Les chiens d’avalanche des CRS de montagne

Chiens d'avalanche 1 © INFPN/CPMA/G.Fayet

Les compagnies républicaines de sécurité (CRS) de montagne sont dotées depuis 1956 de chiens spécialisés dans la recherche de personnes et de victimes ensevelies sous une avalanche. Leur savoir-faire, issu d’une longue tradition, est chaque année toujours plus sollicité. Dix-sept équipes cynophiles CRS sont dédiées à cette spécialité, mais le renouvellement est toujours nécessaire.


La montagne a été particulièrement meurtrière ces derniers mois. Entre octobre 2012 et août 2013, l’association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches (ANENA) a recensé 71 accidents d’avalanche dans les différents départements montagnards du territoire. Sur les 132 personnes touchées par ces avalanches, 36 sont décédées. Les 96 rescapés ne doivent leur survie qu’au déclenchement du détecteur de victimes en avalanche (DVA) ou à l’intervention rapide et efficace des équipes cynophiles, notamment celles des compagnies républicaines de sécurité.

Les 17 équipes cynophiles spécialisées (chacune composée d’un maître-chien et de son chien) dans la recherche en avalanche relevant de la Police nationale, sont basées à Albertville, Grenoble, Briançon, Nice, Perpignan et Lannemezan et ont été formées au centre national d’entraînement à l’alpinisme et au ski des CRS (CNEAS) de Chamonix.

Chien d'avalanche 2 © MI/SG/Dicom/J.Groisard

Durant la saison d’hiver, l’équipe formée par le policier CRS et son chien est mise en alerte en raison des forts risques d’avalanches dans les massifs alpins et pyrénéens. Lors du déclenchement du secours, ils sont les premiers à intervenir en collaboration avec un sauveteur CRS chargé de la recherche DVA et Recco. Ces moyens de recherche sont complémentaires. Sur le terrain, les cellules olfactives du chien sont capables de détecter les effluves émanant des potentielles victimes ensevelies par une coulée de neige. Lorsqu’aucun signal de DVA ou de réflecteur Recco n’est détectable, le chien est l’outil de recherche prioritaire. Il signale à son maître l’endroit où une odeur est détectée. Le grattage du manteau neigeux peut commencer, jusqu’à atteindre la victime. Muni de sonde et pelle, son maître apporte son aide pour ces phases de détection finale et de dégagement. Le travail du chien est complexe, devant faire le « tri » entre les différentes odeurs déjà présentes en surface et celles qui remontent du manteau neigeux. 

Chien d'avalanche 3 © MI/SG/Dicom/J.Groisard

Pour parvenir à ce résultat, « le maître-chien, en tant que spécialiste montagne CRS, a déjà dû suivre une formation initiale qui compte parmi les plus difficiles et les plus longues de la Police nationale, souligne le commandant du CNEAS. En effet, nos besoins d’agents de montagne sont importants, mais la sélection reste toujours exigeante. Être agent de montagne et devenir ensuite maître-chien d’avalanche requiert des aptitudes physiques, morales et psychologiques. Cela demande une grande motivation et l’amour de la montagne. Le chien, lui, doit avant tout être curieux, sociable, et surtout avoir un comportement irréprochable, notamment lors des phases d’hélitreuillage ou d’interventions simultanées avec d’autres chiens. »

Chien d'avalanche 4 © MI/SG/Dicom/J.Groisard

Aux oubliettes l’image du bon vieux Saint-Bernard affublé d’un tonnelet de rhum autour du cou, « un chien trop lourd, trop gros » ; les races privilégiées dans le domaine sont les bergers allemands, les bergers belges malinois, les labradors, les flat coat retrievers, ou encore les golden retrievers. Le chien sélectionné, traditionnellement jeune et mâle, ne sera formé qu’à la recherche de personne, conformément à la doctrine de spécialisation de la formation canine dans la Police nationale. Une fois attribué à son maître, le chien vivra au domicile de l’agent, au cœur de sa sphère familiale. Dès un an et demi, le jeune chien suit une formation initiale de douze semaines au centre national de formation des unités cynotechniques de la Police nationale (CNUFC) à Cannes-Écluse, avec son futur maître CRS. Outre les phases de dressage, il suivra une option pistage/recherche de personnes disparues. Vient ensuite l’apprentissage à la recherche en avalanche avec une formation de trois semaines au CNEAS qui s’achève par une évaluation réalisée par les référents de la profession, et permet de confirmer ou non le chien dans ses aptitudes. Par la suite, des entraînements réguliers et un recyclage organisé chaque année permettent de maintenir les compétences acquises.

Chien d'avalanche 5 © MI/SG/Dicom/J.Groisard

« Le chien et son maître forment une équipe, poursuit le chef du centre. Le policier est détenteur et responsable de son chien, il lui prodigue quotidiennement tous les soins nécessaires à son bien-être. Une relation particulière doit se créer entre les deux pour que le maître soit capable de lire et d’interpréter les comportements de l’animal lors d’une intervention. Une relation de confiance et de travail indispensable, car les chances de survie d’une personne ensevelie sont optimales dans le premier quart d’heure. Cette courbe s’effondre très vite dans les minutes suivantes. »

A l’issue de ces apprentissages successifs, le chien suivra son maître dans son unité d’affectation. En moyenne, un chien demeure opérationnel durant huit ans. Lorsqu’il n’est plus jugé apte au service, il finit généralement sa vie au domicile de son maître.

Richard Wawrzyniak

Chien d'avalanche 6 © MI/SG/Dicom/J.Groisard