Julian Bugier
Un plan pour empêcher les jeunes Français d’aller combattre en Syrie, c’est donc l’initiative inédite lancé par le gouvernement. Cellule de cyber-surveillance, contrôles aux frontières renforcés, prévention aussi, les mesures sont multiples, seront-elles suffisantes face à l’ampleur du phénomène ? On vous entendra, Monsieur le Ministre, dans un instant, d’abord les grades lignes de ce plan, c’est avec Loubna ANAKI.
// Reportage //
Julian Bugier
Bonsoir Bernard Cazeneuve.
Bernard Cazeneuve
Bonsoir.
Julian Bugier
Merci d’être avec nous sur le plateau du 20 heures de RANCE 2, vos annonces, vous le savez, sont très attendues, je vais vous demander d’être le plus concret possible. On en a entendues quelques-unes, la détresse des parents on l’a aussi entendue dans le reportage, d’abord la création d’un centre d’appel pour signaler les comportements de radicalisation, quelle forme va prendre concrètement encore une fois ce guichet ?
Bernard Cazeneuve
Nous allons sur le site internet du ministère de l’Intérieur diffuser des informations à destination des familles qui constatent que leurs enfants sont en rupture de manière à ce que ces familles disposent par le moyen du numéro vert ou par le moyen d’une adresse Internet de la possibilité de nous informer de ces phénomènes qui les inquiètent et nous mobiliserons dans la foulée immédiatement les préfets qui parviendront sur les territoires à prendre contact avec ces familles, à mobiliser autour d‘elles un ensemble de professionnels, psychologues, travailleurs sociaux, représentants de l’Education nationale, pour faire en sorte que chaque situation soit traitée avec des mesures particulières, spécifiques.
Julian Bugier
Les imams et les représentants religieux seront également mis à contribution ?
Bernard Cazeneuve
Mais l’islam de France ce n’est pas un islam radical et bien entendu tous ceux qui dans les milieux associatifs au sein de l’islam peuvent nous aider à ramener ces jeunes à la raison pourront être mobilisés dans le respect des principes de la laïcité, ce qu’il faut c’est prévenir ces comportements. Vous l’avez bien vu à travers le témoignage des parents lorsque des jeunes, des mineurs, des adolescents qui sont parfois fragiles, qui peuvent être soumis à l’emprise de discours qui s’apparentent à des discours sectaires tombent entre les mains de marchands de haine, de prédicateurs, de recruteurs, il faut absolument mobiliser immédiatement les moyens qui permettent d’’éviter le basculement. Et ce plan comporte des mesures préventives que je viens d’indiquer et nous les mettrons en œuvre dès les jours qui viennent.
Julian Bugier
Ça c’est pour la détection, quel arsenal pour ceux qui rentrent en France embrigadés, fanatisés, comment les empêcher d’agir et de passer à l’action ?
Bernard Cazeneuve
Pour ceux qui rentrent en France embrigadés, fanatisés ils seront sous le coup de la justice car ils relèvent de l’infraction pénale d’« association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste » puisqu’ils auront participé avec un groupe terroriste à des actes d’une extrême…
Julian Bugier
S’ils rejoignent une organisation terroriste !
Bernard Cazeneuve
Mais lorsqu’ils sont dans des opérations jihadistes, qu’ils commettent des crimes, ils doivent être jugés en France en raison des crimes qu’ils auront commis.
Julian Bugier
On vous entend mais comment les repérer lors de leur retour sur le territoire français ?
Bernard Cazeneuve
Mais nous avons des dispositifs d’ores et déjà qui nous permettent d’avoir une idée de ceux qui sont partis. Nous savons…
Julian Bugier
Oui mais avec un précédent, Mohammed MERAH, tout de même…
Bernard Cazeneuve
Oui mais nous savons aujourd’hui parce que nous avons mobilisé des moyens, parce que nous avons perfectionné nos dispositifs quel est le nombre, nous sommes désireux de faire en sorte que ceux qui peuvent partir ne partent pas, c’est aussi un volet très important du plan, prévenir les départs, c’est la raison pour laquelle pour les mineurs nous allons dès lors que les parents nous sollicitent empêcher ces départs. Il en est de même d’ailleurs pour les personnes majeures et on prend des dispositions législatives à cet effet, comment, en versant l’identité de ces personnes qui sont susceptibles de partir, qui ont émis le souhait de partir dans le système d’information Schengen de manière à ce qu’ils soient arrêtés à la frontière ou dès lors qu’ils prennent un moyen de transport les acheminant vers la Syrie. Donc notre objectif est triple, la prévention, j’en ai parlé, empêcher les départs et puis démanteler les filières jihadistes. Pour cela, il faut bloquer les avoirs, il faut intervenir sur Internet de façon très forte à travers des cyber-patrouilles et il faut impérativement prendre des initiatives avec les pays de l’Union européenne à destination des opérateurs Internet parce que les images violentes qui ont été diffusées par Internet sont des moyens d’embrigadement.
Julian Bugier
Oui, plus de coordination. Un dernier point, Monsieur le Ministre, très important, Marine LE PEN dit « il faut leur supprimer la nationalité française » et c’est ce que fait la Grande-Bretagne, écoutez David Cameron, c’est très court.
[Extrait vidéo] David Cameron, Premier ministre britannique
Nous avons la possibilité de retirer la nationalité de ces gens-là, nous avons donc une réponse qui mobilise plusieurs ministères, il faut protéger nos frontières, dissuader les gens de se rendre en Syrie.
Julian Bugier
Pourquoi ne pas le faire ?
Bernard Cazeneuve
Mais nous le faisons pour un certain nombre d’actes graves qui portent atteinte à l’intégrité de l’Etat.
Julian Bugier
C’est tout de même rarissime…
Bernard Cazeneuve
Mais il faut pour cela que les conditions soient remplies qui sont des conditions juridiques. Il faut que la nationalité ait été acquise par naturalisation et il faut aussi que la personne qui a acquis la nationalité française par naturalisation ait la double nationalité, ce sont là les règles du droit international.
Julian Bugier
Vous ne l’excluez pas ?
Bernard Cazeneuve
Mais il est arrivé à notre pays de le faire et bien entendu si nous sommes confrontés à des cas particuliers il est tout à fait possible que cette mesure qui est dans le droit français soit mise en œuvre.
Julian Bugier
Merci Bernard Cazeneuve.
Bernard Cazeneuve
Et dans le cadre des règles internationales que j’ai rappelées.
Julian Bugier
Merci Bernard Cazeneuve d’avoir été ce soir notre invité.