Le ministère de l’Intérieur forme ses futures recrues dès le lycée. À la rentrée 2014, 74 lycées de France ont ouvert la section préparant au bac professionnel « métier de la sécurité ».
Deux jeunes voleurs passent les portiques imaginaires d’un magasin. Trois agents de sécurité de 17 ans les interpellent et vont procéder à la fouille. Les gestes sont précis, les termes employés sont formels : nous sommes en plein jeu de rôle au lycée Saint Nicolas d’Issy-les-Moulineaux, et Monsieur P, prof de « sûreté » et ancien militaire, note ses élèves en exercice. Comme eux, près de 3000 adolescents ont intégré en septembre la formation préparant au baccalauréat professionnel " métier de la sécurité ".
Officialisé par l’arrêté du 19 mars 2014, ce bac prépare les élèves à l’exercice de différents métiers de la sécurité : la protection des personnes, le secours à personnes, la surveillance et protection des biens, la protection de l’environnement et la lutte contre l’incendie. Il succède au baccalauréat professionnel "sécurité-prévention " crée en 2006. La rénovation de cette formation est un travail conjoint entre l’Éducation nationale et des représentants de la direction des ressources et des compétences de la police nationale (DRCPN), de la direction de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCCG), de la DCS (délégation aux coopérations de sécurité) et de la brigade des sapeurs pompiers de Paris (BSPP).
Outre les matières traditionnelles telles que le français, les mathématiques ou l’histoire-géo, le cursus comprend un enseignement professionnel, et à l’issue de la classe de première, les lycéens devront choisir la dominante « sécurité publique et sureté » ou « sécurité incendie ». Vingt-deux semaines de formation en milieu professionnel sont aussi réparties sur les trois ans. Ces stages s’effectuent en gendarmerie, police, dans un SDIS ou une entreprise de sécurité privée. « La gendarmerie, comme les autres institutions partenaires, est associée à la définition du contenu pédagogique de la période formation en milieu professionnel ainsi qu’à l’organisation matérielle de cette période » explique le commandant Pierre B., du bureau formation de la DGGN. « Les élèves peuvent découvrir toutes les facettes du métier de gendarme au travers des missions de police administrative, judiciaire, où dans des unités spécialisées comme les brigades cynophiles, la sécurité routière ... ».
Pour le commandant de police André P, chef de la section égalité des chances à la sous-direction de la formation et du développement des compétences de la DRCPN, « grâce aux simulations, les lycéens adoptent des réflexes professionnels et apprennent à maîtriser leur stress. Le ministère de l’Intérieur est ainsi le garant d’une certaine doctrine d’intervention, dans le cadre de la formation des jeunes qui exerceront dans le domaine de la sécurité ». Côté sécurité civile, les SDIS accueillent les élèves de terminale ayant choisi la dominante « incendie » et souscrivant à un engagement de sapeur-pompier volontaire (SPV). « Cette formation permet une bonne insertion des élèves dans la vie professionnelle. Ils disposeront de tous les atouts leur permettant de se préparer aux concours de sapeurs-pompiers. Les changements induits par ce nouveau bac pro prennent en compte la complémentarité et le partenariat entre les trois formes de sécurité (publique, civile et privée) en adéquation avec le code de la sécurité intérieure » précise José B, adjoint au chef du bureau de la formation des techniques et des équipements à la DGSCGC.
Jean-Marc D., directeur d’étude professionnelle du lycée, est à l’origine de la création de cette section, « c’est un diplôme exigeant tenue, rigueur, discipline. On travaille sur la sécurité et la sûreté : la formation est double ». Monsieur M., prof de « sécurité-prévention » et officier de SPV à Étampes, se réjouit de permettre à certains élèves en difficulté de trouver leur voie : « On associe le français au fait qu’ils devront savoir rédiger des comptes-rendus. Pour les conversions en mathématique, quand ils partiront en intervention avec les pompiers, il faudra savoir calculer le volume d’une pièce ! ». Rendez-vous en 2017 pour les résultats du bac.
Floriane Boillot