Premier athlète handisport en contrat avec la Police nationale, Fabien Lamirault est une référence internationale dans sa discipline : le tennis de table.
Double médaillé aux Jeux paralympiques de Londres, sa soif de victoires est intarissable.
Il ne vit pas cet épisode, qui a pourtant bouleversé sa vie, comme une fatalité. Eté 1998, Fabien Lamirault, alors âgé de 17 ans, est victime d’un terrible accident de la route. Le corps brisé, devenu paraplégique, il entame une longue rééducation qui le mène notamment dans un centre de soins à la frontière espagnole, où des personnes récemment handicapées sont prises en main. Là-bas, la rencontre avec deux personnes en fauteuil, passionnées de tennis de table, va lui permettre de reprendre une activité sportive, une bouffée d’oxygène pour lui, ancien boxeur et handballeur.
Très vite, Fabien se prend au jeu de la petite balle blanche, « un sport très abordable pour les personnes en fauteuil. » Trois ans plus tard, il participe en 2003 à sa première compétition internationale en Sicile. Malgré de bonnes performances, il ne parvient pas à se qualifier pour les Jeux paralympiques de 2008 à Pékin, la faute à un règlement trop complexe pour classer précisément son handicap. Bille en tête, Fabien accroît son rythme d’entraînement pour atteindre plus de quinze heures de pratique hebdomadaire. En 2011, il se présente à onze tournois internationaux, enchaîne les bonnes performances et intègre le top 10 mondial, décrochant ainsi le précieux sésame olympique.
« Je me suis rendu à Londres avec une grosse ambition. Je connaissais tous mes adversaires et je savais que j’avais un coup à jouer. » En individuel, il s’incline face à un slovaque en demi-finale, « jusque là j’étais dans une sorte de train-train avec un match par jour. Je joue mon quart de finale le matin à 10 h 30 et apprends que ma demi-finale est programmée à 15 heures. Je ne m’y attendais pas du tout, j’avais tout donné en quart ! » Il perd rapidement 3 sets à 0. Deux jours plus tard, ragaillardi et la déception évacuée, il se présente dans la « petite » finale pour affronter un géant russe de 2 mètres. Il donne tout, se bat comme jamais. Le match traîne en longueur, les points sont âprement disputés. Le gymnase olympique rassemblant 5000 personnes bouillonne devant ce duel. Après plus d’une heure de jeu, Fabien décroche la médaille de bronze : « Une sensation énorme. A ce moment-là, il n’y a plus de handicap, aucun esprit de revanche sur la vie. Je ne vois alors que la victoire sportive, la joie de ma famille et de mes amis. » Deux jours plus tard, c’est l’argent par équipes qui l’attend. « Parfois, des compétitions permettent de vous sublimer. J’ai savouré chaque moment de ces Jeux. »
Fin 2012, il est contacté par la direction générale de la Police nationale et se voit proposer un contrat image. Il est le premier athlète handisport à signer avec l’institution. « Ce qui me permet de vivre pour mon sport, de promouvoir le handisport, et d’associer mon image à celle de la Police. Je suis ravi de faire partie de ce projet. Un handicapé qui se lie avec la Police, voilà une association qui permet de faire tomber beaucoup d’à priori ! »
Dorénavant quatrième mondial, Fabien a de nouveaux objectifs : « Intégrer le top 3, décrocher les plus gros titres. Cela commence avec les championnats d’Europe en ce mois d’octobre, la reconquête du titre de champion de France perdu l’an passé, puis aller battre les coréens chez eux lors des Mondiaux en 2014. Il y aura ensuite l’or olympique en 2016 à Rio. Je ne me fixe plus aucune limite. »
Richard Wawrzyniak