Discours de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, en date du 11 juillet 2016
Seul le prononcé fait foi
M. le Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, cher Patrick KANNER,
M. le Secrétaire d’Etat chargé des Sports, cher Thierry BRAILLARD,
M. le Président d’EURO 2016 SAS, cher Jacques LAMBERT,
Mesdames et messieurs les Préfets,
Mesdames et messieurs,
Malgré un contexte de menace très élevée, l’EURO 2016 de football, grâce à votre mobilisation à tous, a été une réussite.
Je l’avais dit avant le début de la compétition, aux côtés de Patrick KANNER, de Thierry BRAILLARD et de Jacques LAMBERT, la sécurité de l’EURO dépendait d’une co-production entre l’Etat, les organisateurs et les villes-hôtes. Chacun s’est employé à être au rendez-vous, à son poste, et avec mes collègues du Gouvernement ici présents je veux remercier très chaleureusement Jacques LAMBERT, non seulement pour le travail fructueux mené en commun depuis des mois, mais également pour la réactivité dont il a su faire preuve, en tant qu’organisateur, pour ajuster quand il le fallait le dispositif de sécurité à l’intérieur des stades tout au long de la compétition.
Je veux également remercier le club des villes-hôtes, tout particulièrement son Président Alain JUPPÉ et l’ensemble des Maires des 10 villes qui ont accueilli les matchs de l’EURO : Lille, Lens, Paris, Saint-Denis, Lyon, Saint-Étienne, Bordeaux, Toulouse, Marseille et Nice. Nous avions noué en amont, avec ces maires, sous la coordination des préfets que je salue, dans chaque département concerné, le dialogue et le travail en commun nécessaire qui a permis de relever ensemble le défi.
Nous avions, compte tenu du contexte particulier, fait de la sécurité de l’EURO une priorité absolue, en la préparant depuis des mois. Je rappelle que nous avions mis en place pour cet événement un dispositif tout à fait exceptionnel : plus de 90 000 personnes mobilisées entre le 10 et juin et le 10 juillet. Parmi elles, 42 000 policiers, 30 000 gendarmes, 5 000 personnels de la sécurité civile, 13 000 agents de sécurité privée. Sans compter le renfort ponctuel des 10 000 militaires de l’opération Sentinelle.
A tous, je veux dire ici du fond du cœur, au nom du Gouvernement, mes remerciements et mes félicitations. Si l’EURO 2016 de football en France a été une réussite aux yeux du monde entier, si les 51 matchs du tournoi se sont déroulés normalement, si ce matin on ne parle que du football et des émotions magnifiques que ce sport peut nous procurer, c’est en grande partie grâce à ces policiers, ces gendarmes, ces sapeurs-pompiers, ces hommes et à ces femmes, qui n’ont pas compté leurs heures, qui se sont engagés pleinement, et qui à l’arrivée n’ont pas failli dans leur délicate mission. Pour les remercier de vive voix et avec toute la considération qu’ils méritent, je recevrai ici-même Place Beauvau des représentants de toutes les entités du ministère de l’Intérieur ayant contribué à la réussite de l’EURO, au cours d’une réception amicale.
Les forces de l’ordre ont accompli un travail constant, pour éviter les débordements et stopper les quelques-uns qui ont pu se produire. Les policiers et les gendarmes ont été d’une fermeté totale, conformément à mes instructions à l’égard des hooligans qui se sont livrés à des violences ou à des dégradations. En un mois, les forces de l’ordre ont procédé à 1 555 interpellations, dont 891 ont été suivies de gardes à vue, débouchant sur 59 condamnations à des peines de prison, ferme ou avec sursis. 64 mesures de reconduite à la frontière et 32 refus d’accès au territoire ont par ailleurs été appliqués.
Un seul incident majeur est à déplorer au cours de la compétition : il s’agit des violences inacceptables qui se sont produites le 11 juin à Marseille, en marge de la rencontre entre l’Angleterre et la Russie. Je ne reviendrai pas sur ce sujet. Je redis simplement que ce jour-là, les forces de l’ordre ont pu circonscrire dans l’espace et dans le temps les violences, et nous avons procédé rapidement aux interpellations puis à l’expulsion du territoire des hooligans responsables de ces violences, évitant ainsi que d’autres événements du même type se produisent par la suite.
Nous pouvons bien sûr regretter que les informations utiles sur ces individus ne nous aient pas été transmises en amont par les autorités russes. Je rappelle que 3 100 fiches d’interdiction du territoire ont été prises à l’encontre d’individus de différentes nationalités repérés en amont des matchs à risques grâce aux renseignements fournis par nos partenaires européens. Lorsque ce dispositif est parfaitement appliqué on constate qu’il est efficace.
Je remercie les autorités de l’UEFA d’avoir pris les mesures et avertissements nécessaires à l’égard des fédérations concernées par les incidents.
De même, je souligne que les autres outils que nous avons mis en place ont démontré leur efficacité : toujours sur le plan de la coopération européenne, le centre de coopération policière internationale, rassemblant les équipes de policiers spécialisés dans la lutte contre le hooliganisme des pays participant à la compétition. Ce dispositif, par la qualité des renseignements opérationnels transmis, a fonctionné. D’une manière générale, je veux saluer le travail accompli en commun avec les polices européennes, notamment en matière de renseignement.
La cellule d’analyse des risques, qui rassemblait tous les services français concourant au renseignement, intérieur comme extérieur, a elle aussi donné de bons résultats. Je veux d’ailleurs rendre hommage à nos services de renseignement, si souvent critiqués, qui font un travail formidable, et dont, je le rappelle, l’action permanente a permis l’arrestation de 150 individus du fait d’activités terroristes depuis le début de l’année 2016. Ce travail important de nos services a sans doute permis que nous vivions cet EURO 2016 dans de bonnes conditions.
Le centre interministériel de crise, activé 24 heures sur 24 Place Beauvau, a permis une coordination en temps réel avec chaque préfet, avec chaque force de police et de gendarmerie, et à l’arrivée une réactivité à chaque fois que cela nécessaire. Les préfets ont accompli un travail considérable, qui justifie que je leur exprime ici mon immense gratitude.
Enfin je veux souligner qu’ensemble, avec les organisateurs et les villes-hôtes, nous avons eu raison de maintenir dans les villes les fan-zones, qui ont permis de canaliser des milliers de supporters, et qui ont été une réussite également, puisque ces espaces clos et festifs ont fait l’objet d’un dispositif de sécurité exceptionnel. Je veux remercier à nouveau Alain JUPPÉ et l’ensemble des maires des villes-hôtes, pour la relation constante de confiance et de sang-froid qui a présidé à nos relations.
Dans les semaines qui ont précédé le déroulement de cette compétition de visibilité mondiale, certains s’étaient employés à tout dénigrer de l’organisation mise en œuvre, laissant planer le doute sur la capacité de notre pays à organiser un tel événement dans un contexte de menace terroriste particulièrement élevée. La démonstration a pu être faite que, dans l’union de toutes ses forces - et cela compte quand on fait face à de tels défis - et grâce à la mobilisation de tous ses services, guidés par le seul souci de bien faire, notre pays demeure tel qu’en lui-même, c’est-à-dire une grande nation capable d’être à la hauteur des défis qui se présentent à elle.
Mais la menace terroriste demeure. Elle nous oblige chaque jour à nous hisser au-dessus de nous-même pour protéger tous nos concitoyens. Cette tâche est très difficile. Elle appelle une mobilisation de chaque instant. Elle implique d’éviter les polémiques stériles, pour que ne demeure à la fin qu’un seul et unique objectif, le seul qui compte : la sécurité des Français.
Le ministère de l’Intérieur reste donc très vigilant, à l’ouverture de la saison estivale, pour que soit garantie la sécurité des festivals, des sites touristiques, et de cette autre grande compétition sportive qu’est le Tour de France, où 23 000 policiers et gendarmes ont été déployés.
Mesdames et messieurs, le monde entier avait les yeux braqués sur la France pendant cet EURO 2016. Et bien grâce à cette coopération fructueuse entre l’Etat, les organisateurs, les villes-hôtes, grâce au travail des forces de l’ordre, la France est demeurée la France.
Je vous remercie.