Intervention de M. Claude GUEANT, Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration - Marseille
- seul le prononcé fait foi -
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre un ultime et solennel hommage au maréchal des logis chef Khaled BENTABET [prononcer Ralèd Bèntabais], disparu le 1er septembre dernier.
Le chef Khaled BENTABET est mort en mission.
Il est mort en faisant son devoir.
Il est mort au service de cette France à laquelle, comme gendarme, il avait fait le choix de consacrer sa vie.
Sa mort, naturellement, nous bouleverse et j’ai tenu à venir ce matin vous soutenir dans ce moment douloureux, vous qui avez été ses proches et ses camarades et qui, comme tels, ressentez plus fort que tout autre le vide laissé par sa disparition.
Mais, au-delà de ce légitime chagrin, la mort du maréchal des logis chef Khaled BENTABET prend une toute autre dimension.
Elle nous rappelle, en effet, la grandeur et la dignité de l’engagement de gendarme qui exige parfois de ces militaires qu’ils sacrifient leur vie à leur devoir.
Le maréchal des logis chef Khaled BENTABET est mort alors qu’il effectuait une plongée opérationnelle de recherche d’une arme à proximité immédiate du canal subaquatique alimentant une centrale EDF.
Je voudrais avoir ici une pensée toute particulière pour le gendarme Benoît GALLARDO qui accompagnait le chef BENTABET dans cette plongée. Je ne peux qu’imaginer le traumatisme qu’ont dû constituer, pour lui, ces derniers jours : l’angoisse, d’abord, de retrouver rompue la ligne de vie de son camarade, l’espoir qui s’amenuise à mesure que s’épuise les réserves d’air, la douloureuse incertitude des longues recherches nécessaires pour retrouver le corps et enfin le chagrin de la perte. Dans cette épreuve, je veux lui dire mon soutien.
Je voudrais, aussi, saluer le remarquable travail effectué par les équipes de secours. Elles ont, tout au long de cette éprouvante semaine, recherché le chef Khaled BENTABET dans des conditions extrêmement difficiles :
À ces difficultés, les plongeurs de la gendarmerie nationale et de la sécurité civile, épaulés par EDF et une société privée spécialisée ont opposé leur solidarité. Bien sûr, leurs efforts n’ont pu apporter à la famille du chef BENTABET le réconfort d’un retour, mais ils ont mis un terme à l’incertitude et rendu possible le travail du deuil.
Devant ces équipes de secours, devant les militaires de la brigade nautique de Martigues et devant tous ses proches, je voudrais maintenant rendre hommage à la carrière et à la personne du maréchal des logis chef Khaled BENTABET.
C'est très jeune, à 21 ans, que Khaled BENTABET fait le choix de se mettre au service de ses concitoyens.
Élève gendarme à Châtellerault, il choisit, à l’issue de sa scolarité, de servir au peloton d’intervention de l’escadron de Bordeaux où il restera huit ans.
Nommé sur la côte méditerranéenne à Sainte-Maxime puis Fos-sur-Mer, il obtient en 2000 son diplôme de plongeur autonome et part, en 2003, mettre pour quatre ans ses compétences au service de nos compatriotes ultramarins en Polynésie française. C’est là-bas qu’il vous rencontrera, Shane. Dans le chagrin qui est le vôtre aujourd’hui, alors que le destin vous ôte ce père adoptif qui vous aimait tant, je veux vous dire que c’est la Nation toute entière qui vous considère désormais comme son fils et qui s’engage à veiller sur vous.
De retour en métropole, à Martigues, il était considéré par tous, ses camarades comme ses supérieurs, comme un plongeur-enquêteur particulièrement compétent et expérimenté.
En plus de ses qualités professionnelles, le maréchal des logis chef Khaled BENTABET était connu de ses pairs pour ses qualités humaines.
Ses chefs soulignent ainsi sa rigueur professionnelle, sa grande solidité psychologique et son excellent état d’esprit.
Ses camarades, eux, se souviennent d’un marin au grand cœur, au premier abord impressionnant en raison de sa forme physique et de ses tatouages mais finalement surtout caractérisé par son humour et sa grande générosité.
Tous rappellent la passion avec laquelle il exerçait son métier.
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Mesdames et Messieurs,
La France pleure aujourd’hui à vos côtés l’un de ses serviteurs. Par ma bouche, c’est la Nation tout entière qui vous exprime son profond soutien dans l’épreuve que vous traversez.
Maréchal des logis chef Khaled BENTABET, nous nous inclinons respectueusement devant vous.
En reconnaissance de votre sacrifice, vous êtes promu au grade d’adjudant et cité à l’ordre de la gendarmerie.
La médaille militaire que je vais maintenant vous décerner rappelle votre appartenance à la communauté militaire ainsi que la valeur de vos mérites. L’estime et la reconnaissance de la gendarmerie nationale vous sont à jamais acquises.
Adjudant Khaled BENTABET, reposez en paix.