Depuis quelques mois, nous avons lancé un chantier majeur pour la protection des Français : la conception d’un Livre blanc de la sécurité intérieure.
L’objectif, ambitieux, est de bâtir la sécurité du XXI e siècle. Une vaste réflexion a été engagée, qui associe l’ensemble des directions du ministère de l’Intérieur afin d’établir un état des lieux complet et définir une stratégie claire pour répondre aux défis de demain.
Quatre groupes de travail, d’expertise, ont été formés. Ils portent sur quatre points clés : l’organisation de nos forces de sécurité et de secours ; les moyens, humains et matériels ; la création d’un véritable continuum de sécurité pour les Français ; enfin, l’indispensable prise en compte des évolutions technologiques et le défi de l’innovation.
Si des constats prennent forme et que des idées émergent, nos réflexions ne pourraient être complètes sans y associer les Français car ce sont eux, en définitive, les « usagers » de la sécurité.
Durant deux weekends, des Français sélectionnés par un institut de sondage pour être le miroir de la société vont donc former, à Beauvau, une conférence de citoyens. Sessions de formation et travaux en atelier vont leur permettre de formuler, en connaissance de cause, des propositions éclairées pour contribuer à l’élaboration du Livre blanc.
Cet exercice de démocratie participative est inédit pour le ministère de l’Intérieur. Mais il nous semblait impératif. On ne peut pas construire la sécurité des Français sans eux. Elle n’est pas seulement une question de spécialistes et de praticiens, elle est l’affaire de tous. Les forces de l’ordre avaient été largement consultées pour mettre en place la Police de Sécurité du Quotidien. Nous avons souhaité associer nos concitoyens à la réflexion sur le Livre blanc.
Pour orienter les discussions et les échanges, nous avons choisi un angle : celui de la relation entre les forces de sécurité et de secours (policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers) et la population. Cette question, nous l’avons choisie parce qu’elle est au cœur des enjeux et des préoccupations du présent, et qu’elle est essentielle pour l’avenir. Nous avons besoin de connaissance mutuelle, de compréhension et de confiance durable entre les Français et les forces de sécurité.
Cette conférence doit être l’occasion de confronter les opinions de chacun, de prendre le temps de l’échange et de la réflexion ensemble, de déjouer les préjugés et de façonner des solutions innovantes, directement tirées du vécu de nos concitoyens.
Notre volonté de concertation ne s’arrête pas à ce dispositif. Parce que dans tous les territoires, les élus, les associations, les acteurs locaux, et bien sûr les Français eux-mêmes doivent avoir leur mot à dire, nous avons demandé aux Préfets d’organiser dans les semaines à venir, dans chaque département, des Assises territoriales de la sécurité intérieure. Nous y prendrons part, personnellement.
Par nature, le ministère de l’Intérieur est celui de l’urgence, des crises, de l’instant. L’intensité de l’année 2019 l’a amplement démontré, parfois de manière dramatique. Mais nous voulons qu’il soit aussi un ministère qui regarde au loin, pour et avec les Français. C’est l’objet du Livre blanc de la sécurité intérieure. C’est le but de cette conférence des citoyens.
Une conférence des citoyens est un outil de démocratie participative, créé au Danemark dans les années 1980 et importé en 1998 et qui constitue un mode innovant de recueil de l’opinion citoyenne.
La conférence des citoyens consiste à réunir un petit groupe de personnes reflétant la diversité d’une population donnée (France entière, région, agglomération, etc). Ces citoyens sont amenés à réfléchir sur un sujet à caractère scientifique ou éthique, échappant le plus souvent à l’évaluation citoyenne ou qui s’avère « confisqué » par des experts du fait de la barrière de compétence et de langage dans la société entre le citoyen et l’expert.
Pendant un ou plusieurs weekends, le panel de citoyens s’informe et échange sur le sujet de la conférence des citoyens, auprès d’une diversité d’experts ou d’acteurs de terrain qui leur transmettent ainsi des clefs de compréhension. Ces experts appartiennent à l’institution commanditaire, mais sont également issus d’autres horizons, comme celui de la recherche universitaire.
Forts des connaissances acquises, les citoyens rédigent à huis clos un avis citoyen comprenant à la fois l’état de leurs réflexions sur le sujet et éventuellement des recommandations. Cet avis est ensuite remis au commanditaire et fait l’objet d’une restitution publique.
Comment va se dérouler la conférence des citoyens pour le Livre blanc de la sécurité intérieure ?
100 citoyens, issus de tout le territoire, y compris des Outre-mer, et reflétant la diversité de l’ensemble de la population de notre pays dans toutes ses composantes, seront réunis durant deux weekends au ministère de l’Intérieur. Le samedi 11 et le dimanche 12 janvier, un temps important sera consacré à des formations ainsi qu’à des échanges avec des experts, afin de réunir les conditions d’un débat éclairé avant que débute le travail en atelier. Les citoyens auront également à leur disposition des documents, tel que celui présentant le ministère de l’Intérieur, qui a leur été adressé en amont de la conférence et qui est reproduit dans ce dossier de presse. Le samedi 25 janvier, les citoyens présenteront au ministre de l’Intérieur les propositions qu’ils auront élaborées. Afin de garantir l’impartialité de la démarche, la sélection du panel et l’animation des débats ont été confiées à l’institut IFOP.
Les travaux de cette conférence porteront sur le thème des relations entre les citoyens et les forces de sécurité intérieure. Ce thème principal sera abordé sous quatre angles différents au sein d’ateliers de 25 personnes :
Comment et sur quels critères les citoyens ont-ils été sélectionnés ?
S’agissant de la conférence des citoyens sur le Livre blanc de la sécurité intérieure, l’IFOP a été sollicité par le ministère de l’Intérieur pour sélectionner un groupe de 100 citoyens, représentant au mieux l’ensemble de la population de notre pays dans toutes ses composantes. Cette phase de recrutement a été menée sur l’ensemble du territoire, y compris les Outre-mer, par le réseau d’enquêteurs de l’IFOP et s’est étalée sur 4 semaines.
Compte tenu de sa taille, le panel ne prétend pas, par définition, à la représentativité de la population et il est impropre de parler d’échantillon représentatif ainsi qu’on le mentionne traditionnellement pour un sondage.
Néanmoins, il a été recruté de manière à refléter au mieux la diversité de la population française et à illustrer la variété des points de vue pouvant exister au sein de ce public.
Afin d’atteindre cet objectif de diversité, la répartition des citoyens a été réalisée en fonction de plusieurs critères. En particulier, il a été important de veiller, après la prise en compte du facteur géographique, à ce que le panel soit équilibré du point de vue socio-démographique, c’est-à-dire au plan générationnel et socioprofessionnel. Cette répartition est conforme à la structure de population telle que définie par le recensement de l’INSEE.
Samedi 11 janvier
09h00 : Ouverture de la conférence des citoyens par Christophe CASTANER, ministre de l’Intérieur, accompagné de Laurent NUÑEZ, secrétaire d’État.
09h30 : Rappel de la méthodologie retenue pour le Livre blanc de la sécurité intérieure
et de la conférence des citoyens par Isabelle EPAILLARD, directrice de projet Livre blanc de la sécurité intérieure et Frédéric DABI, directeur général adjoint de l’IFOP
10h30-12h15 : Session d’information/formation
Première intervention - « État des lieux de la sécurité en France »
Par Christine GONZALEZ DEMICHEL, inspectrice générale de l’INSEE et cheffe du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure et Camille CHAIZE, porte-parole du Ministère de l’Intérieur
Deuxième intervention - « La production de sécurité publique par les forces de sécurité intérieure »
Par le contrôleur général Michel LAVAUD, chef du service d’information et de communication de la police nationale et de la lieutenante-colonelle Maddy SCHEURER, porte-parole de la gendarmerie nationale, accompagnés de la commissaire divisionnaire Myriam AKKARI, directrice départementale de la sécurité publique de Saône-et-Loire et du capitaine Guillaume ARNAUD, commandant la compagnie de gendarmerie de Péronne (Somme)
12h30 : Pause - Buffet déjeunatoire
13h45-15h40 : Session d’information/formation
Troisième intervention - « La sécurité civile au service des citoyens et la gestion des crises »
Par le colonel Patrick GINDRE, chef du centre opérationnel de gestion interministérielle des crises(COGIC) et le contrôleur général Patrick BAUTHEAC, chef d’état-major interministériel de la zone de défense et de sécurité Ouest
Quatrième intervention « Les liens entre citoyens et forces de sécurité vus par des universitaires »
Par Thierry DELPEUCH, chercheur au CNRS et Jacques de MAILLARD, professeur de science politique à l’Université de Versailles-Saint-Quentin
16h00-18h30 : Travail en atelier par groupe de 25 personnes
Dimanche 12 janvier
9H15-13h00 : Travail en atelier par groupe de 25 personnes
9H00-13h30 : Travail en atelier par groupe de 25 personnes
12h30 : Pause - Buffet déjeunatoire
13h30-16h00 : Reprise du travail en atelier par groupe de 25 personnes
16h30-17h00 : Présentation et synthèse des propositions formulées par les ateliers de citoyens en présence de Christophe CASTANER, ministre de l’Intérieur, accompagné de Laurent NUÑEZ, secrétaire d’État.