Avec 42 médailles, les sportifs français ont battu le record de podiums depuis l’après-guerre. Parmi les 396 sélectionnés tricolores pour cette 31 e olympiade, une vingtaine d’entre-eux portaient également les couleurs du ministère de l’Intérieur, avec quatre médailles... et beaucoup d’émotions à la clé.
Il n’est pas prêt d’oublier ses premiers Jeux olympiques ! À 25 ans, le gendarme adjoint volontaire Daniel Jérent, en contrat avec la Gendarmerie nationale, est monté sur la plus haute marche du podium avec ses trois équipiers de l’équipe de France d’épée : Yannick Borel, Gauthier Grumier et Jean-Michel Lucenay. « Cette médaille olympique c’est le sentiment d’une belle mission accomplie, d’une tâche bien faite en équipe ! » Les Français se sont présentés favoris de l’épreuve, double champions d’Europe en titre, n° 1 au classement mondial, multiples vainqueurs d’épreuves de coupe du monde, et ont écarté sans aucun ménagement le Venezuela en quarts de finale (45-29). La demi-finale leur propose un adversaire d’un tout autre calibre : la Hongrie (45-40). « C’est un classico dans notre sport, sourit Daniel Jérent. Il existe une telle rivalité entre les deux équipes que les battre à ce niveau a été magnifique ! D’autant plus avec la manière... »
Autre nation phare de l’escrime, l’Italie s’est hissée en finale face aux bleus (45-31). « Nous n’étions pas inquiets, nous avions un schéma, une tactique en tête et n’en sommes pas sortis. Ce qui a été incroyable durant cette finale est que tous les feux n’ont cessé d’être au vert. On savait que l’or était pour nous ! »
Ce Graal olympique n’efface pourtant pas les regrets de Daniel sur un plan individuel, éliminé trop tôt de la compétition. « J’ai désormais quatre nouvelles années de travail pour conserver cet or par équipe et aller en chercher une individuelle. Grâce à mon contrat avec la gendarmerie, je peux me consacrer l’esprit serein à mon sport. C’est quelque chose de très important pour moi car j’ambitionne de devenir gendarme à la fin de ma carrière. Par ce contrat j’ai déjà un pied dans le métier et j’ai l’opportunité de porter haut les couleurs de cette institution, du ministère de l’Intérieur et de la France. »
Le champion olympique souhaite adresser un message aux lecteurs de Civique : « Je soutiens de tout mon cœur les forces de police, de gendarmerie, de secours pour leur travail quotidien. Je suis admiratif de votre engagement, de votre courage permanent. Bravo les gars ! »
Trois autres sportifs en contrat avec la Gendarmerie nationale sont parvenus à monter sur le podium olympique : Désigné comme le « véritable sport olympique » par le baron Pierre de Coubertin, le pentathlon moderne se compose de cinq sports : le tir au pistolet, l’escrime, la natation, l’équitation et le cross country.
Cinq disciplines diamétralement différentes qui font autant appel aux forces mentales qu’aux capacités physiques. Elodie Clouvel, brigadier-chef de la Gendarmerie nationale, a apporté la première médaille olympique française de l’histoire de la discipline. Non sans mal : « Cette compétition a été une vraie guerre pendant deux jours. Je n’ai rien lâché, me suis battue jusqu’au bout. J’étais à deux doigts de la syncope à la fin de mes épreuves. Ramener l’argent, c’est un rêve ! »
30e en 2012 à Londres, 2e à Rio, Elodie ambitionne maintenant de décrocher l’or olympique en 2020 à Tokyo...
Ses mots choisis, pour désigner la gendarmerie et la police, montrent à eux-seuls que ce jeune tireur au pistolet de 20 ans a déjà bien la tête sur les épaules : « C’est avant tout la droiture, le respect, des convictions fortes et surtout du travail, du travail, du travail ! Des valeurs exigeantes, inhérentes au quotidien d’un sportif de haut niveau. » Jean Quiquampoix a gagné l’admiration des Français en décrochant l’argent au tir au pistolet de vitesse à 25 mètres, avec cinq cartouches à tirer en quatre secondes. Dans une finale au suspense insoutenable, Jean s’est retrouvé à égalité parfaite avec un concurrent chinois. Un barrage entre les deux hommes a déterminé alors le vice-champion olympique. « On anticipe énormément de paramètres lorsqu’on se prépare durant un an pour les Jeux, mais un tel scénario en finale était inimaginable, éprouvant nerveusement et physiquement, mais je décroche l’argent et c’est énorme ! »
Pour Clarisse Agbegnenou, brigadier, la médaille d’argent obtenue en judo chez les moins de 63kg représente avant tout une défaite en finale olympique : « Bien sûr c’est une belle médaille, mais clairement elle ne me convient pas. J’ai manqué de patience en finale, j’ai trop voulu me précipiter et ça m’a joué des tours... » C’est une vieille connaissance, la Slovène Tina Trstenjak, qui attendait Clarisse en finale, après avoir écarté une solide Japonaise en demi-finale. « Un mois après la fin des Jeux, je ne me remets toujours pas de cette défaite. Je dois vite passer à autre chose et me fixer d’autres objectifs. »
À coup sûr, cette grande championne saura revenir encore plus forte et décrocher l’or olympique.
Richard Wawrzyniak