Christian Prudhomme : « Merci aux policiers, aux gendarmes et aux pompiers »

Christian Prudhomme : « Merci aux policiers, aux gendarmes et aux pompiers »
30 août 2020

Le grand départ de la 107e édition du Tour de France a été effectué ce samedi 29 août, malgré un contexte sanitaire particulièrement tendu dans le département des Alpes-Maritimes. Christian Prudhomme, directeur du Tour, revient sur la préparation particulière de cet événement et sur la collaboration étroite avec les services de l’État, particulièrement avec le ministère de l’Intérieur et les préfets de département.


La préparation du Tour de France 2020

Christian Prudhomme, directeur du Tour de France 2020 s'exprime sur le dispositif de sécurité mis en place

« De très nombreuses réunions ont eu lieu depuis le début de la pandémie, avec les autorités de l’État, avec les instances sportives. Cette collaboration était encore plus capitale que jamais. Nous travaillons étroitement depuis toujours avec le ministère de l’Intérieur et le ministère des Sports, mais il a fallu travailler en plus cette fois-ci avec d’autres acteurs comme le ministère de la Santé, les agences régionales de santé (ARS) et aussi le centre interministériel de crise (CIC). Ce sont des réunions extrêmement nombreuses depuis avril, de plus en plus fréquentes ces dernières semaines pour continuer à vivre et, pour nous, pouvoir continuer à organiser le Tour de France. »

Les contraintes sanitaires

« Évidemment les conditions sont tout à fait particulières, indispensables à la bonne tenue de l’épreuve : les masques que tout le monde arbore, le lavage régulier des mains, le respect des gestes barrières, le système des bulles du Tour de France… Nous avons créé la bulle la plus précieuse pour nous exclusivement réservée aux coureurs et à l’encadrement, une autre avec les journalistes et les organisateurs. D’ailleurs, l’accréditation que j’ai dans ma poche m’a été accordée uniquement parce que j’ai passé des tests. J’en ai personnellement passé trois depuis la mi-août. Bien qu’étant directeur du Tour, j’ai ostensiblement une non autorisation de me rendre au paddock et ne peux m’approcher des coureurs. Je peux me trouver à trois mètres d’eux au départ de la course mais je ne m’approche pas. C’est essentiel pour nous tous, pour les coureurs et pour les autorités. »

L’image du Tour

« Le Tour c’est la plus grande course du monde, mais c’est en fait bien plus que cela. Dans Tour de France, le plus important est le mot France. Ce n’est pas une simple formule, c’est une certitude. Si on n’aime pas son pays, on ne peut pas être directeur du Tour. C’est la mise en valeur de notre pays, de nos territoires, de nos paysages. La France est le premier pays touristique au monde. Nous devons montrer qu’en France nous avons de l’ardeur, que nous ne baissons pas les bras. Il faut apprendre à vivre avec ce virus, en multipliant les mesures si nécessaire. Faisons attention sans jamais nous relâcher. Mon obsession sera que toutes les mesures sanitaires actuelles soient les mêmes durant les trois semaines, jusqu’à la dernière étape menant à Paris. Certains diront que le foot a repris avant nous, mais la différence est que le décor, le cadre du Tour est juste exceptionnel. Un stade de foot vide, à huis-clos, ce n’est pas beau. Le Tour de France, même sans spectateurs, demeure magnifique, mais évidemment l’aspect populaire demeure indispensable. J’étais content de voir lors de la première étape hier le grand respect des gestes barrières et des consignes sanitaires de la part du public du Tour. Tout le monde portait son masque. »

Le Tour et le ministère de l’Intérieur

« Nous ne pourrions jamais organiser le Tour de France sans la collaboration étroite avec le ministère de l’Intérieur. Parfois les gens ne comprennent pas cela, ne perçoivent pas l’importance de notre travail commun, mais c’est une évidence. Cette année il faut rappeler à tout le monde que les autorités françaises sont présentes dans notre pays pour nous protéger avant tout et donner un cadre dans lequel on s’inscrit évidemment. Le Tour de France est certes une institution puissante, mais nous ne sommes que locataires. Si nous n’avons pas le soutien des élus, des conseils départementaux, des pouvoirs publics, nous ne pourrions simplement pas faire le Tour.

Je tiens donc à saluer et à remercier les 29 000 gendarmes, policiers et pompiers qui sont chaque année présents sur l’épreuve et qui permettent que le Tour existe. Ils sont dans l’ombre, le public ne voit pas et n’a pas conscience de leur travail mais ils font aussi le Tour.

Cette année il y a aussi la lutte contre la pandémie avec des mesures que nous faisons toujours appliquer. Il est important de dire aux gens de ne surtout pas se relâcher. Si un coureur se relâche sportivement durant les trois semaines de course, il ne gagne pas le Tour, nous avons donc pour notre part l’impérieuse obligation de ne pas nous relâcher. Le ministère de l’Intérieur et les autorités travaillent au quotidien pour le bien commun, il y a un peu de ça pour nous au Tour de France. ASO est certes une entreprise privée, mais dans Tour de France, le plus important est pour nous tous le mot France. »

Le rôle déterminant des préfets

« Les préfets ont bien sûr un rôle capital pour le Tour. Nous traversons cette année 32 départements. Le préfet des Alpes-Maritimes, Bernard Gonzalez, a eu un rôle absolument essentiel sur ce départ, et ce sera exactement la même chose dans chaque département concerné. Ce que les autorités nous ont demandé depuis le mois d’avril est de mettre en place deux systèmes, deux scenarii totalement différents, avec la possibilité de passer de l’un à l’autre. Donc nous nous sommes retrouvés pour ce départ dans un contexte beaucoup plus resserré qu’il y a un mois mais quand nous passerons dans un département classé vert, dans le respect des directives du préfet de département, les consignes seront alors peut-être un peu moins nombreuses, et quand nous repasserons dans un département rouge, nous nous y plierons. L’État nous a demandé une capacité d’adaptation permanente d’une étape à l’autre, d’une région à l’autre, d’une ville à l’autre, d’un système à l’autre, et c’est ce que nous faisons déjà et continuerons à faire en suivant scrupuleusement toutes les directives. »

Priorité : la sécurité de tous

« Je souhaite qu’il n’y ait évidemment pas d’accident sur ce Tour. Il faut aussi remettre les choses en perspective, il y a aujourd’hui un focus médiatique sur la COVID-19, mais notre risque premier demeure le risque routier. Si un enfant se faisait renverser, tout ce que nous faisons, tout ce que nous avons mis en place n’aurait plus aucun sens. Même s’il y a moins de monde cette année, le Tour de France c’est la fête. Alors oui le masque est indispensable, il protège du Covid, mais il ne protège pas de l’accident de voiture ou d’un drame. J’en appelle donc à l’attention de tous les spectateurs du Tour à la plus grande attention sur le bord des routes pour que la fête soit la plus belle possible. »