24 heures avec le PSIG de Palaiseau

24 heures avec le PSIG de Palaiseau

Les pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) forment un échelon d’intervention essentiel, déployé en complément des patrouilles des brigades territoriales. Placés en première ligne dans la lutte contre la délinquance de proximité, les PSIG sont prioritairement engagés dans les secteurs et les périodes les plus sensibles, notamment nocturnes, et sont susceptibles de se confronter en primo-intervenants à la menace terroriste. Parmi les 370 PSIG du territoire, Civique a suivi en immersion durant 24 heures celui de Palaiseau dans l’Essonne.


12h00 Bureau de la commandante de la compagnie de gendarmerie de Palaiseau

Plus de 125 000 habitants, une zone périurbaine au nord, un territoire rural dans le sud, une imbrication des zones de compétences police et gendarmerie : la photographie de la circonscription de Palaiseau permet immédiatement de percevoir les problématiques de délinquance auxquelles font face les quelque 200 gendarmes qui y sont affectés. « En premier lieu, annonce le chef d’escadron Dorothée Cloitre, commandante de la compagnie de Palaiseau, nous subissons les répercussions des zones périurbaines dont les délinquants viennent chez nous, essentiellement pour des trafics de stupéfiants. Nous nous confrontons ensuite à une délinquance de passage importante qui réalise de véritables « razzias » en peu de temps, généralement localisées sur des communes réputées riches comme Gif-sur-Yvette, Limours... Enfin, la troisième grosse problématique est propre au département avec une délinquance générée par certaines personnes liées aux gens du voyage sédentarisés, qui sont structurées et agissent en véritables bandes organisées pour commettre des vols de véhicules. »

Le PSIG est quotidiennement confronté aux trois problématiques évoquées par la commandante. Cette unité représente le premier niveau d’intervention spécialisé de la gendarmerie, avant le PI2G (peloton d’intervention 2e génération) et le GIGN (groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale). « Le PSIG est en première ligne quand il faut monter en puissance sur des interventions difficiles, continue-t-elle.

Après les attentats de 2015, il a été décidé de passer le PSIG de Palaiseau en « PSIG Sabre ». Cela entraînera d’ici à 2017 un renforcement du matériel, le remplacement de certains gendarmes volontaires par des sous-officiers. Nos moniteurs d’intervention professionnelle ont également suivi des formations spécifiques pour agir comme primo-intervenants face à des tueries de masse, savoir-faire qu’ils transmettront à leurs collègues des différentes unités de la circonscription. »

13h30 Locaux du PSIG de Palaiseau

Le capitaine Richard Cami, 56 ans, n’est à la tête du PSIG que depuis six mois mais il est particulièrement dans son élément, respecté par ses hommes, apprécié de sa hiérarchie. Ses états de service parlent en effet pour lui, avec une carrière qui l’a notamment mené à la tête du PSIG de Melun pendant cinq ans, ou encore au commandement d’un peloton d’intervention de Cayenne en Guyane.

Pour lui, « le PSIG de Palaiseau est l’un des plus importants d’Ile-de-France avec 17 personnels d’active et 16 gendarmes adjoints volontaires. Nous travaillons 24h/24 entre les patrouilles, les perquisitions administratives, les arrestations matinales, les renforts aux brigades, les missions ferroviaires ou encore les formations. Notre rôle est de sortir sur le terrain de 0h à 6h et de nous confronter au plus près aux horaires de la délinquance ».

15h15

Formation PSIG

Dans la cour de la compagnie, deux moniteurs d’intervention professionnelle (MIP), sur les quatre que compte le PSIG, délivrent une formation à huit gendarmes provenant des quatre coins de l’Essonne. La thématique du jour est le contrôle de deux individus dans un véhicule signalé par radio.

« C’est un code rouge », insiste Romain, MIP et membre du PSIG depuis 6 ans, « vous devez l’approcher avec les gestes adéquats, en totale sécurité. » Les deux stagiaires s’avancent prudemment, arme en main. « Prenez bien en compte l’environnement, communiquez en permanence, regardez bien autour de vous. » Les conseils sont clairs, efficaces. Un stagiaire bredouille des ordres au conducteur du véhicule. Romain : « Parle plus fort ! Sois convaincant ! »

Le capitaine Cami commente, en aparté : « Ils aiment ça, transmettre leur savoir-faire, on le voit dans leur gestuelle, ce sont des félins. Ils sont précis, carrés ». Les stagiaires sont concentrés, tiennent compte de chaque remarque. « Les MIP font partie intégrante du PSIG et dispensent l’instruction aux gendarmes des différentes brigades du secteur, explique Romain. Soit les collègues viennent comme aujourd’hui à Palaiseau pour les instructions compagnie, soit on se déplace à la demande des commandants de brigades s’ils ont besoin de formations adaptées. »

Après l’approche du véhicule, viennent le menottage et l’arrestation des individus, un moment toujours délicat. « Les patrouilles de brigade se font essentiellement à deux gendarmes. Il faut donc entretenir une communication permanente entre eux, à la fois visuelle et verbale pour procéder en toute sécurité. » Deux stagiaires appliquent immédiatement les conseils : « Premier poignet menotté, deuxième, je fais la bascule, je suis en appui. » Chaque étape est confirmée.

« J’observe également leur efficacité, la manière de tenir l’arme, d’aborder l’adversaire. Je cherche à savoir si lors du menottage ils ont ou non un bon contrôle de la situation. Tout ce travail est indispensable pour que ces gestes deviennent des réflexes et réduisent au minimum les risques lors d’une arrestation. » Chaque stagiaire réalise les gestes et passe ensuite dans la peau du plastron.

« C’est important pour nous, affirme Pascal, adjudant à la brigade de Gif-sur-Yvette. On ressent ainsi les sensations de la personne interpellée, on se rend compte par soi-même si nos techniques sont efficaces, on réagit en fonction de la douleur, de la contrainte, de la pression verbale. C’est très appréciable de suivre ce genre d’instruction appréhendée de façon professionnelle et décontractée, même si ce n’est pas toujours simple de se faire reprendre sous le regard de nos collègues. » Romain poursuit face à l’assemblée : « L’environnement est absolument à prendre en compte. A partir du moment où l’on vient interpeller quelqu’un, on devient responsable de sa sécurité », et reprend immédiatement un stagiaire qui rompt l’appui à son collègue. « Auparavant, nous formions par mimétisme : je te montre, tu répètes. Maintenant, nous utilisons plus la méthode collaborative : ils voient leurs problèmes, on les corrige et ils vont ainsi identifier les domaines à développer ou à peaufiner. »

Aucune notation à l’issue de la formation, mais du partage, de l’échange, de la solidarité. Romain conclut ces deux heures de pratiques riches en enseignements : «  A nous instructeurs d’apporter de la joie et de la vie dans l’enseignement. S’ils se sentent trop forts à l’issue, ce n’est pas bon, mais s’ils se sentent trop faibles, ce n’est pas bon non plus ».

17h00

Retour dans le bureau du chef du PSIG que nous retrouvons penché sur une carte aux côtés du capitaine Clément Pépino, adjoint à la commandante. Le PSIG a été sollicité par la section de recherches d’Orléans pour intervenir dans les prochains jours dans un camp de gens du voyage sédentarisés afin d’interpeller plusieurs individus. La carte montre un site immense, bordé de routes et de forêts : de nombreuses possibilités de fuite. Le capitaine Pépino explique : « Un enquêteur d’une brigade territoriale me dit qu’il a une enquête à mener, qu’il doit entendre untel ou untel, et faire une arrestation domiciliaire dans notre secteur. En qualité de directeur des opérations, je dois rassembler et mettre à disposition tous les moyens pour le bon accomplissement de la mission, pour qu’elle se passe au mieux, sans blessé, sans déperdition de preuves, pour que l’enquête mène à la manifestation de la vérité, confondre ou innocenter un individu. Le PSIG est alors conseiller technique, responsable des moyens à mettre en œuvre. L’enquêteur me fait son expression de besoins en fonction de la réalité du terrain. Le brigadier est un généraliste tandis que l’homme du PSIG possède une véritable technicité, notamment dans ce genre d’interpellations délicates. Le PSIG devient alors le bras armé de l’enquêteur ».

Le chef du PSIG souligne que les reconnaissances faites par ses hommes établissent que le camp est énorme, qu’il compte même en son sein des pavillons en dur. « L’intervention est prévue  en pleins congés scolaires, je ne pourrai pas avoir plus de dix gars alors qu’il nous en faudrait au moins une vingtaine pour sécuriser le site. Il nous faudra du renfort. » Le peloton d’intervention d’un des escadrons de gendarmerie mobile de Drancy renforcera donc le PSIG de Palaiseau pour sécuriser le site et permettre le bon déroulement de l’enquête.

18h30

Deux sous-officiers sont de retour d’une mission dans le RER B et le RER C. L’unité de Palaiseau a également été désignée depuis 2009 comme « PSIG ferroviaire ». Les patrouilles s’organisent avec des réservistes de la gendarmerie et avec des personnels de la surveillance générale (SUGE) de la RATP, selon une convention signée avec la RATP et la SNCF. Leur mission est de sécuriser les rames, traiter la délinquance, et surtout déceler le risque terroriste. « On cherche avant tout le flagrant délit, appuie un gendarme du PSIG. Ce n’est pas forcément facile d’intervenir dans une rame, un espace confiné, avec des techniques particulières pour appréhender les individus. Ce savoir-faire nous a été enseigné lors de formations à l’état-major de la SUGE. Nous avons notamment découvert les méthodes pour contraindre une personne à se lever de son siège tout en protégeant les autres voyageurs. » Une dizaine de patrouilles de ce type sont réalisées chaque mois par le PSIG dans les deux lignes RER traversant le département. « Nous enregistrons dans un logiciel les rapports d’intervention de ces missions qui remontent directement auprès du groupement départemental afin d’établir des statistiques pour la SNCF et la RATP. »

20h00 « Magasin » du PSIG

Magasin du PSIG

Dans une pièce d’une dizaine de mètres carrés est entreposé tout le matériel de l’unité : casques lourds, gilets pare-balles lourds, armes de différents calibres, moyens de transmission, protège-tibias, épaulières... Richard Cami reprend : « Depuis mon arrivée, j’ai obligé mes hommes à avoir en permanence deux gilets lourds et deux casques lourds dans les coffres des voitures. On l’a vu avec les évènements dramatiques de l’an dernier, cela peut-être très utile face à des terroristes déterminés et surarmés quand on doit intervenir dans des situations dégradées ». Le PSIG est pour le moment doté de dix packs lourds composés de tout l’attirail nécessaire pour composer une colonne d’assaut et affronter l’imprévu. « Un équipement similaire pour la totalité des effectifs nous parviendra dans le courant de l’année », précise le chef du PSIG. Un autre membre de l’unité commente : « Cet équipement nous a été très utile dans bien des cas. On le sort par exemple systématiquement quand on intervient dans des cités. Cela permet une protection face à des jets d’objets divers lancés depuis les toits ou les fenêtres. Ce qu’on appelle la « 3D » dans notre jargon... » Côté armement, sont entreposés fusils, notamment à pompes t lance-grenades, des armes de poing, des pistolets à impulsion électrique... Avec le passage en « PSIG Sabre », l’unité de Palaiseau recevra également de nouveaux fusils d’assaut.

00h00

Yannick, maréchal des logis-chef de 34 ans et chef du groupe de nuit, Guillaume, l’un des quatre MIP du groupe, 32 ans, et Axel, jeune gendarme adjoint volontaire de 19 ans, s’équipent avant de se lancer pour la nuit sur les routes de la circonscription. « Avant de partir en patrouille, je regarde les interventions de la journée, on étudie la carte qui indique les vols d’automobiles, les vols à la roulotte, les cambriolages, pour adapter notre itinéraire si nous ne sommes pas sollicités pour des interventions, explique Yannick tout en s’équipant. Les brigades tournent dans la première partie de la nuit de 21h à 00h dans leurs secteurs respectifs, puis nous prenons le relais jusqu’au petit matin. C’est généralement dans ce créneau qu’agit la plus grosse délinquance dans le département. Notre mission est donc de nous y confronter et d’aider les unités de terrain à tenir leur territoire quand leurs personnels sont de repos. »

00h30

À peine sortis de la compagnie que la radio grésille déjà. Le PSIG est appelé pour un véhicule suspect en stationnement devant une maison sur une route isolée. Le propriétaire a déjà été cambriolé, il est inquiet. Guillaume accélère immédiatement, il faut avaler une vingtaine de kilomètres pour se rendre sur les lieux. Commentaire de Guillaume : « Quand je suis arrivé il y a deux ans au PSIG, le véhicule dans lequel nous nous trouvons avait moins de 30 000km, le compteur affiche aujourd’hui 198 000km ! » Effectivement, les patrouilles représentent plus de 300 000km par an avec une moyenne de 250km par nuit ! Les sept véhicules du PSIG sont donc particulièrement mis à contribution...

Arrivés sur les lieux, les membres du PSIG sont attendus par deux gendarmes de la brigade de Limours. Le véhicule signalé est une camionnette immatriculée en Allemagne. Les trois du PSIG effectuent le contrôle avec la prudence nécessaire, les deux brigadiers restent en retrait, en appui au cas où. Fausse alerte : « Ce sont deux Espagnols qui ont acheté ce véhicule en Allemagne et rejoignent leur pays. Ils ont fait une halte pour se reposer. Comme ils dorment à l’intérieur, qu’ils ont déplié un lit, le véhicule est considéré comme une habitation, nous ne pouvons donc pas fouiller à l’intérieur ». Les individus sont priés de poursuivre leur chemin et de quitter la zone. « Il nous arrive quasiment chaque nuit d’être renforcés par le PSIG, souligne un des deux brigadiers de Limours. Nous les appelons dès que l’intervention nécessite un savoir-faire particulier. Ils ont des moyens et des techniques que nous n’avons pas. On se connaît bien, ce sont de vrais pros. »

1h15

À l’arrière du véhicule, Axel, le GAV du trio, se livre : « Le PSIG, c’est une unité humaine. Les sous-officiers me transmettent beaucoup et chaque jour me donne le goût pour ce métier. A 19 ans, ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir des responsabilités comme je peux en avoir... J’ai été formé en école, je tourne la nuit avec des collègues expérimentés. Ce métier, c’est du concret et il me tient à cœur. Je viens de Seine-Saint-Denis et je suis fier d’être gendarme ». Et Yannick d’appuyer : « Les GAV composent la moitié de nos effectifs. Il faut donc les former aux techniques d’intervention, au maniement des armes... ça demande du temps mais permet de leur donner le goût pour notre travail. »

3h50 Appel radio

Contrôle d'un individu par PSIG

Un individu suspect a été repéré à proximité d’un centre commercial qui compte notamment une banque. Nouvelle accélération du véhicule. Le trio sort. L’individu n’est pas là. Le trio progresse éclairé par les néons des boutiques et repère le suspect. La situation est tendue, cet homme n’a rien à faire là... Guillaume énonce les injonctions d’usage, l’individu place ses deux mains sur la porte d’un magasin, il n’oppose aucune résistance mais la vigilance est à son paroxysme. Axel reste en retrait pour couvrir l’environnement et protéger ses deux collègues. Yannick, pistolet électrique en main, se décale de l’individu, tandis que Guillaume commence la palpation, après avoir progressé jusqu’à l’individu, arme chaussée à l’étui. Le jeune homme n’a rien à se reprocher, c’est en fait l’apprenti du boulanger du centre commercial qui attend son patron pour commencer à travailler. « Nous avons procédé dans les règles de l’art : compartiment de terrain par compartiment de terrain, avec Axel en appui pour nous couvrir de tout ce qui peut nous arriver dessus, dans le dos ou en « 3D » depuis les toits. » Travailler la nuit crée une atmosphère qui nécessite une approche particulière pour chaque intervention : « On fait orcément plus attention la nuit. Notre circonscription est extrêmement vaste avec près de 30 communes à couvrir, nous ne connaissons donc pas tous nos « clients ». Chaque personne peut être un suspect en puissance. »

4h40 À proximité de la commune de Marcoussis

Les trois du PSIG passent à proximité d’un vaste camp sédentaire de gens du voyage. « Certains camps rassemblent jusqu’à 300 caravanes, commente Guillaume. Le problème est que certains jeunes désœuvrés de ce site présentent un profil de délinquants notamment en matière de vols de véhicules. »

5h00 Retour à la compagnie

Tandis qu’Axel et Guillaume rangent le matériel, Yannick s’installe derrière son ordinateur pour rédiger un compte-rendu de la nuit sur le logiciel « Pulsar ». Il y référence les communes par lesquelles son équipe est passée et décrit les différentes interventions réalisées : « On entre dans le détail en essayant d’être le plus précis possible. Cela peut prendre du temps. Cette nuit a été relativement calme, mais lorsque vous avez 13 interventions, je peux passer près de deux heures à rédiger les rapports ».

5h20 L’activité est ininterrompue

Autour de la commandante de la compagnie, Richard Cami et treize de ses hommes se sont levés aux aurores. Une double interpellation est prévue à 6h00 du matin. « Nous devons intervenir suite à un périple de deux délinquants qui ont réalisé plus d’une vingtaine de vols à la roulotte et ont fini par incendier un parking souterrain qui a créé un vrai trouble à l’ordre  public.

Deux autres complices sont revenus une nuit pour « finir le travail » et y ont remis le feu. Les habitants de la résidence touchée sont terrorisés, il nous faut agir, vite et bien. » Le capitaine du PSIG et son adjoint prennent le relais et présentent la mission : « Nous devons les interpeller au domicile de leurs parents et sécuriser les enquêteurs dans leurs actes ». Deux équipes de sept membres du PSIG sont mises en place.

Présentation des individus, des lieux d’intervention, du contexte : rien n’est laissé au hasard. « Quand on rentre, petit portail. Deux ouvreurs immobilisent l’ascenseur et le PSIG monte par l’escalier. Les enquêteurs, vous attendez que les lieux soient sécurisés pour pénétrer dans les appartements. Quand vous avez fini, vous nous prévenez pour que l’on soit les derniers à quitter les lieux ». Chacun connaît son rôle : équipes Alpha, Bravo, Charlie. La concentration se lit sur les visages. Le capitaine conclut : « Ce ne sont pas des gros clients, on les connaît. L’usage de la force doit se faire en cas de prise à partie, dans le respect de l’intervention graduée et du cadre légal ».

6h00

Tir PSIG

La colonne du PSIG gravit discrètement les escaliers des trois étages les menant au lieu de l’interpellation. La seconde équipe est sur un autre site. A pas feutrés, ils se positionnent devant la porte. Le bélier est posé au sol, au cas où la porte devrait être forcée. Les hommes se placent en silence. Aucun mot n’est échangé, les gendarmes communiquent par des codes gestuels qu’eux seuls comprennent. Soudain, deux chiens aboient. Un mouvement se fait ressentir derrière la porte. La mère du suspect ouvre subitement la porte. Le PSIG pénètre immédiatement dans l’appartement aux cris de « Gendarmerie ! Gendarmerie ! ».

En quinze secondes à peine la cible est menottée sur son lit. Sorti de son sommeil, ce jeune de 21 ans ne semble pas avoir envie de broncher face aux colosses suréquipés qui lui font face. Sa mère et son frère sont invités à s’assoir sur le canapé. Les hommes du PSIG ont investi l’appartement, chacun connaissant son rôle. La mère, stressée par la situation, se dirige vers une chambre de l’appartement, suivie de près par un gendarme qui ne la quitte pas des yeux. Les lieux sont sécurisés, les enquêteurs peuvent entrer en action. Une dizaine de minutes plus tard, l’individu est dans le véhicule de la gendarmerie, direction la garde à vue. Richard analyse l’intervention : « Il a fallu lever le frère de son lit pour l’amener dans le salon. Dans ce genre de situation, la famille peut être génératrice de problèmes. J’ai déjà vu des gens se ruer vers nous couteau à la main, d’autres cachés sous l’évier, des parents devenir hystériques et nous prendre à partie. On essaie d’agir avec la plus grande intelligence, le plus de tact possible. Mais il n’existe plus de petite intervention, on ne sait jamais sur quoi on va tomber lorsque nous pénétrons dans un domicile ».

6h45 Débriefing des interpellations

Richard et son adjoint détaillent chaque geste, chaque mouvement autour du traditionnel café croissant permettant de redescendre de cette montée d’adrénaline et d’entretenir la cohésion au sein du groupe. « Aucun mot entre nous pendant l’action, chacun se place comme il le sait. On voit qu’il y a de l’entraînement, de la cohésion. La mission est un succès. Les enquêteurs interrogent les suspects en ce moment. Tenez-vous prêts s’ils passent à table pour aller interpeller les éventuels complices. » Personne ne parlera. Les hommes du PSIG retournent donc à leurs tâches quotidiennes.

10h00 Centre de tir de la direction générale de la Gendarmerie nationale d’Issy-les-Moulineaux

Entraînement au tir

Le chef du PSIG et 9 de ses hommes vont s‘entraîner au tir. Une séance peu évidente à organiser du fait de la fermeture de plusieurs régiments militaires dans le département qui réduit le nombre de stands de tirs disponibles pour l’unité. « C’est une réelle problématique car il est indispensable de s’entraîner très régulièrement pour ne pas avoir peur de se servir de son arme de service. » Après avoir écouté les consignes de sécurité et l’objectif de la séance, les gendarmes enchaînent les tirs : tir au dégainé, tir sur cible dans le dos, tir derrière des obstacles, en décalé... « C’est fini le tir à « la papa », le tir à 7 mètres ou à 10 mètres, prévient un MIP de l’unité. Le tir en gendarmerie, notamment la nuit, se fait généralement à 3 ou 5 mètres, nous avons donc adapté nos formations sur ces distances. En PSIG, le gendarme est de plus en plus régulièrement face à des situations compliquées, et sera peut-être amené à se confronter à des terroristes. Il doit donc s’habituer au maximum à travailler l’arme à la main. On dégaine fréquemment mais le tir est rarissime. Il faut néanmoins se conditionner à sortir l’arme, ce qui fait que l’on doit se placer dans l’état d’esprit de pouvoir l’utiliser. Il faut acquérir ce réflexe, d’autant plus dans le contexte actuel. »

12h00

En abordant les évènements de Charlie Hebdo, de Dammartin-en-Goëlle et du Bataclan, le chef du  PSIG explique : « Le plan BAC-PSIG annoncé fin 2015 par le ministre de l’Intérieur va nous permettre de toucher de l’armement lourd, notamment des armes G36 de calibre 5-56. C’est le spectre supérieur des armes. Nous avons constaté avec le Bataclan que le calibre 9mm n’est pas suffisant face à des adversaires équipés de gilets pare-balles. Le PSIG peut être amené à intervenir dans ce genre de scénario. Le but sera alors de fixer et de confiner le ou les terroristes et de les forcer à fixer leur attention sur les forces de l’ordre plutôt que sur leurs otages.

Nous devons donc avoir du  matériel renforcé pour gagner du temps dans ces cas-là, avant la venue des groupes d’intervention spécialisés comme le RAID ou le GIGN ».

Un reportage de Richard Wawrzyniak
Photos : F. Pellier et J. Rocha