Mercredi 4 juin 2014, Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, a répondu au député Charles de Courson, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.
Charles de Courson, député du Nouveau centre, Marne
Ma question s'adresse à Monsieur le ministre de l'Intérieur. Monsieur le Ministre, les crimes antisémites de Mohamed Merah à Toulouse et de Mehdi Nemmouche à Bruxelles sont odieux. Tous nos concitoyens et toutes les forces démocratiques de notre pays ont dénoncé ce comportement de radicalisation violente liée à des filières terroristes. Vous avez présenté à la fin du mois d’avril en conseil des ministres un plan de lutte contre la radicalisation violente et les filières terroristes et vous avez annoncé que des dispositions législatives en appui de ce plan seraient dévoilées en conseil des ministres à la fin de ce mois de juin. Le groupe UDI appuie ces initiatives. Mais une politique équilibrée de lutte contre la radicalisation violente et les filières terroristes ne passe pas simplement par des mesures de répression et des mesures curatives. Il convient de développer, comme l’ont fait plusieurs pays européens, des actions de prévention dans les écoles, dans les quartiers, dans les médias pour lutter contre la radicalisation des esprits, afin de montrer à tous les jeunes Français les dangers que font courir à la communauté nationale tous ceux qui prêchent la haine, le rejet de l’autre, voire sa destruction.
Monsieur le ministre de l'Intérieur, pourriez-vous préciser à la représentation nationale, au-delà des mesures préventives et curatives que vous avez déjà annoncées, le contenu des mesures de prévention destinées à lutter contre la radicalisation des esprits, que vous envisagez de mettre en place?
Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur
Monsieur le Député Charles de Courson, merci pour votre question. Je voudrais à mon tour m’incliner devant la mémoire de ceux qui sont tombés au musée juif de Bruxelles. Je me rendrai d’ailleurs juste après cette séance à Bruxelles avec mon homologue belge pour une cérémonie d’hommage et je voudrais dire à quel point vous avez eu raison d’insister sur la dimension de violence barbare qui s’attache à ces actes et qui doit nous mobiliser tous. Vous avez raison également d’insister sur le fait qu’il faut des mesures répressives mais qu’elles ne sont pas le seul volet des actions à mettre en œuvre. Il y a des actions de prévention à engager, elles doivent être aussi puissantes que seront dissuasives les mesures répressives et ces mesures de prévention existent bien dans le plan. Comment ? D’abord lorsque nous voulons prévenir les départs, nous sommes dans la prévention ; nous le faisons à travers les mineurs – j’ai pris une instruction pour que lorsque des signalements de jeunes souhaitant partir sont communiqués aux services de l’Etat, nous puissions immédiatement, par l’inscription de ces jeunes au fichier des personnes recherchées ou par un signalement au système Schengen, éviter ces départs. Par ailleurs dans l’action de démantèlement des filières, il y a également des mesures préventives ; c’est le cas notamment sur Internet. Nous avions ce matin un débat très intéressant en commission des lois autour de la proposition de loi du député Larrivé, nous avons l’intention de faire en sorte que sur Internet, nous puissions couper des accès à des images, à des vidéos qui peuvent accompagner ce basculement. Demain matin à Luxembourg, les ministres des affaires intérieures de l’Union européenne, travailleront ensemble à une action conjointe à destination des fournisseurs d’accès de manière à pouvoir lutter efficacement. Et puis, enfin, il y a l’accompagnement des familles. J’ai rédigé une instruction aux préfets de manière à ce que lorsqu’un cas nous est signalé, il y ait des compétences éducatives, médicales qui entourent le jeune pour éviter le basculement.