Samedi 25 avril, un puissant séisme touchait la vallée de Katmandou au Népal. D’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter, il est le plus meurtrier dans cette région depuis 1934.
Plus de 8600 personnes ont trouvé la mort et une cinquantaine de répliques ont suivi la première secousse. Deux détachements des formations militaires de la sécurité civile (FORMISC) se sont succédés sur place, pour une mission d’appui à l’ambassade Française de Katmandou et une mission de production d’eau potable.
Un détachement de six sapeurs-sauveteurs des FORMISC, deux sapeurs-pompiers civils, un médecin et un infirmier de l’EPRUS (établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) et deux personnes du centre de crise du ministère des Affaires étrangères, sont arrivés le lundi 27 avril à Katmandou pour renforcer les personnels de l’ambassade dans la gestion de crise.
Après le séisme, la plupart des ressortissants français ont pu se présenter à l’ambassade. Ils y ont été identifiés, recensés, et regroupés sur le site de l’École Française dans le nord de Katmandou, en vue de leur rapatriement. Les militaires de la sécurité civile ont apporté leur savoir-faire en termes d’organisation et de planification du travail. Ils ont également participé à l’acheminement des ressortissants étrangers sur la plateforme aéroportuaire et organisé les réceptions de fret humanitaire. 315 ressortissants principalement français ont ainsi pu rentrer vers la métropole.
De longs jours d’étude et de recoupement avec les listes de l’immigration et des agences de voyage au Népal ont été nécessaires pour repérer, grâce à des contacts téléphoniques ou témoignages, les français sains et saufs qui n’avaient pas pu donner de nouvelles. « Les agences de treck connaissent les dates d’arrivée et de départ de tous leurs touristes. Pendant les marches en montagne, il y a un système de point de contrôle avec des cahiers de suivi sur lesquels les gens s’enregistrent à un jour et un horaire donné. En remettant la main sur cette base de données, on est capable de dire que dans telle zone impactée, il y a telle population qui est entrée dans la zone et jamais ressortie », indique Cyrille de Bucy, commandant du détachement de sécurité civile au Népal.
Le personnel servant à l’ambassade a aussi pu affiner la liste des Français disparus. Deux gendarmes de l’IRCGN ont travaillé avec les autorités népalaises pour procéder à l’identification des corps retrouvés, et identifiés formellement un Français.
A l’aide du « stock d’urgence » détenu par l’ambassade (tentes, matériel informatique, moyens radio, rations de combat…), la sécurité civile a aidé à réaménager le site fortement dégradé, en y installant des bureaux, hébergement, liaisons informatiques, téléphoniques et satellitaires.
Les sapeurs-sauveteurs ont procédé à l’évaluation de l’impact du séisme sur certains bâtiments (ambassade, École française, Alliance française-organisation francophone du Népal), afin de pouvoir ou non les réinvestir. Les opérations de sauvetage ont été effectuées par les Népalais et d’autres organisations internationales. « Les structures effondrées étaient pour la plupart anciennes, à base de briques et de terre, et ne donnaient que très peu de chance de survie aux victimes prises sous les décombres », précise Cyrille de Bucy.
Les réseaux étant très détériorés, le besoin d’eau a rapidement été exprimé par le gouvernement népalais dans sa demande d’assistance internationale. Un deuxième détachement français est arrivé le 30 avril, avec pour mission de produire de l’eau potable. Les 32 militaires de l’UIISC7 (unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile de Brignoles) ont installé leur campement sous tente sur le site de l’Alliance Française, dans le sud de Katmandou. Cette "base vie" leur offrait une autonomie complète.
Les sapeurs-sauveteurs récupèrent de l’eau brute livrée par citerne, puis grâce à des machines de traitement de l’eau, l’analysent et la filtrent jusqu’à obtenir un produit potable et non dangereux pour la population. En 13 jours consécutifs, ils ont produit 300 000 litres d’eau pour la population népalaise et pour le détachement lui-même.
Deux modes de distribution d’eau potable sont mis en place. Le premier s’effectue dans Katmandou, avec des rampes de distribution (robinets branchés sur une bâche contenant 5m3 d’eau) où la population vient remplir des bidons.
Puis dans les faubourgs aux alentours, les militaires de la sécurité civile distribuent des berlingots (sachets) d’un litre d’eau. « Ce mode de distribution est assez unique et réalisé uniquement par le détachement français. Il permet de faire des distributions très ciblées, dans des zones non-accessibles par les camions et les rampes. » Au total, 260 000 litres d’eau seront distribués, dont 80 000 litres en sachets. « Au Népal la population est très disciplinée, l’accueil était excellent et il n’y jamais eu aucun problème lors de la distribution d’eau » ajoute le lieutenant-colonel de Bucy. 2000 kilomètres ont été parcourus par la sécurité civile en mission de distribution !
Jour après jour et jusqu'au retour du détachement le 20 mai, la sécurité civile s’est coordonnée avec les responsables de quartier, les ONG et les associations, afin d’offrir une réponse juste, équitable et ciblée. « Intervenir directement au profit de la population touchée a été est très gratifiant », termine Cyrille De Bucy.
Floriane Boillot