Discours de M. Bruno Le Roux, ministre de l'Intérieur, aux personnels de la police nationale, à Lille.
- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le Préfet,
Madame la Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Directeur général de la Police nationale,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs les représentants des organisations syndicales,
Mesdames et Messieurs,
Je veux tout d’abord vous dire que je suis très heureux de vous retrouver à l’occasion de ces vœux traditionnels. J’y attache une importance d’autant plus grande que c’est la première fois que j’assiste à une telle cérémonie en tant que ministre de l’Intérieur. Il s’agit là d’un moment solennel, certes, mais aussi convivial, ce qui est précieux après les épisodes difficiles que le ministère de l’Intérieur et la Police nationale ont traversés au cours de l’année qui vient de s’achever.
Je pense d’abord bien sûr à la menace terroriste, qui demeure extrêmement élevée. La France n’est d’ailleurs pas le seul pays à se trouver confronté à la barbarie djihadiste – les récents attentats de Berlin et d’Istanbul en témoignent, de la façon la plus atroce qui soit. Les attaques de Magnanville, de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray, après celles de 2015, ont fait prendre conscience aux Français que la menace était globale et qu’elle était susceptible de frapper en tout point du territoire national. C’est bien la communauté nationale tout entière qui est visée. Et c’est donc toute la communauté nationale qui fait front, dans l’unité et dans la cohésion autour de nos principes fondamentaux.
Vous êtes vous-mêmes parmi les principaux garants de cette cohésion nationale. Nos ennemis, d’ailleurs, le savent bien. C’est la raison pour laquelle des policiers, des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, ont été pris pour cible au cours de ces derniers mois, en raison de l’uniforme qu’ils portaient, de l’institution qu’ils représentaient et des valeurs qu’ils incarnaient. Je pense, bien sûr, au commissaire Jean-Baptiste Salvaing et à sa compagne, Jessica Schneider, tous deux assassinés à leur domicile de Magnanville, le 13 juin dernier, par un terroriste se réclamant de Daesh.
D’une manière générale, je veux rendre hommage à vos collègues qui ont perdu la vie ou qui ont été blessés au cours de l’année passée. Ces femmes et ces hommes, comme tous ceux qui ont été atteints avant eux, sont, pour chacun d’entre nous, des exemples de bravoure et de dévouement. En cet instant, nous pensons à eux, comme nous adressons une pensée émue à leurs familles et à leurs proches.
Engagement, courage, sens de l’Etat et professionnalisme : telles sont les vertus propres aux femmes et aux hommes de la Police nationale. Voilà pourquoi, à chaque fois que nous avons été attaqués, comme dans la mise en œuvre de l’état d’urgence, les Français ont pu compter sur vous, sur l’ensemble des policiers et des gendarmes de France, ainsi que sur les militaires de l’opération Sentinelle. Tous les métiers de la Police et de la Gendarmerie ont été mobilisés, sécurité publique, renseignement, police judiciaire, ordre public, police aux frontières, police technique et scientifique, forces d’intervention spécialisées. Cette mobilisation a entraîné, j’en ai conscience, un niveau de sollicitation inédit.
Chacun d’entre vous a pris, continue et continuera de prendre sa part de cet effort collectif. Parce qu’il s’agit de servir l’intérêt général et de défendre notre pays. Plus que jamais, vous êtes, Mesdames et Messieurs, des piliers de la République. Les Français vous en sont profondément reconnaissants et sont fiers de vous. Moi aussi, je suis fier de vous.
J’ai parlé de la lutte contre le terrorisme, mais, en 2016, comme en 2015, c’est bien sur tous les fronts à la fois que vous avez été mobilisés, avec un niveau d’engagement exceptionnel. Je pense bien sûr à la gestion des conséquences de la crise migratoire, à la lutte contre l’immigration irrégulière et contre les filières clandestines qui l’alimentent. Je pense aux opérations d’ordre public que cela a nécessité, aux démantèlements de squats, en particulier à Paris, effectués avec une grande maîtrise. Je pense aux opérations de contrôle menées à nos frontières. Je pense enfin au très grand succès qu’a représenté l’opération de démantèlement du campement de Calais, d’une ampleur absolument inédite. Les forces de l’ordre, notamment dans la région des Hauts-de-France, y ont contribué de façon décisive, aux côtés des autres services du ministère de l’Intérieur.
Vous avez également assumé les exigences du maintien de l’ordre public dans le contexte de la menace terroriste, notamment à l’occasion de la période estivale et des fêtes de fin d’année. Et puis, bien sûr, chacun a en tête l’effort, tout autant exceptionnel, que nous avons accompli, que vous avez accompli, pour sécuriser l’Euro de football. Cela a constitué, là aussi, un grand succès pour les forces de l’ordre, lesquelles ont démontré, une fois de plus, combien elles étaient capables de garantir, sur notre sol, la sécurité d’événements de portée internationale. Cela sera à nouveau le cas, à la fin du mois, lors de la Coupe du monde de handball, dont certains matchs auront lieu à Lille.
Il y a eu également la gestion complexe des manifestations du printemps et de l’automne derniers, où vous vous êtes trouvés en butte à la violence de casseurs et de militants extrémistes, qu’animait la volonté d’attenter à votre intégrité physique. Entre le 9 mars et le 4 octobre, 336 blessés ont ainsi été décomptés parmi les forces de l’ordre, dans le cadre de ces manifestations. Néanmoins, malgré les difficultés, vous avez tenu bon.
Enfin – et c’est là, à bien des égards, le cœur de votre métier –,vous êtes restés pleinement mobilisés contre la délinquance du quotidien, contre la criminalité organisée et les différents types de trafics, parallèlement à votre engagement contre le terrorisme et la radicalisation violente. Les chiffres définitifs ne seront rendus publics que dans quelques jours, j’aurai alors l’occasion de les commenter précisément et, par là même, de mettre en valeur l’action menée en 2016.
A cet égard, je veux insister tout particulièrement sur l’importance des missions assurées par les policiers de la sécurité publique, ces femmes et ces hommes du service général – la fameuse « police secours » – qui jouent un si grand rôle dans la vie quotidienne de nos concitoyens.
Vous le savez peut-être, j’ai moi-même longtemps été élu dans l’un de ces territoires de la République que l’on dit « sensibles », et parfois même – à tort – « perdus ». Je veux parler de la Seine-Saint-Denis, confrontée de longue date, dans certains quartiers, à des phénomènes lourds de délinquance. Je sais donc de quoi je parle, croyez-moi, lorsque j’évoque le travail quotidien, harassant, que réalisent les personnels de la sécurité publique afin d’assurer la tranquillité des habitants. Je sais aussi les moments de lassitude et de découragement que l’on peut éprouver face à l’ampleur de la tâche et au caractère endémique de certaines formes d’insécurité.
Pourtant, chaque jour, vous remettez l’ouvrage sur le métier, sans relâche, avec obstination. Vous êtes en première ligne pour garantir l’ordre et la paix publics, entretenir le lien de proximité avec les Français, les accueillir dans les commissariats, les écouter, écouter leurs angoisses et leurs craintes, lutter pied à pied contre la petite et la grande délinquance, réaliser des interventions de toute nature – des différends familiaux aux cambriolages –, souvent au cours d’une même journée. Vous êtes par là même directement confrontés aux drames et aux injustices qui traversent notre société, et c’est là un savoir, une responsabilité qui peuvent se révéler parfois lourds à porter, au point d’affecter votre moral et d’entraîner certains d’entre vous à une forme de pessimisme. Croyez-moi, je sais tout cela. Comme je sais qu’en plus d’assurer vos missions quotidiennes, vous participez aussi, et de façon décisive, à l’action des services spécialisés, qu’il s’agisse de la lutte contre le terrorisme, de la gestion de l’ordre public ou bien de l’activité judiciaire.
Voilà pourquoi je tiens à dire que je partage entièrement les propos que vient de tenir votre Directeur général – à qui je veux d’ailleurs rendre hommage – et la conception de la police qui les sous-tend. Vous avez été particulièrement bien inspiré, cher Jean-Marc Falcone, en prenant la décision d’organiser, cette année, la cérémonie des vœux à l’Hôtel de Police de Lille, pour toutes les raisons que vous avez rappelées, et notamment parce que nous sommes ici au cœur de la plus grande Direction départementale de la Sécurité publique de France, laquelle compte dans ses rangs près de 4 800 fonctionnaires, de tous les corps et de tous les grades, qui, vous l’avez dit, représentent parfaitement la très grande diversité de la Police nationale. Il y avait donc là une forte portée symbolique dans le choix de Lille et de la DDSP du Nord, ce dont je me réjouis sans réserve.
Car la sécurité de proximité, Mesdames et Messieurs, est la condition même de toute vie en société. C’est la condition de l’exercice de nos libertés fondamentales. Et c’est aussi un enjeu de justice sociale absolument central.
Bref, je schématise à dessein, au risque de donner dans la formule, mais je tiens à y insister : la Police nationale, c’est tout à la fois le « 36 » et le « 17 ».
Disant cela, je veux tout simplement rappeler que les femmes et les hommes de la Sécurité publique assument une très large part de l’activité policière, et ce au plus près de nos concitoyens. Ils sont nos tout premiers héros, y compris d’ailleurs face à la menace terroriste, au péril même de leur vie. Ce sont également eux qui se trouvent le plus souvent exposés,victimes d’agressions de toute sorte, parfois d’une extrême gravité, parce que, comme je l’ai dit, le seul fait de porter l’uniforme et d’incarner l’autorité publique suffit désormais à faire d’eux des cibles. Je pense ainsi à vos quatre collègues grièvement blessés lors d’une tentative d’assassinat, le 8 octobre dernier, à Viry-Châtillon.
En 2017, nombreux seront à nouveau les défis qu’il nous faudra relever. À vous tous, que vous serviez dans les directions centrales, dans les services territoriaux, dans les unités spécialisées, dans des fonctions opérationnelles ou de soutien, en métropole comme outre-mer, ou bien dans nos postes à l’étranger, je vous exprime donc ma profonde gratitude et je vous assure de mon indéfectible soutien.
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Ma responsabilité de ministre de l’Intérieur consiste précisément à vous donner les moyens d’accomplir vos missions avec efficacité. C’est ce qu’on fait mes prédécesseurs Manuel Valls, puis Bernard Cazeneuve, lorsqu’ils occupaient les fonctions qui sont aujourd’hui les miennes. C’est ce que nous faisons, au Gouvernement, depuis maintenant plus de quatre ans.
Vous connaissez les grands axes de notre politique de sécurité, vous en savez les principales réalisations, aussi je serai bref. Beaucoup a déjà été fait, et nous continuons, encore aujourd’hui, d’agir pour renforcer les moyens qui sont les vôtres. Il y a eu, par le passé, trop de promesses qui n’ont pas été tenues, trop d’annonces qui n’ont pas été suivies d’effets, au point que la parole publique, j’en ai bien conscience, s’en est trouvée, à vos yeux, dévalorisée et démonétisée. Depuis 2012, les choses ont changé, et vous pouvez le vérifier de façon concrète. La réalité, c’est que jamais – jamais – on n’a fait autant pour la sécurité des Français et pour les forces de l’ordre que depuis le début de ce quinquennat. Peut-être les plus jeunes parmi vous ne s’en rendent-ils pas forcément compte, parce qu’ils n’ont pas de point de comparaison, tandis que les plus anciens ont, quant à eux, cessé, depuis longtemps, de prêter foi aux déclarations des ministres. Et pourtant, c’est la vérité.
Conformément aux engagements du Président de la République, nous avons tout d’abord mis un terme à l’hémorragie dans les effectifs de Police et de Gendarmerie – je vous rappelle que plus de 13 000 postes avaient été supprimés dans les deux forces, entre 2007 et 2012. À rebours d’une telle politique de coupes drastiques, nous avons, nous, relancé la politique de création d’emplois au sein de la Police comme de la Gendarmerie, avant d’initier, en 2015, trois grands plans supplémentaires de recrutement. 488 : c’était le nombre de sorties d’école de police en 2012. 4 600 : c’est le nombre de policiers arrivés sur le terrain l’année dernière, et ce sera à nouveau le cas cette année. C’est donc là un effort considérable que nous réalisons. D’ici à la fin du quinquennat, ce sont au total 9 000 policiers et gendarmes qui viendront renforcer les services et les unités de sécurité intérieure.
Bien sûr, la reprise des recrutements et des incorporations, indispensable pour remettre les services à niveau, n’était pas à elle seule suffisante pour faire face aux nombreux défis qui sont devant nous. C’est pourquoi le Gouvernement a donné aux services les moyens juridiques d’agir en faisant voter les lois de 2012, 2014 et 2015 sur le renforcement de la lutte antiterroriste et sur le renseignement. Par la suite, la loi du 3 juin 2016 est venue compléter ce dispositif, prévoyant notamment un nouveau régime juridique qui autorise désormais les policiers et les gendarmes à faire usage de leur arme, en cas « d’absolue nécessité », s’ils sont confrontés à un « périple meurtrier ».
C’est aussi pour vous donner les moyens d’exercer vos missions avec efficacité que, dans le cadre des différents plans que nous avons lancés, nous avons considérablement rehaussé les crédits consacrés à la modernisation des moyens et des matériels. Je pense tout particulièrement au renouvellement du parc automobile.
C’est également la raison pour laquelle, dès le mois d’octobre 2015, mon prédécesseur Bernard Cazeneuve a mis en œuvre un plan inédit de renforcement des BAC dans les commissariats de police et des Pelotons de Surveillance et d’Intervention de la Gendarmerie, sur l’ensemble du territoire national.
Par ailleurs, je vous rappelle que, le 11 avril dernier, le Gouvernement a signé, sous l’autorité du Président de la République, un accord historique avec les instances représentatives des personnels de la Police et de la Gendarmerie, dans le cadre duquel nous consacrons, jusqu’en 2020, 850 millions d’euros en tout à la valorisation de vos conditions de travail, de vos carrières et de vos compétences, tout en tenant mieux compte des sujétions qui s’attachent à votre métier. Grâce à ce protocole, des réponses fortes ont donc été apportées, à la hauteur de vos revendications légitimes, pour améliorer votre environnement de travail. De nombreuses mesures sont d’ores et déjà entrées en vigueur, notamment en faveur des membres du corps d’encadrement et d’application. Nous respectons ainsi parfaitement la lettre et le calendrier des engagements inscrits au protocole.
La réforme des cycles horaires, engagée dès 2014, se poursuit tout en intégrant les contraintes des services et surtout la protection des agents. Je pense notamment aux patrouilles à trois policiers. La mise en œuvre de nouveaux cycles horaires aura lieu d’ici le 30 juin 2017, en tenant compte à la fois des exigences de la législation européenne et, partout où cela s’avèrera nécessaire, de la faisabilité opérationnelle.
Il était cependant indispensable d'aller encore plus loin, comme l’atteste le malaise qui s’est exprimé au cours de ces dernières semaines au sein de la Police, après l’attaque de Viry-Châtillon.
A cette situation, le Gouvernement a apporté deux réponses principales. Tout d’abord, les concertations inédites organisées par les Préfets aux côtés des Directeurs départementaux de la Sécurité publique. Chaque policier a ainsi pu s’exprimer en toute liberté, transmettre à sa hiérarchie ses attentes, ses revendications, ses critiques aussi.
Ensuite, un grand Plan de 250 millions d’euros pour la Sécurité publique, décidé par le Président de la République et le Premier ministre, et annoncé dès le 26 octobre dernier, en cohérence avec l’ensemble des mesures déjà prises. Ce Plan a lui-même été décidé dans un dialogue constant avec les organisations syndicales et en tenant compte des concertations avec les policiers conduites dans chaque département. Sans délai, votre Directeur général, et je l’en remercie, a engagé la mise en œuvre des mesures prévues, des mesures concrètes qui doivent être rapidement traduites dans le quotidien des fonctionnaires.
Je pense d’abord au renforcement des matériels. Le déploiement des nouveaux armements et des équipements de protection est d’ores et déjà engagé, notamment concernant les gilets pare-balles porte-plaques et les boucliers balistiques souples pour les unités de police secours. Parallèlement, nous avons poursuivi notre politique volontariste de renouvellement des véhicules et d’adaptation du parc automobile aux missions qui sont les vôtres. 1 540 véhicules sont ainsi prévus en 2017. 280 véhicules adaptés aux missions dans les quartiers sensibles ont également été commandés. L’ensemble de ces équipements sera intégralement livré jusqu’à la fin du premier semestre 2017. Le chef du Service de l’Achat, des Équipements et de la Logistique de la Sécurité intérieure (SAELSI), Michel Vilbois, auquel je veux également rendre hommage, est pleinement mobilisé avec son service pour qu’aucun retard ne soit accusé dans le planning des commandes et des livraisons.
Je vais moi-même très bientôt me rendre à Limoges, dans les Ateliers centraux du ministère, pour y constater en personne l’avancée significative de la production de ces nouveaux équipements.
Enfin, 16 millions d’euros ont été immédiatement débloqués pour remédier aux situations immobilières les plus urgentes.
Nous prenons en outre des mesures pour que les policiers se recentrent sur leur cœur de métier. Nous nous employons ainsi à réduire les fameuses « tâches indues ». Je pense notamment à la fin des gardes statiques, au remplacement, pour accomplir ces missions, des policiers par d’autres personnels, ou bien au passage à une modalité dynamique de surveillance des lieux sensibles. Je vais également prêter la plus grande attention à la question importante des transfèrements et des extractions judiciaires – le travail est actuellement en cours avec le garde des Sceaux.
Par ailleurs, le Plan pour la Sécurité publique comporte un important volet législatif qui vise à renforcer la protection des effectifs et la sécurité juridique de leurs interventions. Un projet de loi en ce sens a ainsi été déposé au Parlement. Son examen commencera dès la semaine prochaine. C’est là un texte qui correspond absolument aux engagements pris le 26 octobre dernier et qui permet qu’aucun pan de la sécurité n’ait été oublié au cours de ces cinq années. Il repose principalement sur trois évolutions majeures :
Tout d’abord, un cadre commun d’usage des armes est défini pour les forces de sécurité, visant à harmoniser les règles applicables et à les adapter aux situations auxquelles vous faites face de plus en plus fréquemment, tout en maintenant le cadre général de la légitime défense. Ce cadre précis, maîtrisé et modernisé, vise à protéger au maximum les forces de l’ordre, dans le strict respect de l’État de droit.
Ensuite, afin d’assurer la protection de votre identité dès lors que la révélation de celle-ci constitue un danger, le projet de loi entend vous autoriser, dans les procédures pénales et sous certaines conditions, à vous identifier par un numéro d’immatriculation administrative, en lieu et place de votre état civil.
Enfin, nous prévoyons de doubler les peines encourues en cas d’outrage à toute personne dépositaire de l’autorité publique, en les alignant sur celles qui sont prévues en cas d’outrage à magistrat.
Vous pouvez donc le constater : nous progressons, et nous le faisons rapidement. Nous vous le devons, nous le devons aux Français, et nous le devons à la République.
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Mesdames et Messieurs, vous avez choisi de servir une noble institution, présente – comme je l’ai dit – sur tous les fronts, et vous devez en être fiers. Vous avez choisi un métier particulièrement exigeant, qui se complexifie à mesure des évolutions de la société.
Le ministère de l’Intérieur est bien entendu le ministère de la Sécurité. Mais il doit être aussi – il est aussi – le ministère de la Fraternité, c’est-à-dire celui du lien social, du lien républicain, entre les Français, entre ces derniers et l’État, que vous incarnez par votre présence sur la voie publique et dans toutes les situations où votre intervention est requise. Du triptyque républicain qui constitue notre devise fondatrice, celle-là même qui s’inscrit au fronton de nos mairies, on oublie trop souvent de citer le troisième terme, la Fraternité, qui est pourtant le principe qui donne sens aux deux autres, la Liberté et l’Égalité, et les rend possibles. C’est là un beau mot que celui de Fraternité, d’autant plus fort quand nos ennemis cherchent à nous diviser et à nous dresser les uns contre les autres. Un beau mot, un grand principe, dont je souhaite qu’il enrichisse ceux qui qualifient déjà le ministère de l’Intérieur, tout à la fois ministère des sécurités, de la paix publique, des libertés publiques, de l’administration des territoires et de la démocratie.
La force du lien entre la Police et les Français devra donc se trouver au cœur de nos préoccupations dans les semaines et les mois qui viennent. Il y a là un véritable travail de fond à mener, j’en suis convaincu, et c’est, là encore, mon expérience d’ancien élu de terrain dans un territoire en butte à de nombreuses difficultés de cet ordre, qui me conduit à m’exprimer ainsi devant vous. Je sais que nombre de journalistes ont accueilli, avec un sourire au coin des lèvres, les déclarations que j’ai faites, dès mon entrée en fonctions, pour exhorter nos concitoyens à vous adresser des signes de soutien, des gestes de remerciements et de reconnaissance. Eh bien, aujourd’hui, je persiste et je signe. De tels gestes ne sont pas si anodins que certains voudraient bien le croire, même s’ils ne règlent pas à eux seuls toutes les problématiques auxquelles nous sommes confrontés, loin de là. Je crois seulement que, pour renforcer et apaiser les relations entre la police et la population sur l’ensemble du territoire national, on ne peut pas tout attendre des fonctionnaires de police, une telle responsabilité ne doit pas reposer sur leurs seules épaules. Le respect doit en effet se manifester dans les deux sens. C’est là l’une des déclinaisons très concrètes de cette précieuse Fraternité à laquelle nous aspirons tous.
À chacune et à chacun d’entre vous, Mesdames et Messieurs, je souhaite les succès professionnels et l’épanouissement personnel que vous méritez. À travers vous, j’adresse mes vœux chaleureux à vos familles et à vos proches, qui vous soutiennent au quotidien.
Vive la Police nationale !
Vive la République !
Et vive la France !