Intervention dans l'invité de RTL de Jean-Michel Aphatie le jeudi 15 mai 2014 à 07h50

15 mai 2014

Jean-Michel Aphatie
Bonjour, Bernard Cazeneuve.

Bernard Cazeneuve
Bonjour.

Jean-Michel Aphatie
7 personnes âgées de 23-25 ans ont été arrêtées mardi à Strasbourg sur le soupçon de s’être rendues en Syrie pour rejoindre les djihadistes qui se battent dans ce pays. Ce sont 7 hommes bien sûr, 7 Français ?

Bernard Cazeneuve
Ce sont 7 Français, effectivement, qui ont été arrêtés en raison de soupçons qui pèsent sur eux, comme vous le savez, il y a une procédure judiciaire. Cette procédure judiciaire m’oblige à une certaine réserve, c’est la garantie de la conduite à bonne fin des enquêtes en cours. Mais cette arrestation comme l’ensemble des mesures que nous avons prises, traduisent la volonté absolue de l’Etat français de lutter contre ce départ de ressortissants français sur le théâtre des opérations en Syrie. Pourquoi ? Parce que ces ressortissants qui partent, prennent un aller direct vers la mort, ce qui est commis en Syrie, ce qui est perpétré en Syrie, ce sont des atrocités épouvantables qui exposent nos ressortissants eux-mêmes.

Jean-Michel Aphatie
Il s’agit de les protéger alors ?

Bernard Cazeneuve
Mais il s’agit d’éviter que des ressortissants français après qu’ils ont été victimes de propagande s’engagent sur le théâtre des opérations syriennes dans des groupes djihadistes où leurs vies se trouvent exposées. Il s’agit aussi d’assurer la sécurité de notre propre pays. Parce que lorsque la violence, les exactions, les atrocités, ont été fréquentées pendant de nombreux mois au sein de ces groupes, sur des théâtres d’opérations extrêmement violents, le retour de ces djihadistes sur le territoire français pose un problème qui implique qu’on s’arme, qu’on s’organise, et c’est la raison pour laquelle nous avons mis en place ce plan. Ce plan qui repose sur trois idées simples. La première idée c’est empêcher le départ.

Jean-Michel Aphatie
Bien sûr.

Bernard Cazeneuve
Je prendrais des dispositions législatives qui seront proposées au conseil des ministres à la fin du mois de juin et qui seront discutées au Parlement dans la foulée. Deuxièmement, démanteler les filières avec une action européenne et internationale très forte. Une réunion la semaine dernière à Bruxelles, qui fera l’objet d’autres réunions au mois de juin pour mieux articuler les travaux de nos services de renseignements, agir vis-à-vis des opérateurs Internet pour mettre fin à la diffusion des images et des instruments de propagandes et accompagner aussi les familles qui peuvent désormais en utilisant le numéro vert et la plateforme mise en place par le ministère de l’Intérieur, signaler des cas de gens qui s’apprêtent à basculer, pour que nous puissions avec l’ensemble des administrations de l’Etat tout faire pour éviter cela.

Jean-Michel Aphatie
C’est difficile d’empêcher quelqu’un de partir ?

Bernard Cazeneuve
Nous avons pris des dispositions d’ores et déjà pour ce qui concerne les mineurs. C'est-à-dire que…

Jean-Michel Aphatie
Les mineurs, mais les adultes s’ils veulent partir en Turquie, ils partent en Turquie ! On ne sait pas où ils vont après !

Bernard Cazeneuve
La disposition législative qui sera prise, permettra d’inscrire ces personnes au fichier des personnes recherchées, de les signaler au système d’informations Schengen ce qui permettra à l’ensemble des services de l’Union européenne, en coopération les uns avec les autres, d’éviter que ces ressortissants n’aillent jusqu’au bout de leur chemin vers la Syrie.

Jean-Michel Aphatie
A combien estimez-vous aujourd’hui, le nombre de Français en Syrie, Bernard Cazeneuve ?

Bernard Cazeneuve
Aujourd’hui c’est près de 300 Français, qui sont sur le théâtre des opérations.

Jean-Michel Aphatie
Et combien ont été et sont revenus ? Et que vous surveillez donc par hypothèse ou…

Bernard Cazeneuve
Il y a à peu près une centaine de ressortissants qui sont sur le chemin du théâtre des opérations et une centaine qui sont revenus.

Jean-Michel Aphatie
D’accord ! Donc ça c’est un dossier évidemment important que vous traitez en tant que ministre ?

Bernard Cazeneuve
C’est un dossier sur lequel la mobilisation est totale, la détermination est entière, qui implique à la fois de la discrétion et de la coordination entre l’ensemble des services et le respect des procédures judiciaires en cours, c’est la raison pour laquelle j’évite d’en dire trop.

Jean-Michel Aphatie
On peut le comprendre, mais vous traitez ce dossier en tant que ministre de l’intérieur. Vous en traitez d’autres comme ministre de l’Intérieur ?

Bernard Cazeneuve
Absolument !

Jean-Michel Aphatie
Vous avez souhaité que pour les élections européennes on vote jusqu’à 20 heures en France. Vous avez obtenu satisfaction ? C’est le dimanche 25 mai.

Bernard Cazeneuve
Je souhaite que la mobilisation soit la plus forte possible, si l’on peut prendre des mesures qui permettent d’ouvrir les bureaux de vote le plus tard possible de manière à ce que les Français aillent voter, cela sera utile et nécessaire, parce que…

Jean-Michel Aphatie
C’est vous qui les décidez ces mesures ?

Bernard Cazeneuve
C’est une grande, c’est une grande élection, l’élection européenne, si l’on veut que la politique européenne soit réorientée, il faut qu’il y ait une autre majorité au Parlement européen, mais bien entendu, l’ouverture des bureaux de vote ne suffira pas. Il faut qu’il y ait une forte mobilisation…

Jean-Michel Aphatie
Qui décide de l’ouverture des bureaux de vote ? Est-ce que c’est, pour être précis, est-ce que ce sont les maires qui font ce qu’ils veulent ou est-ce que c’est vous en tant que ministre de l’Intérieur, qui ordonnez que les bureaux de vote soient ouverts jusqu’à 20 heures ?

Bernard Cazeneuve
Non, j’ai demandé aux préfets de prendre contact avec les maires, de manière à ce que nous puissions avoir l’amplitude la plus large possible. Et je souhaite effectivement qu’il en soit ainsi, tout simplement parce que nous devons prendre toutes les mesures qui permettent la participation la plus large, la campagne européenne doit être une campagne qui mobilise les électeurs autour des enjeux de l’élection. Cette élection est une élection qui présente des risques. On voit bien qu’il y a des partis populistes qui visent à éloigner l’Europe du projet de ses pères fondateurs. Et nous avons aujourd’hui à réorienter l’Union européenne vers davantage de croissance et de solidarité c’est un enjeu considérable.

Jean-Michel Aphatie
Est-ce qu’il vous revient, je n’ai pas bien compris, est-ce qu’il vous revient de décider que les bureaux de vote ouvriront jusqu’à 20 heures à vous ministre de l’Intérieur ?

Bernard Cazeneuve
J’ai demandé…

Jean-Michel Aphatie
Aux préfets, ça vous l’avez dit…

Bernard Cazeneuve
De prendre contact avec les maires pour que nous ayons l’amplitude la plus large.

Jean-Michel Aphatie
Oui, mais ça, ça ne veut pas dire grand-chose, je suis désolé. Les préfets prennent contacts avec les maires et après qu’est-ce qui se passe ?

Bernard Cazeneuve
J’ai demandé aux préfets de veiller à ce que nous puissions avoir l’amplitude la plus large possible.

Jean-Michel Aphatie
Vous allez le décider ou pas ? Non, c’est…

Bernard Cazeneuve
J’ai demandé aux préfets de prendre contacts avec les maires pour que l’amplitude soit la plus large possible.

Jean-Michel Aphatie
D’accord ! Ecoutez, on va attendre alors donc les bureaux fermeront à 18 heures, pour l’instant, c’est ce que l’on peut dire dans les zones rurales.

Bernard Cazeneuve
Je souhaite que partout où cela est possible, on ouvre les bureaux le plus longtemps possible.

Jean-Michel Aphatie
Mais vous n’avez pas les moyens de le décider si je comprends bien. Croissance au premier trimestre 0 %, c’est moins que prévu, un commentaire ?

Bernard Cazeneuve
Non, nous sommes dans le souhait de faire en sorte que la croissance…

Jean-Michel Aphatie
Mais 0 % au premier trimestre, c’est moins que prévu ?

Bernard Cazeneuve
Non ! Nous sommes dans l’objectif de faire en sorte que la croissance soit conforme à ce que nous avons présenté dans le cadre du programme de stabilité. C'est-à-dire…

Jean-Michel Aphatie
0,3 ?

Bernard Cazeneuve
C'est-à-dire autour de 1 % pour l’année 2014. Donc ce que nous voulons…

Jean-Michel Aphatie
Ah ! Pardon ! Excusez-moi !

Bernard Cazeneuve
C’est faire en sorte que le plan que nous avons engagé, c'est-à-dire qui vise à diminuer…

Jean-Michel Aphatie
Mais vous aviez prévu un premier trimestre plus important pour aller plus vite, parce qu’on ne va pas refaire la politique économique, ce premier trimestre est décevant ou pas Bernard Cazeneuve ?

Bernard Cazeneuve
Nous souhaitons…

Jean-Michel Aphatie
Puisque vous étiez au Budget, il y a encore un petit mois, vous devez avoir une opinion ?

Bernard Cazeneuve
J’étais au Budget il y a encore un petit moment, mais comme vous le savez, la croissance, elle s’apprécie au terme de l’année en cours. Et nous avons pris des mesures à l’occasion de la présentation du programme de stabilité, qui visent à alléger le coût du travail, qui visent à alléger la fiscalité qui pèse sur les entreprises en supprimant progressivement la C3S…

Jean-Michel Aphatie
Et vous espérez faire de la croissance avec cela ?

Bernard Cazeneuve
En diminuant progressivement l’impôt sur les sociétés pour le ramener au niveau européen, et notre objectif est de faire en sorte, que ces mesures plus celles qui ont été annoncées par le Premier ministre concernant le pouvoir d’achat des Français en agissant à la fois sur la décote, l’augmentation du plafond du revenu fiscal de référence permettent de faire en sorte que les Français les plus modestes paient moins d’impôts et que nous puissions avoir à côté des contraintes qui pèsent sur l’offre des mesures pour le pouvoir d’achat des plus modestes. C’est cela qui fera la croissance.

Jean-Michel Aphatie
Et on attendra les chiffres de la croissance des prochains trimestres pour savoir si le pari sera tenu ou pas. Vous verrez dans la presse ce matin, dans tous les journaux, les propos longuement repris de Ségolène ROYAL à PARIS MATCH. Elle parle de la condescendance et du mépris de ses collègues ministres, vous vous sentez visé Bernard Cazeneuve ?

Bernard Cazeneuve
Non, j’ai avec Ségolène ROYAL de bonnes relations, et je pense que le mépris et la condescendance dès lors qu’ils existent sont de mauvais sentiments.

Jean-Michel Aphatie
C’est un couac ? On peut parler d’un premier couac de Ségolène ROYAL qui contredit et Michel SAPIN et Arnaud MONTEBOURG sur leurs dossiers ministériels ?

Bernard Cazeneuve
Le propre du ministre de l’Intérieur c’est qu’il garde dans son fort intérieur, un certain nombre de sentiments. Parce qu’il…

Jean-Michel Aphatie
C’est un couac alors ?

Bernard Cazeneuve
Ne faut pas rajouter des phrases aux phrases.

Jean-Michel Aphatie
C’est un couac ?

Bernard Cazeneuve
Ce que le Premier ministre et le président de la République ont souhaité, c’est la mobilisation générale de l’ensemble des membres du gouvernement pour faire en sorte…

Jean-Michel Aphatie
Oui, ça c’est la langue de bois, oui bien sûr !

Bernard Cazeneuve
Que nous atteignons les objectifs. Et je pense…

Jean-Michel Aphatie
Ma question c’est : est-ce que c’est un couac ?

Bernard Cazeneuve
Mais monsieur Aphatie, je ne crois pas…

Jean-Michel Aphatie
Non, d’accord !

Bernard Cazeneuve
Qu’il soit de l’intérêt d’un journaliste de voir des ministres ajouter des phrases aux phrases et moi, je suis ministre de l’Intérieur et les phrases, quand elles ne sont pas nécessaires, je les garde dans mon fort intérieur.

Jean-Michel Aphatie
Allez ! Bernard Cazeneuve qui garde des phrases en son fort intérieur et aussi l’heure de l’ouverture des bureaux de vote. Tout ça, c’est dans son fort intérieur et c’était sur RTL ce matin.

Laurent Bazin
Merci, Bernard Cazeneuve, bonne journée à vous. Merci, Jean-Michel.