Orphéopolis: la solidarité face au malheur

Président d'Orphéopolis Stéphane Boutelière © DR

Créé en 1921, l’orphelinat mutualiste de la Police nationale, aujourd’hui dénommé Orphéopolis, vient en soutien des familles, et surtout des enfants, de fonctionnaires décédés. Un maître-mot : solidarité.


Au sortir de la première guerre mondiale, une poignée de policiers se met en quête d’offrir refuge et protection aux enfants orphelins et aux veuves de policiers. En 1921, l’Orphelinat et la Mutuelle de la fédération des polices de France et des Colonies voit le jour. L’institution, reconnue d’utilité publique dès juin 1925 par le Président de la République Gaston Doumergue, ouvre sa première structure d’accueil pour onze orphelins en juillet 1929 à Osmoy, près de Bourges. Dix ans plus tard, en 1939, une centaine d’enfants y est hébergée. En 1947, Orphéopolis est placé sous le haut patronage de l’Élysée.

«Depuis sa création, les membres d’Orphéopolis font leur maximum pour accompagner et soutenir les familles de policiers endeuillées, explique Stéphane Boutelière, président d’Orphéopolis. Nous possédons une capacité de réponse et de soutien indispensables dans des moments très difficiles pour les familles.»
Soutenue par 230 000 donateurs, rassemblant 80 300 adhérents et forte d’un réseau de 730 délégués et correspondants bénévoles dans toute la France, Orphéopolis accompagnait environ 4200 orphelins fin 2013. La prise en charge consiste en une aide financière, mais aussi en un soutien moral et pédagogique spécifique dans les trois structures d’accueil créées par l’institution : à Agde (Hérault), Bourges (Cher) et Nancy (Meurthe-et-Moselle). «Souvent les enfants de policiers décédés ont besoin de s’éloigner temporairement d’un cadre familial déstabilisé pour se retrouver, se reconstruire, ou parce que le conjoint restant n’a pas les moyens de subvenir aux besoins des enfants, continue Stéphane Boutelière. Les structures d’accueil, ou « villages », sont conçues de telle manière que nous cherchons à recréer un modèle de cellule familiale pour aider les enfants et les adolescents à retrouver leurs repères.»

114 jeunes sont actuellement présents dans ces structures, organisées autour de maisons reconstituant une atmosphère familiale. Au sein de chacune d’entre elles, une maîtresse de maison et en moyenne trois éducateurs assurent leur accompagnement. L’éducateur a pour mission d’encadrer les plus jeunes dans tous les actes de leur vie quotidienne et d’accompagner les plus âgés dans leur vie d’adulte tandis que la maîtresse de maison organise les repas et gère son fonctionnement quotidien.

«Quand un enfant arrive à Orphéopolis, on se situe déjà dans une perspective d’évolution avec en ligne de mire son départ : comment faire pour qu’il parte dans les meilleures conditions ?, souligne un éducateur d’Orphéopolis. En tant qu’éducateurs, nous devons leur donner des cadres, mais des liens affectifs se tissent aussi. Certains sont surpris quand on leur dit qu’on s’inquiète pour eux.»

Orphéopolis propose également un large panel d’aides financières et matérielles aux familles adhérentes pour accompagner les orphelins dans leur scolarité et leur éducation, et ainsi les préparer à leur entrée dans la vie active : bourses d’études, allocations diverses, aide au permis de conduire, au BAFA, aux concours d’accès aux grandes écoles, une récompense pour la réussite aux examens et concours, une aide éducative informatique sous la forme d’un ordinateur portable offert à chaque orphelin collégien…

" Une réflexion m’anime depuis mon entrée dans la police en 1987 : ne te demande pas ce que le social peut faire pour toi, demande-toi ce que tu peux faire pour le social », conclut le président d’Orphéopolis.

Richard Wawrzyniak