Allocution du ministre de l'Intérieur du lundi 08 septembre 2014
Le Parquet de Paris a indiqué ce matin qu’« au stade actuel des investigations, aucun procès-verbal d’audition recueilli dans un cadre judiciaire, ni aucun autre acte d’enquête réalisé à la suite de l’enlèvement et de la séquestration de Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, ne fait état d’un projet d’attentat sur le territoire national, en particulier le jour du 14 juillet à Paris ».
Je veux, à la suite de cette précision du Parquet, appeler chacun à la responsabilité, dans le contexte particulier et grave des risques terroristes, en posant fermement quelques principes simples, clairs et républicains.
Les quatre ex-otages français détenus en Syrie ont été entendus à plusieurs reprises par les services du ministère de l’Intérieur après leur retour en France. Le Parquet de Paris a indiqué ce matin qu’à aucun moment, dans le cadre de leurs auditions, les otages n’ont fait état du fait que Mehdi Nemmouche aurait dit son intention de commettre un attentat le 14 juillet dernier à Paris. Et il n’est pas pensable qu’ils aient pu, alors qu’ils auraient été détenteurs d’une information d’une telle gravité, s’abstenir de la communiquer aux enquêteurs. Il est donc logique que les procès-verbaux des auditions qui ont été transmis à la justice, en conformité avec la procédure, ne mentionnent donc pas ces éléments, comme l’a rappelé encore une fois ce matin le Parquet de Paris. Les services du ministère de l’intérieur n’ont donc jamais eu connaissance de l’existence d’un tel projet.
Par ailleurs, les dispositifs de sécurité entourant les cérémonies du 14 juillet à Paris font l’objet d’une attention soutenue, adaptée à l’évaluation de la menace. Mais il est tout aussi faux de soutenir que les forces de police auraient pris des mesures spécifiques pour parer une menace d’attentat signalée.
Aucun contact n’a été établi avant publication de ces informations, ni avec mon cabinet, ni avec des services du ministère de l’Intérieur. Aussi les affirmations du quotidien Libération, relayées dans les autres médias depuis hier soir et ce matin, sont-elles, je le dis clairement, de fausses informations.
Tels sont les faits.
Quel est le contexte ?
La lucidité amène à constater que la menace terroriste est aujourd’hui forte, en raison de la présence de ressortissants européens et français dans les rangs des terroristes en Syrie et en Irak. Les agissements de Mehdi Nemmouche le démontrent. L’Etat prend ses responsabilités : en un an, 153 interpellations ont eu lieu, 61 individus sont écroués, et 30 placées sous contrôle judiciaire. Un plan global de lutte contre le terrorisme, visant à prévenir et réprimer cette menace, a été présenté dès le mois d’avril. Il comprend la présentation d’un projet de loi visant à adapter notre réponse à la menace qui a pris des formes nouvelles. La Commission des lois de l’Assemblée nationale a adopté ce projet de loi à l’unanimité en juillet. Il sera débattu au Parlement dès lundi prochain 15 septembre.
C’est la deuxième fois, depuis la tuerie de Bruxelles et l’arrestation de Mehdi Nemmouche à Marseille, qu’une information fausse est diffusée par voie de presse sans compter les autres rumeurs, spéculations et approximations qui sont livrées quotidiennement au public.
Aujourd’hui, Libération. Le 3 juin dernier, c’était le Nouvel Observateur qui publiait à la Une de son site un article concernant un prétendu manquement grave des services de l'Etat au sujet de Mehdi Nemmouche. Cette affirmation était fausse, et l'hebdomadaire le reconnaissait le lendemain sur son site internet, sans toutefois en empêcher la parution dans son édition papier de la même semaine.
La France est un pays de libertés. Et parmi celles-ci, la liberté de la presse ne peut souffrir aucune remise en cause.
C'est parce que nous sommes épris de liberté, premier pilier de notre République, que nous luttons sans relâche contre le terrorisme et ses différentes méthodes de propagande.
Car il ne faut pas se tromper : l’objectif des terroristes n’est pas seulement de massacrer. Il est aussi de saper nos démocraties par la peur.
Lutter contre le terrorisme, c’est lutter contre la barbarie, mais c’est aussi lutter contre la peur.
Diffuser de fausses informations, en faire des titres et des manchettes qui donnent corps à cette peur, c’est une manière de tomber dans le piège que les terroristes nous tendent.
A nouveau, j’appelle donc chacun, solennellement, à faire preuve de responsabilité. C’est la clé de la défense de nos libertés fondamentales.