40ème anniversaire du GIGN

26 juin 2014

Discours de M. Bernard CAZENEUVE, ministre de l’Intérieur, à l’occasion du 40ème anniversaire du GIGN - Satory, 25 juin 2014


Madame et Monsieur les députés,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Directeur général de la Gendarmerie nationale, mon Général,
Madame et Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,

Nous vivons dans un monde dangereux, où la sécurité nationale – notre sécurité – est constamment menacée. Si nous l’avions oublié, la tuerie du Musée juif de Bruxelles, le 24 mai dernier, nous l’a tragiquement rappelé.

L’instabilité et la violence que connaissent plusieurs régions du monde – la Syrie, le Sahel, et désormais l’Irak – permet à des groupes terroristes de monter de véritables centres d’entraînement avec le projet de frapper nos populations et celles de nos voisins européens, aussi bien que les intérêts français dans le reste du monde.

Mais comme l’a montré l’exemple sinistre d’Anders Breivik, un homme seul, guidé par son propre fanatisme, peut également commettre un massacre de masse.

Depuis 40 ans, le GIGN est placé en première ligne pour lutter contre ces menaces qui se multiplient, évoluent sans cesse et nourrissent les terreurs contemporaines. Depuis 40 ans, il est au front, et paye le prix de la guerre contre le terrorisme et la criminalité organisée. Depuis 40 ans, il est l’ultime recours, quand, pour protéger nos concitoyens, il faut tenter l’impossible – et le réussir.

Voilà pourquoi je suis très fier d’être à vos côtés aujourd’hui pour présider cette cérémonie d’anniversaire et célébrer avec vous les quarante années écoulées depuis la création du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale.

Je voudrais tout d’abord rendre hommage aux femmes et aux hommes qui, depuis tant d’années, ont fait le GIGN – tous ces héros qui écrivent son épopée au quotidien. Tous ceux qui, avec courage et abnégation, se sont engagés dans cette unité d’élite, au péril de leur vie, pour sauver celle des autres. Votre devise – « S’engager pour la vie » – n’est pas un vain slogan, je le sais.

Je veux donc saluer les pionniers, qui, sous l’impulsion de Christian Prouteau, ont posé les premières pierres. Mais aussi, leurs successeurs, c’est-à-dire vous, qui, comme eux, accomplissez votre devoir souvent dans des conditions extrêmes.

Et puis, bien sûr, je veux saluer la mémoire de vos frères d’armes tombés en opération, au service de la France. Aujourd’hui, nous devons penser à eux avec gratitude. Nous pensons à leurs familles auxquelles j’adresse au nom de la Nation un message de compassion, d’amitié et de soutien.

Je pense à vous, qui étiez leurs camarades, formant avec eux un groupe fraternel soudé dans l’adversité. Jamais nous n’oublierons leur sacrifice.

*

Face aux nouvelles menaces que j’évoquais à l’instant, le Gouvernement sait pouvoir compter sur votre unité d’élite. Les radicalismes meurtriers, d’où qu’ils viennent, doivent être combattus sans faiblesse.

Dans les pires situations, les intérêts vitaux de la Nation sont entre vos mains, ainsi que la sécurité des Français.

Depuis la tragique prise en otage des athlètes israéliens aux JO de Munich en 1972, qui a été à l’origine de la création du GIGN, l’ennemi que vous combattez n’a cessé de changer de visage, de technologie et de mode opératoire. Il n’a cessé de s’adapter aux nouveaux moyens de destruction et de communication, tant il est vrai qu’un un acte terroriste est d’abord un hybride entre violence et communication. A travers la violence qu’elle déclenche, cette guerre non conventionnelle cherche à frapper à la fois les corps, les coeurs et les esprits. Nous ne pouvons pas envisager de la perdre.

Vous êtes donc vous-mêmes obligés de vous adapter en permanence, face à des ennemis de plus en plus sophistiqués. Il vous faut demeurer sans cesse avertis des métamorphoses de l’adversaire, anticiper ses évolutions, avoir toujours un coup d’avance. Quoi de commun, en effet, entre la prise d’otage de Munich en 1972 et les « tueries planifiées » d’aujourd’hui, telles les attaques de Bombay en 2008 – 173 morts et 312 blessés – et du centre commercial « Westgate » de Nairobi en septembre 2013 – près de 70 morts et plus de 150 blessés ?

1972, cette date nous semble relever aujourd’hui de la préhistoire du terrorisme. L’âge de la revendication, des prises d’otages ciblées pour réclamer un avion de ligne ou la libération de poseurs de bombes. Il fallait déjà déployer beaucoup d’audace et de professionnalisme pour contrecarrer ces projets criminels. Mais les défis d’aujourd’hui résident désormais dans les « tueries planifiées » à grande échelle, opérées par des terroristes mieux renseignés et préparés que jamais, et qui font en sorte de profiter d’une exposition médiatique planétaire.

A l’heure de la mondialisation de l’information, des réseaux sociaux et des chaînes d’information en continu, l’effet provoqué est terrible, et son écho, durable, aux quatre coins de la planète.

Voilà pourquoi, depuis 2007 et la réforme conduite sous l’autorité du général Favier, le GIGN s’est mis à l’heure de ces tueries de masse d’un type inédit.

Je tiens à saluer cette modernisation, qui a permis de rationaliser et d’accroître l’efficacité de notre riposte.
Désormais, au sein d’une seule unité d’intervention, le GIGN réunit les compétences et les capacités opérationnelles autrefois réparties entre le GIGN, le GSIGN (Groupe de Sécurité et d’Intervention de la Gendarmerie nationale), l’EPIGN (Escadron parachutiste et d’intervention) et le GSPR (Groupe de Sécurité de la Présidence de la république).

Par ailleurs, nous pouvons aujourd’hui projeter sur n’importe quel théâtre d’opération un PC roulant, à plus de 200 km/h, tandis que les capacités de soutien ont elles aussi été regroupées pour renforcer notre accompagnement logistique.

En moins de 4 heures, nous sommes donc capables de mobilier près de 180 professionnels aguerris, disposant de l’équipement le plus sophistiqué et prêts à parer à toute éventualité.

C’est ainsi que nous pourrons mener cette « guerre du temps », dont l’objectif est de répondre toujours plus rapidement aux attaques.

Au cours de l’assaut, comme vous le savez mieux que personne, la moindre seconde compte, le temps est une denrée précieuse pour sauver un maximum de vies.
Ne jamais être pris au dépourvu, doit demeurer votre règle. Grâce à vous, nous sommes prêts à répondre à toutes les formes de menaces.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le savoir-faire du GIGN est reconnu dans le monde entier, plusieurs forces d’intervention étrangères sollicitant même son expertise pour leurs propres programmes de formation. En matière de sécurité collective, le GIGN participe largement au prestige et à la réputation de la France.

*

Mesdames et Messieurs les officiers, sous-officiers et gendarmes adjoints volontaires,

A l’occasion de cet anniversaire, je voudrais saluer à nouveau votre dévouement, qui force le respect. Votre engagement constitue un exemple. Vos succès méritent notre admiration : en 40 ans, au cours de 1 800 opérations, vous avez ainsi sauvé plus de 600 otages et 700 ressortissants français et étrangers en danger de mort. 1 550 criminels ont été interpellés, 250 forcenés ont été maîtrisés.

Chaque Français se souvient des hauts faits qui ont scandé l’histoire du GIGN. Des dates, des lieux habitent notre mémoire collective, marqués par le courage et l’efficacité dont votre unité a fait preuve : l’école de Loyada, à Djibouti, en 1976 ; la libération des otages du Ponant en 2008 ; et bien sûr l’assaut de Marignane en 1994, dont nul ne pourra oublier les images si impressionnantes.

Mesdames et Messieurs, à vous tous, je souhaite un très bel anniversaire – et je vous apporte l’hommage de la Nation toute entière.

Je vous remercie.