M. Bernard Cazeneuve a répondu à Mme Laurence Arribage, députée UMP de Haute-Garonne lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement du mercredi 04 mars 2015.
Laurence ARRIBAGE, député UMP de Haute-Garonne
Monsieur le Président. Ma question s’adresse au Premier ministre. Je souhaite exprimer ici l’exaspération et la colère des Toulousains et en particulier des commerçants, suite aux manifestations du 21 février dernier, organisées par l’extrême gauche et les zadistes opposés au barrage de Sivens. Ces manifestations autorisées par la préfecture, la septième en six mois, visaient pourtant à faire pression, de façon inadmissible, sur la prochaine décision que prendra le Conseil général du Tarn sur l’avenir du barrage. Elles ont débouché sur le saccage de nombreux commerces et, à nouveau, sur de violents affrontements avec les forces de l’ordre, au milieu d’une foule choquée, en plein samedi après-midi. Or, mis à part la présence alibi de quelques militants écologistes contemplatifs, les ZAD, zones à défendre, présentées comme des zones de résistance citoyenne, sont en réalité des zones de non droit, des zones illégales et des zones de violence où des groupes radicalisés défient la souveraineté populaire et bafouent l’autorité de l’État. A titre d’exemple, certains zadistes empêchent les agriculteurs de se rendre sur leurs exploitations, bloquent des routes, érigent des campements sauvages, occupent illégalement des terres, menacent des entreprises, sabotent des installations, perturbent la vie des riverains et suscitent des affrontements, quand ils ne vandalisent pas des centres-villes comme celui de Toulouse. Alors, Monsieur le Premier Ministre, nous sommes, certes, entrés dans l’ère de la contrainte pénale – enfin, si on peut dire ! – mais au-delà de vos calculs électoraux, est-ce qu’une telle complaisance à l’endroit de ces opposants à la démocratie représentative est la seule réponse d’un État fort et responsable ?
Bernard CAZENEUVE, ministre de l’Intérieur
Madame la Députée. Comme vous le savez, il n’y a absolument aucune complaisance à l’égard des casseurs, de ces violences qui se déploient dans les villes et que je veux condamner avec la plus grande fermeté. Il y a eu, à l’occasion de ces manifestations que vous évoquez, des violences inacceptables qui ont conduit, à Toulouse comme à Nantes, quinze policiers et gendarmes à se trouver blessés, dont certains grièvement. Si la démonstration devait être faite dans cet hémicycle que ce ne sont pas les policiers et les gendarmes qui sont à l’origine des violences, mais qu’ils les subissent, au contraire, pour pouvoir protéger les personnes et les biens, la manifestation de Toulouse comme celle de Nantes en aura apporté la démonstration éclatante. Au terme de ces manifestations, j’ai donné des instructions extrêmement claires à l’ensemble des préfets de France, pour que chaque manifestation annoncée puisse faire l’objet d’une évaluation précise des risques qu’elle présente, de manière à ce que les évènements qui se sont produits ne se reproduisent pas et que dès lors que des éléments nous sont communiqués, notamment par les services de renseignement territorial, témoignant du risque de violence, nous puissions prendre effectivement nos responsabilités en n’autorisant pas ces manifestations, de telle sorte à protéger les manifestants sincères de tout risque de violence, mais aussi – comme vous l’avez dit – les commerçants et les citoyens. Enfin, je voudrais terminer en vous disant que dans un contexte d’extrême tension, le gouvernement est dans la responsabilité et dans la fermeté. Dans la responsabilité parce que nous ne voulons pas de violence. Parce que nous voulons protéger les manifestants et les citoyens du risque de violences à l’origine desquelles se trouve une poignée d’individus qui sont des casseurs sans foi ni loi et qui ne respectent aucune règle. Par conséquent, aujourd’hui, des gendarmes et des policiers s’interposent dans un certain nombre de localités pour éviter ces affrontements. Deuxièmement, je vais vous dire avec la plus grande honnêteté que le droit passera et que le gouvernement prendra ses responsabilités face à ces groupes de casseurs.