02.03.2016 - Séance de questions au Gouvernement à l'Assemblée nationale

02.03.2016 - Séance de questions au Gouvernement à l'Assemblée nationale
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Bernard Cazeneuve a répondu à Laurence ARRIBAGE, députée Les Républicains Haute-Garonne, lors de la séance de questions au Gouvernement à l'Assemblée nationale du 02 mars 2016.


Laurence ARRIBAGE, députée Les Républicains Haute-Garonne

Monsieur le Président. Ma question s’adresse à Monsieur le Ministre de l’Intérieur. Durant l’année 2015, plus de 8 000 personnes, dont 1 600 mineurs, ont fait l’objet d’un signalement pour radicalisation. Ce chiffre est deux fois plus élevé qu’en 2014. Qu’elle frappe sur Internet, dans le milieu carcéral, dans les lieux de culte, au sein même de nos villes ou des associations, notamment sportives, la radicalisation est complexe à appréhender. Tous les visages de la France peuvent être touchés. Nous avons tous été bouleversés par les témoignages de ces parents désespérés dont les enfants ont été enrôlés à leur insu. Dans mon département, en Haute-Garonne, 200 individus font l’objet d’un suivi, soit parce qu’ils sont déjà radicalisés, soit parce qu’ils sont en voie de l’être. Parmi eux, en 2015, 30 mineurs ont fait l’objet d’enquête et d’un suivi spécifique par le juge des enfants. Le préfet et le procureur de la République rappellent fréquemment cette triste réalité, Toulouse fait face à une radicalisation grandissante et inquiétante. Devant ces chiffres très préoccupants, votre gouvernement reconnaît l’urgence de mettre en place une protection efficace de nos concitoyens, notamment à l’approche de grands évènements populaires tel que l’Euro 2016. A Toulouse et dans sa région, nous connaissons le visage du terrorisme et permettez-moi de penser, une nouvelle fois, ici, aux victimes de ces actes innommables. Monsieur le Ministre, au-delà des exigences de sécurité, la lutte contre la radicalisation, en particulier de la jeunesse, doit devenir un chantier national prioritaire. Aussi, pouvez-vous détailler concrètement les actions envisagées par le gouvernement pour endiguer ce phénomène alarmant qui s’enracine au sein de nos écoles, de nos prisons, sur Internet, dans les lieux de culte et dans les milieux associatifs. Je vous remercie.

Bernard CAZENEUVE, ministre de l’Intérieur

Madame la Députée. La question que vous posez est une question absolument centrale dans la lutte antiterroriste. Nous avons pris beaucoup de mesures concernant le renforcement des forces de sécurité, des moyens supplémentaires donnés à nos services de renseignement. Mais ce que nous faisons en matière de sécurité n’aura pas l’impact attendu, si nous n’engageons pas des actions structurelles dans le domaine de la déradicalisation. Vous me demandez d’être précis. Premier point, beaucoup de jeunes se radicalisent sur Internet, nous l’avons vu à Marseille, où un jeune lycéen s’en est pris à l’enseignant d’une école juive en s’étant auto-radicalisé sur Internet. Nous avons, pour faire face à cela, mis en place le blocage administratif des sites. Nous avons engagé une relation très étroite avec les grands opérateurs Internet américains, avec lesquels nous définissons des modalités de retrait des contenus vidéo sites blogs illicites. Nous avons mis en place un site, stop-djihadisme, qui mobilise les familles, la ministre Laurence ROSSIGNOL est très impliquée dans ce dossier, pour faire en sorte que nous puissions prévenir la radicalisation des jeunes. Deuxième élément, nous avons, avec le Garde des Sceaux, envoyé une circulaire, il y a de cela quelques mois, à l’ensemble des préfets et procureurs de la République, pour qu’après le signalement de jeunes sur la plateforme de signalement gérée par le ministère de l’Intérieur, tous les services de l’État dans les territoires puissent se mobiliser pour apporter des dispositifs individualisés de déradicalisation dans chaque territoire et pour chaque profil. Troisièmement, il est absolument indispensable que nous mobilisions les musulmans eux-mêmes. Nous tiendrons la semaine prochaine une instance de dialogue des représentants du Culte musulman, pour engager le Culte musulman dans cette action de déradicalisation, ils sont très partants pour le faire, ils ont signé une charte qui les engage et nous aurons de bons résultats. Et puis, il y a deux centres de déradicalisation qui sont prévus, un pour les jeunes qui y iraient volontairement et un second centre pour les jeunes qui rentreraient de Syrie.


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