Taekwondo ça le fait Graffe !

Anne-Caroline Graffe avec le drapeau français © DR

Anne-Caroline Graffe est numéro un mondial chez les +73 kg en taekwondo. Cette Tahitienne au caractère bien trempé, en contrat avec la Police nationale, vice-championne olympique 2012 et championne du monde en 2011, est la figure de proue du sport polynésien.


« Pourquoi le taekwondo ? Pour la confrontation, le combat direct, mais aussi son côté gracieux avec de belles techniques, des coups de pieds retournés amples. » En 2003, à l’âge de 16 ans, elle quitte sa Polynésie natale pour intégrer le pôle France d’Aix-en-Provence, forte de plusieurs titres nationaux en catégories de jeunes.

Mais le passage de trois entraînements hebdomadaires à deux séances quotidiennes est trop violent ; elle décide de se mettre en marge des tatamis. Trois ans plus tard, retour dévastateur. Elle intègre l’INSEP de Vincennes et neuf mois après sa réapparition devient championne de France des +73 kg en 2007, rééditant la performance l’année suivante.

Elle enchaîne ensuite les médailles européennes (bronze en 2008 et argent en 2010) mais rate d’un rien la qualification pour les Jeux olympiques 2008 à Pékin. Ce n’est que partie remise.

Son changement d’entraîneur en 2010 est un véritable déclic : de nouveau championne de France en 2011, elle remporte un open international en Iran, l’argent à l’US Open et devient championne du monde dans la foulée. « La plus grosse émotion de ma carrière. Battre en finale une coréenne en Corée du Sud, berceau du taekwondo, je n’arrive toujours pas à y croire aujourd’hui ! » Mais Anne-Caroline rencontre un obstacle de taille : Gwladys Épangue. En contrat avec la Gendarmerie nationale, cette championne est la principale concurrente de la contractuelle de la police ; qualifiée pour les JO 2012, elle empêche Anne-Caroline d’accéder à son rêve olympique,  un seul combattant par pays étant qualifié pour chaque catégorie.

C’est alors qu’une grave blessure d’Épangue redistribue les cartes et c’est Anne-Caroline qui s’envole finalement pour Londres : « On s’en met plein la figure aux entraînements mais sommes de vraies amies. J’étais peinée pour Gwladys qui était stoppée dans son élan. Sa blessure m’a permis d’aller aux jeux, mais surtout m’a procuré une source de motivation supplémentaire. Je devais viser le même objectif qu’elle : l’or olympique. »

Le parcours est idéal jusqu’à la finale, où, rattrapée par l’enjeu et la pression, Anne-Caroline modifie sa stratégie et se fait surprendre. « Cette médaille a néanmoins changé ma vie. Grâce à elle j’ai été repérée par la Police nationale qui m’a proposé un contrat image sans lequel j'aurais peut-être abandonné ma carrière. Dorénavant, je peux me consacrer sereinement à mon sport et viser de beaux objectifs. » Avec, dans un coin de la tête, les Jeux de Rio en 2016, « mais avant cela, je dois me libérer de la concurrence… »

Richard Wawrzyniak