08.09.2015- Interview de Bernard Cazeneuve par Roland Sicard aux 4 vérités sur France 2

08.09.2015- Interview de Bernard Cazeneuve par Roland Sicard aux 4 vérités sur France 2
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Mardi 8 septembre2015 , Bernard Cazeneuve était l'invité de Roland Sicard dans l'émission les "4 vérités "sur France 2

Mardi 8 septembre2015 , Bernard Cazeneuve était l'invité de Roland Sicard dans l'émission les "4 vérités "sur France 2


William LEYMERGIE

… Mais d’abord l’heure des 4 Vérités et aujourd’hui Roland SICARD reçoit le ministre de l’Intérieur, Bernard CAZENEUVE.

Roland SICARD

Bonjour à tous, bonjour Bernard CAZENEUVE.

Bernard CAZENEUVE

Bonjour.

Roland SICARD

François HOLLANDE a annoncé hier que la France allait accueillir 24.000 réfugiés en deux ans, est-ce que c’est un chiffre qui est crédible, est-ce que c’est un chiffre qui est raisonnable compte tenu du nombre de réfugiés qui arrivent aux frontières de l’Europe ?

Bernard CAZENEUVE

C’est un chiffre qui résulte des travaux conduits actuellement à la Commission européenne en liaison avec les états membres ! Il y a une situation migratoire exceptionnelle, avec des réfugiés qui sont persécutés, torturés et emprisonnés dans leur pays - je pense notamment aux réfugiés Syriens qui sont à la fois massacrés par le régime de Bachar EL ASSAD et par les terroristes de Daesh – et par conséquent, face à  cette situation humanitaire très préoccupante, très sérieuse, l’Union européenne doit rapidement prendre des décisions. C’est le sens de la démarche franco-allemande conduite par le président de la République et la Chancelière que nous avons alimenté de nos propositions avec mon collègue Thomas DE MAIZIERE et la Commission européenne fait des propositions de relocalisations dans le cadre d’un mécanisme de solidarité entre tous les pays de l’Union européenne de 120.000 réfugiés, c'est-à-dire 120.000...

Roland SICARD

Justement ce chiffre de 120.000 est-ce qu’il ne serait pas forcément dépassé, l’Allemagne annonce 8000.000 réfugiés cette année sur son sol ?

Bernard CAZENEUVE

Non ! Mais il y a… il faut être extrêmement précis sur ce chiffre, qui d’ailleurs doit être ou pas confirmé dans les mois qui viennent, mais il y a 40 % de ceux qui arrivent en Allemagne qui ne relèvent pas du statut de réfugié en Europe, qui viennent des Balkans, qui viennent d’Europe de l’Est et par conséquent le chiffre de 800.000 ne recouvre pas le nombre de réfugiés que l’Allemagne devra accueillir - le chiffre est vraisemblablement de la moitié – et l’Europe, après concertation avec à la fois le HCR, les pays de l’Union européenne, considère que dans l’urgence dans les mois qui viennent il faut que les pays de l’Union européenne parviennent à accueillir 120.000 réfugiés qui relèvent vraiment de statut de réfugié, qui sont persécutés dans leur pays et, parmi ces 120.000, la France en prendra comme l’a indiqué le président de la République sur deux ans 24.000, ce qui correspond…

Roland SICARD

Et ce chiffre… on ne sera pas dépassé ?

Bernard CAZENEUVE

Mais ce chiffre sera peut-être…

Roland SICARD

Il peut évoluer compte tenu de la situation ?

Bernard CAZENEUVE

Mais il peut bien entendu évoluer ! Parce que nous recevons par delà le nombre de ceux que nous accueillons par la relocalisation ceux qui arrivent directement en France, les réfugiés qui sont aujourd’hui à Calais et qui relèvent de la protection sont bien entendus accueillis, même si la demande d’asile en France n’a pas augmenté au cours des derniers mois nous accueillons aujourd’hui en plus du processus de relocalisation des réfugiés en France qui ont besoin de la protection de notre pays. Est-ce que ce nombre sera dépassé ? Cela dépendra de la capacité dans laquelle la communauté internationale sera de régler la situation en Syrie, en Libye ! La volonté qui est la nôtre en tous les cas c’est de ne laisser personne qui franchit les frontières extérieures de l’Union européenne et qui est en situation de vulnérabilité sans protection dès lors qu’il relève du statut de réfugié en Europe.

Roland SICARD

Est-ce qu’il faut des centres de contrôle de ces réfugiés dans les premiers pays d’accueil en Europe ?

Bernard CAZENEUVE

La proposition de la France et de l’Allemagne, qui a été formulée il y a plus d’un an par la France, repris par la Commission, amplifiée par la proposition franco-allemande, c’est de faire en sorte que tous ceux encore une fois qui relèvent du statut de réfugié en Europe puissent être accueillis en Europe, mais cela suppose qu’au franchissement des frontières extérieures de l’Union européenne il y ait la mise en place – et ça c’est une urgence absolue - ça conditionne d’ailleurs l’efficacité du processus de relocalisation et de solidarité - qu‘il y ait la mise en place de centres d’accueil des réfugiés et de contrôle des frontières. Pourquoi ? Parce que si nous voulons assurer dans de bonnes conditions, dans des conditions dignes d’accueil de tous ceux qui relèvent de la protection en Europe, il faut aussi avoir le courage de dire que nous devons reconduire à la frontière tous ceux qui sont en situation de migration irrégulière, migration économique et régulière, et qu’il aussi par delà  la mise en place de ces centres d’accueil et de contrôle des frontières extérieures travailler de façon très étroite avec les pays de provenance – notamment le Niger où je me suis rendu il y a trois mois – et il faut qu’il y ait de véritables conventions entre la Commission européenne, le HCR, les pays de provenance dans le cadre de politiques ambitieuses de co-développement pour éviter qu’entre les mains de passeurs des migrants économiques irréguliers ne partent sur le chemin de la mort.

Roland SICARD

L’Europe veut…

Bernard CAZENEUVE

Et la troisième condition par-delà les centres de réfugiés, par-delà la mise en place de ces conventions avec les pays de provenance, c’est un plan international de lutte contre les filières de la traite des êtres humains, parce que derrière ces mouvements migratoires – et je pense notamment aux migrants économiques – il y a des filières criminelles organisées qui prélèvent des sommes considérables sur des populations vulnérables pour les conduire avec un cynisme abject vers la mort. Donc s’il n’y a pas ces trois piliers, à la fois un mécanisme solidaire, des centres d’accueil des réfugiés et de contrôle des frontières, des politiques conventionnelles avec les pays de provenance et un grand plan de lutte contre les filières de l’immigration irrégulière et de la traite des être humains, ce que nous faisons n’aura pas de soutenabilité à long terme.

Roland SICARD

Il y a des villes qui sont d’ores et déjà candidates pour accueillir des migrants, certaines d’entre elles veulent bien accueillir des migrants, des réfugiés, mais uniquement s’ils sont chrétiens, est-ce que cette distinction est possible ?

Bernard CAZENEUVE

Cette distinction je ne la comprends, je la condamne et elle me parait funeste. Pourquoi ?  Parce qu’il faut bien comprendre de quoi l’on parle, il y a une situation en Syrie aujourd’hui où toute une série de minorités sont persécutées, décapitées, torturées, crucifiées dans des conditions d’abjection, d’inhumanité et de barbarie que l’on n’imagine pas.  Les chrétiens d’Orient – et Laurent FABIUS tient une conférence aujourd’hui sur ce sujet,  la France est mobilisée - doivent être accueillis, mais il y a aussi des musulmans qui sont persécutés, il y a aussi d’autres minorités qui le sont avec le même niveau de barbarie et la France c’est l’universalité, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen que nous avons portée c’est que quiconque qui est persécuté peut pouvoir être accueilli et je crois que la France a intérêt – et c’est son devoir et c’est son honneur, et c’est sa tradition – de pouvoir accueillir dans ses villes tous ceux qui sont persécutés quels que soient leur religion, leur histoire, parce que la protection que l’on doit à ceux qui sont à ce point persécutés et dans les conditions de barbarie que l’on sait repose sur des principes universels.

Roland SICARD

Il y a des villes candidates mais est-ce qu‘il y a des villes qui se verront imposer des réfugiés ?

Bernard CAZENEUVE

Il y a un schéma national de répartition des réfugiés qui a été élaboré dans le cadre de la réforme de la loi Asile. Il y a des villes qui sont volontaires, je réunirai les villes qui sont volontaires, qui veulent participer à la réunion de Beauvau samedi et, en même temps, il est important que toutes les villes puissent contribuer à cet effort, il y a même…

Roland SICARD

Est-ce qu’elles y seront contraintes ?

Bernard CAZENEUVE

L’objectif c’est de faire en sorte qu’il y ait un schéma et je confierai aux préfets le soin dans chaque département, sur la base de ce schéma, de discuter avec les villes de manière à ce que nous puissions arriver à une répartition équitable - et c’est de l’intérêt d’ailleurs de la bonne intégration de ces réfugiés – sur le territoire national.

Roland SICARD

Une question sur un sujet très différent ! La presse de ce matin annonce que les  chiffres de la sécurité routière pour le mois d’août sont de mauvais chiffres, est-ce que vous les confirmez et est-ce que vous allez prendre des mesures ?

Bernard CAZENEUVE

Il y a des modalités d’annonce de ces chiffres, donc ils le seront dans quelques jours selon les modalités habituelles, mais ce que je peux dire et je l’ai dit le mois dernier - c’est le cas pour ce mois-ci – la tendance n’est pas bonne. D’abord que mesurent ces chiffres ? Ces chiffres mesurent le décalage qui existe entre deux mois, le mois d’août 2014 et le mois d’août 2015, le mois d’août et le mois de juillet 2014 avaient été extrêmement bas, nous avons cette année et pour des raisons qui tiennent  à la météorologie très clémente, au fait que beaucoup de Français, beaucoup plus de Français, ont pris la route et qu’une minorité de Français s’est comportée en dehors de toutes normes occasionnant des accidents extrêmement mortels, nous avons pour une partie des Français un relâchement des comportements ; et nous préparons, sous l’autorité du Premier ministre, un conseil interministériel de la sécurité routière et le vecteur de ce conseil interministériel c’est la fermeté, parce que, lorsqu’il y a des relâchements de comportements qui mettent en danger la vie d’autre, il n’y a qu’une réponse c’est la fermeté et des mesures qui en témoignent et c’est ce que sous l’autorité du Premier ministre nous préparons pour le conseil interministériel du 2 octobre prochain.

Roland SICARD

Merci Bernard CAZENEUVE.

Bernard CAZENEUVE

Merci à vous.

Roland SICARD

William, c’est à vous.

William LEYMERGIE

Oui, merci messieurs.


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