Alerte attentat : l’application SAIP fait place aux réseaux sociaux

Alerte attentat : l’application SAIP fait place aux réseaux sociaux

Après l’échec de l’application pour smartphone « système d’alerte et d’information des  populations » (SAIP), lancée en 2016 pour prévenir la population en cas d’attaque terroriste, le Gouvernement mise désormais sur les réseaux sociaux et les grands canaux de communication pour signaler une situation susceptible de constituer un danger immédiat.


Twitter, Facebook, Google... : le ministère de l’Intérieur a noué des partenariats stratégiques avec les acteurs du numérique les plus efficaces et les plus répandus pour prévenir la population en cas de situation d’urgence. Présentées le 29 mai dernier par Gérard Collomb, les fonctionnalités qu’offrent ces médias populaires « permettront une diffusion plus rapide et visible des messages d’alerte et de prévention lorsqu’elle s’imposera », alors que la menace terroriste reste élevée sur le territoire français.

Le recours aux réseaux sociaux remplace ainsi l’application mobile « système d’alerte et d’information des populations » (SAIP), déployée en mai 2016 avant l’Euro de football qui allait se dérouler en France. « Destinée à prévenir la population en cas d’attaque terroriste réelle ou supposée, cette application n’a jamais connu l’audience espérée », a admis le ministre de l’Intérieur. En effet, au plan pratique, seules les personnes qui l’avaient téléchargée pouvaient bénéficier des messages d’alerte. « En l’absence d’activité et en raison de la consommation de batterie qu’elle engendrait, nombre d’utilisateurs initiaux ont fini par la désinstaller ». Ainsi, seules 900 000 personnes étaient dotées de l’application à l’été 2017, limitant son impact en cas de crise. « Au plan opérationnel, l’application, qui n’a pas été déclenchée depuis un an, a par ailleurs souffert de dysfonctionnements et de choix de déclenchement ou de non-déclenchement qui n’ont pas été compris et ont limité sa crédibilité auprès du public ».

Capitaliser sur les nouveaux médias

Afin de toucher un public plus large, d’être en mesure d’alerter plus rapidement, et de mieux prendre en compte les enjeux de la communication de crise, la délégation à l’information et à la communication du ministère de l’Intérieur (DICOM) a donc planché sur des solutions plus efficaces et innovantes. « L’expérience que nous avons tirée de la gestion des attentats de 2015 nous a convaincus qu’il fallait capitaliser sur l’usage des médias sociaux, souligne pour sa part Stéphane Ritter, chef de la division du Web à la DICOM et principal initiateur de ce projet de communication en situation d’urgence.

Nous avons donc proposé de passer des partenariats avec les acteurs majeurs et particulièrement connectés que sont Twitter, Facebook, Google ou encore Qwant ». Ainsi, depuis le 1er  juin dernier, les messages d’alerte et de prévention du ministère peuvent y être diffusés et « poussés » de façon prioritaire.

« Concrètement, chaque média aura son propre protocole d’alerte, explique Stéphane Ritter. Par exemple, sur Twitter, un bandeau spécial pourra apparaître en haut du fil des Tweets de chaque utilisateur connecté pour l’informer de la situation. Parallèlement, le ministère de l’intérieur propose aux utilisateurs de Twitter de s’abonner et d’activer les notifications du compte @Beauvau_Alerte, lancé depuis le 1er  juin et qui permet d’être notifié sur son téléphone en cas d’événement grave ».

Facebook offrira quant à lui la possibilité de communiquer via son outil « Safety Check » qui permet à ses utilisateurs d’indiquer qu’ils se trouvent en sécurité lorsqu’un événement est susceptible de les mettre en danger. Les messages du ministère  de l’Intérieur y trouveront donc une visibilité rapide et forte. « C’est la première fois en Europe que Facebook permet aux pouvoirs publics d’utiliser cet outil pour communiquer », souligne Stéphane Ritter.

De son côté, Google relaiera sur le moteur de recherche, au travers de son outil « Posts on Google », les messages du ministère de l’Intérieur pour les utilisateurs effectuant des recherches dans la zone impactée ou lorsque les mots-clés tapés par un utilisateur seront en rapport avec l’événement en cours.

« Et nous n’allons pas nous arrêter là ! », prévient le responsable du Web ministériel qui compte encore amplifier ce réseau de partenaires. D’ores et  déjà, les canaux de communication de la RATP, de Vinci Autoroutes, de Radio France ou encore de France Télévisions sont mobilisés pour relayer également, via leurs applications, réseaux sociaux ou panneaux d’information, les messages du ministère si la situation l’exige.

Jacques Prévot