Bernard Cazeneuve a répondu à Joël Giraud, député des Hautes-Alpes
Joël GIRAUD, député des Hautes-Alpes :
Monsieur le Président. Ma question s’adresse à Monsieur le Ministre de l’Intérieur. Hier matin, le vol Barcelone – Düsseldorf disparaissait des écrans radars, dans un secteur de montagne à cheval entre les départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Mon collègue Christophe Castaner, que je tiens à associer à cette question et moi-même étions alors en alerte, dans l’attente de connaitre le lieu précis du crash, qui a été rapidement identifié à Meolans-Revel, dans la vallée d’Ubaye. Permettez-moi d’exprimer ici, comme vous l’avez fait hier, Monsieur le Président, comme l’a fait Monsieur le Premier Ministre, toute notre tristesse face à ce drame qui plonge dans le deuil plusieurs pays, avec une pensée émue pour tous ces lycéens de Haltern Am See qui construisaient l’Europe de demain et qui ne rentreront jamais dans leurs familles. Je tiens à souligner la qualité du dispositif de secours mis en place, saluée par Madame l’Ambassadrice d’Allemagne à Paris, dès les premières minutes qui ont suivi ce crash et qui a permis la mobilisation de centaines de gendarmes et de militaires, de centaines de sapeurs-pompiers majoritairement bénévoles, issus des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes, deux petits départements soudés en ces moments si difficiles, ainsi que les unités de secours en montagne de Jausiers, Saint-Sauveur-sur-Tinée et Briançon. Je le dis avec d’autant plus d’émotion en tant qu’employeur, en qualité de maire de plusieurs personnels actuellement engagés dans ces opérations, mais aussi en tant que proche de nombreux membres des Pelotons de Gendarmerie de haute montagne, des détachements aériens et de la CRS des Alpes. Tous ces sauveteurs aguerris, dont ici ou là on conteste parfois l’existence, mettent encore une fois en lumière l’excellence de notre dispositif en cas d’accident collectif, qui repose sur des femmes et des hommes professionnels ou volontaires, qui ont voué leur vie aux autres. Malheureusement, ils ont aujourd’hui la tâche la plus terrible, la plus ingrate pour un sauveteur, celle de ne pas ramener de vivants à leurs familles. Alors, Monsieur le Ministre, au-delà de l’hommage que nous voulons rendre, Christophe Castaner et moi-même, nous qui sommes directement concernés par cette catastrophe, tant aux victimes qu’aux secouristes, pouvez-vous faire le point sur l’enquête sur le tragique accident qui a coûté la vie – fait exceptionnel en Europe – à 150 personnes sur le territoire des Alpes françaises.
Bernard CAZENEUVE, ministre de l’Intérieur :
Monsieur le Député Joël GIRAUD. Je veux saluer votre mobilisation comme parlementaire, comme celle de Christophe Castaner, qui a accompagné la ministre de l’Ecologie et moi-même hier dans le déplacement que nous avons effectué ; remercier, comme vous l’avez fait, l’ensemble de ceux qui sont mobilisés pour apporter des secours et pour permettre à l’enquête d’élucider rapidement les conditions de ce drame. Ce sont près de 600 militaires et pompiers qui sont mobilisés depuis hier sur le théâtre du crash, dans une zone d’ailleurs très difficilement accessible par les forces de sécurité et les forces de l’ordre. Ce sont près de 350 pompiers qui viennent s’ajouter à la soixantaine de sapeurs-pompiers volontaires du département des Alpes-de-Haute-Provence qui ont été mobilisés dès le début du drame. Ce sont des sapeurs-pompiers professionnels et volontaires des SDIS environnants et je veux saluer la contribution personnelle que vous apportez comme élu départemental à cet effort. Et puis, ce sont des gendarmes très spécialisés, il y a aujourd’hui un certain nombre de médecins de médecine légale, des anthropologues qui sont sur place pour procéder à l’identification des victimes. Qu’avons-nous fait ? Nous avons apporté les secours immédiatement, nous avons sécurisé la zone, nous avons mobilisé des unités spécialisées de la Gendarmerie, pour que l’enquête soit enclenchée, elle est en cours. Nous avons récupéré la boite noire, elle est très détériorée, les heures qui viennent diront si elle est exploitable et dans quelles conditions elle peut l’être. De toutes les façons, comme l’a indiqué le Premier ministre, l’enquête prendra du temps. Je veux vous assurer, Monsieur le Député, à vous et à Christophe Castaner, comme à l’ensemble des habitants de la région, notre détermination à agir vite, en liaison avec les autorités espagnoles et allemandes, pour faire en sorte que la vérité soit possible, pour des familles qui sont dans le deuil, dans la souffrance, dans le chagrin.