qui me paraît être une mesure de bon sens.

Je pourrais bien sûr évoquer d'autres dispositions, qu'il s'agisse de celles concernant les téléphones portables qui doivent permettre de faire reculer les vols avec violences, ou qu'il s'agisse de lutter contre la cybercriminalité ou le trafic de stupéfiants.

Les efforts récents ne doivent pas nous faire oublier les inquiétudes actuelles sur la procédure de garde à vue. Je veillerai à ce que la réforme de la garde à vue ne se réalise pas au détriment du travail des enquêteurs

Je suis en effet pleinement conscient des difficultés de mise en œuvre de la réforme de la garde à vue.

La Cour de Cassation, dans sa formation plénière, nous a confirmé vendredi 15 avril que notre droit n'était pas compatible avec les exigences de la Convention Européenne des droits de l'homme. Elle a en outre souhaité que sa décision soit immédiatement applicable alors que le Conseil constitutionnel nous avait laissé jusqu'au 1 juillet prochain pour changer la loi.

J'en ai pris acte et des instructions ont été données immédiatement pour sécuriser les procédures des policiers et des gendarmes.

La difficulté de cette réforme est de trouver un juste équilibre entre l'amélioration des droits de la personne gardée à vue et la préservation de l'efficacité de l'enquête menée par les services d'enquête de la police ou la gendarmerie. Beaucoup d'enquêteurs m'ont fait part de leurs interrogations à ce sujet.

Le 2 avril dernier, j'ai écrit au Premier ministre pour lui faire part de mes questionnements, de mes inquiétudes quant à certaines dispositions contenues dans cette loi.

Il faut que nous soyons tous vigilants avec la manière dont doit se dérouler cette mesure d'enquête, essentielle à la manifestation de la vérité. C'est la raison pour laquelle, le Garde des Sceaux et moi-même avons installé une mission de suivi et d'audit, composée de spécialistes (policiers, gendarmes et magistrats) mais également de parlementaires afin de regarder concrètement comment les choses se passent et quelles améliorations doivent être apportées pour mieux assurer cet équilibre.

En tout état de cause, il ne serait pas acceptable pour moi que le renforcement des droits de la personne gardée à vue se fasse au détriment de la lutte contre la délinquance et de la sécurité des Français dont je suis le garant.

Mesdames, Messieurs,

Le travail n'est pas terminé sur le plan de la lutte contre la délinquance en Seine-Saint-Denis. Beaucoup reste encore à faire. Le préfet Lambert le sait. Avec le soutien constant de Michel Gaudin, préfet de police et des moyens de la police d'agglomération, je sais pouvoir compter sur vous, sur votre capacité d'initiative et de réaction, pour poursuivre et amplifier les efforts engagés depuis un an.

A travers la personne du préfet Christian Lambert, j'ai souhaité saluer l'engagement sans relâche des milliers de fonctionnaires qu'ils soient, comme vous, policiers, gendarmes, pompiers, douaniers, inspecteurs des impôts pour la cohésion sociale, la lutte contre la délinquance et la paix publique. Le bilan collectif que je viens de tracer à grands traits ne serait rien sans l'engagement de chacun d'entre vous.

Je tiens à saluer le courage des fonctionnaires de police, lesquels sont trop souvent pris pour cibles par les voyous. Depuis le 20 avril, 1041 policiers ont été blessés du fait d'une agression en service.

Permettez-moi enfin, avant de décorer 12 de vos collègues qui se sont particulièrement illustrés cette année, de vous remercier collectivement.

  • Vous remercier pour votre ténacité. La mission qui vous est confiée est exigeante et votre concours fait honneur à la République.
  • Vous remercier aussi pour votre disponibilité. Vous agissez, chaque jour, chaque nuit, au service de nos concitoyens avec compétence, détermination et sens de l'honneur.
  • Vous remercier enfin pour votre courage. Dans cette lutte sans relâche contre la délinquance, votre intégrité physique est parfois mise en danger.

Je connais la difficulté de votre tâche. Je sais les exigences qu'elle requiert, le travail qu'elle réclame et les sacrifices qu'elle impose. Mais je sais aussi la fierté qui est la vôtre lorsque l'on évoque la noblesse de votre mission : protéger, défendre et soutenir nos concitoyens, notamment les plus faibles, face aux agissements qui menacent leur sûreté, leur sécurité, c'est-à-dire aussi leur liberté.

Encore une fois merci pour ces très bons résultats plus qu'encourageants. Nous les devions pour les habitants de la Seine-Saint-Denis, nous les devions pour notre cohésion sociale, nous les devions pour l'idée que nous nous faisons de la République et de ses valeurs.