« Chips » à la sauce chouchen

« Chips » à la sauce chouchen © MI/SG/Dicom/J.Grelé

Gilles K., de la sous-préfecture de Châteaulin, est un Breton amoureux des États-Unis. Depuis près de vingt-cinq ans, il collectionne des motos de police américaines, dont celle de la série télévisée américaine des années 1980, « Chips ».


Il est possible d’être breton et d’avoir le cœur de l’autre côté de l’Océan Atlantique, sans même n’y avoir jamais mis les pieds !

C’est plutôt juché sur ses grosses cylindrées, parfaites répliques des motos de police américaines, que Gilles K. se rêve motard de la California Highway Patrol, la fameuse unité de Poncherello et John Baker, les deux héros de la célèbre série des années 80, « Chips ».

Collectionneur depuis près de 25 ans, ce chef du pôle de l’animation territoriale à la sous-préfecture de Châteaulin, aurait souhaité devenir motocycliste en police ou gendarmerie, « mais cela n’a pas abouti. Je me suis donc rattrapé en collectionnant les motos de police, et plus particulièrement celles des États-Unis, car j’ai également un amour particulier pour ce pays. »

C’est donc en 1990 avec l’obtention de son permis grosse cylindrée que Gilles découvre le plaisir du pilotage de « gros cubes ». Véritable Mac Gyver de la mécanique, il se constitue un pécule de départ en rénovant des motos, achetées à moindre coût. Il découvre ainsi de véritables pépites : une Harley Davidson achetée à Berlin, une 1000 Kawazaki Police trouvée non pas à Los Angeles mais… dans le Doubs !

Pourquoi spécifiquement ces véhicules ? « Pour leur look particulier, popularisé par les films et les séries US. Ces motos ont une vie, une âme. Elles ont été en service durant de nombreuses années, sont équipées des sirènes, des feux de poursuite. Elles ont rendu énormément de services à la société. »

Une fois la moto acquise, un véritable parcours du combattant s’engage pour son immatriculation. Gilles a ainsi acheté sa Harley Davidson à Berlin, sans plaque française. Il la ramène en France et récupère un quitus fiscal à son centre des impôts. Il faut ensuite obtenir un certificat d’homologation du constructeur ou de son représentant en France. Une fois toutes ces pièces obtenues, il peut ensuite se rendre en préfecture pour se faire délivrer sa carte grise. « Cette passion est très onéreuse mais grâce à Internet, je trouve des véhicules plus accessibles financièrement. Nous sommes un réseau de passionnés et échangeons très régulièrement sur le sujet. »

Aux États-Unis, les policiers sont propriétaires de leur moto qu’ils achètent eux-mêmes, étant seulement défrayés pour l’entretien. « Ils peuvent ainsi les personnaliser comme bon leur semble. Une autonomie qui n’existe pas en France. Le motard américain représente également un fort attrait touristique. On ne se prendra pas en photo chez nous à côté d’un policier motard. Aux États-Unis, cette photo est quasiment incontournable. »

En 2008, il était à deux doigts d’assouvir définitivement sa passion en décrochant le concours de contrôleur motocycliste des Douanes. Mais, victime d’un accident de plongée quelques semaines plus tôt, il ne put se rendre à l’école nationale des Douanes de La Rochelle pour suivre sa formation. « J’ai quasiment perdu une oreille dans cet accident. J’allais réaliser deux rêves en même temps : faire de la moto mon métier et effectuer un périple aux Etats-Unis avec mes filles. Depuis, je n’ai plus le droit de prendre l’avion. » Ce n’est que partie remise. Gilles Kerdraon attend dorénavant la retraite pour effectuer la traversée de l’Atlantique en bateau…, « et bien sûr avec une de mes motos ! »

Richard Wawrzyniak