Promotion "Arnaud Beltrame" de l'Ecole des Officiers de la Gendarmerie

Promotion "Arnaud Beltrame" de l'Ecole des Officiers de la Gendarmerie
28 juin 2018

Gérard Collomb s'est rendu à Melun pour la cérémonie de sortie de promotion des officiers de la Gendarmerie, baptisée "Arnaud Beltrame"


Seul le prononcé fait foi

Madame la préfète,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Monsieur le Président du conseil départemental,

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs les élus,

Monsieur le Directeur général de la Gendarmerie nationale,

Mesdames et Messieurs les officiers généraux, officiers, sous-officiers, gendarmes adjoints volontaires, d’active et de réserve

Mesdames et messieurs les élèves-officiers,

Mesdames et Messieurs les personnels civile de la gendarmerie nationale,

Chère Madame Marielle Beltrame, Chère Madame Nicolle Beltrame,

Mesdames, messieurs,

Les cérémonies qui se déroulent ici, sur cette place d’armes de l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale, sont toujours marquées du sceau de l’émotion. Emotion de celles et ceux qui rejoignent leur affectation au terme d’une formation exigeante, éprouvante, qui implique de nombreux sacrifices sur le plan personnel. Emotion des élèves de la promotion qui est officiellement baptisée et qui reçoit, des élèves-officiers de la promotion précédente, la garde du drapeau de l’école. Emotion, enfin, de toutes les familles et des proches qui éprouvent en ces moments solennels une légitime fierté.

Mais cette année, l’émotion est encore plus vive qu’à l’accoutumée.

Car les élèves de la 124e promotion d’officiers ont choisi comme parrain un homme qui a donné sa vie pour en sauver d’autres, un héros français : le colonel Arnaud Beltrame.

Dans le monde entier, on a encore à l’esprit le geste de ce militaire hors normes. C’était à Trèbes, près de Carcassonne, le 23 mars 2018. Un terroriste qui avait déjà fait de plusieurs victimes, venait de prendre en otage plusieurs personnes dans un supermarché. Commandant adjoint du groupement de gendarmerie de l’Aude, Arnaud Beltrame fut le premier à arriver, avec ses hommes, sur les lieux. Faisant preuve de toutes les qualités que l’on attend d’un chef, d’un officier de gendarmerie, il prit personnellement le commandement des opérations, mit à l’abri des victimes, avant de se substituer à la dernière personne alors retenue en otage.

Cet acte, d’une bravoure exceptionnelle, il le paya de sa vie.

Antoine de Saint-Exupéry écrivait « Le don de soi, le risque, la fidélité jusqu’à la mort, voilà ce qui fait la noblesse de l’homme ». Ces mots correspondent à l’homme qu’était Arnaud Beltrame. En cet instant, j’ai une pensée particulière sa famille, pour ses proches, pour tous ses frères d’armes ici présents. Sachez que la Nation toute entière est à vos côtés et qu’elle vous exprime soutien et reconnaissance.

Elèves de la 124e promotion des officiers de gendarmerie, je veux vous dire aujourd’hui que le choix du colonel Arnaud Beltrame comme éponyme vous oblige. Il vous oblige à porter haut les valeurs de générosité, de persévérance et d’abnégation qu’il a fait siennes jusqu’à son dernier souffle. Il vous oblige à cultiver sans cesse l’exigence, l’excellence, le dépassement de soi, qui ont animé le colonel Arnaud Beltrame tout au long de son parcours. Ce que la France attend de vous, ce n’est pas de vous hisser comme il l’a fait, au rang de héros. Mais d’être à la hauteur de l’engagement total dont il a fait preuve pour notre République.

Le premier défi que vous aurez à relever, vous, élèves de la 124e promotion, comme vous, officiers de la promotion du général de division Artous, sera de lutter contre cette menace terrorisme qui a emporté Arnaud Beltrame.

Pour la plupart, vous avez préparé votre concours d’entrée au moment même où notre pays était touché par une vague d’attentats sans précédent dans son Histoire. Vous avez donc une haute conscience du péril que toutes ces idéologies de haine, arbitraires et nihilistes, font peser sur notre société. Pour y faire face, vous le savez, notre Nation s’est organisée. Et la Gendarmerie nationale joue un rôle décisif pour intervenir en cas d’attentat, comme elle joue un rôle majeur pour prévenir la commission d’attaques sur notre sol.

Mais dans les années à venir, celles qui marqueront vos premières années comme officier de gendarmerie, il nous faudra continuer à monter en puissance. Pour juguler une menace désormais endogène, issue d’individus qui, comme à Trèbes, comme dans le 2e arrondissement de Paris, se radicalisent de manière soudaine avant de passer à l’acte, nous avons besoin d’opérer, parmi les forces de sécurité intérieure, un changement profond de culture.

Oui, c’est chaque gendarme qui, sur le terrain, doit se muer en « capteur » pour détecter les « signaux faibles » signalant un phénomène de radicalisation. Et votre rôle à vous officiers, sera de sensibiliser, de former vos hommes à adopter cette posture de veille permanente au service de nos concitoyens. Par son histoire et son maillage territorial, la Gendarmerie nationale est une force proche du terrain, qui cultive un lien intime avec chaque territoire.

Cet héritage, vous devez le transformer en un atout décisif pour remporter la guerre contre le terrorisme. Vous pouvez, j’en suis convaincu, être la génération de la victoire ! J’ai pleine confiance en vous pour vous hisser à la hauteur de cet enjeu.

Votre seconde priorité pour les années à venir sera de combattre tous les délits et les incivilités, qui rendent la vie difficile à certains de nos compatriotes. Durant la campagne électorale, le Président de la République avait souligné qu’il souhaitait faire de la sécurité du quotidien une priorité de son quinquennat. Et depuis un an, tout est mis en œuvre pour que cet soit tenu. Des moyens supplémentaires sont en train d’être déployés, avec le recrutement de 2500 gendarmes supplémentaires, l’acquisition d’équipements nouveaux, en particulier d’outils numériques. Dans les mois à venir, la procédure pénale sera considérablement simplifiée, vos marges de manœuvre dans la conduite des enquêtes augmentées. Mais le changement le plus profond qu’apportera cette grande réforme de la sécurité du quotidien, c’est pour vous, officiers, des responsabilités accrues.

Nous souhaitons en effet nous appuyer sur vos savoir-faire, votre expertise, sur la connaissance intime que vous allez développer de notre pays, pour proposer aux Français des réponses de sécurité sur-mesure, toujours plus adaptées à la réalité de chaque territoire. Vous aurez donc toute latitude pour élaborer, dans les territoires dont vous aurez la charge, des stratégies locales de sécurité adaptées, dont la pertinence ne sera faudra bien sûr travailler en confiance avec tous les acteurs de terrain : élus, polices municipales, acteurs privés de sécurité, associations.

Il vous faudra aussi – et la Gendarmerie nationale possède tous les atouts pour le faire – tisser un lien étroit avec la population, parce qu’il n’est pas de bonne politique de sécurité qui ne s’appuie sur les besoins exprimés par nos concitoyens.

Vous l’aurez compris, Mesdames et Messieurs, être officier en 2018, c’est donc bien sûr être un chef respecté de ses hommes, capable, grâce à son autorité naturelle, de mobiliser ses troupes. Mais c’est aussi, de plus en plus, être doté de capacités entrepreneuriales, de la faculté à prendre des initiatives fortes, disruptives. C’est tout cela que, Ministre de l’Intérieur, j’attends de vous !

Je pourrais évoquer encore d’autres défis que vous aurez à relever durant le début de votre carrière. Le maintien de l’ordre public : vous savez qu’avec les ZAD, la montée en puissance de groupuscules extrémistes de plus en plus violents, il s’agit d’un enjeu qui occupe désormais une place centrale. La lutte contre l’immigration irrégulière : là encore, l’actualité récente montre, qu’elle peut désarticuler notre pays comme elle peut désarticuler l’Europe, et donc elle continuera à constituer une mission décisive des forces de sécurité intérieure. Je pense aussi au combat pour la sécurité routière dans lequel je sais la gendarmerie tout particulièrement impliquée.

Oui, les défis que vous aurez à relever nombreux, et vous devrez faire preuve d’une grande force d’âme pour les relever.

Elèves officiers de la promotion « colonel Arnaud Beltrame »,

Vous recevez à présent le flambeau de vos anciens, la garde du drapeau de votre école et la tâche d’accueillir les futurs élèves-officiers qui vous rejoindront en septembre. A vous à présent, en mémoire de votre parrain, de suivre ses traces en commençant par vous impliquer totalement dans votre formation.

Officiers de la promotion « général de division Artous »,

Vous allez dans les jours à venir rejoindre vos unités. Vous allez vivre une aventure humaine et professionnelle des plus passionnantes, mais également des plus exigeantes. Engagez-vous sans compter dans vos missions au service des Français. Montrez-vous dignes de l’histoire séculaire de la Gendarmerie nationale et de vos aînés.

A tous, je veux dire que vous pouvez être fiers d’avoir fait le choix de consacrer votre vie à la protection des Français. Vous êtes – je le dis souvent – des piliers de notre République, les plus ardents de ses défenseurs. Sans vous en effet, la liberté reculerait, parce que sans sécurité, il n’est pas de projets individuels et collectifs possibles. Sans vous, pas d’égalité, parce que sans sécurité, c’est toujours la loi du plus fort qui s’applique. Sans vous enfin, pas de fraternité, car sans sécurité, c’est le repli sur soi et la haine qui prospèreraient.

Alors, merci de votre engagement au service de la France !

La République ne cessera jamais de vous soutenir.

Vive la Gendarmerie nationale !

Vive la République !

Et vive la France !

Intervention de Gérard Collomb, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, à l'occasion de la cérémonie de sortie de promotion de l'Ecole des Officiers de la Gendarmerie nationale (EOGN), baptisée "Arnaud Beltrame", le 28 juin 2018 à Melun