08.06.2016 - Emission "Pièces à conviction"

08.06.2016 - Emission "Pièces à conviction"
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Bernard Cazeneuve était l'invité de Patricia Loison dans l'émission "Pièces à conviction" sur France 3, consacrée la sécurité de l'@EURO2016.

Bernard Cazeneuve était l'invité de Patricia Loison dans l'émission "Pièces à conviction" sur France 3, consacrée la sécurité de l'@EURO2016.


Patricia LOISON

Et invité exceptionnel ce soir de Pièces à Conviction, Bernard CAZENEUVE, ministre de l'Intérieur, bonsoir.

Bernard CAZENEUVE

Bonsoir.

Patricia LOISON

Bernard CAZENEUVE, merci d'avoir accepté notre invitation, nous aussi, évidemment, on souhaite que la fête soit belle, néanmoins, vous l'avez vu dans notre reportage « embedded » avec les forces de l'ordre, on dit aussi que ce sera l'Euro de tous les dangers. Est-ce que la menace terroriste a augmenté,  augmente avec cette compétition sportive ?

Bernard CAZENEUVE

La menace terroriste est très élevée depuis de nombreux mois en Europe et en France, et elle le demeure à l'occasion de cette compétition. Mais comme nous l'avons fait au lendemain des attentats du mois de novembre dernier en organisant la COP21, le choix qui a été fait par la France, c'est de demeurer elle-même et de ne pas céder à la menace de ceux qui s'en prennent à ses valeurs, à ses institutions, à son peuple et nous voulons faire la démonstration à travers l'organisation de cet Euro 2016 que rien jamais ne nous fera renoncer à notre mode de vie, à ce que nous sommes et il faut trouver en nous la force de résister à cette guerre que l'on nous a déclaré. Et en même temps mettre tout en œuvre pour que les conditions de sécurité soient optimales. Et c'est ce qu'a montré votre reportage qui témoigne d'un bon niveau de mobilisation des forces du ministère de l'Intérieur.

Patricia LOISON

Alors monsieur le Ministre, les Français nous regardent, une grande partie d'entre ce soir, ils suivent aussi les informations, ils ont entendu dans nos journaux notamment qu'un Français avait été arrêté par les autorités ukrainiennes, les Ukrainiens parlent de projets d'attentats pendant l'Euro. Lors de l'arrestation et de l'enquête des terroristes de Bruxelles, dans l'ordinateur de l'un d'entre eux, on a retrouvé cette conversation qui mentionnait l’Euro pour cible, qu'est-ce que vous répondez ce soir, qu'est ce que vous dites à nos téléspectateurs ?

Bernard CAZENEUVE

Je dis à nos téléspectateurs que la France est menacée depuis de nombreux mois et que l'Europe l'est aussi, parce que toutes les polices et tous les services de renseignements de l'Union européenne sont mobilisés pour éviter des attentats. Et est-ce que nous allons parce que nous sommes menacés capituler, renoncer à être nous-mêmes ? Ne plus organisé en France de grands événements internationaux qui contribuent au rayonnement de notre pays et qui font en même temps la démonstration de sa puissance et de sa force. Qui en France, qui est amoureux de notre pays et patriote, pourrait souhaiter cela ? J'ai vu beaucoup de Français au cours des derniers mois dans le cadre de mes déplacements en province, où la question terroriste est toujours évoquée et je n'ai quasiment pas vu de Français qui demandaient que face à la menace terroriste nous capitulions. Donc il faut que nous soyons, dans le mois qui vient, forts de nous-mêmes, ça veut dire quoi ? Ca veut dire qu'il faut une mobilisation extrêmement forte des forces de sécurité. Nous avons mobilisé tous nos services, des services de renseignements à la police de l’air et des frontières en passant par la sécurité publique. Et puis il faut que les Français soient suffisamment fiers d'eux-mêmes et suffisamment sûrs de ce qu'est leur pays, de ce que sont ses valeurs, pour faire face avec fierté et avec la volonté de faire en sorte que cet Euro 2016 soit un grand moment de fête.

Patricia LOISON

Vous êtes à la tête de ce dispositif de sécurité, est-ce que vous pouvez nous dire ce soir, dire à ceux qui nous regardent, qu'on est prêt ?

Bernard CAZENEUVE

En tous les cas, nous avons tout fait pour l'être et nous avons tout mis en œuvre pour que le principe de précaution soit appliqué avec le maximum de vigilance. Ca veut dire quoi ? Ca veut dire qu'il y a près de 90000 personnels de sécurité publique, forces de sécurité intérieure, services de renseignement, sécurité privée qui sont mobilisés pour assurer la sécurité dans le ville, mais là aussi la sécurité dans les fans zones et dans les stades, dans le cadre d'une répartition des compétences très claires, entre l'organisateur qui est UEFA, les villes et l'Etat. Nous avons une très forte mobilisation des services de renseignement, à l'heure où je vous parle aujourd'hui mercredi et depuis le début de l'année, nous avons procédé à la judiciarisation d'un très grand nombre de cas d'individus en lien avec des activités terroristes en France, plus d'une centaine, ce qui est considérable en quelques mois. Et nous nous accentuons de la pression sur ces acteurs terroristes pour les judiciariser, pour obtenir les preuves et procéder à leur mise hors d'état de nuire. Et au cours des derniers jours, nous avons procédé de nombreuses arrestations. Et puis il y a tout le travail qui est fait en liaison avec nos partenaires européens, qu'il s'agisse des autres polices de l'air et des frontières, du rassemblement de nos polices au sein d'Interpol et d'Europol, de la coopération entre les services de renseignement, pour pouvoir à tout moment intervenir. On met en place  dans le cas de l'Euro 2016 une cellule qui fonctionnera 24 heures sur 24, en permanence, rassemblant l'ensemble des services pour évaluer en permanence la menace en fonction des informations qui nous sont communiquées par nos partenaires ou nos services de renseignements et éventuellement prendre des décisions. Je n’exclue pas de modifier le dispositif de sécurité en cours de déroulement de l'Euro 2016 si cela devait se révéler nécessaire.

Patricia LOISON

Voire annuler un événement de cette compétition si le pire, un drame, arrivait ?

Bernard CAZENEUVE

Non, nous ne sommes pas dans cette perspective, nous sommes dans la perspective de faire en sorte que tous les événements se déroulent normalement, pour que tous les événements se déroulent normalement, il faut être à l'écoute des services de renseignement étrangers et assurer la bonne coordination entre nos propres services et les services étrangers, assurer une bonne coopération entre les services de police, je pense au hooliganisme ; nous avons un fichier de près de 3.050 personnes qui nous a été communiqué par les services étrangers, qui est destiné à empêcher que ne surviennent, sur le territoire national, à l'occasion de l'Euro 2016, des violences liées à ces groupes de supporters violents. Donc tout cela doit être évalué, apprécié en permanence, il y aura une cellule interministérielle de crise qui sera ouverte à Beauvau, et que je dirigerai en continu, il y a cette cellule d'évaluation permanente ; tout cela nous permet à chaque instant d'adapter le dispositif pour assurer l'objectif qui est celui de la sécurité maximale, pour que la fête soit belle.

Patricia LOISON

Monsieur le Ministre, vous parliez vous-même des fan-zones, des forces de l’ordre mobilisées, on le sait, elles ont fait l’objet d’une polémique, on ne va pas revenir là-dessus, ce qu’on voit dans notre reportage, c'est que leur sécurité, le filtrage, les entrées sont confiés à des sociétés de sécurité privée, on a vu dans notre enquête une coiffeuse, on n'a rien contre les coiffeurs, une coiffeuse, un cadre commercial, se reconvertir, une formation accélérée, on se demande, nous nous demandons, dans l'équipe de « Pièces à conviction », si ces gens sauront faire face, face, vous parliez des hooligans, à un hooligan violent, à des émeutes, à des bagarres ; est-ce qu'on n'a pas été un peu vite, est-ce que ces gens sont en mesure de nous protéger ?

Bernard CAZENEUVE

Oui, mais il faut être sérieux sur ces sujets, tous les événements que vous évoquez-là n'ont pas vocation à être traités par des personnels de sécurité privée, les personnels de sécurité privée sont là pour assurer le filtrage et le pré-filtrage, c'est-à-dire assurer des palpations de sécurité, s'assurer que ceux qui entrent dans les fan-zones ne sont pas dotés d'armes par destination ou d'armes tout simplement pouvant poser problème. Mais à proximité des fan-zones, à l'immédiate proximité, à quelques mètres du lieu où interviennent ces agents de sécurité privée qui n'ont pas été formés légèrement, c'est plus de 140 heures de formation, il y a les forces spécialisées, il y a des unités de forces mobiles, il y a la sécurité publique. Donc il ne faut pas faire peur aux Français à chaque instant, il faut bien entendu être dans la vigilance, parce que la sécurité, c'est aussi une coproduction, mais on ne peut pas, à la veille d'une manifestation comme celle-ci, qui doit être un grand rassemblement populaire, être anxiogène, ne prendre aucune précaution serait absolument irresponsable, nous avons donc pris 100 % de précautions. Mais on ne peut pas non plus être totalement anxiogène, il faut que nous soyons dans la sérénité et la force et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle mon ministère est mobilisé à 100 % de son temps et de ses capacités.

Patricia LOISON

Alors, vous l’avez noté évidemment vous-même l'alcool est interdit dans les stades, néanmoins dans les fan-zones, dans ces villages et de fans, l'alcool va être autorisé via les sponsors, est-ce que ce n’est pas contradictoire ? Est-ce que ça ne peut pas être une source d'insécurité quand on connaît que certains supporters, certains hooligans ?

Bernard CAZENEUVE

Bon, on n’est pas obligé de consommer de l'alcool en quantité déraisonnable, et il y aura là aussi des forces de sécurité à proximité des fan-zones pour maîtriser des groupes violents qui se sont susceptibles, parce qu'ils se sont alcoolisés ou par nature, de susciter des troubles, donc il y a des sociétés de sécurité privée qui sont là pour assurer le filtrage et le pré-filtrage, qui sont là aussi pour assurer une mission d'observation à l'intérieur des fan-zones, et il y a une capacité à Paris comme partout en France, et j'ai repassé en revue le dispositif au cours des derniers jours, et je le ferai tout au long de l'Euro 2016 pour être assuré que rien ne se dégrade nulle part, il y a ces forces de sécurité qui peuvent tout moment intervenir s'il y avait des événements de la gravité que vous indiquiez à l'instant.

Patricia LOISON

Monsieur le Ministre, vous avez peut-être lu cette phrase qui nous a… qui m'a marquée, moi, chez nos confrères du Parisien cette semaine, un responsable d'une grande société de sécurité qui dit que lui n'emmènera pas ses enfants dans les fan-zones. Vous nous disiez de pas être anxiogènes, nous ne le sommes pas, nous posons simplement les questions je pense que tout le monde se pose : est-ce que vous, vous emmèneriez vos enfants, vos petits-enfants, vos neveux, vos nièces en toute tranquillité dans les fan-zones pendant l'Euro ?

Bernard CAZENEUVE

Mais je pense qu'il faut être vigilant, c'est-à-dire faire attention à tout, parce qu'encore une fois, la sécurité est une coproduction. Mais j’irai moi-même…

Patricia LOISON

En famille ?

Bernard CAZENEUVE

Dans des fan-zones, j’irai moi-même à des matchs, et je pense que mes enfants iront, bien entendu, dans des fan-zones, s’ils le souhaitent, avec des amis, et je ne les empêcherais pas d'y aller.

Patricia LOISON

Et vous irez rasséréné ?

Bernard CAZENEUVE

Mais compte tenu de la mobilisation qui est celle de mon ministère, j’irai, en tous les cas, en toute sérénité, mais on ne peut pas être ministre de l'Intérieur en ayant la peur au ventre en permanence, on doit assurer la sécurité des Français, vous avez pu remarquer à travers votre reportage que la mobilisation de moyens est très forte pour cela, que nous faisons au mieux dans un contexte de menaces élevées, que nous le faisons parce que la France doit demeurer la France, et que nous le faisons aussi pour que les Français pensent à la fête du football et ne soient pas constamment dans l'angoisse.

Patricia LOISON

Un service que le ministère de l'Intérieur met en place, c'est cette application, je crois, qui permettra justement à tout un chacun de suivre ce qui se passe, vous donnerez en temps réel, si jamais il devait se passer quelque chose, de dangereux, ou simplement de prendre des précautions, on pourra les suivre sur nos tablettes, sur nos téléphones ?

Bernard CAZENEUVE

Je lancerai cette application demain, elle pourra être téléchargée, et dès lors qu'elle aura été téléchargée, ça permettra à l'Etat d'envoyer un ensemble d'informations via cette application aux citoyens qui, sur leur téléphone, auront téléchargé cette application de manière à ce qu'ils puissent, sur des problématiques liées à la compétition, liées à la sécurité de la compétition, liées des aspects de sécurité civile, obtenir la totalité des informations dont ils ont besoin pour pouvoir vivre cette fête dans la sérénité, puisque, comme vous l’avez compris, c'est le souhait du gouvernement.

Patricia LOISON

Et le vôtre. Merci beaucoup Bernard CAZENEUVE de nous avoir apporté le tout dernier état des lieux de la sécurité, enjeu crucial, et notamment avant l’Euro…

Bernard CAZENEUVE

Vous savez, nous sommes dans une période extrêmement difficile, dans cette période extrêmement difficile, nous devons mettre beaucoup plus d'énergie qu'à l'accoutumée pour surmonter les problèmes, et il faut dans ce contexte être à la fois unis et déterminés – je le redis – à demeurer nous-mêmes, la France ne peut pas, parce qu'elle est menacée par des barbares, cesser d’être ce qu'elle est aux yeux du monde, et ce, de manière séculaire.

Patricia LOISON

Merci beaucoup Bernard CAZENEUVE d’avoir été l’invité exceptionnel de cette émission…

Bernard CAZENEUVE

Merci à vous.


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