Circulation, ordre public, sécurisation de la piste, visites officielles... Les 24 heures du Mans auto sont chaque année un défi pour les forces de l’ordre et la préfecture de la Sarthe.
Ambiance particulière pour les services du ministère les 12, 13 et 14 juin au Mans ! La 83 e édition des 24 heures du Mans auto a rassemblé 263 500 amateurs de sports mécaniques. Près d’un millier de gendarmes, policiers et sapeurs-pompiers ont travaillé avec l’ACO (Automobile Club de l’Ouest, organisateur de l’événement) pour veiller au bon déroulement de la course et de la fête. Entre petits déjeuners sur les trottoirs, voitures de sport et tentes igloo, l’odeur de merguez se mêle à celle de pneus brûlés. Dans les paddocks les équipes s’agitent, et sur le circuit les moteurs vrombissent.
Le circuit Bugatti et la commune du Mans sont situés en zone police. La partie sud avec la fameuse ligne droite des Hunaudières, le mythique virage Porsche ou celui d’Arnage, qui sont des routes nationales privatisées pour la course, relèvent de la compétence gendarmerie. Au cœur du circuit, le poste de commandement de l’État (PCE) regroupe les services de police, de gendarmerie, de la préfecture et des collectivités territoriales. Régulièrement, des points de situation sont présidés par la préfète et réunissent forces de l’ordre, sapeurs-pompiers, associations de secours et l’ACO. « 160 gendarmes sont en permanence sur le secteur, explique le commandant de gendarmerie Didier Henriot, chargé de l’opérationnel. Départementaux, mobiles, réservistes, maîtres-chien, motocyclistes, effectuent des contrôles d’alcoolémie, de stupéfiants, soutiennent les commissaires de piste pour faire respecter l’arrêté préfectoral d’interdiction de toute présence humaine sur la bande des 50 mètres (bande interdite au public à 50 mètres de part et d’autre de l’axe médian) . Nous gérons beaucoup de problèmes relationnels, mais il y a moins de débordements que sur les 24 heures moto, qui attirent un public plus dissipé ». Les patrouilles " moto verte " se déplacent aux alentours du golf et du virage d’Indianapolis. « Seuls les riverains ont des accès privilégiés à certaines zones, explique un gendarme. On a eu à déloger, pour leur sécurité, des campeurs qui s’étaient installés sur le secteur ».
Côté police, CRS, unités motocyclistes zonales, ou encore policiers de la DDSP interviennent en civil ou en tenue dans le village du circuit, aux abords, et sur les animations comme les concerts. « Environ 380 policiers sont mobilisés sur l’ensemble de la course, des cordons de CRS supplémentaires étant prévus pour les visites officielles », décrit le commandant de police Philippe Huser. Pendant tout le week-end, en plus de la course commentée par haut-parleur, les spectateurs peuvent entendre les consignes Vigipirate.
En lever de rideau de la course, le vendredi après-midi est organisée la parade des pilotes. Les 56 équipages défilent dans le centre ville du Mans à bord d’anciennes voitures de prestige, sous les ovations de la foule. Ce jour-là, c’est pour les spectateurs " the place to be ", le PC sécurité du circuit s’est même déplacé dans le centre pour l’après-midi. 80 policiers patrouillent et assurent les services de circulation, d’ordre public et les missions de police secours. « Nous surveillons les pickpockets, mais il y a aussi le risque d’accident, ou d’incendie avec les vieilles voitures qui chauffent », souligne un policier du Mans.
Les sapeurs-pompiers interviennent en complément des moyens propres à l’organisateur que sont le centre médical spectateur et les associations de secouristes (Croix-Rouge et Protection Civile). Leurs véhicules incendies sont postés en deux points de la piste, et des engins feux de forêt, placés au niveau du virage de Mulsanne, défendent la partie sud du circuit. « Plus de 100 sapeurs-pompiers professionnels et volontaires de l’ensemble du SDIS 72 sont sur place, précise le capitaine Guerin qui entame son 17e 24 heures du Mans. Nous vérifions aussi que toutes les issues de secours des tribunes sont libres en permanence, et nos ambulances sont là en cas de besoin de transport vers les structures hospitalières. Bien connaître le circuit est indispensable, au même titre que tout pompier connaît son secteur d’intervention ». Pendant les essais qualificatifs, les freins d’une Porsche brûlent et c’est le véhicule entier qui commence à prendre feu ! L’équipe de sécurité ACO la plus proche l’éteint, les pompiers sont en alerte mais n’auront pas besoin d’intervenir pour cette fois.
Samedi matin, 7 heures, le commandant Henriot effectue le tour de sécurité : « On trouve les derniers journalistes qui finissent d’installer les caméras, et je suis déjà tombé sur un touriste anglais alcoolisé endormi sur la piste ! ». Il sanctuarise les 13,629 kilomètres de circuit. Puis comme le veut la tradition, le colonel Renard (photo ci-contre), commandant de groupement de gendarmerie de la Sarthe, ouvre le circuit à bord d’une Audi RS7 pilotée par M. Mauricio, directeur de la course, le drapeau tricolore à la fenêtre. « Je remets officiellement le circuit à l’organisateur, indique le colonel Renard. C’est un symbole très touchant. Pendant notre passage, tous les commissaires de pistes, en combinaisons orange, sont au bord du circuit ».
Un hélicoptère EC145 de la gendarmerie sert d’appui au commandement pour la gestion des foules, des flux routiers et pour effectuer des missions de renseignement. Grâce à des vols réguliers, les gendarmes s’assurent de la fluidité des routes et sont en mesure de prévoir la mise en place de déviations pour éviter l’engorgement des axes principaux, notamment en phase de départ, après la course. Ils surveillent aussi l’état de remplissage des campings ou les départs de feux. Des caméras visuelles et thermiques permettent de détecter toute présence humaine dans la bande des 50 mètres, même en zone boisée. « Les images sont retransmises en direct au PCE et sont visibles par les autorités. Un opérateur y est en contact avec l’hélicoptère et peut demander des zooms, explique le pilote de la SAG (section aérienne de gendarmerie) de Tours. Lors de la venue du chef de l’État, l’hélicoptère surveille le cortège. » En plus de ceux de la gendarmerie et de la sécurité civile, pas moins de 20 hélicoptères privés, utilisés par les médias ou des spectateurs privilégiés survolent le circuit ! La tour de contrôle est en pleine activité, chaque hélicoptère doit voler à une strate différente et tous ont pour obligation de tourner dans le sens du circuit.
C’est une première pour le RAID sur les 24 heures du Mans. Après avoir traité le renseignement local, les sections spécialisées ont décidé des moyens envoyés : 20 effectifs et 4 tireurs de haute précision sont présents pour renforcer le dispositif de sécurité et faire face à une éventuelle menace d’un niveau élevé. « Nous intervenons en renfort du GSPR (groupe de sécurité pour la présidence de la république) pour la visite du chef de l’État, et surveillons les tribunes afin de s’assurer qu’il n’y ait pas d’acte majeur commis contre la foule, explique commissaire divisionnaire Éric Heip, chef adjoint du RAID . Sur cet événement, une de nos difficultés, c’est le bruit ! »
La particularité de cette édition est la visite du chef de l’État et du ministre de l’Intérieur. Le dernier président venu aux 24 heures du Mans était Georges Pompidou, il y a 43 ans ! Les autorités effectuent une visite officielle à la mairie et à la préfecture pour rencontrer les différents services de sécurité, puis se rendent sur le circuit pour le départ.
Gérer les ralentissements sur les voies rapides, délestages, alternance de circulation, accès aux aires de parking, comportement des automobilistes... les CRS font la circulation. « Il y a une vieille tradition, raconte le commandant Christian Duthertre, les Anglais aiment bien faire des "runs "! Le sud du chemin aux bœufs et le carrefour des Epinettes sont les points de jeux. Nous positionnons nos véhicules et ça les calme. Notre objectif est qu’il n’y ait pas d’accidents ni d’affrontements particuliers ». La préfète en piste Corinne Orzechowski, préfète de la Sarthe, coordonne l’ensemble du dispositif, est présente au PCE et se déplace sur le terrain auprès des équipes : « ça me permet de comprendre concrètement leurs missions et donc d’être en mesure d’appuyer leurs discussions avec l’ACO. Et puis, il est essentiel d’aller sur le terrain car il faut savoir dire merci aux gens ». En amont de la course, lors de la construction des nombreux stands et établissements provisoires, les services de l’État ont pour rôle de vérifier les lieux et matériaux puis de participer aux commissions de sécurité. Après les 24 heures, les retex permettent de tenir compte de l’évolution des comportements et pratiques des spectateurs et des écuries, afin d’améliorer la protection des lieux. Cette édition 2015 s’est achevée sur un bilan assez satisfaisant pour les forces de l’ordre, aucun incident majeur n’ayant marqué l’évènement. La préfecture de la Sarthe s’apprête à accueillir entre autre sur le circuit les 24 heures moto en avril, et le Grand Prix de France moto en mai.
Corinne Orzechowski, préfète de la Sarthe, coordonne l’ensemble du dispositif, est présente au PCE et se déplace sur le terrain auprès des équipes : « ça me permet de comprendre concrètement leurs missions et donc d’être en mesure d’appuyer leurs discussions avec l’ACO. Et puis, il est essentiel d’aller sur le terrain car il faut savoir dire merci aux gens ». En amont de la course, lors de la construction des nombreux stands et établissements provisoires, les services de l’État ont pour rôle de vérifier les lieux et matériaux puis de participer aux commissions de sécurité. Après les 24 heures, les retex permettent de tenir compte de l’évolution des comportements et pratiques des spectateurs et des écuries, afin d’améliorer la protection des lieux. Cette édition 2015 s’est achevée sur un bilan assez satisfaisant pour les forces de l’ordre, aucun incident majeur n’ayant marqué l’évènement. La préfecture de la Sarthe s’apprête à accueillir entre autre sur le circuit les 24 heures moto en avril, et le Grand Prix de France moto en mai.
Et le prix du président de la République est remis par...la préfète Corinne Orzechowski. « Les 24 heures du Mans font partie du patrimoine historique de la France, c’est un moment mythique, témoigne-t-elle. Plus de 250 000 personnes qui viennent regarder et partager quelque chose ensemble, 24 heures de bolides sur une route privatisée, je n’avais encore jamais vécu ça ».
Floriane Boillot