Un entretien avec Christophe Renou, chef du bureau de l’alerte, de la sensibilisation et de l’éducation des publics à la DGSCGC
66 ans après la mise en place du réseau national d’alerte en métropole, le ministère de l’Intérieur lance une vaste campagne de modernisation des installations.
Civique.- Le 22 octobre, huit sirènes ont été installées par l’État en Haute-Saône. Cette opération marque le coup d’envoi de la mise en place sur le terrain du système d’alerte aux populations (SAIP). De quoi s’agit-il ?
Christophe Renou.- Ce système à l’initiative de l’Etat permettra aux autorités d’alerter mais aussi d’informer la population par des moyens collectifs et individuels. Les sirènes constituent le moyen historique. Des sirènes de l’Etat, des communes et des industriels, basées sur des bassins d’alerte, seront interconnectées. Le cas échéant, de nouvelles sirènes financées par l’Etat seront installées. Ce vecteur sirènes sera complété par l’envoi de messages sous forme de SMS sur les téléphones portables des particuliers et par l’utilisation des panneaux à messages variables. La diffusion de l’alerte et de l’information continuera d’être relayée par le réseau audiovisuel du service public. Multiplier les moyens d’alerte et d’information, c’est s’assurer que la population les reçoit et agit. Les autorités activeront ces moyens au moyen d’un logiciel unique, reposant sur la cartographie du COGIC, riche en informations.
Civique.- La France s’est appuyée pendant un demi-siècle sur un réseau national d’alerte structuré autour de sirènes installées pour l’essentiel, aux frontières. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Christophe Renou.- Nous sommes collectivement interpellés par les événements liés aux risques naturels, technologiques et la menace terroriste. Dans ce cadre, des zones géographiques à risques, appelées bassins d’alerte, ont été identifiées. Les moyens d’alerte y seront privilégiés. L’idée d’alerte de la population en cas de menaces aériennes n’est pas abandonnée. D’ici 2019, 2 782 sirènes dans les 654 bassins d’alerte les plus prioritaires sur les 1 743 identifiés seront déployées (première vague du volet sirènes).
Civique.- Quels sont les acteurs de ce projet complexe ?
Christophe Renou.- Le projet est porté par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC). La direction des systèmes d’information et de communication (DSIC) assure la maîtrise d’œuvre. Ponctuellement, d’autres directions de l’intérieur et le ministère chargé de l’écologie sont mobilisées sur le SAIP. Les préfectures portent le projet sur le terrain en prise directe avec les communes et l’industriel chargé des installations. Après des travaux préparatoires, c’est maintenant le volet sirènes qu’il s’agit de déployer (visites des sites, réception des installations,’information des élus). Le succès du projet repose sur la mobilisation de tous ces acteurs et leur coordination.
Civique.- Quelle autorité peut déclencher l’alerte ?
Christophe Renou.- Sur le terrain, les maires et les préfets, qui diffusent l’information dans le cadre de leurs prérogatives de protection des populations. Les services d’incendie et de secours pourront également la déclencher, mais sur ordre d’un préfet ou d’un maire. Sur ce sujet, la doctrine, récemment diffusée, est disponible sur le site du ministère de l’Intérieur.
Civique.- Qu’est-il prévu pour sensibiliser la population ?
Christophe Renou.- Des marque-pages et des brochures sur l’alerte sont en cours de diffusion. Nous préparons une exposition itinérante mise à disposition des préfectures et une présentation animée utilisable sur les écrans. Il s’agit d’une toute première étape, complétant ainsi les actions locales. L’alerte et l’information de la population ne saurait s’imager sans une population mieux formée : la sécurité, c’est l’affaire de tous.
Dès 1948, le réseau national d’alerte (RNA), composés de sirènes, pour prévenir la population de menaces aériennes était mis en place. Ce dispositif, cogéré par le ministère de l’Intérieur et l’armée de l’air, continue d’être opérationnel, en mode dégradé, avec le concours de 79 réservistes de l’armée de l’air.
Dans les années 60-70, le boum de la construction immobilière change la donne. Les sirènes sont désormais utilisées en cas de risque technologique ou naturel. Des industriels et des maires s’équipent en moyens d'alerte et d'information de leur population.
La modernisation du dispositif d'alerte est devenue une priorité nationale (livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008). Aujourd’hui, la France métropolitaine compte 11 000 sirènes (3 700 relèvent du réseau national d'alerte, 1 100 des industriels, le reste des communes).
Que faire lorsqu’on entend une sirène ?
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