La fine lame de la police

La fine lame de la police © MI/SG/Dicom/P.Chabaud

Ysaora Thibus, championne de France 2013, médaille de bronze aux championnats du monde 2014.


Civique : Comment avez-vous découvert l’escrime ?
Ysaora Thibus : J’ai débuté en Guadeloupe à l’âge de sept ans.
C’est en accompagnant mon frère aîné que j’ai eu une révélation pour cette pratique. Alors que je ne connaissais rien à ce sport, j’ai tout de suite adoré ses règles, le  respect et la tradition qui entourent le maniement de l’arme. Je me suis très vite lancée dans les compétitions et les résultats ont suivi. Dès lors, j’ai intégré très jeune, à 18 ans, l’INSEP.

Civique : Vous avez côtoyé à l’INSEP Laura Flessel, Guadeloupéenne comme vous, une institution dans votre sport…
Ysaora Thibus : En Guadeloupe, Laura Flessel (1) a beaucoup influencé les jeunes par ses résultats, notamment aux Jeux olympiques.
Elle fut en quelque sorte un modèle pour moi, pour son palmarès, ses convictions et ce qu’elle a pu apporter au sport guadeloupéen. Je m’entraînais souvent avec elle à l’INSEP et j’enregistrais chacun de ses conseils. Après, il me tient à cœur d’arrêter là la comparaison, je dois tracer ma propre histoire.

Civique : Quels souvenirs gardez-vous  de vos premiers JO à Londres en 2012 ?
Ysaora Thibus : C’est une compétition vraiment spéciale, incomparable avec ce que j’avais connu jusque là. Vivre dans le village olympique, côtoyer les plus grands champions de la planète, porter haut les couleurs de son pays, ce sont des émotions indescriptibles. Il y a tout de même une petite déception puisque nous finissons 4e par équipe, au pied du podium.
Me qualifier pour Rio en 2016 et ramener une médaille est devenu mon objectif de tous les jours. Je me prépare pour cela en peaufinant mon jeu, en effaçant mes imperfections.
Pour une médaille, il n’y a pas trente-six solutions, il faut travailler, travailler et encore travailler…

Civique : Vous êtes en contrat image avec la direction générale de la police  nationale. Que représente cette institution à vos yeux ?
Ysaora Thibus : Mon sport ne me permet pas de subvenir à mes besoins. C’est donc un soulagement que la DGPN m’ait sollicitée pour ce contrat. La police m’a déjà permis  de vivre de grands moments de partage, de me confronter à d’autres expériences dans un métier qui n’est pas reconnu à sa juste valeur. Sportifs et policiers avons de nombreux points communs : le respect, le travail, l’équilibre de vie, la rigueur et le contrôle de soi. Sans les policiers et les gendarmes, notre société ne pourrait  tout simplement pas fonctionner.

Propos recueillis par Richard Wawrzyniak.

(1) : Laura Flessel est l’une des plus grandes épéistes de l’histoire avec cinq médailles olympiques, dont deux en or, et treize médailles aux championnats du monde, dont six titres.