Bernard CAZENEUVE a répondu à François ROCHEBLOINE, député UDI de la Loire, lors de la séance de questions au Gouvernement à l'Assemblée nationale du 01 juillet 2015.
François ROCHEBLOINE, député UDI de la Loire
Merci Monsieur le président. Ma question s’adresse à Monsieur le Premier ministre. Vendredi 26 juin, la folie meurtrière a de nouveau frappé et endeuillé notre pays. Je veux parler bien sûr du crime odieux et épouvantable qui a été commis à Saint-Quentin-Fallavier. Un crime qui ne peut être détaché des attentats perpétrés en Tunisie, au Koweït et en Égypte avec les attaques de ce matin même au Sinaï. Malgré les efforts quotidiens de nos forces de l’ordre auxquelles bien évidemment nous rendons hommage et de la justice pour déjouer les attentats, la menace terroriste plane aujourd’hui plus que jamais dans notre pays. La France doit mener une lutte de longue haleine, un combat sans merci contre les ennemis de la démocratie, de la liberté et de nos valeurs républicaines. En de pareilles circonstances, le rassemblement des Françaises et des Français, l’unité nationale s’impose. Pour autant, ne l’oublions pas, les racines du mal ne sont pas en France, elles sont ailleurs : en Syrie, en Irak ou bien encore Libye. La tragédie de Sousse et son lourd bilan humain nous oblige que jamais à renforcer la coopération en matière de sécurité entre la Tunisie, l’Union européenne et donc la France. Cette coopération, aujourd’hui réduite à des liens bilatéraux, est pourtant une clé essentielle pour protéger cette jeune démocratie et lutter efficacement contre le terrorisme. C’est la communauté internationale dans son ensemble qui doit réellement se mobiliser et mettre en œuvre des moyens à la mesure de la menace. C’est à ce prix que nous pourrons éradiquer ce fanatisme. Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous nous préciser quelle est la stratégie de la France en la matière ? Et que comptez-vous faire pour renforcer la mobilisation de la communauté internationale ? Je vous remercie.
Bernard CAZENEUVE, ministre de l’Intérieur
Monsieur le député François ROCHEBLOINE, vous avez raison dans votre question d’insister sur deux points qui essentiels pour réussir la lutte contre le terrorisme. D’abord, l’unité nationale parce que lorsque nous sommes frappés comme d’autres pays le sont, la résilience face au terrorisme dépend de la capacité d’un pays à rassembler toutes ses forces politiques et toutes les forces républicaines autour de ses forces de sécurité et de ses institutions. Et je tiens à rendre hommage aux propos que vous avez tenus qui sont éminemment responsables dans un contexte où chacun doit faire en sorte, par la parole qu’il porte, de conforter l’unité nationale parce qu’elle est la condition de la résilience. Il faut ensuite bien entendu une action internationale puissante. Celle-ci commence en Europe. Nous avons multiplié les relations avec nos pays amis de l’Union européenne pour renforcer les relations entre nos services de sécurité, les relations entre nos forces de police. Nous avons renforcé les coopérations au sein d’EUROPOL et d’INTERPOL autour d’un certain nombre d’objectifs très précis : identifier les trafics d’armes, lutter contre les filières organisées du crime, le trafic de stupéfiants et le trafic des êtres humains parce que ces trafics sont en lien désormais avec les activités terroriste et faire en sorte aussi que nous luttions contre la cybercriminalité car les terroristes utilisent les moyens d’Internet et notamment du Dark Net pour préparer la commission d’actes en dissimulant leurs intentions aux services de sécurité. De ce point de vue-là, la loi sur le renseignement sera extrêmement précieuse pour être plus efficace dans la lutte contre le terrorisme. Relations avec la Tunisie, j’y étais avant-hier dans un contexte extrêmement difficile, autour du déminage, autour de la maîtrise des frontières, autour de la lutte contre la fraude documentaire, autour de l’équipement des forces de sécurité et de leur formation. Nous serons en situation, au mois de juillet, de signer nos accords bilatéraux. Enfin coopération avec les pays de la bande sahélo-saharienne pour faire en sorte que sur tous ces enjeux que je viens d’évoquer, nous soyons là aussi ensemble.