Sous la garde des « Anges bleus »

Sous la garde des « Anges bleus »
18 septembre 2020

L’image des motards de la Garde républicaine est indissociable de celle du Tour de France de cyclisme. Les 37 gendarmes motocyclistes ont fort à faire pour encadrer et sécuriser durant trois semaines ce véritable stade en mouvement permanent. Leur travail est particulièrement apprécié des coureurs, à tel point que le peloton les surnomme « les Anges bleus ».


La scène est ancrée dans l’inconscient populaire lorsqu’il s’agit du Tour de France. La foule de supporters amassée le long de la montée d’un col de montagne s’écarte à la dernière seconde pour ouvrir la voie aux coureurs en plein effort. On craint toujours le pire pour les cyclistes, on s’offusque de cette proximité et du danger ainsi bravé par le peloton. La course s’emballe, les attaques s’enchaînent. Derrière le spectacle de la course, on ne voit que très rarement à l’écran le travail primordial des motards de l’escadron motocycliste du 1er régiment d’infanterie de la Garde républicaine, eux qui veillent en permanence à ce que la route soit libre et sécurisée pour assurer le passage de la course mythique.

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Basés à Dugny en Seine-Saint-Denis, les militaires de la Garde assurent depuis 1952 les escortes protocolaires et de sécurité réservées au président de la République, mais également aux souverains et chefs d’État étrangers en visite en France. Ils sont également présents sur le Tour, comme c’est le cas depuis 1953 sans interruption, où 37 motocyclistes sont engagés cette année. Les « Anges bleus », comme les appelle affectueusement les coureurs et membres de la caravane du Tour, assurent avant tout la sécurité et l’encadrement de la course, mais veillent aussi au respect des règles de sécurité en matière d’évolution et de positionnement, pour faire en sorte que la centaine de véhicules et les coureurs progressent sereinement dans le respect des timings imposés.

Les gendarmes se répartissent sur trois échelons de la course : l’ouverture, la tête de course et la course arrière. Pour le premier échelon, il s’agit de prendre en compte toutes les surprises  susceptibles de se présenter sur la route pour éviter que la bulle du Tour ne cesse sa course effrénée.
« Notre mot d’ordre est la sécurité !, explique le capitaine Jean-François Prunet, commandant de l’escadron motocycliste du 1er régiment d’infanterie de la Garde républicaine. Il est absolument nécessaire que le Tour de France reste une grande fête populaire, nous devons donc tout anticiper au maximum, tant dans la caravane publicitaire qu’au sein de la course. »

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En tête de course, la mission est résolument sensible, dans un ballet permanent, minutieusement respecté. Les motocyclistes de la Garde ont alors la responsabilité d’ouvrir sans interruption la voie du premier au dernier kilomètre de chaque étape. Ils sont dans une phase dynamique au cœur du peloton, aux côtés des échappés, des retardataires, de la caravane, des voitures de l’organisation et des directeurs sportifs. La bulle du Tour débute inévitablement par une moto de la Garde, « l’ouvreuse », et s’achève par la voiture balai suivie d’un autre motard sur l’échelon course arrière.

« La difficulté sur l’échelon tête de course est de savoir parfaitement se placer par rapport au premier coureur, ce qui s’avère en fait très compliqué, continue le capitaine Jean-François Prunet. On est là pour ouvrir la route en fendant la foule dans les cols. La distance se fait au feeling, en fonction de l’état de forme du cycliste, de l’état d’esprit de la foule présente, des circonstances de l’étape… »

Un gendarme dépasse la tête de course pour se placer plus loin sur l’itinéraire. Son objectif est de se positionner sur un îlot central présent au milieu de la route ou pour signaler un obstacle sur la chaussée en agitant un drapeau jaune et prévenir ainsi le peloton et les voitures suiveuses du danger à venir sur la voie. Le Garde républicain se retrouve alors au cœur même du peloton, encerclé par la centaine de vélos lancés à toute vitesse.

Leur rôle au plus près de la course est particulièrement apprécié par les membres du peloton, qui voient en eux une « sécurité rapprochée » de tous les instants. « Les coureurs aiment échanger avec les membres de la Garde, et on peut même dire qu’une forme de complicité se crée avec certains. Ils voient en nous des professionnels, présents sur le Tour pour le bon fonctionnement de la course. »  Le plus grand danger pour les motards de la Garde vient des spectateurs présents pour encourager leurs favoris. « 99 % des spectateurs ont un comportement exemplaire, mais quelques-uns peuvent parfois être capables de gestes idiots aux graves conséquences. Nous portons donc une grande vigilance sur le comportement du public. »

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Un binôme de la Garde est également présent sur la course pour faire de la prévention routière, réaliser des contrôles de vitesse, d’alcoolémie et de stupéfiants au sein de la caravane et des véhicules accrédités. « Nous sommes en mesure de retirer temporairement les accréditations en vue de les présenter en commission, annonce Jean-François Prunet. Un collège composé de représentants d’ASO et de la Garde républicaine se réunit pour statuer sur la sanction à donner. Nous pratiquons la tolérance zéro. Une exclusion définitive peut arriver mais nous ne sanctionnons en fait que très rarement. Tous les intervenants présents sur le Tour de France sont de grands professionnels. »

Un peu plus loin dans le village du Tour, les derniers préparatifs pour la cérémonie protocolaire d’arrivée de l’étape touchent à leur fin. Alors que les spectateurs font la queue pour pénétrer dans l’enceinte fermée, un gendarme circule au milieu de la foule avec à ses côtés un chien spécialisé dans la recherche d’explosifs sur personne en mouvement (REXPEMO). Le canidé renifle chaque personne croisée, est attentif et concentré, à l’affût d’une odeur familière. C’est la première fois pour cette édition 2020 que des militaires de la Garde républicaine et deux équipes cynophiles ont pour mission la recherche d’explosifs sur personne en mouvement (REXPEMO), afin de sécuriser les sites fixes au départ et à l'arrivée.

« Nous sommes tous de grands sportifs au sein de la Garde, ajoute Jean-François Prunet, et le vélo fait rêver beaucoup de monde, on peut le constater chaque jour sur le parcours du Tour. C’est donc un honneur pour nous d’accomplir cette mission hautement symbolique. En quelque sorte, nous faisons aussi partie de l’histoire du Tour de France. »

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Richard Wawrzyniak