Discours aux forces de sécurité

30 septembre 2013

Allocution de Manuel Valls, ministre de l’Intérieur du lundi 30 septembre 2013


Seul le prononcé fait foi

Messieurs les présidents de commissions,
Monsieur le préfet de police,   
Mesdames et Messieurs les préfets,
Mesdames et Messieurs les directeurs,
Madame et Messieurs les officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,
Notre époque a imposé un nouveau rapport au temps – appelons cela le temps médiatique – et les institutions publiques ne dérogent pas à cette pression. Elles aussi se doivent d’agir – et plus encore en temps de crise : d’agir vite. Nous avons tous, collectivement, la responsabilité d’agir.
Nous devons entendre les attentes, l’urgence que ne manquent pas d’exprimer nos concitoyens s’agissant de leur sécurité et de leur tranquillité. L’entendre et y répondre, chaque jour. C’est  la mission des forces de l’ordre, des policiers, des gendarmes, qui sont en première ligne face à la violence, à la détresse qui traversent notre société.
Pour beaucoup de nos concitoyens, l’insécurité a pris une place insidieuse dans la vie quotidienne, mais il n’y a rien d’inéluctable. Et nous devons être bien conscients que le combat – contre la violence, les trafics, la criminalité organisée, la délinquance, les cambriolages, contre tout ce qui mine notre pacte social – ne peut se gagner que grâce à la méthode, à la persévérance, à l’obstination.
Il ne peut se gagner qu’avec le temps de l’enracinement du service public. L’horizon de l’action efficace et de la pleine restauration de l’autorité républicaine ne coïncide pas toujours avec les pressions désordonnées de l’immédiateté.
Une certaine sagesse agricole veut d’ailleurs que « le semer et la moisson, ont leur temps et leur saison ».

Cette vérité, je n’ai cessé de la marteler au cours des derniers mois, car je refuse d’être un vendeur d’illusions ; ce n’est pas la conception que je me fais des responsabilités qui m’ont été confiées. Je dois, nous devons, la vérité aux Français.
Je connais la réalité de vos métiers, des missions qu’accomplissent, sous votre commandement, les policiers et les gendarmes. Je ne laisserai jamais critiquer, caricaturer l’action des forces de l’ordre qui vont au devant des dangers pour protéger notre société et garantir l’ordre républicain. Mais je serai également exigeant envers les forces de l’ordre, envers vous, car la situation actuelle le réclame.
Il y a un an, dans ce même amphithéâtre, j’avais voulu, quatre mois après ma prise de fonctions, vous faire part des grandes orientations, de la méthode que je souhaitais mettre en œuvre – non pas pour tout changer ! – mais pour mieux agir, pour répondre à cette priorité arrêtée par le chef de l’Etat : garantir la sécurité des Français.
Si j’ai tenu à vous réunir à nouveau, c’est, en premier lieu, pour faire un point sur ce qui a été réalisé et sur les premiers résultats obtenus. Beaucoup a été accompli.
Je peux dire que nous n’avons pas perdu de temps : recrutement et formation d’effectifs supplémentaires qui vont arriver sous peu dans vos services et unités, zones de sécurité prioritaires, redéploiements, réforme du renseignement intérieur et du renseignement territorial, généralisation de la pré-plainte en ligne et développement de la prise de rendez-vous, réforme de l’outil statistique, protection fonctionnelle, nouveau code de déontologie, réforme de l’IGPN, ou encore initiatives pour renforcer le rapport de confiance qui doit unir les forces de l’ordre et la population.

Nous pouvons être fiers d’avoir engagé ces réformes, pour certaines très importantes, qu’il faut maintenant faire pleinement vivre. Votre rôle de cadre est, de ce point de vue, fondamental. Je sais que vous le remplissez avec engagement et sens du devoir.
Vous avez d’autant plus de mérite que les moyens sont contraints. Je sais que vous vous battez pour maintenir votre niveau d’activité en dépit du manque d’effectifs ; je sais que vous faites face, quotidiennement, à des problèmes très concrets liés à l’état du parc automobile ou au niveau d’équipement informatique. Je reviendrai sur cette question des moyens.
Cependant, les difficultés du présent ne doivent pas nous faire oublier l’avenir. Si leur vocation est de répondre à l’urgence au quotidien, les forces de l’ordre doivent également inscrire leur action dans une perspective de long terme. Il nous revient aussi de dessiner les contours des services publics de la sécurité de demain, au travers de trois grands projets que je détaillerai.

Le premier concerne l’organisation des missions de sécurité. Les bassins de délinquance et la délinquance évoluent rapidement ; les acteurs de la sécurité se multiplient. Redéfinir constamment la place de la police et de la gendarmerie dans ce contexte de mutations profondes est incontournable. Une organisation, cependant, repose sur des personnes. Rien ne pourra se faire sans les policiers et les gendarmes. C’est pourquoi je veux faire de la valorisation du potentiel humain un deuxième projet d’avenir. Enfin, le troisième projet, que j’appelle « police 3.0 », renvoie à la vision que nous devons avoir d’une police et d’une gendarmerie qui doivent sans cesse savoir prendre le virage des évolutions technologiques et d’un monde en réseaux.
Il est impératif de moderniser notre organisation et nos modes d’intervention. Les résultats sont à ce prix. Je sais que je peux compter sur les femmes et les hommes, sur les policiers et les gendarmes pour accomplir leurs missions dans un souci d’efficacité au service de nos concitoyens.
Les organisations, l’efficacité de l’action, le service de la population, tels sont les trois thèmes que je veux aborder devant vous.

I.    Diriger nos organisations pour en tirer le meilleur

1)    Des forces de l’ordre qui méritent reconnaissance, respect et soutien

Je l’ai dit, dès ma prise de fonctions, et je n’ai jamais dévié de cette ligne : le ministre de l’Intérieur, c’est un ministre en permanence au contact des réalités du terrain. Cette discipline – peu importe les clichés que l’on peut colporter à son sujet… –  continuera d’être la mienne, car c’est sur le terrain, là où se combat la délinquance, que l’on peut juger de l’efficacité des dispositifs mis en place.
Au cours des derniers mois, je suis souvent venu à votre rencontre et à celle des personnels que vous dirigez. J’ai vu des policiers et des gendarmes engagés, passionnés par leur métier et ayant à cœur de servir la collectivité. Etre policier, être gendarme, ce n’est pas un métier facile ou comme les autres. C’est, plus qu’un choix de carrière, un choix de vie au service de la Loi, qui mérite la considération de notre Nation.
Etre sur le terrain est la meilleure manière d’établir ce dialogue dont j’ai voulu faire ma méthode. Rencontrer régulièrement l’ensemble des représentants, que ce soient les organisations syndicales de la police ou le Conseil de la fonction militaire – gendarmerie (CFMG),  c’est expliquer, partager l’esprit des réformes mises en œuvre, parfois constater les désaccords. J’ai entendu les réticences qui pouvaient parfois être exprimées ; j’en ai tenu compte autant que possible. Et j’ai aussi pris mes responsabilités pour ce que je pense être bon pour la police et la gendarmerie.

« Etre le premier flic de France » c’est décider, et c’est assumer. C’est être aux côtés des forces de l’ordre. C’est défendre leur action quand elle est injustement mise en cause. C’est répondre présent quand la douleur ou le deuil frappent, comme ils ont frappé la Bac-N en avril dernier sur le périphérique parisien, ou les gendarmes à Dorlin en Guyane.
Le soutien aux policiers et aux gendarmes, j’ai voulu le concrétiser dès mon arrivée en demandant qu’une réflexion soit menée sur la protection juridique et fonctionnelle. La majorité des recommandations formulées par la commission GUYOMAR est d’ores et déjà mise en œuvre.

Je veux que les forces de l’ordre soient non seulement protégées, mais aussi respectées lorsqu’elles font appliquer les lois. Il ne s’agit pas de dire que l’application des lois puisse être discutée ou marchandée par les citoyens dans leurs rapports avec le policier ou le gendarme. Mais discernement, droiture et pédagogie facilitent les choses. Une part importante de la légitimité et de l’autorité découlent de la confiance qu’éprouve spontanément le citoyen lorsqu’il se sent lui-même respectueusement traité. Il admet plus aisément les remontrances d’autorité, les rappels de la règle, de la norme, quand il a l’assurance que tous sont traités de manière égale devant la Loi, quand il sait que la déontologie gouverne l’action. C’est le sens profond du nouveau code de déontologie commun à la police et à la gendarmerie qui sera publié dans les prochaines semaines après l’avis du Conseil d’Etat.
J’ai eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises et répétez-le dans vos services et unités : ce code n’est pas un signe de défiance envoyé aux forces de l’ordre. Au contraire, l’affirmation des engagements de service public qu’il contient vise à affermir le socle de votre légitimité et de votre autorité. Un chapitre nouveau, sur cinq, sera désormais consacré aux relations entre les forces de sécurité et les citoyens. Il vous revient dorénavant de le faire vivre. C’est à vous de veiller à ce que ses règles sont bien intégrées par les équipes ; à vous d’un faire un outil utile pour votre management.

2)    Des effectifs renforcés et des structures mieux adaptées

a.    Des moyens préservés

La sécurité des Français est une priorité ; qui se traduit en termes budgétaires. Si l’on exclut les crédits liés aux élections municipales et européennes, le projet de budget du ministère de l’Intérieur en 2014 est en progression de 0,8%. Pour la première fois depuis 2007 –  je tiens à le souligner – le niveau des crédits d’investissement et de fonctionnement est préservé. Concrètement, les moyens de fonctionnement courant des services de police et des unités de gendarmerie vont légèrement augmenter, de 1 %. En outre, un effort exceptionnel a été effectué sur le renouvellement du parc automobile, à hauteur de 90 millions d’euros.

b.    Un terme a été mis à l’hémorragie dans les effectifs

Je n’oublie jamais que votre mission repose, avant tout, sur des femmes et des hommes, sur de l’humain. Il est donc légitime que la question des effectifs soit au cœur de vos préoccupations ; ça l’est d’autant plus que certains services, certaines unités, sont exsangues. Comment s’en étonner : entre 2007 et 2012, le gouvernement précédent a décidé la suppression de près de 13.700 emplois : 6.936 dans la police et 6.790 dans la gendarmerie.
Conformément aux engagements du président de la République, un terme a été mis à cette hémorragie et vos effectifs seront progressivement renforcés. Je sais que vous êtes impatients de voir, enfin, les effets concrets de cette mesure. L’année 2013 est sans doute la plus difficile, puisque les 4.665 personnels recrutés cette année sont encore en formation, voire pour les derniers sur le point d’y entrer. Les premières sorties d’école auront lieu, par anticipation, au début du mois de décembre.
Je vous dois la vérité. Avec 400 à 500 nouveaux recrutements par an, dont 2/3 de titulaires en 2014, on ne pourra pas annuler, même à moyen terme, l’intégralité des effets néfastes de la RGPP. Beaucoup de ceux qui nous réclament des effectifs n’en n’ont pas encore conscience. Mais, la stratégie politique a vraiment changé en la matière, et elle produira progressivement des effets positifs.

Dans l’immédiat, tout le monde ne pourra pas bénéficier de renforts. Il faut faire des choix. Je l’assume. C’est ma vision d’une politique de sécurité responsable : appuyer les territoires qui cumulent déjà d’autres difficultés, rendre prioritaires ceux qui ont subi les plus lourdes pertes d’effectifs au cours de ces cinq dernières années et redonner des moyens aux forces mobiles qui fonctionnent de manière dégradée.

Dans ce contexte contraint, limiter le raisonnement aux seuls recrutements supplémentaires serait une erreur. Il est également indispensable de repenser et de réajuster le format de nos organisations.
A cet égard, votre rôle, en tant que cadre, est déterminant. Chacun, au niveau qui est le sien, doit faire des propositions pour adapter l’organisation de la structure qu’il dirige, notamment dans l’emploi des effectifs. Il faut reconsidérer avec plus d’imagination et d’audace la mutualisation des fonctions supports ou spécialisées. Ne pas s’interdire, dans certains cas, des rapprochements de brigades ou d’unités. Questionner l’utilité de certaines implantations immobilières. La pertinence de maintenir celles qui ont été créées pour répondre à l’essor de tel ou tel phénomène doit être réévaluée si la situation a évolué sur le terrain. Il faut faire bouger nos organisations sur le terrain.

c.    Un premier projet d’avenir : l’inscription des forces de l’ordre dans le territoire

Mais c’est aussi à l’échelle du territoire national qu’une telle réflexion doit être engagée. Il s’agit d’avoir une vision sur le long terme, guidée par cette seule question : comment la police et la gendarmerie doivent-elles s’inscrire dans les territoires ? Comment peuvent-elles recentrer leur action sur leur cœur de métier ? Quelles relations opérationnelles forger avec les autres acteurs de la sécurité, polices municipales ou intercommunales et agents de sécurité privée ? C’est le premier grand projet d’avenir que je souhaite engager avec vous.
Dans ce cadre, j’avais souhaité l’an dernier que soit menée une nouvelle série de redéploiements police–gendarmerie. Elle s’est concrétisée au début du mois de septembre dans huit départements dont le Val-d’Oise ou le Loir-et-Cher où je me suis rendu pour saluer les policiers, les gendarmes et les élus concernés par ces opérations. Malgré les contraintes qu’elles posent, notamment pour leurs familles, tous sont restés mobilisés et ont permis, de l’aveu général, le succès de ces redéploiements. Et je relève, finalement, qu’après un désaccord virilement exprimé, le maire de Castelnaudary, accueillera cette semaine, le directeur général de la gendarmerie nationale, dans un esprit positif et constructif.

Je n’exclue nullement qu’à l’avenir d’autres opérations de ce type soient à nouveau conduites – avec méthode et concertation (avec les personnels et les élus) – si elles permettent de gagner en cohérence et en efficacité. L’urbanisation et le développement économique redessinent les bassins de délinquance. Nous devons faire coïncider les territoires d’action des deux forces avec ces évolutions. Cette logique vaut également pour évaluer, régulièrement, la pertinence du maillage territorial, aussi bien en zone police qu’en zone gendarmerie, et de l’adapter en conséquence. La conduite progressive et déconcentrée des réorganisations de brigades par la gendarmerie est de ce point de vue très intéressante.

Mais l’inscription territoriale de l’action commande aussi de mieux conjuguer le rôle des forces régaliennes, qui ne doit pas être amoindri, avec les missions des polices municipales et celles des acteurs de la sécurité privée.

La relation avec les polices municipales

S’agissant des polices municipales, il m’apparaît inévitable qu’elles se transforment progressivement en résonnance avec la structuration croissante des intercommunalités. Si l’Etat respecte la libre administration des collectivités territoriales, il encourage ce mouvement intercommunal. Vous devrez progressivement en tenir compte dans vos stratégies partenariales. La mutualisation intercommunale permettra de mieux répartir les agents et les ressources, la vidéoprotection par exemple, pour sécuriser les événements festifs, sportifs ou culturels, ou encore pour les missions de circulation ou la protection des réseaux de transports.
Je vous encourage, sous l’autorité et avec l’appui des préfets, en lien avec les maires et les présidents d’intercommunalités à réviser régulièrement et de manière très concrète les conventions de coordination. Il faut se partager les rôles et s’épauler, toujours sous la houlette de l’OPJ territorialement compétent que vous êtes, pour mieux lutter à titre préventif, dissuasif et, quand il le faut, répressif contre diverses formes de nuisances et d’incivilités qui dégradent la physionomie de l’espace public et pourrissent la vie quotidienne de nos concitoyens.

Ces conventions permettent aussi l’organisation d’opérations de sécurisation conjointes, qui sont très appréciées de la population. Sur ce registre, je salue la convention signée en juin dernier entre la gendarmerie et l’Association des maires de France qui pose le cadre de relations renforcées avec les très nombreuses municipalités de la zone gendarmerie.
Sachez qu’une proposition de loi est par ailleurs en cours d’écriture, en lien avec le ministère, pour tirer les conclusions d’un rapport sénatorial bipartisan. J’ai bon espoir que ce chantier aboutisse au premier semestre 2014. Je souhaite qu’elle marque une étape forte dans la consolidation du rôle des polices municipales. Les cadres d’emploi des 18 000 policiers municipaux – je souhaiterais qu’ils soient plus nombreux ; c’est aux collectivités locales de le décider – et des 1 000 gardes-champêtres seront fusionnés. Soyez cependant assurés que vos prérogatives exclusives d’enquête et votre rôle pivot dans les politiques territoriales de sécurité ne seront en rien entamés.

La relation avec la sécurité privée

Il faut également davantage structurer au niveau territorial les relations des forces régaliennes avec le secteur de la sécurité privée, qui avoisine désormais 200 000 personnes. Il s’agit d’un levier considérable d’action sur lequel on peut jouer sans verser dans la confusion des genres, ni la dilution du service public.
Avec un Conseil national des activités de sécurité privée désormais pleinement opérationnel, de solides outils de contrôle et d’encadrement, l’Etat, et donc vous-même sur le terrain, n’a rien à craindre de ce secteur. Même durement touché par la crise et une forme de précarisation de l’emploi, le secteur demeure dans une dynamique de croissance à long terme.
Travaillons à des rapprochements et à des contacts opérationnels étroits, car la sécurité privée est très présente dans de nombreux secteurs de la vie quotidienne des citoyens : les ensembles d’habitat social, les centres commerciaux, les transports, de nombreux établissements ouverts au public.

Des initiatives originales ont été prises, je pense aux levées de doute effectuées par certains opérateurs, par exemple dans le cadre du dispositif de protection des femmes en très grand danger.
Là encore, après une réflexion approfondie, un projet de loi sera présenté en 2014 afin de revoir certaines dimensions de la loi de 1983 sur la sécurité privée.
L’essor maîtrisé et la complémentarité des différents acteurs de la sécurité correspondent, au fond, à une aspiration des Français. Il ne faut pas le redouter ; il s’agit, au contraire, de bien l’encadrer – notamment par la loi – et  de définir la place de chacun. La réflexion ne se pose pas en termes de concurrence,  mais de complémentarité. Dans ce domaine, beaucoup reste à construire.

Afin d’animer ce chantier, la Délégation à la sécurité privée dirigée par le préfet BLANCHOU est en cours d’élargissement pour devenir une Délégation aux coopérations de sécurité. Sous l’autorité du cabinet et en lien avec les directions générales de la police et de la gendarmerie, une politique transversale doit être conçue, conduite et évaluée. Son champ de compétence embrassera les polices municipales, la sécurité privée, les relations avec les professions exposées et la vidéoprotection. 

3)    Valoriser le capital humain

a.    Le deuxième grand projet

La police et la gendarmerie disposent d’un capital humain extraordinaire – c’est ce qui fait leur force. La valorisation de ce capital humain, voilà le deuxième grand projet que nous devons mener ensemble car, en tant que cadres, votre rôle pour le porter est déterminant.
C’est à vous qu’il revient de veiller, au quotidien, à une bonne gestion des effectifs sur lesquels vous avez autorité. Vous devez vous assurer de la mise à jour régulière de leurs compétences. Vous devez aussi, comme je vous l’ai déjà demandé l’année dernière, tout faire pour détecter et apporter votre aide aux situations personnelles difficiles. 
Le suicide de policiers et de gendarmes est un drame auquel je ne peux me résoudre.  Personne ne peut s’y résoudre. Je sais qu’il en est de même pour vous. Je vous demande donc de redoubler de vigilance en vous appuyant sur les nouveaux outils mis en place au cours de l’année écoulée.

Pour la police nationale, dans chaque département, des pôles de vigilance ont été créés, sous l’égide des médecins de prévention. Par ailleurs, il existe dorénavant un nouveau module de formation continue relatif à la sécurité et la santé au travail, qui a déjà été suivi, en un an, par 350 stagiaires. 

La gendarmerie nationale a développé un réseau d’écoute, de solidarité et de proximité. C’est une belle initiative ! Dans chaque région, il permet à des personnels relais volontaires de venir en aide à leurs camarades en difficulté, parallèlement aux actions menées de manière plus conventionnelle par l’institution. Il appartient à la hiérarchie d’être à l’écoute des malaises qui peuvent s’exprimer.

b.    La formation 

Evoquer l’avenir, c’est nécessairement parler de formation. Une initiative importante a été engagée ces derniers mois avec les assises de la formation de la police nationale. Sur la base des attentes recueillies auprès de nos concitoyens mais aussi des souhaits des agents, la formation des policiers a fait l’objet d’une vaste réflexion. Celle-ci doit maintenant se décliner au travers d’un plan ambitieux. J’y accorde une importance toute particulière.
La formation constitue également une priorité pour la gendarmerie nationale. Le directeur général en a fait l’un des axes structurants de sa feuille de route établie lors de sa prise de fonctions.
Pour ce qui  concerne directement les cadres de la police et de la gendarmerie – c’est- à-dire vous ! – des parcours d’excellence sont mis en œuvre. Je pense au centre des hautes études du ministère de l’Intérieur – le CHEMI, qui vient d’accueillir, ce mois-ci, sa quatrième promotion.

c.    La féminisation et la diversité du recrutement

Je pense également au programme ARIANE, destiné à valoriser les policières à très haut potentiel et permettre, à moyen terme, que l’encadrement dirigeant de la police nationale soit davantage féminisé. Cette logique est également à l’œuvre au sein de la gendarmerie. Je l’ai rappelé en juillet à Melun lors du 30e anniversaire de la féminisation qui coïncidait avec la nomination, d'Isabelle GUION DE MÉRITENS, comme première générale de gendarmerie.
Les forces de l’ordre doivent être à l’image de la société. Ce qui implique d’accroitre la place des femmes et la diversité du recrutement. A tous les niveaux hiérarchiques. C’est cela une institution moderne. A cette fin, je demande aux directeurs généraux de relancer et de consolider les dispositifs de préparation renforcée aux concours, internes comme externes, dans le cadre d’un programme spécifique. Faire France, intégrer, la police et la gendarmerie sont des institutions républicaines, elles ont un rôle essentiel dans le domaine de l’intégration : faire vivre partout le pacte républicain.
Vous êtes les cadres de la police et de la gendarmerie. C’est à vous, en tant que chefs, de veiller à valoriser ces femmes et ces hommes placés sous votre commandement afin que toutes et tous donnent le meilleur d’eux-mêmes. Et je sais combien ils sont prêts à cela.
C’est à vous aussi d’impulser, d’encourager, de réorienter l’action, de dire ce qui va bien, de dire aussi ce qui ne va pas.  Pour progresser, pour toujours faire mieux. Car dans la mission qui est la nôtre, nous devons toujours faire mieux.
Voilà ce qu’est pour moi un chef ; voilà aussi comment je conçois la responsabilité hiérarchique qui est la mienne. Je n’hésiterai jamais à vous dire ce qui va bien, tout comme ce qui ne va pas. C’est pour moi la seule manière de renforcer l’efficacité de notre action. Et c’est la raison pour laquelle je vous demande engagement et prise de risque. Quand on ne prend pas de risque, on n’avance pas.

II.    Une culture de l’efficacité et du résultat

1)    Le renouvellement des méthodes de travail, vecteur d’efficacité…

Il y a un an, je vous exposais ma méthode. Bien sûr je savais pertinemment que je ne partais pas de rien ; que je pouvais m’appuyer sur votre expérience, sur ce qui avait été accompli précédemment. Le philosophe ALAIN a glissé dans l’un de ses propos une formule pleine de sagesse, que j’aime à me rappeler : « il n’existe point d’architecte qui puisse se dire : je vais oublier ce que les hommes ont construit ».  Je n’oublie pas ce qui a été construit. Je pense simplement qu’il faut adapter en profondeur nos organisations et nos modes d’intervention.

La  méthode que je vous ai proposée repose sur des principes simples : responsabilisation et initiative, ancrage local, partenariat, et, surtout, coordination.
Tout au long de cette année, j’ai assisté à vos réunions. Je vous ai vu agir sur le terrain. Et j’ai pu constater les efforts que vous avez déployés pour renouveler vos habitudes de travail.
L’ « approche globale » mise en place à Marseille en est un exemple marquant. Cet effort de coordination sans précédent entre l’investigation, le renseignement, les forces de sécurisation permet de démanteler les trafics et de rétablir l’ordre républicain dans les quartiers sensibles, cité par cité, immeuble par immeuble – ces dernières heures encore. Malgré cette action qui se retrouve positivement dans la plupart des indicateurs de la délinquance, le niveau des règlements de comptes reste très préoccupant, même à l’aune du lourd passé de la cité phocéenne en la matière. Persévérons dans l’effort et ne nous laissons pas décourager par cette chronique mortuaire ! Mettons le paquet sur l’investigation et l’élucidation.

Autre illustration : la réforme du renseignement que j’ai annoncée le 17 juin. La création d’une direction générale de la sécurité intérieure constitue une nouvelle étape majeure vers le renforcement de notre service de renseignement intérieur. Un an après le démantèlement le 6 octobre 2012 d’une cellule terroriste très dangereuse à Torcy, Strasbourg et Cannes, dans un contexte de développement rapide des filières djihadistes syriennes, qui concernent désormais plus de 350 personnes, la menace terroriste intérieure s’est accrue. En outre, l’agressivité prédatrice contre notre patrimoine productif et le renouvellement des formes d’ingérence exigent aussi une remise à niveau de nos capacités de réponse. Je veux rassurer : si le recrutement sera diversifié, la DGSI demeurera à composante très majoritairement policière.

Parallèlement, en matière de renseignement territorial, j’ai voulu répondre à de profondes insuffisances et insatisfactions issues de la réforme de 2008 et redonner toutes ses lettres de noblesse à la filière. La professionnalisation et la coordination, aussi bien au niveau des territoires qu’à l’échelon central, sont les maîtres-mots de cette réforme majeure annoncée le 17 juin. Je vous demande d’y veiller tout particulièrement. Face aux menaces de différentes natures, le maillage du territoire doit être le plus efficace possible.
C’est ainsi que je conçois une politique de sécurité efficace. Il faut faire preuve de créativité, d’inventivité, et, surtout, ne pas craindre de casser les habitudes.
Une telle logique doit prévaloir dans la conception et la mise en place d’approches spécifiques dans certains territoires qui subissent des phénomènes criminels aggravés. Je pense à la Corse et aux Antilles par exemple, où l’autorité de l’Etat doit s’appliquer plus fermement encore pour traiter ces phénomènes. J’aurai l’occasion de revenir sur ce point dans les prochaines semaines. 

2)    … et source de résultats

Au terme d’une année de remises en question, de changements, de travail, je le dis clairement : nous avons obtenus des résultats ! Des résultats concrets, des résultats probants.
En d’autres temps, on aurait brandi pour solde de tout compte l’évolution favorable de quelques chiffres simplificateurs, dont chacun ici sait combien ils peuvent être réducteurs et manipulables, sans trop s’intéresser par ailleurs à la façon dont ils étaient confectionnés ou à l’exhaustivité dont ils étaient porteurs. Ce n’est pas ce que j’appelle des résultats.
Ce que je souhaite, c’est le recul durable des phénomènes qui nuisent à nos concitoyens. Nous y parvenons dans les zones de sécurité prioritaires – c’est précisément pour cela qu’elles ont été créées ! – mais aussi, plus généralement, sur l’ensemble du territoire national.

Dans les 64 ZSP mises en place à ce jour, des solutions innovantes ont été déployées pour répondre, au plus près du terrain, aux phénomènes de délinquance identifiés comme prioritaires à l’échelon local. 
La lutte contre les trafics de stupéfiants et l’économie souterraine, par exemple, constitue un objectif pour 59 des 64 ZSP. Depuis la création de ces ZSP, le nombre total de personnes mises en cause pour des affaires de trafic a augmenté de 38%. Les services ont saisi 1,17 tonne de cannabis, 34 kilogrammes de cocaïne, et plus de 4.700.000 euros d’avoirs criminels.

Ces bons résultats s’inscrivent dans la ligne des efforts engagés sur l’ensemble du territoire. A l’échelle nationale, le nombre de trafiquants et de revendeurs interpellés progresse de plus de 12% depuis le début de l’année.
L’enjeu est de taille. Dans certains quartiers, les dealers n’hésitent plus à s’entretuer, des jeunes attirés par l’argent facile désertent les bancs de l’école, des habitants sont soumis à la loi du silence. Le fléau de la drogue doit être combattu sans relâche. Les premiers résultats obtenus sont le fruit de votre engagement. Je vous demande de redoubler d’efforts.
Faire reculer les nuisances et les incivilités est également un objectif largement partagé dans les ZSP, puisqu’il concerne 41 d’entre elles.
Là aussi, les résultats obtenus sont encourageants. Dans ces territoires, l’indicateur des atteintes à la tranquillité publique recule de 10,7%. C’est une diminution plus affirmée qu’au niveau national, où elle se porte à – 0,6%. Il faut absolument consolider ce résultat. Les incivilités, l’occupation agressive de l’espace public et des halls d’immeubles, les rodéos,… tous ces phénomènes doivent reculer davantage, car ils génèrent un sentiment d’insécurité important. Vous le savez : la délinquance doit être endiguée dans les faits. Mais il faut agir aussi sur le ressenti de nos concitoyens.

La lutte contre les violences urbaines relève de motivations similaires. Dans les 14 ZSP qui en ont fait un objectif, elles sont en recul très net, de 27,1%. Dans les quartiers les plus touchés, les résultats sont spectaculaires : aux Tarterêts, dans l’Essonne, les faits de violences urbaines ont quasiment été divisés par 4 ! A Amiens, frappée par des émeutes en août 2012, la diminution est de 38%, soit plus d’une centaine de faits en moins.
La tendance est la même au niveau national, certes dans des proportions moindres, mais qui n’en sont pas moins très encourageantes. L’indicateur national des violences urbaines recule, en effet, de 7%. En particulier, les incendies de véhicules – qui constituent une atteinte aux biens insupportable pour nos concitoyens – reculent de 8%. 

L’ensemble de ces résultats démontrent qu’il n’y a pas de fatalité en matière de délinquance. Lorsqu’on conçoit des stratégies intelligentes, adaptées aux contextes locaux, et qu’on y adosse une tactique fondée sur la mobilisation et la coordination des compétences, les résultats sont au rendez-vous.

Ces résultats, ce sont les vôtres. Je tiens à vous remercier pour le travail qui a permis d’y parvenir, et vous demande de rester totalement mobilisés pour les consolider. Avant la fin de l’année, une nouvelle sélection de ZSP interviendra, mais en nombre beaucoup plus restreint : il s’agit de garantir les possibilités d’un travail en profondeur dans chacun de ces territoires.

3)    Poursuivre l’effort et renforcer l’action

Cependant, vous le savez mieux que quiconque, rien n’est jamais acquis en matière de sécurité. Les phénomènes délinquants sont mouvants et polymorphes. Leurs évolutions rapides nécessitent réactivité et adaptation. Leur persistance exige de revoir les méthodes, de se remettre en question. C’est en cela, également, que la police et la gendarmerie doivent démontrer leur efficacité.

Plusieurs chantiers doivent nous mobiliser.

a.    Captation des avoirs criminels

Je pense, en premier lieu, à la captation des avoirs criminels. Ceux d’entre vous qui luttent au quotidien contre l’économie souterraine savent bien tout l’intérêt de frapper des délinquants au portefeuille.
Lorsque je me suis rendu sur la ZSP de la Duchère, à Lyon, le 13 mai dernier, on m’a présenté une initiative originale : la cellule du petit caïdat. Il s’agit d’un groupe composé d’enquêteurs de sécurité publique et de police judiciaire, de policiers du renseignement territorial, et des services fiscaux, qui s’attaque au patrimoine des délinquants dont le train de vie ne correspond pas aux revenus.
Je souhaite que de telles pratiques soient développées, et, plus généralement, que les services d’enquête travaillent davantage avec les GIR, avec l’administration fiscale, avec les douanes, afin de renforcer notre capacité à capter les avoirs criminels. C’est votre rôle de cadre que de tisser les partenariats correspondant, et de les rendre opérants.

Je fais de ce point une priorité. Au premier semestre 2013, le montant total des avoirs criminels liés aux trafics de stupéfiants est en recul par rapport à la même période de l’année passée. Il est impératif d’inverser la tendance.
Toujours en matière de lutte contre l’économie souterraine, je tiens à souligner les efforts engagés par les services de police judiciaire des deux forces pour ancrer leurs capacités d’investigation dans les contextes locaux, dans la ligne des orientations que j’ai indiquées l’année dernière.

Ainsi, profitant de son appui territorial naturel, la gendarmerie a récemment dirigé une très belle enquête contre un vaste réseau de trafic de véhicules agissant dans tout l’Est de la France. 17 délinquants qui étaient parvenus à générer 2 millions d’euros de bénéfices ont pu être interpellés, et de nombreuses voitures et des maisons ont été saisies au titre des avoirs criminels.
Cet exemple souligne à lui seul la nécessité de bâtir de nouvelles stratégies territoriales. Mais je n’oublie pas la nécessité également de s’attaquer aux mafias. A ce titre une réflexion est actuellement en cours avec la garde des Sceaux sur le statut des repentis.

b.    Lutte contre la drogue 

Cette stratégie de territorialisation vaut également en matière de lutte contre la drogue. Le 14 août, j’ai eu l’occasion de féliciter les enquêteurs de la direction interrégionale de la police judiciaire de Marseille et de la sûreté départementale des Bouches-du-Rhône, qui ont démantelé un trafic de stupéfiants très important à la cité de la Castellane. 23 trafiquants ont été interpellés et 1,3 millions d’euros saisis. Je souhaite que cette affaire fasse école à la direction centrale de la police judiciaire.
Car cette direction, 100 ans après la création des fameuses brigades du tigre par CLEMENCEAU, doit écrire une nouvelle page de son histoire. Un groupe de travail développe actuellement ses réflexions dans la perspective d’un nouveau plan stratégique. J’examinerai ses conclusions avec attention.

Les trafiquants adaptent leurs stratégies en morcelant les réseaux d’importation et de distribution. Par conséquent, s’il ne faut pas relâcher nos efforts pour couper les routes de la drogue – c’est tout l’enjeu de la mobilisation franco-espagnole sur ce dossier –, il est plus que jamais nécessaire de focaliser de fortes capacités d’investigations sur les quartiers ou les ensembles d’immeubles gangrénés par les trafics. C’est, pour moi, un point incontournable dans la réflexion que doit mener la DCPJ, de même que le renouvellement de l’approche des milieux criminels et du ciblage des têtes de réseaux.

c.    Lutte contre les cambriolages

Les cambriolages sont vécus comme un véritable traumatisme par nos concitoyens, qui ne supportent pas cette forme de viol de l’intimité de leur foyer. Une étude récente de l’ONDRP a d’ailleurs démontré que les cambriolages sont, à eux seuls, responsables du tiers de l’augmentation du sentiment d’insécurité entre 2007 et 2012.
Il faut dire les choses clairement : la situation n’est pas satisfaisante. Cela fait cinq ans que le nombre des cambriolages ne cesse d’augmenter : + 44 % dans les résidences principales de 2008 à 2012 et + 7,8 % aussi bien en ZPN qu’en ZGN depuis le début de l’année. La tendance actuelle doit être stoppée, puis inversée. C’est l’objectif du plan national de lutte contre les cambriolages, dont j’ai annoncé le lancement mercredi dernier. Je suis conscient de la charge de travail ; mais je sais aussi l’attente de nos concitoyens.
Ce plan comporte quatre volets : la redéfinition d’une stratégie de police judiciaire ciblée sur les délinquants d’habitude et les filières structurées ; l’occupation renforcée de la voie publique ; la protection des commerçants ; et, enfin, la mobilisation de nos partenaires. Il s’agit, là encore, de renouveler les méthodes et la stratégie afin de gagner en efficacité et en réactivité.

Pour les cambriolages, comme pour les vols à main armée (VMA), il faudra du temps pour que les actions que nous mettons en place portent leurs fruits. Mais je ne doute pas que les résultats seront au bout, à l’instar des progrès réalisés dans les 17 ZSP qui ont fait de la lutte contre les cambriolages un de leurs objectifs : on y observe une baisse de ces infractions de 2,9%. Là encore, rien n’est possible sans vous et sans vos collaborateurs. La réussite du plan national qui vient d’être lancé est une priorité, et je vous demande d’être totalement mobilisés sur cet objectif. Je vous demande également de travailler, en lien avec les préfets et les procureurs, et dans un délai court, à une présentation et à une déclinaison de ce plan dans vos départements, devant les élus et la presse.  

d.    Immigration irrégulière

Les efforts ne doivent pas être relâchés dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Nous devons, sans relâche, démanteler les filières qui exploitent la misère humaine. Il faut également reconduire vers leur pays, dans le respect des droits, les étrangers qui se maintiennent illégalement sur le territoire. Je suis conscient que votre cadre de travail a été bouleversé par les évolutions juridiques récentes qui n’avaient pas été entreprises par le passé. La mise en place de la retenue de 16 heures et la création d’un nouveau délit de maintien irrégulier sur le territoire vous donnent les outils nécessaires. Je vous demande encore plus d’engagement, c’est-à-dire un engagement total, notamment dans certains départements où cet engagement est insuffisant. Il faut assurer les reconduites à la frontière des étrangers se trouvant en situation irrégulière sur le territoire.

e.    Campements illicites

La question des campements illicites doit également vous mobiliser. Les évacuations se poursuivront en application des décisions de justice et pour des raisons d’ordre public sur la base de la circulaire interministérielle du 26 août 2012. Ces démantèlements sont un impératif notamment pour lutter contre les phénomènes délinquants et mafieux, les trafics, d’exploitation de la misère qui s’y greffent.

f.    Lutte contre la cybercriminalité

Enfin, quelques mots sur le dernier chantier qui, selon moi, mérite une attitude proactive : la lutte contre la cybercriminalité. Les unités de gendarmerie et les services de police, mais également la justice, doivent adapter leurs réponses à ces formes modernes de délinquance. C’est l’objectif du groupe de travail interministériel installé en juillet dernier et qui rendra ses conclusions prochainement.

g.    Loi pénale

La police et la gendarmerie n’agissent pas seules. L’efficacité de leur action s’inscrit dans une chaine cohérente faite de prévention, de répression et qui doit donner à la sanction toute sa place et tout son sens.
C’est l’objet de la réforme pénale portée par la ministre de la Justice. Vous le savez la logique mécanique d’une répression automatisée n’a pas endigué la récidive. Il fallait donc agir. Agir vite mais dans le respect des prérogatives des deux ministères régaliens que sont les ministères de la Justice et de l’Intérieur.

Nous ne devons pas retomber dans les errements du passé. Je me réjouis donc, après les arbitrages du président de la République,  des convergences de vues existant aujourd’hui sur ce projet de réforme pénale, comme l’ont exprimé récemment des organisations syndicales de policiers et l’Union syndicale des magistrats, organisations majoritaires dans leur catégorie respective.
Sur la base des travaux d’experts, il y a eu et il y aura encore débat. Et c’est tant mieux. La loi pénale s’écrit au ministère de la Justice et nulle part ailleurs. Mais dans une démocratie, personne n’a le monopole de la réflexion sur la loi pénale, qui est une composante de notre politique de sécurité. J’y ai pris ma part et continuerai de le faire. Ma part, rien que ma part mais toute ma part en refusant toujours les polémiques inutiles, car nous ne devons avoir qu’une seule préoccupation : agir efficacement au service de la population.

III.    Etre au service de la population

1)    Un pilotage et des statistiques pour répondre aux attentes de nos concitoyens

Pendant trop d’années, les statistiques de la délinquance ont été dévoyées de leur finalité. Au lieu de cela, on a fait des statistiques de la délinquance un outil de votre propre évaluation personnelle, et un vecteur de communication politique vis-à-vis du grand public.
Les conséquences d’un tel dévoiement sont aujourd’hui décortiquées. De véritables pratiques de nettoyage statistique ont été révélées par la mission conduite par les inspections, dont pour la première fois celle de l’INSEE. Leur rapport a été publié en juin.  Déclassification massive de certains délits en contraventions, pratiques d’enregistrement à géométrie variable, fins de mois tronquées… chaque année, au moins 130.000 faits n’ont pas été comptabilisés !
C’est inacceptable. Les Français doivent connaître la réalité de la sécurité dans leur pays : c’est une exigence démocratique. J’ajoute que pour combattre la délinquance efficacement, il faut la révéler complètement, dans son ampleur et dans sa diversité.
J’ai donc engagé une réforme profonde des statistiques de la délinquance et des outils de pilotage, autour de deux principes fondamentaux : transparence dans la confection et la présentation des chiffres de la délinquance, efficacité dans la conduite de l’activité des services.

En premier lieu, une présentation renouvelée des statistiques de la délinquance est mise en place depuis le mois d’avril. La nouvelle matrice offre une vue plus fine et plus opérationnelle de la délinquance. Elle agrège non seulement les faits enregistrés pénalement, mais aussi ceux constatés par main-courante ou au cours des interventions.
Les outils de pilotage internes ont également été repensés, autour de l’aspect qualitatif du travail des forces de l’ordre. Il s’agit de favoriser l’efficacité  et non de laisser la course aux chiffres guider l’activité des policiers et des gendarmes, comme cela a été fait pendant trop d’années.

En second lieu, je suivrai les recommandations concordantes de la mission d’inspection que je viens d’évoquer, ainsi que de la mission parlementaire présidée par le député LE BOUILLONNEC, en créant un service statistique ministériel – un SSM – au ministère de l’Intérieur. C’est une mesure très importante, qui permettra de se conformer aux exigences en matière de statistique publique. Produits en toute transparence et contrôlés, en interne, par des statisticiens de l’INSEE, les chiffres de la délinquance deviendront parfaitement crédibles.

 Outre ces deux changements fondamentaux, qui demandent du temps, le déploiement du nouveau logiciel d’enregistrement statistique de la police nationale, le LRPPN, va s’accélérer dans les mois à venir pour être totalement opérationnel, sur l’ensemble du territoire national, avant la fin avril 2014.

Ne rien cacher à la population, ne pas lui mentir. J’ai fait un choix, celui de la responsabilité. J’ai choisi de généraliser la pré-plainte en ligne, sans craindre l’augmentation statistique qu’elle génère nécessairement. J’ai choisi également d’assumer les conséquences du déploiement des nouveaux logiciels d’enregistrement, qui provoquent des ruptures inédites dans les chiffres. J’ai choisi de tout faire pour recueillir la parole des victimes de violences intrafamiliales.

L’époque de la politique du chiffre est révolue. Je vous remercie d’y avoir contribué, et d’y veiller pour l’avenir. Certaines habitudes demeurent cependant ancrées : je vois encore passer des rapports ou des bilans en tête desquels figure le chiffre unique…
Voilà le choix qui est le nôtre : regarder la délinquance en face. C’est un choix qui nous oblige. Car je ne tomberai pas dans l’excès inverse : soyez assurés que je regarde ce qui se passe sur le terrain. Plus que jamais, vous devez être attentif aux variations de certains phénomènes, et adapter vos réponses en conséquence. Je vous demande de prendre la parole et de communiquer vers les élus et les citoyens sur ces enjeux, et de les inscrire à l’ordre du jour des états-majors de sécurité avec les procureurs. Parlez ! C’est vous la parole de l’Etat. C’est à vous d’expliquer votre action. Ne laissez pas d’autres le faire à votre place !

2)    Restaurer la relation avec la population

Vous tous accomplissez, une mission de service public, une mission au service de nos concitoyens. Pourtant – pourquoi le nier ? – les liens entre les forces de l’ordre et une partie de la jeunesse des quartiers, parfois au-delà, sont méfiants et tendus. Ce n’est pas forcément propre aux policiers ou aux gendarmes, car, bien trop souvent, ils sont les seuls agents publics en première ligne en soirée ou les jours fériés.
Mais ce constat ne pouvait rester sans initiatives.

En premier lieu, il faut traiter et affronter le débat public sur les relations avec la population des quartiers, de même que sur les risques d’action discriminatoire.
Rétablir ou maintenir une présence policière dissuasive sur certains sites ne peut reposer exclusivement sur le rapport de force ou le contrôle d’identité systématique.
Certains pensent que les contrôles d’identité sont un problème et un vecteur de discrimination et proposent un mécanisme de récépissé. Je ne suis pas de cet avis, ni le Premier ministre d’ailleurs, qui a arbitré. Il s’agirait d’une mesure de défiance vis-à-vis des forces de l’ordre, et elle présenterait beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages et qu’elle est au demeurant fort peu développée à l’étranger.

Mais j’ai aussi voulu que nous répondions à ce débat par des mesures concrètes et incontestables. Il s’agit de dépassionner, de travailler, de professionnaliser. Je sais la réalité sur le terrain, les insultes, les caillassages, et j’entends être à vos côtés.
Afin d’éviter toute contestation tout en protégeant les policiers et les gendarmes, un numéro d’identification sera prochainement apposé sur l’uniforme et les brassards. Les marchés d’habillement sont en cours.

Les caméras piéton participent d’une même logique L’expérimentation menée depuis six mois dans les ZSP est positive : la présence de la caméra contribue à la désescalade des tensions. Elle constitue, en outre, un élément de preuve irréfutable sur les conditions d’intervention lorsque celles-ci sont remises en cause par les usagers. Je souhaite donc que des propositions me soient formulées pour que ce dispositif soit étendu aux patrouilles dans tous les secteurs où cela paraît utile.

Cependant, rien ne peut se faire sans le travail que vous menez, au quotidien, pour rappeler à vos collaborateurs la nécessité d’avoir un comportement exemplaire en toute circonstance, de proscrire le tutoiement, ou encore d’éviter qu’un contrôle soit ressenti comme humiliant par l’usager. Un article entier du nouveau code de déontologie est d’ailleurs consacré à la pratique du contrôle d’identité et de la palpation de sécurité. Nous avons prise en compte les remarques du Défenseur des Droits.
Au-delà des interventions de police, l’accès de nos concitoyens au service public de la sécurité doit être facilité. Des étapes décisives ont été franchies.

J’ai voulu que tout citoyen puisse facilement saisir l’IGPN. Ce qui était réservé aux Parisiens via l’IGS est désormais étendu à l’ensemble du territoire national, grâce à de nouvelles délégations territoriales qui accueillent physiquement les usagers qui le souhaitent.
Par ailleurs, l'IGPN a mis en ligne une plateforme internet d'accueil et de signalement. Ce nouvel outil est la marque d’un service public moderne et attentif aux attentes de l’usager. Les signalements anonymes ne sont pas pris en compte, et les déclarations délibérément malveillantes seront portées à la connaissance de l'autorité judiciaire.

Il s’agit d’une avancée importante de la réforme de l’inspection entrée en vigueur au début du mois. Je regrette que cela fasse grincer certaines dents. Car comment justifier, à l’heure des réseaux sociaux généralisés, de priver nos concitoyens d’un moyen simple et pratique de signaler les manquements à la déontologie dont ils auraient été témoins ou victimes ? Pourquoi refuser un moyen pourtant si évident de renforcer la confiance ? Personne ne doit en avoir peur.
Dans le contexte d’émulation amicale qui est le nôtre, je relève d’ailleurs que la police nationale a désormais un temps d’avance en cette matière …
Dans de nombreux quartiers, nos concitoyens hésitent à entrer en relation avec la police, même lorsqu’ils sont victimes de faits graves. Les délégués à la cohésion police / population y jouent un rôle très important, en établissant des liens avec la population. En procédant au règlement à l’amiable de petits conflits, ils assument un rôle de régulateur social très important.

J’ai donc décidé d’accélérer le recrutement de ces personnels, le plus souvent réservistes de la police nationale, notamment dans les zones de sécurité prioritaires. De même, je ne peux qu’inciter la gendarmerie à poursuivre sa politique de recrutement de réservistes, opérationnels et citoyens. Actuellement au nombre de 27.000, ils sont ce lien vivant unissant la gendarmerie à ses bassins de vie.  Enfin, une Convention signée avec le ministre de la Ville ce mois-ci prévoit de nouveaux axes de travail.

Dans un autre registre, certains élus ou regroupements citoyens vous proposent de travailler sur le concept de « voisins vigilants ». Vous pouvez vous associer à ces initiatives à deux conditions. La première est que la politique partenariale ne se limite pas à cette dimension et qu’elle concerne l’ensemble des volets d’une politique de prévention équilibrée (actions éducatives et sociales en direction des jeunes, suivi individualisé, prévention situationnelle, présence pro-active de la police municipale dans l’espace public, etc.). La seconde condition est qu’il n’y ait aucune dérive vers l’auto-défense. Les réseaux sociaux peuvent être l’un des vecteurs de ces initiatives.

3)     Des institutions ouvertes, au cœur de la cité

Police et gendarmerie agissent au  contact de  la société, au cœur de la cité. Polis, c’est d’ailleurs en grec la cité. L’étymologie vient donc confirmer cette réalité qui chaque jour, chaque instant mobilise les services.

a.    L’accueil immobilier

Le contact avec la société, la présence au cœur de la cité, s’incarnent à travers les bâtiments qui accueillent les commissariats de police et les casernes de gendarmerie. Dans ce domaine, nous devons maintenir nos efforts pour bâtir de nouveaux locaux, pour  rénover les anciens c’est-à-dire pour améliorer les conditions de travail des équipes – et donc leur efficacité – mais aussi, dans le cas de la gendarmerie, les conditions de vie des militaires et de leurs familles. Des locaux modernes comme ceux que j’ai pu inaugurer récemment à Villeparisis pour la police ou à Sathonay-Camp pour la gendarmerie doivent nécessairement intégrer cet impératif qu’est la qualité de l’accueil du public et donc des victimes.
Accueillir les victimes dans des conditions apaisantes, propices à la libération de la parole, permet, non seulement d’atténuer les souffrances, mais aussi, souvent, de fournir de bonnes bases de départ au déroulement de l’enquête.
En 2014, nous pourrons financer de nouveaux grands projets comme la direction de la police judiciaire de Paris, le commissariat de Livry-Gargan, le pôle judiciaire national de la gendarmerie de Pontoise ou encore la caserne de La Valette-du-Var. S’agissant du logement, 1300 unités sont programmées. Je me rendrai cet après-midi dans le 13e arrondissement pour l’inauguration des locaux provisoires du futur hôtel de police.

b.    Les instances de dialogue et de rencontre

Le lien avec la société se construit et se renforce grâce aux interactions quotidiennes sur le terrain, mais aussi au sein de ces lieux de dialogue que sont les instances de démocratie locale. Il est important que la police et la gendarmerie puissent expliquer leurs actions, dire quels sont leurs objectifs et faire aussi partager leurs contraintes. Je parle d’expérience : une action qui est expliquée à la population, qui est comprise par tous, devient une action qui reçoit l’adhésion, qui est soutenue, et même plébiscitée.
Je sais que vous tous, comme vos subordonnés, consacrez du temps à aller dans les conseils ou comité de quartier, devant les conseils municipaux, parfois jusque très tard, pour recueillir, en direct, les doléances des citoyens ou de leurs représentants, pour faire œuvre aussi de pédagogie. Je tiens à vous en remercier car cela demande un effort particulier. Mais un effort nécessaire.
Etre au cœur de la cité, c’est aussi pour la police et la gendarmerie ne pas avoir peur de s’ouvrir vers la société civile, c’est s’enrichir de l’expertise de  personnalités extérieures à nos institutions. A cet égard, la réforme de l’IGPN qui prévoit dans le comité d'orientation du contrôle interne la présence de personnels qualifiés extérieurs à la police nationale est exemplaire.   

c.    Une communication moderne avec le public

Etre au contact de la société c’est également se tenir en phase avec ses modes de fonctionnement, ses modes de communication. Pour se les approprier, c’est-à-dire déployer une communication positive mais aussi réagir par une communication défensive quand l’institution est attaquée. Dans ce domaine, internet et les réseaux sociaux offrent des perspectives que nous n’apprivoisons que trop lentement.

Un pas décisif a été franchi avec la pré-plainte en ligne généralisée au premier trimestre 2013, à l’issue de quatre années d’expérimentation un peu végétative. Elle permet de réduire le délai d’attente lors du dépôt de plainte grâce à la prise de rendez-vous et donc d’améliorer considérablement l’accueil des victimes d’infractions. Le cap a été franchi avec succès, mais cette possibilité n’est pas encore complètement installée dans l’esprit du public.  Or, il ne s’agit pas d’un gadget, et il nous faut aller plus loin. Regardons ce que le ministère des Finances a accompli en quelques années en matière de déclaration d’impôts en ligne. Alors même qu’il ne s’agit pas d’un acte juridique anodin pour les Français.

Le renforcement du lien de proximité avec la population passe nécessairement par le développement d’outils pertinents. Et je sais que des initiatives existent ça et là ; mais nous sommes loin d’avoir tiré tout le parti possible des réseaux sociaux pour toucher la diversité des publics : jeunes, commerçants, riverains de tel ou tels quartiers, élus, travailleurs sociaux.
Ces démarches doivent contribuer à bâtir cette police et cette gendarmerie « 2.0 » et à plus long terme – mais il nous faut être prospectif – la police et la gendarmerie « 3.0 » ;  c’est le troisième grand chantier, sur lequel je veux conclure.

Le service public à l’épreuve de la société en réseaux : « la nouvelle frontière du 3.0 »
Je n’ignore pas, pour être beaucoup sur le terrain, les contraintes quotidiennes auxquelles vous êtes confrontés. Et il faut y répondre du mieux possible en carburant, en véhicules, en ordinateurs, en crédits de fonctionnement pour garantir vos capacités opérationnelles. Mais la police et la gendarmerie – comme toute grande institution – ne sauraient hypothéquer l’avenir au nom des difficultés du présent.

Aussi nous faut-il dès maintenant travailler à la police et à la gendarmerie de demain. Ne serait-ce que pour anticiper les évolutions d’une délinquance qui s’appuie de plus en plus sur la technologie.
Concrètement, il s’agit de moderniser les équipements d’intervention  avec des tenues intégrant des tissus intelligents, des capteurs, de moyens de communication et notamment des caméras. C’est un enjeu de sécurité aussi pour les personnels.
Il s’agit aussi de penser les conséquences et les opportunités que représentent pour nos métiers et nos missions la construction progressive de l’internet des objets. On a une vision à peu près claire de ce que représentent les données de connexion associées aux téléphones portables ou les données des passagers aériens. Mais soyons certains que l’internet des objets constituera une nouvelle révolution ! Qui devra s’accomplir dans le respect des libertés publiques et individuelles.
Les techniques de transmission constituent également un créneau d’avenir avec le recours au haut débit, ou  la  géolocalisation des équipages.

Il nous faut aussi travailler à une plus grande utilisation des technologies de traitement de masse des données. Recourir aux potentialités des outils cartographiques, s’appuyer sur les réseaux sociaux pour recueillir les doléances de la population. Nous devons également passer à la police technique et scientifique de masse et il faut dans ce domaine travailler à davantage de mutualisations entre la police et la gendarmerie. Pourquoi, parallèlement aux numéros d’urgence, ne pas développer davantage des dispositifs de main courante ou de signalement en ligne ou d’échange avec la population ? Nous devons regarder ce qui se fait chez nos voisins et en tirer des sources d’inspiration.
Voici des pistes qui seront explorées au cours des prochains mois par trois groupes de réflexion prospective.

Le premier sera consacré aux problématiques de sécurité publique. Ouvert à la police comme à la gendarmerie nationale, composé de femmes et d’hommes aux profils et à l’expérience variés, ouvert à la société civile, il disposera d’au moins six mois pour travailler.
Un second groupe travaillera sur les questions technologiques, en lien avec le premier, afin de préparer le prochain programme budgétaire triennal 2015-2017. Nous devons être en mesure de formuler des propositions et des priorités d’investissement dès la fin du 1er trimestre 2014, date du début des négociations avec le ministère de budget.

Le troisième, déjà mentionné, concerne la police judiciaire, et rendra ses conclusions en fin d’année.
Je vous parle d’un avenir qui n’est pas si lointain. Et qui s’appuiera sur ce que vous mettez en œuvre aujourd’hui.
Il s’agit de préfigurer l’avenir de la police, de la gendarmerie, de deux institutions qui ont leur histoire et qui, à chaque époque, ont su se moderniser. Moi, je veux le meilleur pour la police et la gendarmerie car ce sont deux grandes maisons que j’ai appris à connaître, à apprécier et à estimer. Ce qui veut aussi dire que j’ai pour elles une vision, une ambition  à long terme.

Le long terme et l’instant, c’est ce que vous devez concilier. C’est ce qui fait l’exigence de vos métiers de commandement. Mais aussi leur utilité pour notre pays. Pour la France.

Je vous remercie.